Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

Ultrachampsaur, 04 juillet 2010 - 2ème partie et fin

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Nous attaquons une nouvelle montée, assez roulante dans son ensemble, un peu trop à mon goût, les muscles tirent. Nous dominons Ancelle en fond de vallée derrière nous et la vallée de la Rouanne. Sur cette partie, je maintiens l'allure par rapport aux autres, mais sans pouvoir rattraper qui que ce soit hormis un participant du 37 km. Je le plains sincèrement, il a l'air de peiner un maximum, il ne manque pas de courage. Mais je doute qu'il puisse arriver dans les délais.

 

 

3 bénévoles sont présents à un carrefour juste avant que nous replongions sur la Rouanne en contrebas. L'un d'eux après m'avoir pointé, réalise qu'il avait un message à donner au n° 67 ! Venant de passer, il me crie gentiment : « Vous avez le bonjour de Françoise ! ». Alors que je commençais à faire la grimace en voyant tout le dénivelé à perdre, ce petite message me redonne le sourire et me rassure un peu quelque part. J'essaye de me concentrer sur ma descente à présent, mais c'est toujours au ralenti que je suis obligé de l'effectuer. Cela me fait d'autant plus râler que la descente est assez roulante et agréable.

 

 

La Rouanne haute est enfin là, soulagement moral et physique ! Encore un ravitaillement dont je profiterais, je refais le plein de mes gourdes à moitié vide et grignote à nouveau. Pas vraiment faim, mais tout passe encore. J'aurai grignoté peu à la fois, mais assez souvent, si bien que tout va bien de ce côté là. Côté boisson, la bouche commence à sécher un peu, mais je suis content de moi, j'ai réussi à boire un peu régulièrement. A présent, dernier gros morceau : le Piolit ! Je ne sais pas ce qui m'attends, mais à priori, aux dires de certains, la fin est « ravageuse ». Comme je vais pour repartir du ravitaillement une 2ème féminine (et voisine au camping !) arrive. Elle repart quasiment sur mes talons, un minimum de temps d'arrêt. J'ai la nette impression que je ne vais pas la voir longtemps. Nous attaquons la montée avec une première partie assez roulante.

 

 

Je rattrape très vite un groupe de 3 qui marchent alors qu'il n'y a pas de difficultés. Je les doublent mais très vite, je passe la vitesse marche moi aussi ! Le pourcentage augmente dur. Petit coup d'œil en arrière, seul un des trois tient à peu près ma vitesse. Ma voisine de camping ne suit pas contrairement à ce que je pensais au premier abord. Je prends mon rythme de croisière de montée, et au fil des km, commence à en rattraper quelques uns qui m'avaient doublé en descente. Notre collègue de Poitiers doit être loin devant à présent, ne l'ayant plus vu depuis la descente du Cuchon sur La Masse. Normalement 4 km après le dernier ravitaillement à la Rouanne, un autre ravitaillement nous attend. Au milieu d'un grand pré, nous y tombons dessus.

 

 

J'en suis à 100m quand j'aperçois celui de Poitiers qui en repart. Si j'arrive à garder mon rythme, je dois pouvoir le rattraper une dernière fois avant qu'il ne me largue définitivement dans la dernière descente. Petit arrêt au ravitaillement, 2 verres de coca, un peu de jambon et du gruyère, et c'est reparti vers le col que l'on devine devant nous un peu au loin. Je me rends compte que finalement il grimpe aussi bien que moi quasiment. Je lui reprends un peu de terrain, mais faiblement. Impossible de le rattraper avant le col. Celui-ci arrive rapidement, je suis un peu déçu. Mais je me rends compte à ce moment là, que le Piolit, ce n'est pas ça ! Non, c'est ce gros machin là haut sur notre droite. Et je me rappelle alors ce que certains voulaient dire en parlant de « ravageur ».

 

 

En effet, il va nous falloir grimper une arête pour atteindre le sommet qui domine tout le secteur. Nous effectuons vraiment la pointe extrême ! Pour beaucoup c'est et ce sera la soupe à la grimace quelque part. Pour celui qui n'a plus de jambes arrivé ici, c'est une vision pas réjouissante du tout. Pour ma part, c'est ce que j'aime. A peine entamé, qui vois-je assis dans l'herbe : notre collègue de Poitiers. Il croyait lui aussi que le col était la fin de la grimpée, et en voyant la pointe à escalader, cela lui a coupé les jambes. Je lui donne rendez-vous à nouveau dans la descente car je sais qu'il me rattrapera sans aucun problème. Sans regarder le sommet car il faut trop lever la tête, j'entame cette ultime ascension en gardant une allure régulière. Les jambes vont bien, mais par souci d'économie énergétique, je ne grimpe pas tout droit, mais en zigzaguant très rapidement pour adoucir la pente et éviter d'avoir à trop lever les genoux et forcer. Ce qui me permet d'en rattraper plusieurs. Un participant est carrément « scotché », il ne bouge plus. Il discute avec une bénévole installée au sommet, et lui fait comprendre qu'il est bloqué, il ne peut plus avancer. Celle-ci descend pour aller l'aider du coup.

 

 

Pendant ce temps j'arrive au sommet sans problèmes, Françoise est là pour m'accueillir. Elle m'a suivi avec les jumelles depuis le col. Petit moment de répit, le temps d'apprécier le paysage, la vue est magnifique. Le début de la descente se fait par une arête, nous avons l'impression de nous jeter dans le vide arrivé au bout de cette arête, c'est superbe. Ah comme j'aimerai pouvoir m'envoler pour atterrir tout là bas en bas et ne pas avoir à faire cette longue longue descente ! Je laisse mes bâtons à Françoise pour les placer dans son sac à dos ouvert, la flemme d'enlever le mien pour les ranger.

 

 

Et c'est parti sans grand enthousiasme. Mon talon se remet à chauffer de suite, ça promet. J'essaye de prendre une allure convenable et de la garder. Mais je n'y arriverai pas. Ce n'est pas tant mon talon qui me gêne finalement, ce sont les jambes qui ne veulent pas tourner. Et pourtant aucun effort à faire. En côte où il faut forcer, impeccable, en descente où il n'y a qu'à se laisser aller, rien ne va ! A ne rien y comprendre !!!

 

 

Heureusement, j'aperçois le sentier à flanc de montagne qui serpente. Sa beauté me réconforte et compense mon incapacité à courir normalement. Je fais le vide dans ma tête et attends que les km défilent. Pendant ce temps, je me fais doubler régulièrement. Celui de Poitiers est le premier finalement à me redoubler au bout de 3 à 4 km de descente, et disparaît très vite de mon horizon. Puis 1 autre, puis 2. Je me range à chaque fois pour les laisser passer, tellement je les entends arriver à grande allure. Petit signe amical échangé, et je continue. Le fond de vallée approche peu à peu. Cette descente était de toute beauté, mais j'ai bien failli ne pas la terminer. Alors que j'aperçois un randonneur devant moi qui grimpait, je m'accroche un pied et part tête première. Réflexe une fois de plus, les jambes arrivent à récupérer in-extrémis la situation. Sueur froide à nouveau, il s'en est fallu d'un rien pour une chute qui aurait fait mal vu la nature du sol composé de racines et cailloux. Mais j'ai les jambes tétanisées quasiment sous le coup de l'effort. Ca repart tout doucement une fois de plus.

 

 

Nouveau ravitaillement, le dernier ! Je retrouve mon collègue aux ampoules qui arrive juste derrière moi. Re-coca (je n'en ai jamais autant bu de ma vie !), jambon, gruyère, et je repars en marchant avant de reprendre une petite foulée. Ca continue à descendre pendant un bon km avant d'arriver à un nouveau pointage au pied de la dernière bosse, le col de Moissières, que l'on effectue sur la route. J'attaque la montée en courant, ça tire un peu, aussi je décide de marcher, aucun intérêt de se faire mal à présent. Je prends un bon rythme en recherchant l'ombre au maximum.

 

 

Juste un peu avant le col, je reprends le pas de course, le pourcentage faiblissant. Je rattrape 3 autres concurrents juste au col, ils font le 37. J'enchaîne avec la dernière descente sur le village d'Ancelle depuis le col par un chemin que je connais pour l'avoir fait en raquettes cet hiver en sens inverse. Mon compagnon aux ampoules me rattrape à moins de 2 km de l'arrivée, il s'envolera littéralement sur la fin alors que je reste scotché au sol. Une seconde féminine me double dans le dernier km (mais pas ma voisine !) accompagné d'un autre participant. Je suis bien incapable de les suivre. Je me suis fait une raison depuis un bon moment, l'essentiel est de terminer avec un peu de fraîcheur pour assurer dans 3 semaines à l'ultra 6000D.

 

 

L'arrivée se fait sous les applaudissements d'un public assez nombreux, c'est franchement agréable. Pas de fatigue spéciale, si ce n'est les jambes lourdes. J'ai besoin de marcher un peu sur la place de l'arrivée pour les délasser. Françoise rentrant en marchant depuis le Piolit, elle n'est pas encore là, Jean-Luc non plus, du coup de décide de filer au camping prendre ma douche et démonter les tentes. La douche est un délice, mais enlever mes manchons s'avèrent le moment le plus difficile de la journée, Le fait d'avoir à plier la jambe et de forcer pour faire glisser le manchon au niveau de la cheville m'amène systématiquement des crampes. Au bout de 5 mn je finis par y arriver et constate par la même occasion la superbe ampoule sous mon talon droit. Elle est encore entière, la peau n'a pas éclatée. Retour à la tente, je décide d'aller au village pour attendre Françoise. Elle m'aidera à plier les tentes, j'ai les jambes encore trop lourdes pour faire la gymnastique qui s'impose pour plier duvet, tapis de sol,etc… Première chose, la buvette !

 

 

Une bonne bière s'impose à présent. Surprise, en tant que coureur, la boisson nous est offerte ! Comme hier à notre arrivée. Merci l'organisation ! C'est ce qui s'appelle savoir recevoir ! Je la savoure du coup avec encore plus de plaisir. Toujours pas de Françoise, je décide d'aller voir les secours pour me faire percer mon ampoule. Je vais attendre un bon moment car ils sont fort occupés avec un concurrent mal en point, près à tourner de l'œil. Ils finiront par l'évacuer par ambulance. Je leur présente mon petit bobo, et gentiment m'explique qu'une ampoule ça ne se perce surtout pas ! « Ah bon ? ». J'apprends ainsi que le liquide protecteur qui se forme à l'intérieur s'est formé spécialement pour aider à résoudre le problème de l'échauffement dû à la friction du pied dans la chaussette. Il faut donc attendre, aérer son pied au maximum pour lui permettre de sécher le plus rapidement possible. Crever une ampoule, c'est prendre le risque d'une infection car la protection de la peau à vif sous la peau morte n'est plus assurée. Ben voilà je me coucherai un peu moins bête ce soir. Je repars donc dans le même état, en espérant qu'elle va sécher rapidement. Ce qui va avoir l'avantage de me laisser bien me reposer les jours suivants. Pendant ce temps, le speaker attaque la remise des prix du grand parcours. J'assiste aux podiums, le scratch féminin est composé des deux « gazelles » qui m'ont doublé, et de ma voisine de camping, arrivée peu après moi. La première étant en catégorie V2 ! Sacrée performance.

 

 

Le scratch homme est imposant aussi, avec un vainqueur en moins de 7h ! J'attends le podium du V2, sans me faire trop d'illusion. Mais si, je suis appelé pour la 3ème marche. Le premier Vétéran 2 a mis 08h40, 8ème au scratch : chapeau bas !

 

 

Toujours pas de Françoise en vue, elle a dû rentrer directement au camping. Retour au camping, elle est là en effet, à commencer de plier les affaires. Je sors une chaise longue, m'installe dessus et l'aide depuis mon siège en pliant les duvets. Un petit ¼ de repos pour mes jambes bienvenu ! Pendant que Françoise part à la douche, je finis de démonter notre tente et celle de Jean-Luc. Nous retournons ensuite sur la place du village pour voir arriver Jean-Luc. Nous arrivons à nous renseigner et à comprendre que Jean-Luc ferme la marche avec un autre participant. Dans l'attente, j'en profite pour aller manger un bout, un plateau repas attend tous les coureurs. Pas très faim avec tout ce que j'ai bu depuis que je suis arrivé, mais aidé un peu par françoise, je le finis sans problème, tout est bon et glisse bien. Nous nous avançons un peu sur le dernier km à la rencontre de Jean-Luc et attendons sagement sur un banc près d'un carrefour. Un bénévole présent pour assurer la circulation lors du passage des coureurs nous amuse. En effet, quasiment toutes les voitures qui passent s'arrêtent soit pour le brancher amicalement, soit pour lui demander un renseignement ! Ce doit être une personnalité.

 

 

Nous ne pourrons même pas le brancher à notre tour, il y a toujours un piéton pour lui tailler la bavette. Casquette de l'ESF sur la tête, ce doit être un « enfant » du pays certainement. Toujours pas de Jean-Luc, le soleil se cachant où nous sommes, nous décidons de revenir un peu vers la ligne d'arrivée. Nous tombons sur un groupe de villageois bénévoles, et discutons ensemble. Une dame a bien discuté  d'ailleurs avec Françoise sur un point de contrôle, qui connaît parfaitement le nouveau vélociste de Crest chez qui j'étais la veille au matin. Elle fait partie en plus du club des cent cols, étant elle aussi cyclotouriste. Tout en zieutant un champ au loin où passe les coureurs, nous continuons à discuter. Un véhicule passe pour nous annoncer l'arrivée proche des 2 derniers, mais séparés.

 

 

Quelques minutes après, nous voyons arrivés en effet Jean-Luc que tout le monde applaudit et encourage, tous les bénévoles sont encore là et ils sont nombreux. Nous l'accompagnons sur les derniers mètres pour la photo souvenir. Fatigué, mais content, il franchit la ligne. Un bénévole lui apporte une bière toute fraîche, cela lui redonne de suite le sourire. Et le speaker lui demande à son tour de monter sur le podium car il est le 3ème V3. Une journée épuisante, mais qui se termine très agréablement 10' après lui, c'est autour du dernier à franchir la ligne d'arrivée, sous les olas des bénévoles et un tonnerre d'applaudissement. Il embrassera de joie le tapis d'arrivée. Premier ultra trail en montagne qu'il fait, ce jeune belge très sympa, n'en revient pas de la difficulté qu'il a réussi à surmonter. Epuisé, mais content lui aussi. L'organisation lui offrira aussi en souvenir de son courage une récompense.

Temps, parcours, paysages, ambiance, organisation, convivialité… tout était superbe ! Un grand BRAVO aux organisateurs et bénévoles. Amis coureurs, n'hésitez pas à venir l'an prochain… vous ne le regretterez pas !

 

 

Résultats officiels ici

A venir sous peu le diaporama en cours de réalisation



08/07/2010
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