Trail du Verbier St-Bernard 07/2014 : enfin j’ai pu courir ! (1ère partie)
Trail du Verbier St-Bernard : enfin j’ai pu courir !
Je RESPIRE ! Ma dernière course avant le Tor des Géants m’a rassuré en grande partie. Tous mes petits problèmes bien handicapants toutefois ont quasiment disparu sur cette course. J’ai enfin pu courir à ma guise en fonction de mon état de fatigue, un plaisir immense mentalement.
Le départ étant le samedi matin, il a donc fallu prendre un jour de congé pour se préparer, se déplacer jusqu’en Suisse, et retirer son dossard de façon la plus sereine possible. Ce fut presque réussi ! Comme d’habitude, départ prévu en fin de matinée de Grâne, ce fut à 14h45 que nous décollâmes. Trajet sans histoire, nous retrouvons à Verbier notre fille Mélanie en provenance d’Alsace qui a décidé peu de temps avant de participer avec Françoise à Liddes-Verbier, 29 km et 2500m D+, un trail loin d’être facile. Nous retrouvons aussi Alain, avec qui j’avais participé l’an passé à la Ronda del cims en Andorre. Il est accompagné d’un ami, Laurent, qui a participé déjà 2 fois au Tor des Géants. De quoi pour moi avoir des renseignements forts utiles pour ma prochaine participation à cette course de « fou » pour le commun des mortels qui ne pratique pas. Après avoir fait contrôler nos sacs et retirer notre dossard, nous nous retrouvons tous autour d’une table pour faire connaissance, prendre le temps de discuter un peu et de manger en ce qui nous concerne. La pluie, fine, s’installe peu à peu. La direction de course a pris la décision depuis la veille de supprimer une descente devenue trop dangereuse par temps humide. Ce sera donc 105 km au lieu de 110, et 7300m D+ au lieu de 8500. Petite déception de ne pas pouvoir découvrir ce morceau de choix qu’est le Catogne, mais ce ne sera que partie remise. Ayant prévu de planter la tente en fond de vallée dans un petit camping pas très éloigné, ce sera finalement sous l’avancée du grand hall des expositions de Verbier que nous poserons notre tente avec Alain et Laurent qui avait repéré le lieu pour eux. Quelle riche idée, sur place pour le départ, à l’abri de la pluie, et avec nos tapis autogonflants, nous ne sentirons pas la dureté du sol bétonné. Avec l’expérience, la sérénité me gagne et ce sera une excellente nuit que je passerai à nouveau, même si elle est un peu écourtée. Le départ prévu à 4h initialement, a été repoussé à 5h. 1h de plus à dormir, c’est loin d’être négligeable. Et 1h de moins à courir de nuit aussi ! Ce que l’on pourrait croire et vrai pour les plus rapides et les moins rapides aussi, mais pas pour ceux qui finiront de nuit comme moi.
Au lever, la pluie a cessé de tomber temporairement. Petit tour pour la vidange matinale, petit-déjeuner uniquement de fruits frais, et nous voilà Alain, Laurent et moi en route pour l’arche de départ au centre du village. Nous déposons chacun un sac que l’organisation transportera à Bourg St Pierre à un peu plus que mi-chemin. Plus par sécurité que par besoin, il est vrai que je m’en sers rarement à chaque grand ultra trail. Petite fraîcheur matinale, j’ai enfilé un tee-shirt manches longues. Certains sont en débardeur ! Il doit faire autour de 10°. Un écran géant et un speaker anime le départ de course, nous nous retrouvons environ entre 400 et 500 participants entre ceux du grand parcours et les relais à 2. Un coureur attire notre regard, il n’a qu’un sac à dos de la taille d’un mouchoir : comment fait-il pour y rentrer tout le matériel obligatoire ? A moins d’être magicien… Nous restons groupés tous les 3 au départ, mais très vite ça bouchonne dans la première côte. Je ne cherche surtout pas à doubler car cela demanderait des petits efforts brusques que je paierais plus loin. J’attends donc que cela se décante tout seul. Mais ça dure longtemps. Toute la côte, toute la descente en mono sentier assez abrupte, pas facile de doubler. Je profite du début de la grande descente pour un arrêt pipi devenu urgent. Pas de pot en repartant, je rattrape des petits groupes qui descendent doucement. Je finis par couper un virage en glissant sur les talons et les fesses pour doubler, 1 fois, 2 fois, 3 fois. Je finis par enfin pouvoir courir à mon allure. Pendant ce temps j’ai perdu de vue bien sûr Laurent et Alain. Le jour est arrivé un peu avant de rejoindre le premier ravitaillement à Sembrancher. J’y retrouve Alain qui s’apprête à en repartir quand j’arrive, pas très en forme, mais pas de Laurent qui est déjà reparti. Je me ravitaille uniquement en fruits frais (bananes, orange) et secs. Ce qui sera le cas à chaque ravitaillement, mis à part quelques tranches de pain d’épices de temps en temps. J’ai décidé de faire l’essai de rester le plus possible crudivore en alimentation vivante un maxi sur cette course. Ce sera donc mes barres de céréales crues entre les ravitaillements uniquement (avec quelques compotes toutefois). Et toujours ma boisson maison qui me réussit bien jusqu’à présent. A la sortie de Sembrancher je retrouve Alain qui a dû faire un arrêt pipi.
Nous continuons ensemble et discutons. Avec de gros projets professionnels, il n’a malheureusement pas trop la tête à la course à pied cette année. C’est donc un peu en dilettante qu’il participe à quelques courses pour se maintenir en forme. Ayant couru avec lui l’an passé sur la Ronda del cims, je sens très vite qu’il manque de puissance en côte. Au bout d’un moment je décide de continuer à mon allure car j’ai l’impression que le fait de rester avec lui le pousse un peu à accélérer légèrement. Et puis j’ai un objectif de finir en moins de 20h tout de même. Histoire de me motiver à appuyer un peu plus sur l’accélérateur si tout va bien. Ce qui n’est pas gagné car des petites douleurs ressortent un peu de partout dans les jambes, mais heureusement elles disparaissent parfois aussi vite qu’elles sont arrivées. Alors que nous aurions dû grimper le Catogne, nous nous retrouvons sur un joli chemin vallonné en forêt qui nous amène à Champex, 2ème ravitaillement. Toujours pas de Laurent ! L’arrivée sur cette ville en plein dans le brouillard nous permet de voir 2 pêcheurs au bord du lac que nous longeons, sortir une truite à ce moment précis. Voici aussi des « mordus » pour rester immobile dans le froid et la grisaille à espérer attraper des poissons. Et savez-vous pourquoi ils savent qu’ils pêchent des truites ? Car lorsqu’ils reviennent bredouilles, leurs illusions sont « des truites » J. J’essaye de m’arrêter un minimum à chaque ravitaillement, et j’y arriverai assez bien. Le temps toutefois de boire du bouillon (je ne boirais que ça sur les ravitaillements) et de manger des fruits suffisamment mais pas trop non plus pour que cela ne pèse pas sur l’estomac. Une grosse côte nous attend à présent, la grimpée à la cabane d’Orny. En repartant nous croisons des suisses en tenue traditionnelle, image charmante et très spécifique de la Suisse. Le brouillard nous bouche tout horizon malheureusement, nous ne verrons rien ce matin. Je me régale dans la montée qui est très raide. Nous devons être à peine 10% à ne pas utiliser de bâtons. Laurent en fait partie car il a pour objectif cette année la diagonale des fous où les bâtons sont interdits par sécurité. Nous nous retrouvons assez vite à 4 dans cette montée, et doublons régulièrement d’autres concurrents. 2 suisses alémaniques à priori devant moi, et un autre suisse derrière moi. Les 2 premiers n’arrêtent pas de discuter, mettant de l’ambiance dans ce paysage sans vue. Le 4ème est épaté que je puisse grimper aussi vite qu’eux sans bâtons. Lui participe en relais à 2 à cette course. Au bout d’un moment, je finis par me décider à les doubler. Prenant mon allure de croisière un peu soutenue, je les distance peu à peu. Ce brouillard nous gâche un beau paysage, c’est vraiment dommage. Nous finissons par sortir de la forêt, et grimpons toujours vers la cabane d’Orny, sur une partie plus caillouteuse. Je retrouve Laurent derrière moi à ma grande surprise. Nous continuons ensemble. Nous croisons à présent ceux qui descendent du contrôle de la cabane d’Orny. Il nous faudra bien 1/2h pour faire l’aller-retour. Le son d’un cor des Alpes transperce le brouillard et nous attire comme une sirène. Bravo au musicien qui n’aura pas manqué de souffle lui aussi pour nous offrir de jolis airs. Nous apercevons enfin le refuge juste sur notre tête et entendons les encouragements des contrôleurs et rares spectateurs. Le ravitaillement est apprécié, je garde le même menu.
Le temps d’enfiler un maillot à manches longues car la fraîcheur est là, et nous repartons avec Laurent. C’est à nous à présent de croiser ceux qui montent. On espère croiser Alain, ce ne sera pas le cas malheureusement. Je ne prends pas de risques, et cherche à descendre le plus rapidement possible tout en souplesse (faut le dire vite !) sans me fatiguer. Histoire de ne pas traumatiser trop vite mes genoux. 2, 3 coureurs me doublent, mais j’en double plus qui ont du mal à ne pas stresser. Cela me rappelle un temps pas très lointain où j’étais comme eux. Ca se travaille en effet, j’en ai fait l’heureuse expérience. Sur la fin de la descente, un peu plus glissante, je me sens moins à l’aise et lève un peu le pied. Laurent est sur mes talons, je le laisse passer pour qu’il puisse aller à son allure. Mais il s’arrête quelques mètres plus loin pour se mettre à l’aise, la fraîcheur des sommets ayant disparu. J’en fais de même avec une nouvelle pause pipi. Une « traileuse » que nous avions doublé nous repasse, et nous la retrouverons un peu plus loin pour faire ensuite route ensemble. Une suisse du Jura ! Le chemin est long une fois au pied de la montagne pour rejoindre La Fouly, et assez vallonné. Ce qui nous laisse ainsi le loisir de discuter à volonté aussi. Les encouragements ne manquent pas arrivés au contrôle ravitaillement (43ème km environ), il faut dire aussi que c’est le changement de coureur pour les coureurs en relais. Au ravitaillement, j’abuse un peu du bouillon en revenant à la charge 5 ou 6 fois pour faire le plein de mon verre pliant (il n’a pas une grosse contenance !). La jeune bénévole qui me sert le fait avec plaisir et le sourire. Laurent décide de s’arrêter un peu pour changer de chaussettes entre autres et prendre le temps de manger. Je refais le plein de ma poche à eau, pas encore vide mais vu ce qui nous attend, mieux vaut qu’elle soit pleine ! Je cherche Laurent rapidement du regard, je ne le vois pas. Tant pis je repars !
A suivre…
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