Coco le cyclo...

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Les 100 de Millau 25/09/2010 (1ère partie)

Les 100 de Millau : je reste sur ma faim…

 

Vendredi 12h : direction Montélimar pour prendre Françoise à la sortie de son travail. Nous retrouvons aussi Céline pour manger ensemble. Le temps n'est pas terrible, mais cela devrait s'améliorer le lendemain, nous l'espérons fortement comme les 2000 autres candidats au marathon et 100 de Millau, sans parler de tous les accompagnateurs, des organisateurs et bénévoles bien évidemment. Nous reprenons la route avec Françoise, direction Frontignan où Jeanine nous attend. Elle nous accompagnera sur cette épreuve où elle-même l'a couru en 9h13 il y a 19 ans. Nous nous prenons quelques averses en route, mais rien de bien terrible. A Frontignan, le soleil nous accueille. Jeanine est prête, nous chargeons son vélo et nous voilà partis pour Millau. La traversée du plateau de Larzac est toujours aussi envoûtante, surtout sous le soleil. L'envie d'y randonner en vélo, à pied me démange à chaque fois que je me retrouve dans ce décor sauvage, pelé en grande partie. La descente sur Millau, bien que belle avec le viaduc en toile de fond, ne nous rassure pas trop. Nous apercevons juste en dessus de la ville côté nord, une averse bien fournie et un ciel très chargé. 17h30, première étape le camping. Nous nous installons, pas de problème de place, nous sommes la seule tente.

M'y étant pris fort tardivement pour réserver un hébergement en dur (bungalow, chalet), il ne restait plus rien de libre bien évidemment, et dans tout le secteur. L'orage était déjà passé sur Millau, juste quelques gouttes nous ont retenus avant de planter nos 2 tentes. Après quoi à pied, nous prenons la direction du parc de la victoire où à lieu la remise des dossards. Situé à 2 km du camping, nous en profitons pour passer par le centre ville. Les rues sont animées, beaucoup de coureurs sont aux terrasses des cafés ou déambulent comme nous. Beaucoup de monde au parc de la Victoire, mais l'espace est vaste et on circule assez bien.

Je retire mon dossard, et passant devant la tribune qui servira d'arrivée le lendemain, le speaker interviewe un participant qui en sera à sa 26ème édition. Et c'est une vieille connaissance puisque nous étions à l'armée ensemble pendant notre service militaire. L'ami Etienne, de Valence, que je recroise de temps en temps sur des courses ou des randonnées de vélo, est un vieil habitué de Millau. De corpulence un peu forte, il a un sacré mérite. Il ne courre pas, mais est un marcheur increvable, ayant participé déjà à toutes les séries des marches Audax. Nous nous retrouvons peu après pour discuter un peu. Ayant récupéré le tee-shirt allant avec l'inscription, nous faisons un tour des stands, souvent alléchants, des produits régionaux.

Nous ne résisterons pas à l'achat d'un fromage de brebis qui s'avèrera excellent. Un stand retient mon attention, celui des 100 km du désert du Thar. Alléchant lui aussi, mais pour d'autres raisons ! Nous rentrons à pied tranquillement, profitant pleinement de ce moment de pure détente. Nous essayerons au passage de porter assistance à une musicienne du groupe qui animait l'espace de la course. Elle avait coincé sa chaîne entre le cadre et le petit pignon. Malheureusement, blocage de la roue avec des boulons, sans clé adéquate, nous n'y arriverons pas mieux. Habitant à 300m, le problème n'est pas trop grave heureusement. Arrivé au camping, vu la fraîcheur ambiante, nous installons notre table de pique-nique dans la pièce vaste de la vaisselle. Nous prenons même nos aises en nous accaparant presque la moitié de la salle. Pendant que l'eau de la soupe et des pâtes chauffe, nous préparons mes petits casse-croûtes que je compte manger demain en course à intervalles réguliers et notés sur un planning que mes suiveuses appliqueront.

Au menu : un morceau de jambon blanc, un bout de banane, un tuc, une ½ barre de céréales, un carreau de chocolat noir, un morceau de fromage de chèvre frais, 2 pruneaux et un abricot mi-sec. Le tout enveloppé séparément et rassemblé dans en un petit paquet que je mangerais tout en marchant, ce qui m'évitera par ailleurs de m'arrêter aux postes de ravitaillements, et d'appliquer en même temps la méthode Cyrano à ma façon (45' de course, 3' de marche). Une soupe, un plat de pâtes à la tomate, fromage, fruits, je mange sans excès. Coucher à 23h, réveil prévu à 07h30, cela fera déjà une bonne nuit. Une envie pressante me réveillera à 03h00, puis à 07h00. Du coup j'en profite pour aller prendre une douche tranquillement et me préparer. Françoise et Jeanine ne tardent pas à se lever non plus. Petit déjeuner assez copieux comme d'habitude, nous finissons de tout préparer : les sacoches vélo avec le ravitaillement et la boisson faite maison (miel, sirop de potassium, infusion aux plantes, bicarbonate de soude).

Dossards en place, nous voilà partis, au petit trot en ce qui me concerne à côté de mes 2 suiveuses en vélo. Ca bouchonne dur à l'entrée du parc de la Victoire. Les suiveurs en vélo commencent à se regrouper devant le parc pour partir jusqu'à Aguessac où nous les retrouverons après 7 km de course. Je me fais contrôler dans la salle d'arrivée comme chacun avant d'aller rejoindre la foule des coureurs dans le parc. 1600 cent bornards et 400 marathoniens ! Je ne me place pas trop loin de la ligne de départ déjà bien occupée, à 10 m environ. Je discute un peu avec mes voisins, puis nous sortons sans tarder du parc pour rejoindre la ligne de départ officielle en un long cortège. Prés de moi je vois une tête connue, celle de Vincent Toumazou qui a réussi la Badwater aux USA : 217 km dans la vallée de la mort en Californie par plus de 50° ! J'ai vu son site internet (excellent) il y a quelques jours. C'est d'une toute autre dimension encore que le 100 de Millau. J'en profite pour discuter avec lui et connaître un peu plus en détail comment il a pu arriver à réaliser une telle performance. Il y a une sacrée préparation en amont. Toutes mes félicitations car c'est un sacré investissement (dans tous les sens du terme) pour en arriver là. Dans cette marche d'approche où nous nous tenons chaud (heureusement car il fait encore un peu frais en tee-shirt), je me fais « larguer » sans m'en rendre compte. Sur la ligne de départ officielle, je me retrouve à plus de 30m derrière. Pas grave, la journée sera longue. Devant, un groupe de coureurs encadre un handicapé en joëlette. Ils se relayeront tout au long des 100 km pour faire partager à plusieurs handicapés cette belle course. Chapeau à tous ! Il y a aussi un petit groupe de coureurs à trottinette (de sport) qui feront le 100 en aparté de la course elle-même. Le départ est donné à 10h00 pile. Il se fait un peu en marchant la 1ère minute, puis en trottinant légèrement ensuite. Au bout de 3 à 4 minutes, j'arrive enfin à prendre mon rythme sans être gêné. Les premiers sont déjà loin devant, un long ruban de coureurs commence à s'étaler sur cette grande route qui nous est réservée pour l'occasion. Je prends un rythme légèrement soutenu, mais sans forcer, juste pour ne pas avoir l'impression de me balader simplement. Dans cette masse, pas facile de discuter avec quelqu'un, ça va ça vient en permanence. Au bout de quelques km, cela va vite s'assagir et chacun trouver sa vitesse de croisière. Je commence à côtoyer les mêmes têtes à présent quand nous arrivons sur Aguessac. Au passage des 5 km, je demande à mon voisin le temps mis, n'ayant pas de montre avec moi. Ceci afin de le donner à mes suiveuses ensuite qui le noteront sur un tableau de suivi. Je retrouve celles-ci à la sortie du village, elles m'attendent dans le sas prévu.

Tantôt l'une, tantôt l'autre, parfois les 2, me voilà bien encadré. Comme prévu, elles me tendent les casse-croûte aux heures prévues. Et elles notent l'heure de passage tous les 5 km, mais sans me l'indiquer. Je préfère naviguer à vue au gré de mes sensations. Cela me servira après coup pour mieux voir ma courbe de vitesse tout au long du parcours. Je zappe les ravitaillements pour suivre à la lettre mon planning. Je bois assez régulièrement, mais toujours pas assez certainement au vu des « caisses » transportées par les autres suiveurs. Ce sont plusieurs litres qu'ils transportent bien souvent. Je mange avec appétit pour l'instant. Les jambes vont bien, je me sens dans un bon rythme. La fatigue fera tomber cette dernière au fur et à mesure des km, reste à voir jusqu'à quel niveau. Comme prévu, pas de quoi batifoler devant le paysage, même s'il est assez agréable. Je jette assez souvent un regard sur les crêtes environnantes qui m'attirent beaucoup plus. Du coup j'essaye de rester concentré sur mon allure. A mi-chemin de la première boucle, je côtoie à présent les mêmes têtes régulièrement. Mais suivant les arrêts de chacun pour se ravitailler, on se perd, on se retrouve un peu plus loin. Les jambes commencent à ressentir une légère fatigue, ce qui est normal et habituel. Tout va pour le mieux, je continue sans réfléchir. L'équipement des vélos, les décos de certains, les affûtés de la petite reine et les novices, tout cela crée un folklore très spécial.

Cela m'occupe à voir et découvrir l'ingéniosité de certains qui ne doivent pas en être à leur 1er 100 de Millau comme accompagna-teur. Jusqu'au 30ème km, le plaisir est là. Mais à partir de là, je commence à ressentir une gêne dans la jambe gauche, un nerf me semble t'il qui me titille. Rien de bien alarmant, ayant déjà connu ceci en trail. Cette fois par contre, la gêne non seulement ne disparaît pas, mais se transforme peu en peu en douleur. Je commence à alterner marche et course régulièrement pour essayer d'éviter que cela s'aggrave. Ce qui se traduit rapidement par une baisse de rythme et je commence à me faire doubler.

A la fin de la première boucle et donc du marathon, les portions de marche et de course sont équivalentes. Je redoute le pire pour la suite, mais je ne me pose pas de questions, je me fais contrôler et continue. C'est l'heure de mon casse-croûte, que j'avale sans enthousiasme. Le moral commence à se miner un peu. Pour l'instant le temps est avec nous. Pas de chaleur, mais pas froid non plus, ni de pluie. Un temps quasi idéal pour courir. En vélo les accompagnateurs aimeraient bien par contre un peu plus de soleil pour les réchauffer. Alors que nous abordons la première vraie côte du circuit, moi qui me faisait un plaisir à l'avance en pensant que je pourrais m'y éclater, c'est en marchant que je la ferai, la jambe gauche devenant de plus en plus douloureuse à chaque pliage du genou. En marche, la sensation s'estompe en grande partie à condition de garder la jambe presque raide.

J'essaye le talus en herbe, de marcher à reculons, je retrouve quelques bonnes sensations mais cela ne dure pas. J'entrevois dès lors le fait d'être obligé de marcher tout du long si je veux terminer. Ce qui veut dire une arrivée dans la nuit fort avancée. Que faire : arrêter là ? Mes suiveuses auront « perdu » leur week-end, moi aussi. D'autant plus que je me sens la force mentale de continuer en marchant jusqu'au bout. Continuer alors ? Pas un problème pour moi personnellement, mais mes suiveuses à 5 km/h dans le meilleur des cas, vont se geler à mes côtés. Je me dis que par ailleurs, je peux me passer de leurs bons et loyaux services à présent. Plus question de faire un temps, je n'ai plus qu'à faire défiler les km au rythme de la marche. Donc je peux les « libérer ». C'est décidé je continue, mon but est de finir puisque je peux avancer encore sans risque apparent de blessure.

Les descentes me sont encore presque plus pénibles que les montées. Surtout moralement quand je vois tout le monde courir. Mais l'envie de finir est plus forte, cela ne me décourage pas. J'arrive à St Georges de Luzençon. Jeanine partie en éclaireur, me rassure : il y a bien une salle de massage. J'y vais droit, une table se libère juste à l'instant.

Le massage me soulage un peu, mais ma jambe gauche est toujours douloureuse au pliage. J'essaye quelques étirements légers tout en buvant de l'eau gazeuse du ravitaillement. Mes suiveuses entre temps m'ont perdu de vue, je vois Françoise me cherchant de partout ! Je repars avec elles aussitôt, la soirée s'annonçant longue malheureusement. La route est plate jusqu'à St Rome du Tarn. Un coureur interpelle Françoise, il vient de la reconnaître grâce à sa selle de vélo, un peu spéciale il est vrai. C'est un loriolais qui la croise tous les matins sur le quai de la gare en allant au travail. Il fait lui aussi le 100. Heureuse coïncidence. Un moment après, nous croisons déjà le premier qui rentre sur Millau ! Son allure doit tous nous faire rêver, surtout quand on en est réduit à marcher comme moi. Le trou est fait, personne derrière dans les minutes qui suivent. Pendant ce temps, je marche, je marche, je me fais doubler en permanence. Beaucoup alterne la marche et la course, mais ils avancent tous plus vite que moi du coup. Un peu plus loin, nous croisons celui qui va arriver 4ème, Christophe Morgo. Un des suiveurs reconnaît Jeanine, juste le temps de s'échanger un bonjour. La côte de Tiergues est là, à la sortie de St Rome du Tarn. Au bout de quelques hectomètres, j'essaye de relancer un petit pas de course. La douleur, vive sur les premiers pas, disparaît partiellement assez vite, mais pour revenir au galop quelques mètres plus loin. 2, 3, 4 essais, rien à faire. Intérieurement, je fulmine. Moi qui aime la côte, impossible de m'y défouler. Je râle. La plupart en sont tout de même réduit comme moi à marcher, quasiment toute la montée. Certains avancent d'un bon pas que je ne peux pas suivre. J'essaye de me préserver pour aller jusqu'au bout, ne sachant pas si ma jambe gauche ne va pas s'aggraver. Nous croisons la 1ère féminine, je reconnais Sylvie Boissy, ayant participé à quelques courses communes par chez nous. La fin de la montée, soulagement pour beaucoup, ne l'est pas pour moi. La descente sur St Afrique est longue. A 6 km, je décide de changer de chaussures au cas où, sait-on jamais. Je reprends ma paire de trail que j'avais prévu en secours, transporté par mes suiveuses. Vu l'heure que je vais rentrer et mon allure, je leur demande de me laisser mes affaires pour la nuit et de rentrer, que cela ne servait à rien re rester à mes côtés avec la nuit et le froid. J'arrive presque à les persuader, mais elles décident d'aller tout de même jusqu'à St Afrique.

A suivre...



29/09/2010
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