Trail du pic de Bure, 26 juillet 2009
Trail du pic de Bure, 26 juillet 2009
06h30, la fraîcheur matinale finit de nous réveiller à la sortie de la tente. Petit déjeuner copieux, toujours principalement à base de fruits, j'emmagasine ainsi un maximum d'énergie pour les premiers kilomètres. Je peux tenir ainsi 15 à 20 km (suivant le dénivelé) sans ravitaillement. Pendant que Pierre-Marie, Odile et Françoise s'apprêtent à gravir tranquillement le pic de Bure en marchant, je rejoins la salle des fêtes de Montmaur où a lieu le départ, qui se trouve à 200m du camping. Que vouloir de mieux !
Je cherche Jean-Luc, je ne le vois pas. A t'il eu des difficultés à se lever ? Ce n'est pas son style, mais sait-on jamais. L'organisateur nous rassemble pour nous donner les dernières consignes et un descriptif du circuit qui nous attend. Suite à des réclamations, la boucle prévue dans le village est annulée et c'est tous ensemble en marchant que nous rejoignons la mairie du village d'où le départ sera donné. Soudain une voix connue dans mon dos : Jean-Luc ! Au repos depuis le trail des Cerces à cause de sa cheville, il a grimpé sur le Vercors hier pour se remettre en jambes : un bon 1000m de dénivelé. Il ressent toujours des douleurs dans sa cheville, c'est pas vraiment « le pied » !
Sur la ligne de départ, j'aperçois Pascal Moreau de Saillans, organisateur du trail « l'envolée des balcons » à Piègros la Clastre, et très bon coureur. Il finira aujourd'hui 5ème au scratch. J'en profite pour aller le saluer, mais nous n'aurons pas l'occasion de mieux discuter, le départ est donné, c'est déjà 08h. Je ne le reverrais bien sur qu'après l'arrivée.
Départ tranquille comme à l'accoutumé, j'en profite pour discuter un peu avec Jean-Luc en bout de peloton. Mais assez vite nous attaquons la grimpette, le temps de faire une photo, et je filerai à mon rythme.
Sentier bien agréable au départ, où l'on peut encore se doubler sans trop de peine, il devient un peu plus haut plus ardu et plus étroit. Doubler devient de plus en plus compliqué. La montée est encore longue, pas la peine de s'affoler. Je rejoins doucement à mon rythme un petit groupe. La participante qui me précède et ferme le groupe voudrait bien doubler mais point facile. Profitant d'une épingle à cheveu, elle double le participant qui la précède. Vexé, celui-ci profite à son tour du virage suivant pour en refaire de même ! A qui le tour ? Un pourcentage qui diminue un peu, un chemin qui s'élargit un peu par endroits, d'autres participants qui se rangent un instant pour laisser passer ceux qui les talonnent, finalement tout le monde reprend son propre rythme quasiment. Un chemin large et qui descend nous amènera jusqu'au premier ravitaillement au gîte forestier des Sauvas. Je me laisserai « aller », ce qui est efficace. Une bonne foulée qui me permet de rattraper 2 autres concurrents. Au moment où le chemin reprend de la pente montante, un groupe de personnes nous accueille et nous encourage. Je pensais que c'était le premier ravitaillement, mais je ne le vois pas sur le coup, me laissant guider sur la droite pour prendre la direction du parking à voiture. En me retournant, c'est là que j'aperçois le ravitaillement. Que fais-je ? Pas faim, pas soif, mais mieux vaut prévenir que guérir n'est-ce pas ? Eh bien non… je file ! Si je veux prendre l'apéro à midi, mieux vaut ne pas traîner. Décision que j'ai failli regretté amèrement un peu plus loin ! 5 à 10' après, je m'aperçois que j'ai tout simplement oublié de transférer dans mon sac à dos du ravitaillement de la marche d'hier. J'ai de quoi boire (presque 2 L), et c'est tout ! J'espère fortement que Françoise, Pierre-Marie et Odile ont pris le même chemin que nous pour grimper au pic de Bure, ce qui me permettra de récupérer quelques fruits secs au passage pour la suite. Le chemin en forêt est superbe, bien roulant parfois, sinueux, le sol souple… un vrai plaisir, à condition de ne pas butter contre une racine d'arbre ! Peu à peu, nous nous rapprochons du gros morceau : nous nous retrouvons au pied du pic, et le chemin tout en zigzag va nous amener au sommet à travers un immense pierrier. Vers la fin nous avons même droit à de belles marches pour passer quelques endroits rocailleux à souhait. Entre-temps, j'ai le plaisir d'entendre la voix de Françoise un peu plus haut : « Mais c'est coco ! ». Je lui fais part de mon oubli et en arrivant à sa hauteur, je récupère vite fait quelques bananes séchées. Cela me suffira pour éviter la fringale. Je repars l'esprit tranquille. Je me voyais mal faire la boucle jusqu'au 2 ème ravitaillement (le gîte forestier les Sauvas) sans rien manger. En passant devant Odile, elle m'annonce ma place : 44 ème. Ca me surprend favorablement. Nous arrivons enfin, après avoir longé un petit névé, au carrefour sur le plateau : à droite le pic de Bure, à gauche l'observatoire. La grosse difficulté est derrière nous, mais il nous faut quand même grimper jusqu'au pic de Bure avant de faire demi-tour jusqu'ici et prendre le chemin de l'observatoire. La montée n'est pas trop dure en elle-même, mais après ce que nous venons de faire, les jambes commencent à être un peu lourdes. Nous croisons les premiers concurrents qui reviennent du pic et prennent la direction de l'observatoire. Les touts premiers sont déjà passés. Je profite d'une zone moins raide pour manger une première banane. Le participant qui me précède me largue du coup, mais je le rattraperais à nouveau un peu avant le sommet. J'essaye de boire un peu très régulièrement. Mais je ne peux guère aspirer plus d'une ou deux gorgées à chaque fois sans quoi je m'étouffe ! Arrivé au sommet, on me pointe 39ème. Content de moi, j'en profite pour faire quelques photos. J'aurai aimé faire une longue pause pour admirer ce magnifique 360°, mais ce n'est pas vraiment le jour.
On se croise... direction l'observatoire au fond à droite pour ceux qui reviennent du pic.
Cela me motivera pour y revenir en marche. Demi-tour, cette fois nous descendons la pente. Un peu technique, mais pas dure, beaucoup de cailloux, il faut faire attention de ne pas s'accrocher les pieds, la descente est assez agréable. Je commence à y prendre goût ! J'encourage les autres participants qui eux grimpent vers le pic. Retour en dessus du névé, nous prenons cette fois le chemin de l'observatoire. Nous nous retrouvons sur un plateau relativement plat, mais le sol n'est qu'un amas de cailloux pas très stable, où il ne faut toujours pas oublier de lever les pieds pour ne pas se gameller. Un troupeau de moutons gris donne l'impression de garder l'observatoire au pied de celui-ci, je me demande bien ce qu'ils arrivent à manger ! Sur cette partie assez facile tout de même, je sens soudain une petite baisse de régime. A priori pas la fringale, pas la soif, serait-ce tout simplement de la fatigue ? Peut-être bien que la récup du trail des Cerces n'était pas encore totale…
Des bénévoles (ce sont eux à priori qui redescendront dans la vallée en parapente, les chanceux !) nous proposent des bouteilles d'eau. Je pense en avoir assez, je laisse leur provision pour les suivants qui peuvent en avoir vraiment besoin. Nous attaquons la descente par la combe de Mai. Seule chose que je sais : il y a un passage de 2 km avec 750m de dénivelé à perdre ! Ca va être raide… Et nous attaquons en effet assez fort. J'y vais prudemment, surtout que je ne sens plus vraiment en grande forme. Je commence à me faire doubler ! Une première partie pas très longue se passe sans trop de mal. Nous rejoignons un petit replat où nous traversons un petit névé. Et derrière, nous voilà au sommet d'une grande combe.
Plus de chemin, mais un joli pierrier à descendre en ligne droite. Je ne m'y attendais pas vraiment ! La technique dans ces cas là est simple : courir ! Plus on y va doucement, plus c'est galère. Il y a plus de 20 ans que je n'ai pas redescendu un tel pierrier : j'en éprouve un réel plaisir, bien qu'un peu crispé au départ. C'est le style de descente qui vous marque à vie : talon en avant, vous faites des enjambées de 2 à 3 m suivant la pente, les cailloux roulent avec vous, les fesses sont presque à ras le sol. Et me voilà parti ! Je retrouve les mêmes sensations que la dernière fois. Je fais seulement attention qu'il n'y est pas dans ma trajectoire un petit rocher qui fasse obstacle, car si l'on butte dessus, cela peut faire mal. La descente est grisante quelque part, j'ai envie que ça dure… La pente est presque un peu faible parfois, dommage. Mais tous (du moins ceux qui sont devant moi) nous dévalons ce pierrier à bonne allure. Une bénévole nous photographie vers la fin, elle prend des risques. En effet à 3, 4 mètres d'elle, je vois soudain voler un caillou au dessus d'elle que j'ai soulevé dans mes enjambées. Il n'y a rien de tel qu'un joli pierrier pour perdre rapidement de l'altitude : on ne peut pas mieux faire.
Mais voilà, toutes les bonnes choses ont une fin, et nous retrouvons à présent la forêt. Nous rejoignons assez rapidement la fontaine des vallons et reprenons en sens inverse le circuit du matin, à la descente cette fois, jusqu'au gîte forestier des Sauvas. Je mange une nouvelle banane, et manque de m'étouffer. Le dernier morceau a failli passer de travers ! Rien ne va plus, les crampes sont à fleur de peau. Je me fais doubler régulièrement, incapable de descendre à bonne allure. De plus un petit caillou à réussi à se glisser dans ma chaussure droite, je m'arrête pour l'enlever. Sur le chemin un nouvau tube de gel vide gît à terre ! Ca me met les boules, je le ramasse. Faut-il être "con" à ce point pour souiller la nature qui est si belle en ces lieux (et même ailleurs entre nous!). Est-ce qu'ils comprendront un jour qu'avec de tels comportements, nous nous verrons interdire de courir dans des lieux protégés tels que les parcs naturels et autres, qui sont si beaux ? Et ceci à cause d'une toute petite minorité ? Amis coureurs et organisateurs, faisons la chasse chaque fois que nous le pouvons à ces imbéciles. Je continue à mon allure tranquille jusqu'au ravitaillement. Mon pied droit me fait mal sous le talon, j'en profite pour quitter à nouveau ma chaussure. Je ne vois rien ! Je remets ma chaussure, je bois 2 verres de jus d'orange et je repars. Nous retrouvons en même temps la chaleur. Jusqu'à présent, le temps était idéal pour courir. Les participants qui me précédent ne vont pas plus vite à présent, car le chemin est plat, voir légèrement en faux plat montant. Cela me rassure. Mais je suis incapable d'aller plus vite et sitôt que cela descend, je suis même obligé de ralentir quasiment. Heureusement ceux qui me suivent sont à priori assez loin, plus personne ne me double. J'en ai même un en point de mire que je rattrape sur le plat petit à petit. Nous attaquons la dernière descente, et là il s'envole… ou c'est plutôt moi qui n'avance plus ! Mon pied droit me chauffe sérieusement sous le talon en plus. Tant pis pour l'apéro, je serai en retard ! Je continue tout doucement ma descente. Nous dominons la vallée, le camping « mon repos », et nous entendons à présent le speaker qui annonce les arrivées. Peu après, une concurrente me double, elle doit aller presque 2 fois à mon allure et m'encourage. Merci mais j'en ai pris mon parti, j'attends que cela se termine tranquillement, ne pouvant faire autrement ! Nous arrivons sur un château d'eau qui surplombe la route et la salle des fêtes quasiment. Dans cette dernière descente j'attends le speaker qui annonce l'arrivée en 4h23 de la concurrente qui vient de me doubler, et sa place : 53ème. Je n'aurais finalement perdu que 14 places en descendant, sachant que j'en ai doublé quand même 2 ! Pas eu de mal, ils étaient sur le bord du chemin à essayer de faire passer leurs crampes. Je regarde derrière moi, à priori personne en vue. La descente se termine en longeant le camping. Que vois-je ? à 10m de moi, ma toile de tente et ma paire de sandales qui m'attend, la bienvenue ! Allez je finis, et je reviens de suite… L'arrivée est là, pas fâché. J'arrive les jambes plus fatiguées qu'au trail des Cerces. Mais la faim ne m'aura pas épuisé sur le finish comme là-bas, c'est déjà ça. Un peu déçu de ne pas avoir pu profiter de la descente, car elle était belle et assez roulante dans l'ensemble après la combe de Mai. Le circuit était vraiment beau dans son ensemble, la montée physique mais pas épuisante. Et des bénévoles présents tout au long, au petit soin pour nous quand il le fallait. Une belle organisation pour une première !
Après avoir bu une bière, je retourne tranquillement au camping. Jean-Luc ne sera pas là avant 14-15h d'après ses calculs, j'en profite pour aller me doucher. Les jambes sont lourdes, mais une nouvelle fois, je n'ai pas eu les mollets durs. J'avais mis les manchons de contention, ceux-ci se sont révélés à nouveau efficaces. Je les adoptent définitivement ! Le camping avait ouvert ses douches aux concurrents du trail, elles ont bien été appréciées. Sauf peut-être par mon voisin de douche qui criait au secours, la sienne était froide à priori.
Une bonne douche, petit massage à l'huile Weleda à l'arnica, et je retourne tranquillement à la salle des fêtes avec mon ticket repas. Mais je décide d'attendre Jean-Luc pour manger avec lui. Je suis près des tables de massage, à l'ombre, à regarder les arrivées. A un moment, une table se libère sans que personne n'y saute dessus. J'en profite pour me faire masser à mon tour, les mollets uniquement. Les cuisses vont à merveille, aucune douleur. Une équipe de kiné est là pour nos petits soins. Il est vrai que c'est appréciable. Je n'ai pas senti sur le coup d'amélioration, mais 2 heures après, le gros de la fatigue avait disparu. Magique ! A refaire…
14h, toujours pas de Jean-Luc. Un participant assis à table, ne se sent pas bien subitement, le regard vitreux. Il est aussitôt allongé parterre, les jambes en l'air sur une chaise. Il reprend assez rapidement ses esprits. Nous voyons arrivé une première aile volante, un des bénévoles du sommet de la combe de Mai qui a choisi ce moyen de locomotion pour redescendre tranquillement… et surtout rapidement !14h30, la faim me prend. Tant pis je vais manger, je lui tiendrais compagnie. Et des fois que trop fatigué il n'est pas faim… 15h, toujours pas de Jean-Luc. Il ne reste bientôt plus que 2 participants à rentrer. Un seul abandon, un écossais. Il n'avait certainement pas l'habitude d'un tel dénivelé.
Soudain, Pierre-Marie, Odile et Françoise arrivent de leur balade à pied au pic de Bure. Ils ont vu Jean-Luc aux Sauvas, qui fermait la marche, en compagnie des serre-file et débaliseurs. Sa cheville l'handicape. Le connaissant, il ira jusqu'au bout, sauf accident. Nous discutons un peu quand le speaker annonce l'arrivée du dernier concurrent, il vient de passer au château d'eau. Il demande à tout le monde de sortir et de lui préparer une haie d'honneur. Je file au bas de la descente à 100m de l'arrivée. Je le vois arriver accompagné de 2 charmantes bénévoles qui lui prennent la main pour terminer. Un autre bénévole leur enfile une guirlande multicolore autour du cou à tous, c'est la fête !
Ils passent la ligne d'arrivée sous les applaudissements. Malgré sa fatigue et la douleur de sa cheville, il ne perd pas son humour habituel devant le speaker.
Il se mettra de suite à table, l'appétit étant là, preuve qu'il n'est pas épuisé, pendant que les résultats sont annoncés. Une récompense lui sera même attribué. Pas mal de participants ne sont pas du secteur, beaucoup certainement en vacances par ici. Et plusieurs nationalités aussi ! 1ère édition et déjà international…
Sa cheville lui fait vraiment mal, il aura beaucoup de mal à quitter sa chaussure et enlever la gaine qui lui tient sa cheville.
Une fois les discours et remise des prix terminés, nous rejoignons le camping et nos amis qui ont plié bagages pendant ce temps. Il n'y a plus qu'à rentrer, toujours sous un ciel bleu éclatant.
Moi qui croyait avoir bien bu pendant tout le parcours, je trouve étrange de voir que depuis que je suis arrivé, j'ai bu plus de 2 litres. Mais en vidant plus tard ma poche à eau, je me rends compte que j'ai bu sur les 30 km un demi litre seulement !!! Ce qui n'était peut être pas étranger au fait de sentir les crampes et la fatigue dans les jambes. A méditer. Et ce n'est que le lendemain que je comprendrai ma petite douleur au talon droit : une immense ampoule s'est formée sur tout le talon, mais pas vraiment mure. Après avoir déchaussé par 3 fois ma chaussure, je ne l'aurai certainement pas resserrée comme il le faut. D'où un léger frottement qui m'a échauffé le talon. Une leçon de plus. Dur dur de penser à tout !
résultat : 54ème en 4h25 sur 106 participants - 8ème V2 sur 19
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