Trail Buis les baronnies : j’ai « frisé la correctionnelle » ! 19/04/2009
Trail Buis les baronnies : j'ai « frisé la correctionnelle » !
En compagnie de ma fille aînée Céline, nous voici ce dimanche matin 19 avril à Buis les Baronnies. Déjà la grande foule quand nous arrivons, nous avons du mal à trouver une place pour se garer. La fraîcheur est au rendez-vous, nous faisant hésiter un peu sur la tenue à prendre. On mise sur un réchauffement surtout que nous allons attaquer la course par une longue montée, on partira léger, ce qui sera une bonne option.
Nous retirons nos dossards, on nous donne un maillot technique bien sympathique. Nous retrouvons Phil qui vient s'inscrire sur le 21 km, en compagnie de deux amis du jogging club portois.
Retour à la voiture pour se mettre en tenue, et partir s'échauffer un minimum. Je retrouve un autre coureur du trail de Mirmande avec qui j'ai couru un petit bout de chemin ce jour là. L'échauffement nous confirme qu'il faut partir léger !
Retour sur la ligne de départ où nous retrouvons tant bien que mal Phil dans la foule. 160 au moins au départ du 46 km, qui en fera à peine 44, et 300 sur le 21 km, qui en fera 24 ! Auparavant, j'aurai le temps de saluer Hervé Simon du Conseil Général de la Drôme et organisateur de ce trail, que je connais depuis l'organisation de la semaine fédérale internationale de cyclotourisme de Crest en 2001, et que j'ai eu le plaisir de rencontrer en tant que participant cette fois sur O'bivwak (course d'orientation sur 1 week-end) il y a 2 ans.
Au micro, il est rappelé que cette course fait partie du challenge national de Trail, et du coup de « grosses pointures » sont présentes. Je n'aurai même pas l'occasion de les apercevoir ! Le départ se fait par les ruelles du village, 21 et 46 km en même temps, ce qui fait du monde. Au bout d'un km, on commence à apercevoir la première montée. Au loin, on aperçoit déjà des coureurs qui gravissent le sentier. Ils ont déjà une avance conséquente sur le gros de la troupe ! Pris dans le flot, on prend l'allure générale du groupe, faute de pouvoir doubler difficilement ou de passablement gêner les autres si on ralentit un peu son allure. Pas trop d'embouteillage lors du début de cette grimpée( qui va durer, durer, …), le chemin un peu large et pas trop raide permettant de se dépasser sans trop de problèmes.
En vue du 65 km de Crest dans 3 semaines, j'ai décidé de partir comme pour un 20 km afin de me fatiguer assez vite, et voir comment j'allais endurer la fatigue sur du long terme. Avec le risque de rester en rade, mais ce qui voudrait dire que le 65 ne serait pas à ma portée. Un paysage superbe s'offre à nous tout le long de l'ascension, avec en point de mire le Mont Ventoux et son sommet encore passablement enneigé. Un petit coup d'œil en arrière nous permet de voir une file continue de coureurs multicolores sur ce magnifique sentier gravir la montagne. Seuls bruits perceptibles : les pierres qui s'entrechoquent sous les pieds des coureurs et le halètement de ceux-ci car le pourcentage est marqué. Une mono sente assez roulante et très belle nous amène à bonne allure sur le premier point de ravitaillement et la séparation des 2 circuits. 8 km /h pile de vitesse moyenne sur ces 12 premiers km avec un bon dénivelé (+ de 700m), je ne suis pas trop mécontent de moi. Le ravitaillement est le bienvenu, et je prends mon temps de boire et manger, de prendre des photos (que je n'arriverai pas à décharger sur mon PC une fois de plus, ma carte ayant à priori un gros problème), et de rediscuter un bref instant avec Hervé Simon qui assure le pointage sur le 46 km.
Je repars la fleur au fusil, mais la côte qui s'annonce à nouveau va vite me ramener à la réalité ! Nous escaladons la montagne en ligne droite quasiment par ses crêtes ( que nous n'allons guère quitter avant la dernière descente). La fatigue commence à se faire sentir, je suis beaucoup moins pimpant que sur la première grimpée. Mais le sentier est toujours aussi magnifique, les points de vue superbes, un réel plaisir que d'évoluer dans un décor pareil.
Au km 17, ça y est j'ai atteint mon premier objectif, la fatigue est bien ancrée. Les mollets sont durs, de vrais bouts de bois à présent. Il faut dire que pour corser la chose (mais involontairement), je n'ai rien trouvé de mieux la veille que de tondre ma pelouse de pissenlits et salades sauvages diverses. Et comble de bonheur, le système de tractation de la tondeuse a lâché. Si bien qu'il a fallu que je m'arque boute pour faire gravir les petits talus que j'ai à ma tondeuse. Le soir j'en avais un peu plein les jambes !
Ma moyenne reste à 8km/h, alors que le terrain est plus facile dans son ensemble, le gros du dénivelé ayant été déjà pris. Je commence à me faire redoubler régulièrement. Mais le moral est toujours là, je m'y attendais. La fatigue aidant, par 2 fois je manque de me ramasser par terre en butant un pied sur des cailloux. A chaque fois je rétablis la situation de justesse, tout en me disant qu'il faut que je lève mieux les pieds. Mais qu'est-ce qu'ils deviennent lourds !
Arrivé au sommet d'une nouvelle bute, j'en profite pour faire une photo et regarder les vallées et montagnes des deux côtés qui s'offrent à nous. Malheureusement la grisaille qui nous accompagne gâche un peu ce plaisir, mais en contrepartie nous l'apprécions pour courir, ce qui nous évite de grosses sueurs. Je repars quelques secondes devant un autre coureur, mais je m'égare. J'ai perdu le balisage ! Un instant d'inattention et voilà le travail. Dans mon erreur, j'ai entraîné le coureur qui me suivait. A 2 nous recherchons les balises. Rien en vue, mais il aperçoit au loin un grand chemin en contrebas par devant emprunté par des coureurs. On décide de garder la crête pour y tomber dessus, et rapidement on retrouvera le sentier balisé. Ouf ! Quelques zones deviennent boueuses et fortement collantes aux chaussures sur ce grand chemin. A nouveau une mono sente pour notre grand plaisir et surprise 2 photographes coup sur coup au sortir d'un virage ! Des professionnels privés ou ceux du Conseil Général ? Je commence à galérer, les crampes ne sont pas loin, les mollets toujours aussi durs. Et soudain devant nous, que ne vois-je pas ? Un petit château ! Et oui bien sûr, c'est celui d'Aulan, que j'ai toujours eu l'occasion de découvrir en vélo mais par la route, sans jamais prendre le temps de l'approcher de près. Et de plus un ravitaillement est installé à son pied ! mais il me faudra revenir encore une autre fois pour le visiter…
Je me ravitaille normalement, un verre d'eau, 2 petits morceaux de banane, un de fromage, et 2 abricots secs. Je repars tant bien que mal, mais les jambes reprennent vite le rythme. Un peu plus loin, nous croiserons une concurrente qui retourne en marchant au ravitaillement, son estomac n'ayant pas apprécié le traitement subi à priori. Nous attaquons à présent une jolie mono sente qui va nous conduire tranquillement tout en prenant un peu d'altitude vers le col de la bohémienne. 2 autres participants me doubleront encore, un 3ème sur mes talons au col que je laisserai passer, ayant pris une photo. Petit à petit celui-ci prend de l'avance sur une partie plus plate, je n'arrive plus à tenir la cadence. Nous enchaînons une descente à travers un grand pré, je l'aperçois à nouveau 150m devant. Cette descente, pas très longue, a un effet bénéfique sur mes mollets : ils deviennent moins durs. Si bien que lorsque nous reprenons à travers la forêt le sentier, tout en reprenant un peu d'altitude, je le rattrape peu à peu. Dans un raidillon, étant sur ses talons, il me laissera passer. J'ai l'impression que je viens de basculer dans la 2ème phase, celle de l'endurance pure. Un nouveau caillou manque de peu de m'envoyer au sol tête première. Ca commence à bien faire ! A quand la gamelle ? Je préfère ne pas y penser… Une partie plate et chemin large va nous amener bientôt jusqu'au dernier et 3ème ravitaillement. Ce même concurrent me rattrape à nouveau et me double à bonne allure, accompagné par une jeune concurrente. Cette compagnie lui a l'air bénéfique. Incapable de suivre leur allure, je me résous à doubler un autre concurrent qui lui peine de plus en plus. 2 autres sont en point de mire qui m'avait doublé auparavant. Le temps est devenu très maussade, le Ventoux a coiffé son sombrero depuis un bon moment. Les jambes sont lourdes, mais tournent assez régulièrement. J'arrive au ravitaillement avec une moyenne de 7,7 km/h. Avec un peu de chance suivant l'état de la descente finale, je pourrai peut-être remonter à 8km/h, mais je doute de mes capacités à y arriver. Je me ravitaille à nouveau mais sans trop traîner car il fait frisquet. Les bénévoles sont bien équipés, heureusement pour eux. Je repars, au bout de 100m à peine, carrefour à droite, je vois un concurrent qui revient sur ses pas, il avait loupé la balise à son tour. Il passe devant moi, et nous ne nous quitterons quasiment plus jusqu'au bout. Il reprendra un peu d'avance au début, puis au fur et à mesure de la grimpée sur les crêtes à nouveau, je le rattraperai pour le dépasser dans les parties les plus pentues. A présent, j'ai plutôt tendance à mon tour à redoubler du monde dans cette ultime ascension. Mais je finis par me faire doubler au bout de plusieurs minutes par un autre concurrent avec des bâtons. Il me fait presque regretter de ne pas avoir pris les miens. Je ne le reverrai plus, si ce n'est à l'arrivée, certainement bien meilleur que moi en descente. Le sommet est enfin là, ou plutôt le début de la descente finale, interminable, infernale ! Je retrouve quelques bonnes sensations sur ce début, si ça pouvait durer !!! Mais voilà… je me rappelle quelques conseils pour mieux descendre dont un : anticiper du regard la trajectoire. Je sais faire avec la pratique du VTT. Voilà qu'une partie accidentée se dessine : je vise ma trajectoire, les endroits où poser mes pieds et j'y vais allègrement. 1 pas avant l'obstacle majeur, ne voilà t'il pas que j'oublie l'essentiel : lever le pied ! mon pied droit bute sur un caillou, j'arrive sur l'obstacle en déséquilibre complet, le corps penché à 45% devant et la marche à passer et tous ces autres petits obstacles. La gamelle est assurée et bonjour les dégâts dans ce tas de petits rochers. Hé non finalement, l'instinct de survie est grandiose : incapable de vous dire comment, mais je rétablis la situation au prix d'acrobaties digne des meilleurs cascadeurs. Par contre le moral et les jambes viennent d'en prendre un sacré coup : je tremble sur mes jambes, et je reprends vite la descente mais en marchant sur les premiers mètres car mes muscles se nouent. Peu à peu je reprends mon allure de descente, mais calme, en assurant mes pas. Le coup de sueur froide vient de passer, je reprends confiance. La descente continuera sans autres péripéties heureusement. Je me ferais encore doubler par des « TGV » (traileurs grande vitesse), de quoi me sentir encore plus nul en descente. Les parties pentues, glissantes, collantes ne manquent pas, et ce presque jusqu'à l'arrivée. Nous entendons au loin la sono de l'arrivée, c'est bon signe. Nous commençons à retrouver un peu de monde sur les 2 derniers km, qui nous encouragent. Mais j'entends aussi dans mon dos avec ces mêmes encouragements un autre concurrent qui me talonne… le même qui s'était trompé en partant du dernier ravitaillement. Tant pis je me lâche, je donne tout ce qui me reste. Céline vient à ma rencontre à 400m de l'arrivée. Ca finit de me redonner un peu de cœur à l'ouvrage, les encouragements des spectateurs finissant de me redonner un peu de tonus. Je franchirai la ligne de peu avant mon poursuivant, lui aussi arrivera au maxi de ses possibilités. Phil est là pour m'accueillir, mais cet ultime effort me laisse à la limite de l'épuisement pendant quelques instants. J'ai besoin de m'asseoir, je sens la tête prête à tourner. Quelques minutes et je retrouve complètement mes esprits, mais pas mes jambes ce qui est sûr. Je me ravitaille un petit peu, mais je n'ai pas faim. Je bois 2 verres d'eau. Je prends connaissance des temps de Céline 147ème en 2h34 et Phil 127ème sur 299 en 2h32. Ce qui leur fait une moyenne horaire de 9km sur les 24 km et 800m de dénivelé. Pas mal du tout ! Je rejoins ma voiture tout doucement quand j'aperçois devant moi un couple de personnes retraitées en train de manger un bon gâteau sur le capot de leur véhicule. Moi qui suis gourmand, je n'en ai pas spécialement envie ce qui démontre un état de fatigue avancé. Le monsieur m'interpelle gentiment en me disant « Kaput !» et en faisant un signe en mettant ses bras en croix ! Je ne peux que lui répondre « oui » avec un petit sourire. J'ai l'impression que le chemin pour arriver jusqu'à la voiture est interminable. Enfin la voici ! J'ouvre le coffre à l'arrière et m'assoie sur le rebord. Mes chaussures sont pleines de boue, les chaussettes de même, et le bas de mes jambes idem. Je prends dans le coffre mes baskets de tous les jours, puis je me penche pour enlever mes sales ! La réaction ne se fait pas attendre, des crampes me viennent de partout sur la jambe. Je me relève aussi sec et tend ma jambe au maximum. Cela passe immédiatement. Mais il me faudra faire une gymnastique du diable pour changer de paire de chaussures en évitant les crampes. Vais-je pouvoir conduire ? Je décide de rapprocher la voiture sur le grand parking, il devrait y avoir un peu de place à présent. Ca va, la position du chauffeur ne me tiraille pas les muscles. J'arrive encore à pédaler ce qu'il faut ! Je trouve une place au plus près grâce à un automobiliste qui laisse sa place au moment où j'arrive. Qu'il soit béni ! Je rejoins Céline et nous jetons un coup d'œil aux résultats. Elle me trouve sur la liste : 95ème (sur 159 arrivants) en 5h34, une moyenne de 7,8 km/h. Ce dont je me satisfais pleinement, ayant misé sur 6h avant le départ. Le fait aussi d'avoir toujours pu garder une allure régulière, bien que moins rapide au fil des km me rassure pour Crest. Mais par contre arrivé aussi « plombé » me rassure moins. Céline nous conduira pour rentrer. Ce qui va me permettre de me délasser les jambes en les étirant.
Arrivé à la maison, une bonne douche chaude, suivie d'une douche froide sur les jambes me ravigote. Je retrouve du punch, suffisamment pour descendre et monter les escaliers sans trop de peine.
Et le lendemain, je reprends le vélo pour aller au travail. Le trajet se fera sans encombre, mais je ressens encore une fatigue certaine dans les jambes. La récupération est assez rapide tout de même. Si celle-ci est complète d'ici dimanche prochain mon prochain objectif sera le trail du Brézème et ses 44 km roulants. Le but sera cette fois d'essayer de tenir le même rythme du début à la fin si possible en gardant des réserves, comme si je devais encore continuer 20 km. Reste à voir sur quelle allure me baser. Au vu des résultats 2008 (participants peu nombreux sur le 44 !), je penche pour un 8,5 à 9 km/h. Je règlerai le tir sur place en fonction de mes sensations. Et si je n'ai pas assez récupéré, je me contenterai du 22 ou de rien du tout !
Et pour les photos, allez consulter le blog de Phil... il est mieux doué ! mais promis la prochaine fois tout rentrera en ordre : carte reformatée, testée et retestée en déchargement !
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