Coco le cyclo...

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Tor des géants : 4ème étape Donnas - Gressonney

Tor des géants : 4ème étape Donnas - Gressonney

A mon réveil, Corine est repartie depuis 1h, elle était arrivée 1h30 avant moi. Je mange à nouveau une bonne salade tout en finissant de me préparer. Le départ de Donnas est étrange. J’ai l’impression de tourner en rond. D’abord de la route qui grimpe, puis des escaliers à grimper, à descendre ensuite, pour se retrouver au final juste à la sortie de la ville. Je retrouve à nouveau Françoise qui s’est installé sur une place, prête à passer sa 2ème nuit dans la voiture. Ayant enlevé les sièges à l’arrière, l’Espace s’est transformé ainsi en camping-car. Un peu plus loin un contrôle à Pont Saint-Martin avant de franchir un magnifique pont tout éclairé par des bougies pour l’occasion je pense. Je continue ma « rando » en tee-shirt, il fait frais mais je suis mieux ainsi. Tonnerres et éclairs résonnent dans le ciel et illuminent les montagnes. Nous n’aurons au final qu’un peu de pluie qui me mouillera légèrement mais dans l’effort je n’ai pas froid et je ne mettrai pas de veste. Le terrain par contre devient technique et glissant, et surtout éprouvant physiquement. Pas mal de gros rochers à franchir où l’on y laisse encore quelques plumes. C’est dur mais le moral tient bon. Depuis Hereraz au km 155, 1800m D+ à avaler avec 130m D- au passage pour rejoindre le refuge Coda qui symbolise la moitié de la course. Le jour se lève en route et me permet d’apprécier ces montagnes. Toujours les cuisses prêtent à exploser, mais ça tient. L’arrivée au refuge fait plaisir, mais la descente qui m’attend freine un peu mon enthousiasme. Au refuge je retrouve de la chaleur, une ambiance fort agréable et les bénévoles à notre service une fois de plus. Corine est là, circonspecte. Elle en veut toujours malgré ses pieds en sang. Une sacrée volonté. Je pense que j’aurai rendu mon tablier depuis un moment déjà. Elle garde l’espoir d’une amélioration, et l’envie d’aller au bout est le plus fort pour le moment. Elle repartira un peu avant moi. Je me ravitaille, toujours en potage et fruits. Entre 2 ravitaillements, je ne mange que mes barres crues, je ne m’en lasse pas. Je les ai adoptées définitivement, car elles sont hyper nourrissantes et bonnes. A présent je vais pouvoir effectuer le décompte à rebours des kms ! Ca commence à sentir l’écurie et à finir de renforcer le moral.

 

 

En repartant du gîte, je trouve le moyen de perdre le balisage et de descendre du mauvais côté de la montagne. Pris par la descente et son côté technique je ne réalise mon erreur que 500m plus bas ne voyant plus personne ni devant ni derrière et pas de balisage. Toujours tête en l’air ! Demi-tour et je retrouve le carrefour où le balisage est bien fait pourtant. La descente se fait tranquillement pour ménager mes genoux… et mes cuisses. Je râle de ne pas pouvoir trottiner mieux que ça en descente quand le terrain le permet. Ai-je attaqué la course trop vite ? Pour la diagonale des fous, au bout des 170 km je pouvais encore courir facilement. Dommage que ce ne soit pas le cas aujourd’hui me dis-je. Tant que je peux aller de l’avant correctement en marche, c’est toujours bon à prendre. A un ravitaillement non officiel, je retrouve à nouveau Corine en train de se faire soigner par une bénévole compétente ses pieds, car il n’y a pas de podologues aux bases de vies pour l’instant. Son mari Olivier et un ami s’occupent de la soigner du mieux qu’ils peuvent à chaque gros arrêt. Encore des bénévoles bien sympas qui se sont intégrés d’eux-mêmes. Je ne m’attarde pas trop et repart du coup avant Corine cette fois. Elle ne tardera pas dans la 1ère descente de me rattraper malgré ses pieds douloureux. Je ne cherche même pas à les suivre, mes cuisses et genoux ne veulent pas. Si, si, ils me l’ont dit clairement !!! La descente sur Lago Vargno se passe pas trop mal toutefois. Descente jusqu’au bord du lac, remontée en face, dans la lune une fois de plus, je loupe le balisage pour aller au point de contrôle ravitaillement. Heureusement pour moi à 300m une dame devant son chalet me voyant passer me demande si je fais la course. A ma réponse positive elle me ré aiguille sur le bon chemin. Ouf, car ayant aperçu 2 coureurs en contrebas à 2kms au moins, je ne me posais pas de questions, je suivais le grand chemin. Du coup je me suis dit que ce devait être plutôt des randonneurs. A leur couleur de maillot, je les verrais me doubler un peu plus tard, c’étaient bien des coureurs ! Qui n’ont pas eu ma chance de tomber sur une âme charitable. Je retombe très vite sur le ravitaillement.

 

 

Je me ravitaille léger et reprend le chemin de l’ascension vers le col de Marmontana. Le temps se dégrade au fil des heures, le brouillard fait son apparition. A chaque passage d’un contrôle j’envoie un message à Françoise pour lui signaler mon passage. Mais 1 fois sur 2 ça ne passe pas ! Dommage qu’ils ne pratiquent pas l’envoi de SMS automatiques comme dans la plupart des autres grandes courses. Du coup, moi qui ne suis pas un grand virtuose des SMS, je m’en vois un peu parfois. Le col est encore une fois bien physique et une fois franchi, la pluie fait son apparition. Je reste en tee-shirt, mais je finis par me tremper cette fois. Je m’équipe de ma grosse veste (légère !) de montagne que je teste donc pour la 1ère fois sous la pluie. Je me retrouve vite dans un certain confort à nouveau. Chaleur et même mon tee-shirt sèche peu à peu. Un vrai petit plaisir. Un ravitaillement non programmé à priori nous attend avant la descente sur Niel. Là aussi, quel accueil et quel plaisir. Un tout petit oasis sous la pluie où je peux enfiler mes chaussettes imperméables pour la suite avant d’avoir les pieds abimés, et surtout nous pouvons déguster une polenta toute chaude. Adieu ma promesse de ne manger que des fruits, je n’y résiste pas, ne serait-ce que pour « récompenser » leur ardeur à nous faire plaisir. Le plaisir avant tout en effet ! La suite ne m’emballe guère avec une bonne descente sous la pluie. Cette dernière s’arrêtera assez vite, mais le terrain fait de gros rochers reste glissant et potentiellement dangereux. Une fois de plus, à mon rythme, ça se passe, la tête gérant encore la fatigue et les douleurs. L’arrivée à Niel se fait dans l’ambiance des cloches, des applaudissements et encouragements. Je retrouve Françoise, et Corine arrivée depuis 5’. Elle souffre de plus en plus, mais n’abdique toujours pas. J’ai mal pour elle. A côté je me dis que mon état est le Pérou ! Mon ambition de ne m’arrêter qu’un minimum à chaque contrôle est mis à mal depuis un moment. Je profite de plus en plus de ces havres de paix pour le coureur, et surtout de pouvoir discuter avec Françoise et connaissances. Sans oublier les bénévoles, la plupart parlant le français. Toujours dur de s’arracher à une telle ambiance ! Je repars à nouveau devant Corine en lui souhaitant bon courage à nouveau car il lui en faut pour continuer. La montée qui suit du col Lazoney est bien agréable au départ. Je suis dans le même rythme que les autres coureurs, ce qui me rassure. Nous sommes tous dans le même état me dis-je. C’est-à-dire pas folichon… mais on avance ! Il n’y a que ça qui compte. La nuit me prend avant le col et la pluie revient à nouveau juste après le franchissement de ce dernier. Un dernier contrôle ravitaillement peu après est le bienvenu à Oberloo. Nos frontales alertent les bénévoles de notre arrivée. Nous avons droit une fois de plus au bon son de cloche pour nous encourager qu’un bénévole agite frénétiquement à chaque arrivée. Pas trop le besoin de m’arrêter, mais la tiédeur du lieu, le ravitaillement, la bonne ambiance, font que je reste un peu plus que normal pour en profiter. Le « normal » étant propre à chacun ! Repartir sous la pluie et dans le froid n’est guère encourageant, mais il faut bien y aller. L’écurie n’est pas encore là, loin s’en faut. La traversée du plateau qui suit m’énerve un peu : c’est un véritable marécage. J’essaye de ne pas prendre l’eau avec mes chaussettes imperméables, ce qui n’est pas évident car le pied s’enfonce allègrement dans les multiples trous invisibles. Du coup je jongle d’une botte à l’autre en zig-zag quand les autres vont tout droit, les pieds trempés depuis belle lurette. Ce n’est plus un souci pour eux. La descente qui suit, de nuit, terrain trempé, +1000m D-, a de quoi me saboter le moral. Il tiendra bon toutefois, malgré les genoux grimaçant de plus en plus. La descente nous amène enfin sur Gressoney à travers la forêt. Un peu raide, j’ai du mal à la négocier. Les lumières sont là et m’attirent. Arrivé sur le goudron le fléchage m’envoie à la sortie de la ville dans le noir. J’avance un peu, et pris de remords je fais ½ tour. J’ai dû louper une balise je suis déjà sur le chemin de la sortie me dis-je. Un coureur arrive et me confirme que c’est bien par là. Je repars donc dans le sens des flèches en n’y comprenant plus rien. Gressoney ne serait pas là ? Nous courons sur le bitume. De temps en temps une voiture qui nous croise ou nous double, avec souvent un petit coup de klaxon d’encouragement. A chaque virage je m’attends à voir la ville de Gressoney. Mais non. Le moral en prend un coup. Au fil des minutes, j’attends avec la plus grande impatiente d’arriver enfin à l’étape. Je me fais doubler de temps en temps par ceux qui arrivent encore à trottiner ce qui n’est plus mon cas, sauf de brefs moments. Le moral est dans les chaussettes. Enfin de la lumière à nouveau ! Un grand bâtiment, chic ce doit être là ! Pas de pot nous continuons sur la route et encore un bon moment. Je finis par deviner enfin le lieu de contrôle. Un peu de repos sera le bienvenu. Je retrouve Françoise. Corinne est là aussi. Je commence par me ravitailler un peu, puis je décide de dormir. Auparavant une bonne douche pour se délasser. Une salle équipée de matelas nous attend. C’est parti pour un bon somme d’1h1/2 …

 

 

à suivre...



11/11/2014
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