Coco le cyclo...

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Tor des géants : 1ère étape Courmayeur - Valgrisenche

Tor des géants : 1ère étape Courmayeur - Valgrisenche

07h40, je me réveille. Un peu long à m’endormir hier soir, la nuit fut relativement sereine quand même. Habillage, petit déjeuner uniquement avec des fruits, préparation de ma boisson, dernières consignes avec Françoise, et nous voilà partis à Courmayeur, notre camping étant perché dans le Val Ferret à quelques kms. Nous trouvons une place de parking pas trop loin du départ, et nous voilà à pied sur l’avenue conduisant au départ. Le temps est beau, c’est déjà une bonne chose que de ne pas partir sous la pluie. Quelques photos avant de se faire pointer et rentrer dans le sas de départ. J’essaye de trouver quelques têtes connues, Corine, Denis entre autre, mais pas de succès. Juste l’homme au téléphone d’hier soir qui est juste derrière moi, et déguisé. Il se surnomme lui-même « barbichette » car il en a une belle qu’il a prévu de couper s’il réussit. Ce sera pour une autre fois malheureusement car il abandonnera assez vite. Un autre participant est déguisé, de manière conséquente ! Il ne passe pas inaperçu, mais troquera vite sa peluche pour une tenue plus conforme après le départ et il terminera la course. Il se promène un peu partout dans le sas de départ, et pas mal de concurrents se font prendre en photo avec lui. Ce qui permet peut-être à certains un peu trop stressé de se décoincer un peu. Pour ma part, je me sens bien, mais une certaine tension demeure inconsciemment. Un nouvel espion nous filme : un drone survole le sas de départ. Sur la ligne de départ, des handicapés vont participer à leur manière à cette belle course. Un grand moment pour eux, et pour les bénévoles qui s’en occupent. Chapeau bas à eux ! Peu avant le départ, je prends quelques longues inspirations histoire de me relaxer un maximum. Pour la 1ère fois et un peu à contre cœur, j’ai pris mon GPS que je mets en route. L’organisation n’ayant pas prévu le suivi par SMS, c’est moi qui vais l’assumer pour avertir Françoise. Et comme il y a des chances que je ne sache jamais où j’en suis vraiment, le GPS me donnera le kilométrage et l’heure. Après coup j’aurais pu m’en passer car il ne m’a quasiment pas servi.

 

 

Le décompte est donné, c’est le départ enfin vers l’aventure ! Beaucoup de questions sans réponses pour le moment : quelle est vraiment ma forme n’ayant plus couru depuis le 14 juillet, quel sera le temps, mes bobos du début d’année vont-ils resurgir, mon alimentation à base de fruits uniquement va-t-elle me suffire, … Dès les premiers pas, ce n’est plus d’actualité, je suis là pour en profiter ! Je pense à la chance que j’ai de pouvoir prendre le départ d’une telle épreuve en ayant tous les atouts pour arriver au bout sauf accident. Et j’essaye d’emmagasiner un max d’images et de sensations dans ma tête. C’est la fête dans Courmayeur, un petit tour de ville pour célébrer ce départ, beaucoup de spectateurs amassés dans les rues. Ce n’est quand même pas l’engouement de la diagonale des fous qui restera une course exceptionnelle et au dessus du lot sur ce plan là.  Je reste à ma place, vers la moitié du peloton environ. Pas de précipitation, il y aura de quoi se défouler par la suite.

 

 

Un départ mollo me préservera pour la suite. Et c’est ce qui arrive. 1ère montée dès la sortie de ville, le bouchon. Nous monterons à la queue leu leu presque jusqu’au sommet du 1er col, l’Arp à 2550m, et ses 1375m de D+ à prendre. A part une portion à mi-chemin sur un chemin large où je me défoulerai un peu, les jambes me démangeant à force de piétiner. La plupart attendent sagement, mais certains essayent coûte que coûte de grappiller des places. Feront-ils partis des 15% qui abandonneront dès le 1er jour ? Il y a des chances en se comportant ainsi, à s’user prématurément. L’arrivée au col se fait tranquillement. Une belle descente jusqu’au 1er ravitaillement à Youlaz nous attend à présent. L’envie d’uriner me prend, ce sera donc une halte dès le 1er coin un poil discret. J’ai pour ambition de boire plus que d’habitude, sans me gonfler le ventre toutefois, pour tenter d’uriner le plus souvent possible afin d’éliminer les toxines et d’éviter les problèmes sur la longueur. Je fais la descente dans l’allure générale, et teste surtout mes pieds dans leurs chaussures sans semelles. Malgré les 2 paires de chaussettes, je sens le fond de la chaussure qui me titille légèrement  la plante de pied. J’espère que cela ne va pas trop m’échauffer les pieds, car sinon bonjour les ampoules et les gros problèmes. Pour ne pas retomber dans mes travers, je me fixe maximum 10’ d’arrêt à chaque ravitaillement. Mais aussi de ne pas en sauter un seul ! Ce sera 5 grosses minutes d’arrêt environ pour ce 1er. Le plus dur sera de s’y tenir. Tant que je serai ‘dans la course’, c’est-à-dire en forme pour faire un temps, je devrais pouvoir m’y tenir. Sinon cela dérapera à nouveau certainement.

 

 

On continue avec du grand chemin, de la mono sente, du goudron, et pour finir un joli sentier pour arriver dans la Thuile. Et j’ai bien failli avoir une belle tuile ! A trop regarder le paysage, mon pied a buté sur un caillou et je me suis étalé de tout mon long aussi sec. Sans gravité heureusement, j’ai pu repartir de suite. Chaude alerte, qui a fait que je me suis engueulé : « Reste concentré sur tes appuis, nom de …. ». « Du calme il faut que ça te serve de leçon si tu veux aller au bout. ». 2ème arrêt pipi avant d’entrer en ville, ça fonctionne bien ! Et je retrouve Françoise à l’entrée puis la sortie du poste de contrôle et ravitaillement. Elle me confirme qu’elle a vu passé Corinne il y a 1/2h. Ce qui ne m’étonne guère la connaissant avec son battant. Nouvelle ascension à présent avec le Col du Haut Pass à 2853m, et 1450m de D+ ! Nous commençons par remonter le fond de vallée, pour se retrouver au pied du mur comme on dit. Me sentant bien, je n’hésite pas à garder un bon rythme dans l’ascension. Le chemin est sympa, pas trop technique mais assez physique dans l’ensemble. A mi-chemin nous arrivons à la hauteur d’un lac et d’un refuge juste en dessus. Après coup je me dis « Tiens, ça doit être le refuge Deffeyes ». Quelque part je doublerais Denis mais sans m’en apercevoir. Au sommet de cette ascension, tout un groupe de personnes pour nous encourager. Je me crois au Col Haut Pass. Grave erreur Coco, tu n’es même pas au refuge Deffeyes encore ! Légère redescente après le col, et à la sortie d’un virage, voilà un refuge et un poste de contrôle et ravitaillement. Ne sachant plus trop où j’en suis, je demande où l’on est et j’apprends que c’est le refuge Deffeyes. « Quoi ? Ca va pas, j’ai plus le compas dans l’œil ! ». Pas grave, on continue. Je me ravitaille correctement en fruits frais et secs, et je repas à l’ascension finale de ce col.

 

 

Je me régale, toujours à bonne allure. Un paysage superbe, le beau temps, que demander de plus ?  Les sensations sont toujours bonnes au bout de 30 km et 2850m D+. Il vaut mieux avec ce qui nous attend. J’attaque la descente prudemment. On me double, j’en double aussi, peu importe, l’essentiel étant de se ménager pour pouvoir courir le plus longtemps possible en descente. 800m de D- pour rejoindre Promoud et son ravitaillement. Le début technique, dans de gros éboulis parfois, puis assez roulant ensuite en forêt. Au ravito, le chef cuistot nous propose sa soupe de pâtes, que j’accepte volontiers, mais uniquement le bouillon. Un peu de fruits à nouveau, et c’est reparti. Pour le 3ème col et dernier col de cette étape : le col de Crosatie à 2802m, soit 766m de D+. Assez surprenant, c’est quasiment un tout droit jusqu’au sommet. Dans la dernière partie uniquement minérale, cela devient franchement raide. Une ligne de vie est là pour sécuriser, mais de peu d’utilité par temps sec. L’ascension est belle et un coup d’œil en arrière vaut le coup car l’on voit quasiment jusqu’en bas le chemin parcouru. Quelques spectateurs sont montés jusque là pour nous encourager. 1300m de D- à présent pour rejoindre Valgrisenche. Une belle descente avec un replat au milieu, mais mes sensations ne sont plus très bonnes, voir même inquiétantes pour la suite. Mes genoux commencent à faire la grimace. Curieusement, un peu de goudron pour arriver à Planaval me les soulage. Je me ravitaille légèrement et repars pour atteindre Valgrisenche et la 1ère base de vie, si possible avant la nuit. Je longe un fond de vallée en faux plat montant, en compagnie d’un autre coureur au même rythme. Pas de chance nous ne pouvons dialoguer, c’est un étranger. Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier de courir en duo. La nuit nous prend en arrivant à la base de vie. Pas de Françoise à l’entrée ! Un bénévole me tend mon sac immédiatement. Ca c’est du service ! Merci beaucoup. Il en sera de même sur toutes les bases de vie. Pas de Françoise à l’intérieur non plus, que se passe-t-il ???

 



24/09/2014
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