Montagn’hard 2011 : un rêve de plus devenu réalité – 2ème épisode
Montagn’hard 2011 : un rêve de plus devenu réalité – 2ème épisode
Le départ est donné, j’allais enfin connaître cette course considérée comme redoutable. Je savais que c’était un profil qui me favorisait car j’aime les côtes et je les avale sans trop de soucis. Par contre les descentes sont un peu ma bête noire, et là j’avais bien peur que celles-ci me bloquent les cuisses bien avant la fin. Nous partons les 57 et 100 km ensemble. 300m et déjà la 1ère côte où nous marchons tous, vu son pourcentage. Et surtout le chemin étant long pour tous, pas question de se griller d’emblée. Peu à peu chacun prend son rythme.
Le fond de vallée est déjà loin derrière nous, nous escaladons les pistes de ski en ligne droite, chmin qui sera à faire en sens inverse à l'arrivée ! Dans une descente, nous rencontrons un troupeau de vaches. Certaines prennent peur et descendent avec nous la côte. Un agriculteur essaye de les stopper pour les ramener, nous l’aidons un peu à 2 ou 3 en les stoppant en attendant qu’ils puissent les faire remonter. Avec tous les coureurs qui doivent suivre encore, il n’est pas sorti de l’auberge le pauvre. Mais lui-même nous incite à repartir, ce que nous faisons car pas très à l’aise pour se faire obéir par une vache ! Ma multitude de petites sacoches à l’avant, installation testée une semaine avant, ne me convient finalement pas, car cela ballote encore trop malgré mes petites astuces. Et ça m’énerve un peu. Quand je marche pas de problème, mais sitôt que je courre, je suis obligé de les tenir plaquer contre moi. N’ayant pas le choix, je vais garder cette position dans toutes mes descentes, une main portant les bâtons, l’autre plaquant mes étuis. Il faut que je trouve une autre solution pour l’avenir, ça ne peut pas faire. Le jour s’est levé très rapidement. A mon regret je ne verrai pas le soleil pointer son nez sur les montagnes car nous sommes en fond de cuvette côté nord de plus. A la moindre montée, je sens la transpiration venir assez vite. J’attends tout de même que nous passions St-Gervais et attaquions la première grande côte pour m’arrêter et me déshabiller. Mon installation avec cette multitude de petites sacoches est un peu « merdique » en soi car lorsque je défais mes ceintures, tout à tendance à glisser. Le tee-shirt est déjà mouillé dans le dos, je repars dans la fraîcheur matinale. La côte me réchauffe vite heureusement. Et là je vois une participante me donner une leçon d’efficacité. Tout en marchant d’une bonne allure, elle quitte son sac à dos, enlève sa veste, la place dans le sac, le renfile, et elle est toujours à côté de moi. Pour la même chose, je viens de passer 3 à 4 minutes au bord du chemin ! Mon sac est trop petit pour ce genre de course. Du moins je ne sais pas assez me limiter pour que tout rentre sans avoir à prendre ces petites sacoches supplémentaires. Il me faudra investir dans un sac un peu plus spacieux, seule solution. Ne connaissant pas la région à pied (uniquement en vélo par les routes) je découvre tout. Traversée du funiculaire, que des côtes et descentes raides, voir très raides. Je comprends assez vite comment nous allons pouvoir aligner plus de 8000m de D+. Les premiers km sont très plaisants car jamais seul. Le fait d’avoir les 2 distances qui partent en même temps à cet avantage, mais l’inconvénient aussi de partir peut-être un peu trop vite en se laissant emballer par les 57. Pour ma part, je suis très vite rentré dans ma « bulle » et j’essaye de me gérer au mieux. Boire une petite gorgée assez souvent, et dès que je sens une moindre sensation au niveau du ventre, hop! une barre de céréales.
Nous plongeons sur le premier contrôle ravitaillement par une descente raide. Je n’hésite pas : jambon, saucisson, abricots et un verre d’eau gazeuse. Je repars tranquillement en marchant tout en finissant de manger et boire. Le soleil perce sur les hauteurs des arbres, mais il nous réchauffera que plus loin. Mes mollets dans les 20 premiers km me titillent, sensations pas très bonnes. Je n’ai pas encore pris mes bâtons, je ne le ferais qu’après le 2ème ravitaillement à Bionnassay. Les sommets sont enfin à portée de vue, le ciel bleu est de la partie, je commence à me régaler. Je ne gère pas mon rythme, je laisse mes sensations me guider tout simplement. Vais-je trop vite, pas assez ? Pas de montre, pas de GPS, je ne saurai jamais où j’en suis et j’y trouve du plaisir. L’inconnu devant moi, je suis là pour le découvrir. Déjà nous nous retrouvons entre coureurs d’à peu près de même force. Les mêmes têtes se retrouvent, on se double à tour de rôle suivant l’état du terrain et les petits arrêts impondérables.
De magnifiques vues sur les montagnes se découvrent à nous. Dans la première vraie longue montée vers la station du Prarion, la course a bien failli s’arrêter pour moi. Alors que je grignote une barre de céréales tout en marchant sur ce chemin étroit, mon pied droit mord le bas côté et je me retrouve instantanément les 4 fers en l’air 2m en contrebas dans la pente, heureusement bien fournie en végétation à cet endroit. J’en suis quitte pour une belle frayeur et passablement trempée par l’humidité recouvrant les plantes. Je repars aussi sec (enfin plutôt mouillé) pour finir cette ascension. Une féminine n’est pas loin devant moi, je la suivrai d’assez prêt jusqu’au ravitaillement des Contamines à mi-chemin. L’arrivée au second ravitaillement à Bionnassay est le bienvenu, je ressens déjà un peu la faim à nouveau. Même régime que pour le 1er avec en plus banane et un verre de coca.
Une secouriste me propose de me prendre en photo avec mon appareil, je ne peux lui refuser ! Une pointe toute blanche domine ce village, je me renseigne, c’est le Bionnassay ! Qui a donné son nom à l’autre : la montagne ou le village ? Si quelqu’un à la réponse…
Je repars avec à présent les bâtons, mes mollets n’ayant pas la grande forme. Nous nous dirigeons vers le col du Tricot. Nous tricotons non pas une petite laine car il fait suffisamment chaud, mais des petits pas dans cette ascension, du moins en ce qui me concerne. Je cherche à m’économiser au maximum, mes bâtons m’y aident. Patience, patience, pas question de courir en côte, ou juste sur quelques faux plats assez rares, il faut prendre son mal en patience.
Petit moment insolite, nous traversons un torrent par une passerelle suspendue. Je me crois sur un bateau pendant quelques instants : ca tangue et on ressent la fraîcheur de l'eau. La pente pour arriver au Tricot n'est pas trop pentue, mais suffisamment pour nous obliger à marcher quand même. De plus en plus de randonneurs font leur apparition, et tous nous laissent passer sans problèmes, sans qu'on ait à leur demander le passage.
Arrivé au col, J’aperçois en contrebas les chalets de Miage, 3ème ravitaillement où je devrais retrouver Françoise. Vue impressionnante et magnifique sur ce hameau en fond de vallée. J’emboîte le pas de la féminine que je suis depuis un bon moment, Valérie. Elle terminera 1ère féminine, toutes mes félicitations. Je descends dans sa foulée, mais sans la doubler bien qu’elle me le propose. Sa vitesse me va bien, prudence avant tout, ce n’est pas encore l’heure de faire des exploits en descente avec tout ce qui nous attend. Nous croisons pas mal de randonneurs en sens inverse qui peinent à la montée. Il y a de quoi ! 500m avant le hameau, j’aperçois mon épouse. Une autre dame lui tient compagnie qui attend elle aussi son mari. Le système de SMS mis en place par l’organisation a bien fonctionné, elle a été ainsi tenue au courant de ma progression à chaque passage de contrôle. Le contrôleur tout en me bipant, m’apprend que je suis en 26ème position. Ca me réconforte, mais si je veux terminer dans le top 20, il y a encore du pain sur la planche. Pendant que je me ravitaille, Françoise prend de l’avance et attaque à pied la prochaine montée que nous allons prendre car elle en profite pour faire un tour. Idem de prévu l’après-midi sur le mont Joly. J’évite de perdre trop de temps au ravitaillement, mais j'en prends suffisamment pour me ravitailler, ne voulant pas refaire des erreurs passées. Alors que je rattrape Françoise dans la côte, un autre coureur est juste devant elle, et m'informe qu’un peu devant il y a un randonneur parti du lac Leman pour aller jusqu’à Antibes. C’est toujours un régal des yeux avec ces vallées étroites et profondes, ce ciel bleu sur les sommets enneigés, et le soleil qui ravive encore le tout. Sans tarder nous rattrapons en effet ce fameux randonneur avec l'autre coureur, mais il prévoit finalement de s’arrêter à Briançon (après plus de solution de replis) car il n’aura pas le temps de terminer son périple. Dommage pour lui.
Un peu plus loin, j’engage la conversation avec le coureur et un autre qui nous a rattrapé, Jean-Phi et Thomas. Le second est celui que j’ai pris en photo l’an passé au 100 km de Crest, photo qui nous a fait perdre du coup le balisage ! Il me rappelle le souvenir car il m’a reconnu. Quant à Jean-Phi, parisien mais connaissant très bien la région, il nous apprend que c’est lui qui a trouvé le nom de cette course : il ne pouvait trouver meilleure expression en effet. Alors que Thomas partira peu à peu devant, d’une foulée souple et légère que je ne peux suivre, je sens Jean-Phil plus à la peine. Il ne sera malheureusement pas dans la liste des finishers. Nous continuons ensemble, son rythme me va bien, sauf en descente où j’ai tendance à aller un peu plus vite. Je n’ai pas l’impression de descendre vite, mais je descends mieux que d’habitude. Le métier rentrerait-il ?Avec Jean-Phil nous continuerons ensemble jusqu’au chalet de Tré la tête. C’est dans cette partie qu’il me détaillera tout le paysage qui nous entoure jusqu’à la chaîne des Aravis, en fin connaisseur du secteur. Merci le guide ! Nouveau contrôle manuel cette fois au chalet, nous sommes accueillis par un bagnard ! Jusqu’où vont-ils recruter les bénévoles ? Bien sympathique celui-là, il nous offre tuc et bière. J’accepte pour le tuc, mais refuse la bière malgré l’envie sachant à quoi m’en tenir sinon. Heureusement qu’une fontaine est à mes pieds, j’ai failli m’étouffer avec le tuc, ayant la bouche sèche.
Prenant un peu trop de mon temps à priori à ses yeux, il me fout à la porte ! Valérie et Jean-Phil sont déjà repartis en effet, le temps de prendre tout de même quelques photos et je mets les voiles avant répression plus sévère !! D’un bagnard il faut s’attendre à tout. Il nous avait annoncé plus que 5 à 6 km de descente avant le contrôle des Contamines, il aurait mieux fait de s’abstenir ! Non seulement cette portion nous a paru interminable, mais elle comportait quelques passages encore bien relevés en côte ! Et la descente très technique dans la première partie, cassante. Je mettrais même un certain temps à rejoindre Jean-Phil. Thomas est parti définitivement devant. Nous traversons une région de tourbières (zone protégée) sur laquelle l’organisateur nous avait sensibilisé le matin avant le départ. Bien rester dans le chemin et éviter les rondins de bois qui sont très glissants. Marrant, mais où passe t’on alors ? En effet ces rondins sont une vraie patinoire. Par 2 fois, j’ai failli m’étaler. En voulant les éviter, guère plus réjouissant, mes pieds s’enfoncent dans la tourbière. Fraîcheur assurée pour les orteils ! La zone n’est pas très longue, ouf ! Un peu plus loin, je rejoins un autre participant, Guilhem, avec qui nous allons jouer au yoyo pendant plusieurs km. Alors qu’il a un peu de peine en descente, je me lâche subitement et le double très rapidement. Je me calmerai bien vite, surpris de cette « performance » tout de même. Arrivé près des Contamines, je rejoins Valérie, qui sèche ! Sa poche à eau s’est percée, elle n’a plus rien à boire. J’ai encore de la réserve sans problème dans mes bidons, je lui en tends un, histoire d’attendre le ravitaillement qui se profile dans 1 bon km. Manquer de boisson sur un parcours pareil peux très vite devenir un problème insurmontable et vous pousser à l’abandon. Une fois que la déshydratation s’est installée, très difficile de récupérer, surtout sur un parcours aussi exigeant. Guilhem nous a rejoint pour ce dernier km en ville.
4ème ravitaillement aux Contamines Montjoie, dans un village typique touristique de montagne. A ce moment là, un jeune couple de mariés sortant de la mairie passe devant nous, ce qui rajoute encore une belle note à la fête qui a l’air d’animer le village tout l’été. Les bénévoles sont toujours aux petits soins pour nous, nous incitant à bien nous ravitailler et nous remplissant nos gourdes et poches à eau. A présent nous attend un morceau de choix avec l’ascension du Mont-Joly qui nous domine et nous nargue depuis ce matin.
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