Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

La chaussée des géants : un magnifique terrain de jeu ! 06/2013

La chaussée des géants : un magnifique terrain de jeu !

 

Jeudi matin, j’entends une pub à la radio sur un trail en Ardèche : la chaussée des géants à Thueyts. Je me souviens en effet de la pub pour cette course l’an passé. Mais comme en début de saison j’avais décidé de ne pas courir entre le challenge de Crest et la Ronda del cims, je ne m’étais pas penché sur les courses entre ces 2 dates.

Une course de 53 km avec 2800m de D+ ? Tiens, tiens… J’analyse : je suis à 3 semaines de mon gros objectif, cela fait 3 semaines qui sont passées depuis le challenge de Crest, la récup est faite… pourquoi pas ?

Concertation familiale le soir, allez c’est parti pour un petit week-end en Ardèche, d’autant plus que le temps ne devrait pas être à la pluie enfin ! Pas chaud mais pas pluvieux.

Vendredi AM 18h30, Françoise me récupère au bureau. 20h00, nous voilà à Thueyts, juste à la fermeture pour la distribution des dossards. N° 119, sur 121 inscrits. Heureusement que les inscriptions Internet fermaient le jeudi soir, sinon j’étais de la revue. Direction le camping en bordure de l’Ardèche, et nous plantons la tente au sec. La petite pluie fine qui nous avait accompagnés en partie en voiture a disparu. Un grand vent du nord par contre souffle, et souvent en rafales. Nous nous abritons à l’arrière de la voiture pour dîner, pour un maximum d’abri. Peu de monde dans le camping, surtout des traileurs au final. Il faut dire qu’avec ce temps pourri, les touristes ne sont pas légions cette année, et ça se comprend.

Samedi matin départ à 07h30. Françoise prenant son vélo pour aller à ma rencontre sur différents points du circuit, je vais au départ à pied. Je rejoins la fin du circuit que nous emprunterons tout à l’heure (du moins je l’espère !) pour arriver sur le lieu du départ, au pied du château au cœur du village. Magnifique, et de surcroît une arrivée qui va se faire en grimpette ! J’adore !

Le temps est à peu près potable, nous partons pour une moitié des coureurs en tee-shirt, l’autre avec une veste. Le vent est toujours présent, avec ses rafales qui risquent d’être dangereuses sur les crêtes et rafraîchissantes aux dires des organisateurs. Il est prévu 5° là-haut à 1400-1500m et avec le vent autant dire qu’on va se peler.

Malgré une non préparation psychologique vu mon inscription de dernière minute, je suis serein. Au vu des résultats l’an passé, 6h le premier, je me fixe une arrivée dans les 30 premiers et un horaire de 8h. Histoire de me booster un peu sans me mettre de pression non plus.

Le départ donné, nous attaquons de suite la première côte. Une bonne moitié du peloton me devance, et pourtant j’ai l’impression de bien avancer. Je me fais doubler même régulièrement dans ce début de côte. Un petit coucou à Françoise au bout du 1er km qui nous regarde passer. Le chemin est assez plaisant à mon goût personnel, bien que pavé de gros cailloux à certains endroits. Les km défilent en côte, je me sens bien. Françoise à nouveau au bord du chemin, je la rassure sur mon état. Une drôle de sensation toutefois : je n’ai pas du tout l’impression d’être dans le rythme de la course. Je suis à mon rythme certes, mais je n’accroche pas tous ceux qui me doublent. J’en double quelques uns, partis un peu trop vite certainement, mais peu. 1er ravitaillement à 8km, je retrouve à nouveau Françoise. Je perds une dizaine de places encore à discuter. Et les reprendre va être dur et long surtout. Si l’objectif de terminer dans les trente premiers a pris un coup dans l’aile, j’ai par contre 6’ d’avance sur l’horaire donné à Françoise. Un bon point, surtout que je me sens bien pour continuer à cette allure. Un peu plus loin nous sortons de la forêt et de sa protection ! Le vent est toujours aussi fort, et de plus en plus frais avec l’altitude que nous prenons. Le chemin est toujours aussi plaisant, une superbe mono sente sur ces montagnes pelées, où le genêt est roi. Ce dernier n’est malheureusement pas encore en fleur en dessus de 1000m. Dommage, cela aurait embelli le paysage sous ce ciel gris la plupart du temps.

 

 

Peu à peu je remonte quelques places, au compte-gouttes. Mon coupe-vent ne serait pas de trop, mais non je reste en tee-shirt. La flemme de le sortir de mon sac à dos. Et puis surtout les doigts complètement engourdis qui ne me permettent plus de faire ce que je veux. Pour manger une barre de céréales, je dois l’ouvrir avec les dents, incapable de serrer le papier pour le déchirer. Pour placer l’emballage vide dans ma poche, impossible. Je me résous à l’enfiler à l’intérieur de mon cuissard pour ne pas le perdre. Et dire que j’ai laissé ma paire de gants en soie au camping ! Toujours trop optimiste le coco.

Les jambes sont toujours là au moment d’attaquer la grande descente sur Mayres. Assez impressionnante car nous dominons le village. La pente promet ! Une descente technique avec pas mal de rochers, où je me lâche un peu. Et je double ! Ce qui me ravit car ça y est je me dis que je ne perdrais plus un temps fou sur ce terrain-là à présent. Je me donne peut-être un peu trop car les crampes dans les mollets sont à 2 doigts d’exploser. Je sens les fibres des muscles vibrées. Mes manchons de contention les contiennent pour l’instant. A force de jouer avec le terrain, arrive ce qui devait arriver : la chute ! Plus exactement une glissade, et la crampe au mollet droit qui explose en même temps que la jambe se retrouve en l’air. Effet du manchon je pense, celle-ci disparaît facilement avec un simple étirement en même temps par réaction automatique à la douleur. Ce qui me permet de repartir assez vite. Cette fois je lève un peu le pied par sécurité. Une seconde chute alors que je cherche à m’arrêter pour prendre une photo. L’avant-bras droit est égratigné, mais rien de méchant. Ouf ! J’essaye de me concentrer pleinement sur mes appuis pour ne pas risquer une nouvelle chute. Pas le moment de se faire mal à 3 semaines de mon objectif principal.

Les mollets me titillent encore en arrivant à Mayres km 23, je reste serein car je ne sens pas de douleurs. Juste une fatigue passagère due à cette descente d’enfer que j’ai bien apprécié. Je cherche Françoise des yeux, personne. Je me ravitaille un peu, je ne la vois toujours pas. Petit coup de téléphone, pas de réponse. Je laisse un message. Il faut dire que je lui avais programmé mon passage à 11h, et il est 10h20 ! Aucun besoin particulier, je n’ai quasiment pas touché à ma poche à eau, les 3 ravitaillements en boisson m’ont suffi jusqu’à présent. J’évite cette fois de perdre trop de temps et je repars. Un compagnon passager de descente m’a averti : « la montée qui suit Mayres, c’est pas du gâteau ! Du pipi de chat que nous avons fait jusqu’à présent ». Me voilà averti. Et ce n’est pas pour me déplaire de plus.

 

 

Je commence par longer l’Ardèche par un chemin quasi plat et fort agréable, tout en verdure. Une absence de balises me fait douter soudainement. Petit demi-tour pour apercevoir assez vite un bout de rubalise que je n’avais pas vu. Et puis une peau de banane de la taille de celles du ravitaillement trône en plein milieu du chemin. Rassuré je reprends la même direction. Le sentier devient bien vite à nouveau étroit et je retrouve les balises de peinture au sol. Côté balisage rien à redire, il est très bien fait et le restera jusqu’au bout. Un seul souci à mes yeux : j’espère que le produit utilisé s’efface assez vite avec la pluie car sinon bonjour la pollution visuelle du secteur. Au risque de se voir interdire par la préfecture pour les prochaines éditions ! Le début de montée est assez doux, pas de quoi s’éclater. Mais beau sous les châtaigniers. Des signaleurs sont disposés quasiment à tous les changements de direction à risque, bravo ! Alors que nous coupons une grande piste, un de ceux-ci me signale que je suis 33ème. Surprise ! Je ne pensais pas en avoir remonté autant. Du coup mon objectif de terminer dans les 30 premiers revoit le jour. Sachant que l’objectif des 8h devrait être largement atteint. Et ce qui me fait dire aussi que les temps de l’an passé ont dû être un peu faussé par la grosse chaleur qui avait plombée la course. Vu que je ne vois plus personne depuis Mayres, ni devant ni derrière, remonter encore 3 coureurs risquent de ne pas être facile. Pendant ce temps-là, le pourcentage de la côte s’est accentué et je finis à travers les lacets en sous-bois à apercevoir enfin un coureur, puis un autre. Ce qui finit de me booster, les jambes répondant bien. Et d’un, qui commence à coincer. Puis 2 à la fois à mi-hauteur ! Je me sens toujours à l’aise. Pas de douleurs, pas de fatigue anormale. J’évite surtout d’accélérer, sachant que je le paierai très vite derrière. Je garde mon allure où je me sens facile. Arrivé sur le col, petite discussion avec les bénévoles qui me demandent si ce n’était pas trop dur. Désolé de les décevoir en leur disant que non ! Puis sur les crêtes que nous allons prendre, j’aperçois à une certaine distance encore 3 coureurs, le plus éloigné étant au moins à 5’. Je me dis que finalement terminer 26ème doit être possible. Pourquoi 26 ! Mon département d’adoption bien sûr, et puis ce numéro me suit sur presque toutes les courses cette année. Et surtout une source de motivation pour ne pas finir en roue libre comme je fais souvent quand je me retrouve seul. Donc me voilà parti à la chasse de 4 places. Ce sera d’autant plus dur qu’il ne reste pas beaucoup de montée, là où je peux faire la différence.

 

 

 

Le premier que je rattraperai sera à l’occasion d’une descente un peu technique. Et comme j’arrive à un ravitaillement, 2 autres coureurs en repartent presque immédiatement. Je ne fais pas l’erreur de repartir de suite, je prends le temps de me ravitailler un minimum. Pas de pot pour moi, ce sont 3 km de grande piste en faux plat montant suivi de 3 autres en faux plat descendant. Je rattrape rapidement un des 2 du ravitaillement car il accuse le coup. Mais l’autre est hors de portée de ma vue, donc à 2 ou 3’ minimum. Et je me retrouve seul, sur un terrain que je n’apprécie pas. Ce qui devait arriver arriva, je me retrouve vite en roue libre. Je me fais rattraper par un que j’avais doublé dans la grande montée, et que je ne peux pas suivre. Impossible de courir à bonne allure, ce terrain ne me convient pas du tout. Je le retrouve assez vite à la faveur d’un ravitaillement tenu par des jeunes qui mettent l’ambiance. Nous repartons ensemble, mais à nouveau il prend vite de l’avance. Arrive enfin la fin de mon « calvaire », nous attaquons la grande descente sur la vallée. Si j’arrive à bien descendre, je pourrai refaire la jonction peut-être. Mais voilà, à peine entamée la descente, je me tords la cheville droite. Je repars quasi de suite, un peu plus loin c’est la gauche. Stop ! Quelque chose ne va plus à priori, la fatigue ? Pas l’impression. Le manque de concentration ? peut-être bien en recherchant à rejoindre celui qui me précède. Pas le moment de se blesser, je décide de e contenter de ma place, qui est déjà très bien à mes yeux. Un peu plus loin, je le retrouve pas loin devant moi, il s’est trompé de chemin. Du coup je repars en chasse. Et vlan, à nouveau par 2 fois la cheville ! STOP ! Cette fois je fais roue libre en descente avant d’être stoppé définitivement. Cette descente, un peu technique, pentue à des endroits, était pas mal pour un bon descendeur.

 

 

Un dernier ravitaillement nous attend au camping de Belos. Des jeunes à nouveau mettent l’ambiance. Objectif : garder ma place sur ces 4 derniers km, point barre. Bonne allure dans la côte qui suit juste après le pont de Vernède que nous ne prenons pas. Je retrouve Françoise qui a pris le chemin en sens inverse pour nous voir, et qui attend sagement dans les genêts. Je ne m’attarde pas, car derrière ça commence à revenir déjà. Dernière descente un peu raide, je double un concurrent malheureux, qui a un problème aux ligaments croisés et marche péniblement. Je me fais rattraper à mon tour, n’ayant pas pris de risques vu les alertes précédentes. Curieusement il reste derrière moi. Je vais pour le laisser passer, il ne veut pas. Son fiston l’accompagne pour la fin. Quelques photos sur le pont du diable, il attend que je reparte. Un petit verre d’eau offert par des jeunes au pied de la dernière montée, et c’est reparti. Je monte à bon allure, mais lui aussi il a l’air à l’aise. Son fiston suit, mais il aura de la peine j’ai l’impression sur la fin de la montée et il l’attendra sur le dernier hectomètre pour finir avec lui, ou il a ralenti exprès pour me laisser finir devant, je ne sais pas trop. Pas mal de monde pour nous encourager sur les 200 derniers mètres, un organisateur nous accompagne pour les derniers mètres, arrivée filmée. Je passe la ligne d’arrivée sans aucun état d’âme. Certains ont fini dans le dur, bien content d’en finir. Pour ma part, de la fatigue mais juste ce qu’il faut. J’aurai même bien aimé me refaire une bonne côte avant de terminer. Ce qui finit de me rassurer aussi pour la Ronda del cims. Je sais que je suis prêt à présent et que je ne pourrais guère être mieux que ce que je suis à ce jour. Reste juste à entretenir cet état pendant 2 semaines encore.

 

 

En attendant que Françoise me rejoigne, j’en profite pour aller manger. Je mange avec appétit et tout, autre signe de ma bonne forme. Je m’étonne moi-même de la facilité que j’ai à présent d’avaler 50km avec autant de dénivelé. Avec l’expérience grandissante, cela devient de plus en plus facile. Notre corps a une sacrée faculté d’adaptation que l’on sous-estime. A voir comment il va réagir pour la Ronda del cims, un challenge d’une toute autre dimension avec ses 170 km et 13.000 m D+ !

Bravo à l'organisation et à tous les bénévoles, c'est une bien belle épreuve qui nous fait découvrir un superbe coin de l'Ardèche. Longue vie à la Chaussée des Géants !

 

Résultat final : 25ème, 4ème V2, en 7h09. Objectifs atteints !

Détail des résultats ici



06/06/2013
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