Coco le cyclo...

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DIAGONALE DES FOUS 2012 : Episode 6 les profondeurs du cirque de Mafate

DIAGONALE DES FOUS 2012 : Episode 6 les profondeurs du cirque de Mafate

 

Pas de lune à cause de la couverture nuageuse, une végétation luxuriante qui nous entoure, c’est dans la nuit noire que nous nous enfonçons dans les entrailles du cirque de Mafate. Frontale à pleine puissance pour éviter au maximum le risque de chute, j’attaque cette longue descente d’au moins 1000m de dénivelé négatif, avec beaucoup, énormément de marches. J’espère que mes genoux vont tenir, pour l’instant pas de soucis, juste une petite gêne. Plus de long ruban lumineux comme au départ, de temps en temps j’aperçois au loin devant un éclat de lumière quand la végétation nous en laisse le loisir. L’allure n’est pas terrible à nouveau, je préserve mes genoux, du moins je l’espère. Je profite de courtes portions plus roulantes pour relancer le rythme à chaque fois, ça me fait du bien. Un bruit très particulier envahit le cirque, plus ou moins fort en fonction de notre position. Bruit que j’avais mis un certain temps à analyser la semaine dernière alors que je longeais une clôture électrique. Et que je pense avoir confirmé définitivement par la suite à plusieurs reprises. Un bruit que je n’avais jamais entendu en métropole, comme une sorte de crécelle. Sauf erreur donc de ma part, ce bruit provient de la grenouille (ou crapaud ?) locale, une espèce certainement différente de celle du continent. Bruit très intense à chaque endroit humide ! Difficile de faire une sieste dans ces cas là… à moins d’être « crevé » après une nuit blanche à courir ! Ce chant bercera mes oreilles durant toute ma traversée de Mafate. La descente n’en finit plus. Bien que l’ayant déjà fait, je n’ai pas trop de repère. Mais si en voilà un ! Une maison où la musique fonctionnait à fond, isolée dans ce fond de vallée. Il est tard, pas de lumière apparente dans la maison, mais la musique fonctionne toujours, un peu moins forte cette fois-ci tout de même. Et à partir de là, je sais qu’une jolie descente m’attend, je me réjouis à l’avance. Ca va être de très courte durée car en courant, le sol se révèle hyper glissant. Un tapis d’aiguilles bien sèches le jonche. Une, deux, trois glissades, je baisse vite de régime. Moi qui pensais me défouler, je suis plutôt coincé ! Peu à peu j’essaye de reprendre un peu de vitesse, et ce qui devait arriver arriva : les 2 pieds partent ensemble devant, je tombe les 2 mains à plat sur les côtés pour amortir, les fesses tapent, et je sens la tête rentrer d’un coup sec entre mes épaules ! Un cri pas très beau s’échappe de ma bouche : « M…. !». Plus de peur que de mal, je me relève sans douleur particulière. Je repars en marchant à présent, les descentes ne me réussissent guère aujourd’hui. Finalement je préfère presque les escaliers, content de les retrouver pour atteindre la rivière par une descente en zigzag.

A l’entrée du pont, un panneau en dessus de celui-ci : une personne à la fois. Un bénévole est là pour nous avertir que le pont bouge, de faire attention. En effet c’est une passerelle suspendue qui bouge vite une fois dessus. A la sortie, un mur ! Il faut regrimper un peu pour rejoindre Ilet à bourse. Des escaliers assez haut sont aménagés sur ce bout de falaise, une main courante est là pour nous assurer. Toujours sur mon principe d’économie, chaque fois que je peux, je fais des ½ escaliers pour éviter les efforts trop violents qui me casseraient les cuisses à la longue. Une pierre, un petit talus sur les bords, tout est bon pour franchir les escaliers en 2 pas au lieu d’un, afin de réduire à chaque pas la hauteur, et donc l’effort nécessaire pour se hisser. Ce qui me réussira très bien vu mon état à l’arrivée. Même si sur le coup cela me ralentit un peu, le gain d’énergie lui est énorme rapidement. Ce qui me permet de tenir le même rythme tout au long des montées contrairement à beaucoup qui sont obligés de faire des pauses avec une baisse de régime. Petit ravitaillement à Ilet à Bourse, coin que je connais bien pour y avoir hébergé la semaine dernière. Pas question de dormir cette fois, je tente les 2 nuits blanches complètes. Un test ! Sur une seule nuit blanche, je n’ai jamais eu de soucis jusqu’à présent de sommeil. A voir sur 2 ! Ce qui risque de ne pas être pareil certainement. Pour l’instant tout va bien, je ne m’attarde pas, le temps de grignoter encore un peu. Je mange et je bois toujours régulièrement, mais jamais beaucoup à la fois. Mes balles énergétiques ne ressemblent plus à rien, elles se sont toutes aplaties dans ma sacoche. Mais l’emballage est efficace. Par contre à chaque fois que j’en mange une, je mets tout dans la bouche et retire l’emballage en le raclant avec les dents pour ne pas m’en mettre plein les doigts, qui collent bien entendu ensuite. Composition à revoir pour la prochaine fois ! Et surtout les varier en goût et en aspect, je m’en lasse assez vite. Direction la Grande Place où un ravitaillement plus conséquent nous attend. Terrain vallonné à présent si l’on peut dire avec un peu plus de 100m de D+ à prendre seulement. Le dernier km pour y arriver se fait languir, je sens la fringale qui me rattrape à nouveau, déjà. Je garde mes réserves pour la suite, sachant le ravitaillement proche. Il est suffisamment loin pour que je commence à me ramasser un coup de barre.

 

 

Arrivé au contrôle, je profite d’un banc pour m’asseoir. M’étant fait contrôler juste avant, Françoise a reçu le SMS (envoyé automatiquement par l’organisation et SFR leur partenaire) lui indiquant mon passage, il est aux alentours de 23h. Elle me téléphone aussi sec pour prendre des nouvelles. Je ne la rassure pas trop, lui indiquant que je suis en train de me prendre un petit coup de pompe, que l’entre cuisse me brûle à nouveau, et que la plante des pieds est de plus en plus sensible. Tout en lui discutant, je me sens me vider de toute énergie, prêt à m’allonger au sol et dormir aussi sec. Un peu brutalement, je stoppe la conversation, et machinalement, ne voulant pas dormir, je trouve l’énergie pour me relever, passer au ravitaillement, remplir ma poche à eau. Peu à peu l’influx nerveux revient, je retrouve un peu de vitalité. Je respire, car je me voyais m’éteindre comme une flamme de bougie que l’on souffle. Mais celle-ci est de la dernière génération… elle se rallume automatiquement !!! J’essaye de manger un maximum, je n’arrive toutefois pas à ingurgiter beaucoup. Je mélange sucré et salé, soupe. Avant de repartir, je n’oublie pas (aucun risque !) la case infirmerie. A nouveau pommade et c’est reparti, un peu au ralenti, en compagnie de 3 autres coureurs. Une belle montée nous attend pour rejoindre roche ancrée, un magnifique coin où l’on peut se baigner en plus. Je sais une chose à présent : interdit de m’arrêter… ou alors c’est pour dormir. Dans l’action, le sommeil reste en arrière plan, en cas d’arrêt, il reprend le dessus immédiatement. Vais-je tenir le choc jusqu’à l’arrivée sans dormir ? That is the question du moment.

La montée qui nous attend n’est pas trop longue (340m D+) et me permet de retrouver de l’énergie. Du coup je largue assez vite mes compagnons pour me retrouver seul à nouveau. Avant le sommet, déjà 2 coureurs sur les talus enveloppés dans leur couverture de survie qui dorment ! L’hécatombe due au manque de sommeil commence. La descente très raide sur Roche Ancrée me faisait peur pour l’avoir fait de jour. Finalement je ne la passerai pas trop mal, mais je me ferais rattraper sur la fin par 3 autres coureurs, doublés un peu avant le sommet. Une tente de l’organisation est installée au bord de la rivière des galets, un groupe électrogène alimente un phare puissant, qui éclaire en partie la traversée de la rivière qui se fait sur des cailloux pour éviter de se mouiller les pieds. Bien entendu mon pied gauche juste à la fin dérapera sur un caillou et passera à l’eau. Tiens elle est plus chaude que l’autre jour quand je me suis baigné ! Les grenouilles sans donnent à cœur joie, un véritable raffut ! Encore faim ! Vu ce qui nous attend à présent, je prends le temps de grignoter en me posant 2 secondes. Le verdict de Mafate va se jouer à présent !

 

à suivre...



03/11/2012
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