Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

Ma première aventure...

Ma première aventure en vélo…

 

C’était en avril 1972, par un joli dimanche de printemps. Cela commençait bien : un collègue de seconde du lycée, Eric, m’avait donné rendez-vous à 07h du matin, place des Brandons à Granges les Valence pour qu’on aille faire ensemble un brevet de 100 km organisé par le tout nouveau club cyclotouriste de Granges les Valence : les cyclo-touristes Grangeois.

Je ne savais pas encore ce qui m’attendait, mais une grande page de ma vie commençait ce jour là.

Entièrement novice en vélo, je n’étais même pas capable de grimper de chez moi à Saint-Péray jusqu’au terrain de moto-cross 4 km plus haut sur la route de l’auberge du Pin sans m’arrêter plusieurs fois l’été d’avant. Mais depuis la rentrée des classes en septembre dernier, je prenais mon vélo pour aller de chez moi au lycée à Valence plutôt que le bus.

Eric, qui était adhérent à l’UCV, un club de course de Valence, m’avait déjà proposé une première sortie 10 jours avant un mercredi après-midi. Nous étions allés jusqu’à l’entrée de Crest par Beauvallon et étions revenus par Livron et la nationale 7 (encore fréquentable à l’époque). Jusqu’à Crest, je me suis senti vraiment costaud, je n’en croyais pas mes yeux ! Mais je fus vite rattrapé par la réalité des choses : un bon vent du nord nous avait allègrement poussés jusqu’alors. Les difficultés commencèrent pour rallier Livron, et j’avais du mal à doser mes efforts et me placer correctement pour essayer de profiter de l’abri d’Eric. Mais quand nous attaquâmes la remontée plein nord sur Valence, les choses se corsèrent vraiment. Eric m’apprenait la technique du relais, mais la fatigue commençait à venir. J’avais du mal à rester déjà dans sa roue. Au bout d’un long moment, je me décidais toutefois à prendre le relais. J’appuyais de tout mon cœur sur les pédales, droit sur mon vélo. Je n’avais pas fait 100m qu’il se passa une chose plus qu’inattendue : que vois-je sur ma droite alors que nous traversions un petit pont ? Eric qui me double en marchant normalement, tenant son vélo à la main sur le trottoir du pont ! … Je n’avançais plus, et cela finit de me couper les jambes. Un grand éclat de rire nous prit. Et tant bien que mal, Eric me ramena jusqu’à Valence, et ensuite je réussis à regagner St-Péray sans trop de casse. J’arrivais chez moi épuisé, mais heureux, j’avais réalisé mes 50 premiers km en une sortie !

Après avoir négocié avec mes parents l’autorisation de pouvoir aller faire ce brevet avec mon collègue (je devais être rentré pour le repas car nous partions dans la famille de suite après), je me retrouvais donc place des Brandons à 07h. J’attendais patiemment Eric, à 100m du lieu d’inscription à la randonnée, ne connaissant personne. 07h30, toujours personne. Je savais dès lors qu’il ne viendrait pas. Que pouvais-je faire ? Rentrer chez moi ? Non, cela me déplaisait fortement. Faire la randonnée tout seul ? Je n’y connaissais rien, et partir seul cela me faisait peur. Un long moment d’hésitation, et je décide tant pis de me lancer. Je m’approche très timidement de la table d’inscription. On me donne la carte de route, et j’attends un peu pour partir avec d’autres cyclos car je ne connais pas du tout où le circuit nous emmène. Je n’ai même pas de carte michelin… et encore moins de quoi manger à part 2 ou 3 sucres. L’inconscience même, ou plutôt l’ignorance totale des règles de cette discipline. Tant bien que mal, j’essaye de suivre les roues qui me précèdent, ce que j’arriverai à faire jusqu’à Combovin, au pied de la montée. Il nous fallait à présent grimper sur le plateau du Vercors ! A ma grande surprise, j’arrivais à l’escalader en ne m’arrêtant que 3 à 4 fois… mais toute ma réserve de nourriture y passa déjà pour calmer mon estomac. Le parcours bien fléché, me permit de continuer tout en me faisant doubler par d’autres cyclos, sans pouvoir les suivre si ce n’est quelques mètres. Heureusement, un ravitaillement vers mi-parcours me permit de retrouver quelques forces, mais je n’osais pas trop me servir malgré mon envie. Je repérais un autre cyclo en difficulté lui aussi, et me débrouillais pour repartir avec lui. Nous n’avancions guère mieux à deux ! Il nous restait encore 30 km quand 2 cyclos du club organisateur nous rattrapèrent. Ils faisaient en quelque sorte le vélo balai ! Ils nous prirent en pitié, et peut être aussi pour éviter de rentrer trop tard en nous attendant, ils se mirent à nous pousser pour nous aider. Quelle providence ! Mais la faim me tiraillait de plus en plus, et j’avais beaucoup envie de m’arrêter dans un magasin pour acheter de quoi manger. Mais si je m’arrêtais, je perdais l’aide ! Cruel dilemme. Et puis, je voyais l’heure défiler et l’engueulade qui m’attendait si j’arrivais trop tard… Je ne disais rien et faisait celui qui allait bien. Mais plus nous avancions, plus mes jambes se dérobaient. Mon pousseur fatiguait lui aussi, et me lâchait de temps en temps pour se reposer. Et quand je me retrouvais seul pour avancer, cela devenait de la torture pour mes jambes. Tant bien que mal, nous arrivâmes à 13h30 au carrefour de St-Péray et de Granges les valence. Je n’avais pas le temps d’aller à l’arrivée à Granges et je filais droit sur St-Péray. Ce qui dura 50m, le temps de perdre de vue mes compagnons d’infortune, car je m’affalais aussi sec dans le fossé : je n’en pouvais plus, mais plus du tout. J’essayais de reprendre mes esprits, mais en vain, la mécanique était grippée. Il me fallait toutefois rentrer : et vite ! Tant bien que mal, je repartais, en m’arrêtant de plus en plus souvent, sans pouvoir faire plus de 200 à 300 m. Il me fallut une bonne demi-heure pour faire les 4 km qui restaient.

Je n’étais pas serein en arrivant à la maison : j’aurais dû rentrer il y a plus d’une heure, on m’attendait et je n’avais pas mangé. Il me restait à grimper un étage : cela ne m’est jamais arrivé depuis (et heureusement), mais j’ai dû grimper les escaliers à genoux : impossible de me tenir droit ! Aussi quand j’ai ouvert la porte, certain de me faire engueuler, je fus accueilli par ma mère d’un : « oh ! mon Dieu, viens vite t’asseoir ». Quelle tête devais-je avoir ??? Je n’étais d’ailleurs pas capable de faire autre chose que de m’asseoir. Ils avaient bien entendu fini de manger, et ma mère me servit aussitôt à manger. Même épuisé, ce fut un moment merveilleux que d’avaler enfin quelque chose !

 

Et l’être humain étant assez bizarre, j’étais fier de moi ! Je venais de découvrir ce que c’était que de pousser ses limites au bout, et il ne m’en fallait pas moins pour un mois plus tard m’inscrire au club des CTG et participer à un brevet de 150 km, sur la journée cette fois. Et avec l’expérience acquise, j’avais investi dans une sacoche de guidon cette fois que j’avais bien remplie, et une carte michelin. L’aventure était en route…

 



17/11/2008
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