Coco le cyclo...

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Les 6 jours de France octobre 2016 : le bonheur du hamster

Les 6 jours de France octobre 2016 : le bonheur du hamster

 

Avant de rentrer dans le déroulement de cette épreuve, je voudrais tordre le cou à une idée que tout le monde a et que j’avais moi aussi avant de tenter ce système de course horaire : « Tourner en rond sur une piste, mais ça doit être ennuyeux à souhait ! ». Et bien non !!! Il faut le vivre pour s’en rendre compte, nous n’avons absolument pas le temps de nous ennuyer, en quoique ce soit. Une course, c’est une course : votre principal objectif c’est soit le chrono, soit le fait de pouvoir arriver dans les délais. A partir de là, votre esprit est occupé par cet objectif. Toute course, surtout en « ultra », vous occupe en permanence par la fatigue ressentie, voir les douleurs, manger avant d’avoir faim, boire avant de ressentir la déshydratation, gérer les conditions météo, les temps de repos nécessaire, et d’autres petits détails. En trail, vous avez la beauté des paysages qui vient vous émerveiller parfois… et ça fait du bien, on oublie un peu notre fatigue et les douleurs. En course horaire, c’est l’ambiance générale et le fait de côtoyer les autres coureurs en permanence, ce qui permet de pas mal discuter et partager, qui vous distrait. Croyez-moi sur parole ou sinon je vous attends pour une prochaine course, l’ennui n’est pas de mise. Et comme on dit, essayer c’est adopter. C’est mon cas.

Ceci dit, revenons à nos moutons et cette belle organisation qu’est ce 6 jours de France à Privas. L’an passé, au détour d’un passage sur Privas, j’avais eu l’occasion, très rapide, de voir ce qu’il en était lors de la 2ème édition en Ardèche. Ça ne m’avait pas trop emballé sur le coup, je n’avais pas eu le temps de rentrer dans « l’ambiance » de la course. Alors pourquoi m’y retrouve-t-on en cette fin d’année ? 2 atouts ont joué dans ce sens : ma curiosité de pratiquer l’ultra en course à pied sous toutes ses formes, et le fait qu’en début d’année, je m’étais testé une 3ème fois sur une course de 24h en boucle pour voir. Ce dernier test étant concluant, je me suis donc dit : « Pourquoi pas ? ».

Alors que s’est-il passé pendant 6 jours ?
Grosso modo, le 1er jour, j’ai fait le con. Le second, j’ai ramé dur. Le 3ème, j’ai repassé la tête hors de l’eau. Le 4ème j’ai replongé, et les 2 derniers j’ai mis le paquet… avec ce qui me restait ! C’était une première en ce qui me concernait, il fallait bien que je fasse des erreurs. « Quelle galère ! » me direz-vous. Ben non, enfin ben oui un peu quand même… Mais tout le plaisir est là, quittez son confort, lutter contre le découragement, et se surpasser au final. Une victoire contre soi-même qui vous amène dans un état second avec un bonheur intérieur indescriptible. Vous vous sentez beaucoup mieux dans votre vie, plus serein face aux évènements, et confiant en vous-même. Cet état d’esprit dans lequel vous vous retrouvez au final, nous pouvons l’acquérir de maintes possibilités différentes. La mienne c’est par le sport, que ce soit le vélo par le passé ou la course à pied à présent. A chacun de trouver sa voie. Revenons à nos moutons… ou plutôt à nos tours de stade.

Commençons par l’installation ! J’avais prévu initialement de mettre en place mon véhicule le samedi (départ de la course le dimanche à 16h) pour m’assurer que tout allez bien. Puis je me suis dit que le dimanche ça pouvait suffire. Mais comme je prévoyais de n’arriver qu’en début d’après-midi, je me suis dit que ça allait faire juste peut-être. Finalement comme nous devions y aller le samedi soir pour un repas Thaï en soutien à une association « Les Orchidées » qui parrainent des enfants maltraités en Thaïlande en les scolarisant, je décide de laisser ma voiture qui allait me servir de couchage le samedi soir. Quand nous arrivons avec Françoise, surprise ! Tout le monde ou presque est déjà installé, il n’y a plus de place. Je trouve un bénévole qui s’occupe justement de gérer le positionnement des véhicules dans l’enceinte le long du circuit, il me propose de laisser ma voiture dehors sur le parking, ce qui allait m’obliger à de nombreux aller-retour inutiles, perte de temps et d’ambiance ! En faisant bien le tour, je trouve un petit coin de dispo, juste devant un portillon d’entrée pour accéder au parking extérieur. Je lui demande si c’est possible, pas de réponse positive ni négative… je m’y installe. Juste la place de me caser, ouf ! Et coup de chance, le circuit balisé passe juste devant ma voiture !  « Royal, me dis-je ». Je respire. Pendant quelques minutes, je commençais à flipper un peu et à m’en vouloir de n’être pas venu plutôt. J’avais tout de même prévu une solution de secours : planter ma tente. Mais avec la météo humide annoncée, je me disais que je serais mieux tout de même dans ma voiture. Ne me restait plus qu’à finir d’aménager ma voiture. En quelques minutes, c’était fait. C’était tout prêt quasiment. 2 étagères à plat pour le transport que j’ai redressé, une pour les vêtements, une pour l’alimentation, et 3 petits plateaux de fruits (pommes, raisins, bananes). Tapis de sol, duvet, et couverture pour protéger quand j’allais rentré sale et mouillé, et le tour était joué. Content de moi !
S’en est suivi le repas. Pas grand monde que je connaissais à part Maria, une autre Drômoise, experte des courses horaires. Nous nous installons à une table où il n’y a que 2 coureurs et faisons connaissance. Jean, qui a fait toutes les éditions, celle-ci étant la 11ème, et qui a 77 ans ! Il ne les fait pas le bougre, nous lui en donnons 10 de moins sans problème. Et Christian, un peu plus jeune que moi, qui en est à sa 7ème édition. Des mordus ! J’en profite pour glaner quelques astuces si possible. Nous rejoint peu après une jeune concurrente, la quarantaine (elle ne les fait pas non plus !), Magalie. Nous dégustons le repas thaï, très bien préparé. Délicieux, mais épicé de partout ! Savamment dosé toutefois car nous n’avons pas la bouche emportée, et pouvons savourer les plats. La soirée se termine sur le terrain pour un lâcher de lanternes en papier de riz. A la base, un petit bloc que nous devons allumer avec un briquet, qui en brûlant dégage de la chaleur qui gonfle peu à peu le ballon. Et miracle, il finit par s’envoler. Et incroyable les lanternes peu à peu disparaissent de notre vue dans la nuit en montant haut et portées loin par le petit vent qui souffle. Fin du 1er épisode. Retour à la maison pour ma dernière nuit au chaud dans mon lit douillet.

 


Dimanche, nous revoilà à 14h au stade, sous la pluie. Nous arrivons, le briefing est déjà commencé. Oups ! Je laisse Françoise écouter les consignes pendant que je vais dans ma voiture pour me mettre en tenue de combat. De retour, j’entends la fin. Rien de spécial à priori. Les dossards ont été distribués ce matin : re-oups ! Je pars à la recherche du mien. Des bénévoles tout aussi sympas les uns que les autres m’aiguillent sur la bonne personne. Me voilà avec mon précieux sésame pour rentrer sur la piste ! Je salue au passage les quelques têtes que je connais à présent, et nous attendons sous la pluie le départ. Après les derniers encouragements des organisateurs, nous voilà lancés dans l’arène, sous les applaudissements des spectateurs.
La pluie n’attaque en rien notre enthousiasme de se lancer dans ce nouveau défi. Le circuit est raccourci à 602m car la pluie a inondé la piste de 400m autour du stade. Les 2 premières heures sont les plus agréables car les jambes tournent toutes seules. Il faut d’ailleurs ne pas s’emballer sous peine de le payer cash un peu plus tard. C’est donc tranquillement à un bon 9km/h de moyenne que je parcours ces 2 premières heures. A la 3ème, toujours dans une petite gadoue où l’on essaye d’éviter soigneusement les grosses flaques présentes, je commence à marcher un peu à chaque tour, sur 80m environ, les muscles commençant à devenir un peu durs.

 

 

Au bout de 6h, j’ai pris mon rythme de croisière, à un peu plus de 7 km/h hors arrêts (pipi, boire un coup, manger un peu). La nuit s’est bien installée à présent, les rangs commencent à s’éclaircir un peu avec les arrêts casse-croûte et sommeil. De 23h30 à 24h, plus grand monde sur la piste ! Je m’arrête à mon tour pour la 1ère fois. ¼ h seulement, je n’ai prévu de faire que des petites siestes d’1/4h tant que je peux tenir ainsi, pour me tester. Je m’allonge dans la voiture, histoire de reposer les jambes et les pieds. La pluie nous accompagne toujours, mais rien de méchant. Avec mes chaussettes imperméables, mes pieds sont nickels. Pendant ce temps, la technique a réussi à nouveau à faire fonctionner l’affichage des résultats. Je me retrouve 11ème au classement avec 61 km. J’ai bien l’impression d’être parti un peu vite du coup ! La reprise après ce 1er arrêt a été un peu dure. Un bon tour de chauffe en marchant avant de pouvoir recommencer à courir un peu, à trottiner devrais-je dire. Certains me doublent à de bonnes cadences, notamment un qui se détache du lot nettement. Chose curieuse, il me double assez souvent, mais je ne le vois plus d’un bon bout de temps ensuite. Au final, je constaterai qu’il a réalisé moins de 500km alors que je l’ai cru tout le long devant moi. Les pauses ont dû être aussi longues que les périodes de course pour lui j’ai l’impression. L’humour ne quitte pas les coureurs. Alors que nous passons devant la tente des médecins, celui qui me précède s’approche de l’entrée et dit : « Mauvaise nouvelle pour le docteur : je vais très bien ! » et repart. Dans un autre style, 3 concurrents qui discutent entre eux : « Elle a toujours les lunettes dans ses cheveux (en parlant d’une autre personne) ». Et une qui lui répond : « C’est normal, elle a la myopie des cheveux ! ». 10h de course, 72 km, 6ème au classement à 10 km derrière le 1er… quelque chose qui ne va pas dans ma gestion de la course, ça ne va pas tenir longtemps. 11h de course, 5ème, je trottine toujours régulièrement avec mon petit passage de marche à chaque tour. La pluie s’est arrêtée, ce qui n’est pas désagréable. Je recours en simple maillot. 12ème, 13ème heure, toujours 5ème. J’alterne à présent 2 petites portions de marche sur le tour avec la course, ça commence à tirer. L’humidité, je ne sais pas trop, mais j’ai l’entre-jambes qui me cuit. Un peu de crème prévue à cet effet, et c’est reparti, l’échauffement par frottement disparaîtra assez vite heureusement. 15h de course, 7ème au classement. La redescente dans le classement a commencé. Ceux qui se sont arrêtés un peu pour dormir, repartent beaucoup plus frais que moi et me rattrapent au classement, sachant aussi qu’ils sont plus rapides que moi à la base. A la 18ème heure, second arrêt d’1/4h pour reposer mes jambes. En redémarrant, je repasse du coup à la 9ème place. Un peu après juste après le pointage et avant la tente du ravitaillement, petite surprise bien agréable : le maire de Privas, Michel Valla, vient de nous apporter tout un paquet de petits pots à déguster à base de produits régionaux (chèvre, châtaignes,…), préparé par les « toqués » (ceux de la cuisine, pas ceux du stade !) ardéchois à l’occasion d’une fête la veille dans le nord Ardèche. Petit geste bien sympathique pour nos papilles et que j’apprécie personnellement. Au point de me resservir plusieurs fois, voyant qu’il en reste encore à chaque tour. 21h de course, 14ème, et les 130 premiers km d’avalés. En avance de 3h sur mon planning, gare pour la suite ! 24h de course, 16ème, 143 km… besoin de manger et de reposer les jambes !  Je me fais un peu de souci pour la suite, car ça tire musculairement. J’ai dû mal à courir à présent. 18h lundi soir, ça coince dur. Yves, un collègue de bureau avec qui je cours de temps en temps entre midi et 2 vient m’accompagner quelques tours, le temps de discuter et pour lui de découvrir la course et ses spécificités. Sa présence fait du bien, mais ma forme ne s’améliore pas.  Françoise va venir d’ici 1 heure. Je fais un arrêt à la tente médicale pour me faire masser. Je découvre l’équipe, pas des tristes. Ca n’arrête pas de plaisanter. Bernard s’occupe de moi, le plus âgé. Plein d’humour et d’attention en même temps. Nous parlons stratégie de course en même temps, il m’explique un peu comment fonctionnent certains parmi les meilleurs, qu’il connaît relativement bien au fil des éditions. Et je commence à comprendre mon erreur ! J’aurais dû m’arrêter plus souvent le 1er jour. Et dormir un peu la nuit ! Après cette séance de relaxation en même temps, je refais un tour tranquillement en marchant pour récupérer au passage mon ticket repas. Nous avons droit à un repas chaud complet par jour, à prendre entre 13h et 19h30. J’en profite donc avant que ce ne soit trop tard. Mon plateau en main, je continue 200m afin de me retrouver à ma voiture et le manger. Petit coup de téléphone à Françoise, elle ne va pas arriver avant 3/4h. Du coup j’en profite pour me reposer un peu après avoir mangé, mais sans m’endormir. 22h lundi soir, Françoise vient de repartir. Sa présence, plus un arrêt de + d’1h au total m’ont fait beaucoup de bien, au moral et physiquement.

35ème au classement, je repars et arrive à courir un peu à nouveau à + de 7km/h. 169 km à minuit, 22ème, c’est bien reparti. Sieste d1/4h à présent, je vais tâcher à présent d’en faire une toutes les 2h environ. 2h de course à nouveau avant une nouvelle sieste, suivie d’une douche pour me requinquer. Mes pieds sont toujours nickels, la douche bien chaude, hum le plaisir ! Mes échauffements reviennent un peu de temps en temps, un peu de crème et ils disparaissent. 5h du matin, ça coince à nouveau. Petite sieste qui va s’allonger à 1h cette fois, la fatigue ayant pris le dessus sur ma volonté. La journée va être longue ensuite, les mollets sont durs, voir douloureux si je cours. Du coup je me cantonne à de la marche, et les km n’avancent pas vite. Le moral est au plus bas, je me demande bien ce que je fais ici. Aucun plaisir à ce moment là, ne pouvant pas courir. J’ai envie d’arrêter. Je sais que sur du long les périodes de moins bien et de mieux alternent systématiquement. Mais je ne vois pas comment mon état peut s’améliorer. L’expérience aidant, j’encaisse tout de même. L’ambiance est bonne, les encouragements nous revigorent toujours un peu. Et puis nous avons nos messages via le site web qui nous sont distribués 2 fois par jour ! Ce n’est pas grand-chose, comme les SMS, mais quand vous les lisez et que vous n’avez plus le moral, vous n’avez plus envie d’arrêter. Vous sentez tout ce monde derrière vous, et vous avez soudain la rage d’aller au bout. Tant et si bien qu’en début d’après-midi, la longue marche que je viens de faire a fini par soulager mes mollets, et j’arrive de nouveau à courir. Miracle une fois de plus. A 16h, 2 jours de course, j’atteins les 225 km. Que 82 km pour cette seconde journée. La barre des 600 km s’éloignent à présent. Tant pis, j’évite d’y penser et reste concentrer sur ma course, sur le moment présent. J’avais repéré sur la liste des participants un certain Laurent qui me rappelait étrangement un salarié de la FFCT (fédération française de cyclotourisme) quand je m’occupais du comité départemental de l’Ardèche. N’ayant pu encore l’aborder car jamais à la même vitesse, je le rattrape alors qu’il marche. Du coup j’en profite pour lancer la conversation. En effet c’est bien lui. Du coup nous passons un long moment tout en marchant à discuter. Et nous continuerons cette discussion 2 jours plus tard… Les muscles commençant à tirer dur, je coupe notre discussion pour m’imposer une petite sieste à nouveau d’1/4h. Régulièrement comme prévu, j’en fais une grosso modo toutes les 2h, en fonction de mon état de fraîcheur. Ma période de course/marche ne dépasse que très rarement les 2h. A 18h30, nouvel arrêt sieste pour attendre Céline qui doit arriver. 26ème au classement, je pense cette fois être à  ma place. Il ne me reste plus qu’à tenir 4 jours presque ! Quand elle arrive, je refais un tour tranquillement en marchant pour récupérer mon plateau repas et manger en sa compagnie près de la voiture, ce qui nous permet de discuter. Puis elle m’accompagne pendant presque une heure pour continuer à discuter tout en courant un peu. A 21h elle repart, je me suis bien remis dans le bain, le moral à bloc. A minuit, 260 km au compteur. Les jambes tournent bien. J’alterne 3 petits passages en marche avec la course sur la boucle, histoire de me préserver. Nouvel arrêt sieste d’1/4h. Ces courts arrêts où j’allonge mes jambes et quittent mes chaussures pour laisser mes pieds respirer et se détendre, me sont bien bénéfiques. Le sommeil ne prend pas le dessus encore. Vais-je tenir ainsi jusqu’au bout ? La pluie est revenue dans la nuit, quelques belles averses, mais rien de bien méchant. J’ai remis une autre paire de chaussettes imperméables, je sens mes pieds en sécurité ainsi. Ce qui malheureusement n’est pas le cas de nombreux coureurs qui occupent à temps plein en journée les 2 podologues présents. A 3h du matin, c’est toujours le pied, beaucoup de plaisir depuis hier soir à courir. Je garde un rythme régulier depuis plusieurs heures, ça fait plaisir. 21ème au classement. Remontée un peu normal car beaucoup dorment quelques heures alors que je n’ai pas encore dormi, hormis mes siestes où je somnole un peu à présent. La nuit la piste s’éclaircit pas mal. A 5h, les gros bras reviennent en course, je sens quelques courants d’air. Avant de m’enrhumer, j’en profite pour retourner faire une sieste d’1/4h. Les jambes commencent à coincer un peu. A 7h30, petit déjeuner de l’organisation : un bol de thé avec 2 tartines de beurre miel en ce qui me concerne. Il y a des lustres que je n’avais plus de petit déjeuner ainsi, ceux-ci étant composés de jus vert et fruits à présent. Ce qui ne m’empêche pas bien sûr de manger mes fruits régulièrement, avec tout le stock que j’ai dans la voiture. Nouvelle petite sieste ensuite. A 9h30, coup de pompe, je préfère m’arrêter pour une nouvelle petite sieste. En reprenant après, des enfants de Privas ont été invités pour venir courir avec nous. Au passage, nous prenons, pour ceux qui veulent, un enfant (CE1 à CM2) pour nous accompagner sur un tour. Petit moment bien sympathique en leur compagnie, certains courants drôlement bien. 3 jeunes m’accompagneront, le dernier ayant presque du mal à suivre son rythme. A 13h, 318 km, et visite de Nathalie venue nous encourager, une collègue de bureau. J’en profite pour m’arrêter pour manger et discuter un peu avec elle. Petite sieste à nouveau derrière. L’après-midi se passera très calmement, un coup à discuter avec un autre coureur, un autre à manger une crêpe avec Magalie, un autre où je retrouve un ancien collègue cyclo perdu de vue depuis plus de 20 ans, bref pas très rentable côté km. A 16h, 328 km, soit 103 km pour cette journée. Je n’espère qu’une chose, pouvoir garder ce rythme les 3 jours qui restent, ainsi que la dose de plaisir que je ressens. Ce serait le pied !

 

 

A 19h30, repas de l’organisation dégusté à ma voiture, en compagnie d’un Privadois découvrant la course et qui me questionne dessus. Petite sieste à nouveau. A 21h30 348km, et nouvelle sieste. A minuit rebelote. Je ne peux plus courir à nouveau. Je continue mes siestes sans période de sommeil prolongé. Je tiens le choc sans problème pour le moment. C’est un bon système finalement. Le plus rentable ? Difficile à juger pour l’instant. Il faudrait que je le pratique sur plusieurs courses pour m’en assurer. 15 coureurs ont pris le départ des 72h hier à 16h. Et une certaine Jeannick, mon aînée de 10 ans, déjà rencontrée sur mes 3 courses de 24h. Elle marche à bonne cadence et n’arrête pas de parler dès qu’elle en a l’occasion. Du coup ne pouvant plus courir, je me débrouille pour me retrouver à sa hauteur dans la nuit et nous marcherons tout en discutant pendant 2 bonnes heures. Je ne vois pas le temps passé ainsi. A 5h, 369 km, 18ème au bénéfice de la nuit, je repars pour une sieste. En début de journée, la piste est réouverte, la boucle passe à 1.025 km. Ca fait du bien finalement de changer un peu ! La journée va être galère, impossible de courir à nouveau. Séance de massage, siestes, rien n’y fait. Mais mon rythme en marche n’est pas trop mauvais, et le moral reste relativement bon. J’en profite pour discuter avec Christian qui marche un peu aussi pour se « reposer », le 1er de la course. Je découvre un personnage, un roi de l’endurance. Champion du monde du déca iron-man au Mexique, c'est-à-dire 10 iron-man en 10 jours : 3.8km de natation, 180km de vélo et un marathon à pied chaque jour pendant 10 jours. Le tout en moins de 8 jours cumulé. Il a participé à de très nombreuses courses d’ultra sur route, et à la traversée des Pyrénées cet été en trail. Je me régale en sa compagnie. De quoi me donner encore des idées… A 16h, 402 km ! 74 km seulement pour cette 4ème journée ! Une misère. Encore 200 km en 2jours pour atteindre l’objectif des 600 km : définitivement enterré ! A 22h, 21 km en plus seulement en 6h. Les siestes se rapprochent un peu encore, la course n’est plus qu’un lointain souvenir, je me contente de marcher. Je passe mon temps à discuter dès que je peux. L’animation est au comble ce soir avec un karaoké d’organisé. Les coureurs, qui en ont l’envie, peuvent commander un titre, et venir le chanter au tour suivant ! Un spécialiste de la chose parmi les coureurs s’éclate avec plusieurs chansons qu’il enchaîne. Les autres jours, nous avons parfois des groupes qui viennent chanter. Et aussi l'entraînement rugby sur le stade pour nous divertir ! Côté course, la suite n’est guère reluisante en ce qui me concerne. Une bénévole au stand ravitaillement m’accompagne quelques tours pour m’aider à sortir de ma torpeur dans laquelle je plonge dans la nuit. Ca fait du bien de discuter de tout et de rien. A 3h du matin, une nouvelle sieste va déraper : 2h au lieu d’1/4 h ! Quand mon réveil sonne, je sors le bras de dessous mon duvet pour l’arrêter, le froid me saisit. Je le remets vite au chaud dessous… et m’endors aussi sec. Ca devait arriver ! Le réveil est dur, et je m’en veux un peu. Ca n’arrange pas ma situation ! Le redémarrage est dur, les muscles froids. 2 tours de chauffe et je ne peux toujours pas courir. Nous sommes vendredi matin et il reste 1 jour et ½. J’irai au bout c’est sûr à présent. Pour quel score ? Ce n’est plus mon souci. Je veux juste trouver du plaisir encore. A 08h du matin, 453 km, 32ème. 2h après 8 km en +. Je marche toujours ! Dans l’après-midi, j’arrive à nouveau à recourir un peu. Vers 17h, revisite d’Yves. Nous courons quelques tours ensemble. Surprise je ne sens plus le besoin de marcher, je fais le tour complet en courant. Ce qui le surprend un peu aussi, après m’avoir vu le lundi soir un peu à la ramasse. Un peu plus tard, c'est au tour de mon patron de venir m'encourager quelques instants ! Une surprise bien agréable, surtout qu'il rentre d'un voyage en Asie.

 

 

A 18h30, distribution des messages ! Un message de Laurent surnommé « Arclusaz » : « Allez Claude !!!! La dernière nuit. Les 600 bornes sont jouables, tu vas le faire. Bon courage et bravo. ». Qu’est-ce qu’il me raconte ! C’est pas lui qui coure… Un autre d’un autre Laurent (vive les Laurent !) : « Bonne remontée PAC MAN !! GO et bon courage pour ce looooooooong sprint final ! J’espère que ts les voyants, mental et physique sont au vert ! Bravo ». Manque pas d’humour l’animal, me traiter de PAC MAN ! Mais que me raconte Arclusaz ? les 600 km sont réalisables ??? Ca me triture l’esprit. Au prochain tour, je m’arrête devant l’écran du classement, regarde mon kilométrage. 18h30, 505 km. Je repars en essayant de calculer : 16h de course demain, aujourd’hui il me reste 5h30, soit 21h30 au total pour 95 km. Ca me fait une moyenne de … au moins un tour de stade pour calculer ! J’arrive à la conclusion qu’il me faut courir au moins à 4.5 km/h arrêts compris. En effet pourquoi pas. Mais il faut que tous les voyants restent au vert jusqu’au bout à présent. Allez après réflexion, pouvant trottiner à nouveau, je décide d’y aller. Je m’enferme dans ma bulle, me concentrant sur moi-même et mes sensations, pour y répondre si c’est la faim ou la soif que je sens venir, et sur ma fatigue et mes douleurs pour les éliminer mentalement. Et ça marche. Je retrouve un rythme au bout de quelques tours à plus de 7km/h. Je ne sacrifie pas mes siestes par contre, car mes pieds commencent à me brûler intérieurement. J’ai besoin de les aérer sans faute régulièrement. A cette cadence, 1h30 de course, 1/2h d’arrêt pour satisfaire ma sieste et le reste, ça peut se faire pour les 10 tranches de 2h qui me restent. Allez, Go ! Go ! Remotiver comme jamais, je passe la nuit dans ma bulle, sur une piste à moitié déserte la plupart du temps, la plupart dormant. Seuls les premiers du classement occupent régulièrement la piste eux aussi. Avec qui je discute un peu. Et miracle au moment du petit déjeuner à 07h30, j’en suis à 562 km. Plus qu’à peine 40 km pour 9h1/2 ! Le pari est en passe d’être gagné. Incroyable les ressources du corps, le mental y est pour beaucoup. Le corps suit si le mental le décide. Pas question de prendre une douche cette nuit du coup, les arrêts sont au strict minimum. J’y crois de plus en plus, je n’en reviens pas. A 10h, 574 km, plus que 26 km en 8h. Yes !!!! L’euphorie de réussir les 600km me transcende intérieurement, un plaisir incroyable me gagne. En début d’après-midi, mon frère Bernard et ma belle-sœur Aline sont là pour venir m’encourager. A 58’ de la fin, je franchis les 600 km ! Un tour de piste encore et je m’arrête pour discuter avec Bernard et Aline tout en prenant en photo mes compagnons de galère pendant 6 jours.

 

 

Durant ce tour, je réalise que j’ai atteint mon objectif, quelques larmes de joie coulent sur ma joue, instants inoubliables de plaisir. La dernière heure, je vais la passer à discuter et à prendre des photos. Je me fais certainement redoubler au classement car j’étais talonné par 3 autres concurrents. Mais peu importe ma place au final, mon objectif est atteint, je suis aux anges. Je retrouve Françoise, Mélanie, Benjamin et mon beau-papa venus m’encourager sur ce final, un ancien collègue cyclo de Privas venu assister à la course et tout surpris de me trouver là. C’est la fête dans ma tête, je n’aurais jamais cru m’en sortir ainsi. 4 jours de plaisir, 2 de galère seulement… pour mieux apprécier encore le résultat ! Comme 4 jours de beau temps et 2 jours de pluie ! Peut mieux faire, maintenant que je sais comment me gérer. Dans les derniers tours, les organisateurs distribuent des bâtons avec notre n° de dossard. Nous devons au coup de sifflet final accrocher notre puce électronique mise à la cheville au bâton et poser le tout au sol où nous nous trouvons. Les commissaires de course de la FFA passent ensuite avec un compteur pour relevé le km exact parcouru. Mon bâton est posé depuis 1/2h en ce qui me concerne. Je voulais profiter du spectacle avant tout, voir passer les autres. Quand au dernier tour Jean le vétéran passe, je le félicite d’un geste de la main, quelques larmes coulent sur ses joues. Pas besoin d’échanger des mots, nous nous comprenons. J’ai du mal à retenir les miennes. A 77 ans, quelle force de caractère et quelle forme ! Comment serais-je à son âge ?

 

 

La journée se terminera par la remise des récompenses des meilleurs au scratch, et le repas de clôture, où n’ayant pu retrouver Jean et Christian, je me retrouve à table avec Bernard le kiné, Laurent ex FFCT, et 3 autres bénévoles de l’organisation, dont Brigitte qui m’avait accompagné sur quelques tours au moment où le moral flanchait un peu. Pas triste autant les uns que les autres, le repas fut jovial à me faire oublier la paëlla pas très réussie à mon goût. Une semaine au grand air fin octobre qui se termine pour un bilan très positif.

En effet, aucune douleur articulaire quasiment, à part un peu le genou gauche quelques moments, mais léger. Côté muscles, je peux marcher normalement sitôt que ceux-ci sont un peu chauds. Objectif optimiste réussi, plus de bons moments que de galères, une très bonne ambiance, tant côté des bénévoles que des coureurs. C’est une course très particulière, avec son « cheptel » très spécifique de coureurs qui forment une grande famille et ça se ressent très vite. 18 nations de représentées quand même, certains venant du Japon, de Nelle-Zélande, du Brésil, etc. Des personnages aux parcours atypiques et glorieux pour certains comme le doyen de la course, Maurice, à 82 ans. Une course à revivre en ce qui me concerne. Quand ? Je ne sais pas, mais dans la décennie à venir.
Côté temps, cette période là n'est peut-être pas la meilleure, mais pas facile pour les organisateurs et la mairie de caser 1 semaine avec toutes les activités du stade. L'an passé début août, ils avaient eu chaud, très chaud ! Cette année, ce fut pluie et froid dans la nuit le plus handicapant. La dernière nuit, 2° ! On ne peut pas tout avoir...

Côté sommeil, mon test d’une sieste d’1/4h répétée assez souvent est réussi. Le sommeil ne m’a jamais pris en course. Mes 2 dérapages sont dus à un manque de volonté à un moment. Ce fut quand même de la bonne récup en plus. 3h de vrai sommeil sur 6 jours, le reste qu’en siestes d’1/4h. Un beau challenge de réussi. Que cela a-t-il donné ensuite ? Ma 1ère nuit à la maison a été horrible pour Françoise. J’ai ronflé comme jamais ça ne m’était arrivé ! En effet allongé sur le dos dans le lit, je me suis endormi de suite sans bouger de positon de la nuit. Rien de tel pour ronfler en ce qui me concerne ! Et pendant 5 nuits, je n’ai pas arrêté de rêver que je courais sur la piste. Ca avait laissé des traces ! Et même la 5ème nuit, le besoin d’aller aux toilettes m’a fait lever : n’éclairant jamais le couloir pour y aller, je me croyais traversant la piste et je regardais si des coureurs n’arrivaient pas pour ne pas leur couper la route ! Avant que je finisse par réaliser au bout d’1’ où j’étais réellement. Si musculairement, j’étais beaucoup moins fatigué qu’à la fin de la PTL au mois d’août, et sans aucune mesure, côté sommeil, j’étais plus atteint. Les siestes permettent en effet de tenir, mais le manque de sommeil paradoxal m’a fatigué nerveusement pour la semaine qui a suivi. A équilibrer les 2 ? A voir.

Un grand merci à tous ceux qui sont soit venus m’encourager sur place, soit qui l’ont fait par message, ce sont toujours des moments importants pour notre moral en pleine course. Et bien sûr à Françoise, qui travaillant, n'a pu venir sur place très souvent, mais qui par téléphone était souvent présente. Mes excuses pour certains comme Benoît et Jean-Luc qui sont venus m’encourager sur place, ma mémoire a flanché sur le moment de leur passage, que je n’arrive pas à resituer dans mon texte.

Bravo à Gérard l’organisateur et toute son équipe qui font un travail spectaculaire. Sans compter l’investissement de tous ces bénévoles, de l’équipe médicale au charbon toute la journée (ils trouvent difficilement  le temps de manger !), ceux qui ont balayés pendant des heures l’eau sur le circuit pour l’évacuer, ceux qui se sont occupés de nourrir tout ce petit monde, ceux qui étaient au ravitaillement pendant 6 jours non stop en relais, ceux au chronométrage pour que tout marche malgré les intempéries (ce fut compliqué parfois), à l’animation non stop durant la journée, et tous ceux qui avaient des tâches obscures dont nous ne nous rendions pas compte forcément. Et tous ensemble pour monter le village avant la course et le démonter ensuite ! Un sacré travail pour tous pendant une dizaine de jours. Un grand bravo, vous le méritez amplement.

Beaucoup de choses encore à dire sur ces 6 jours, mais l’essentiel est là. Une belle épreuve dans ma carrière de coureur à pied qui restera gravée pour toujours. Encore une fois merci à tous, merci « Gégé » !

 

Classement officiel final : 24ème avec 608,150 km

 

Résultats ici : http://www.6jours-de-france.fr/index.php/6-jours-72h00/resultat-2016

 

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12/11/2016
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