Les 100 km du trail du Verdon, 23 juin 2012 - 2ème partie
Les 100 km du trail du Verdon, 23 juin 2012 - 2ème partie
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25 km dans les jambes, tous les feux sont au vert encore. Petit bout de route, puis rapidement un chemin passant devant une maison. De hautes herbes devant moi, le passage étroit est tracé au milieu, je m’y enfonce. Trop tard ! C’est plein d’orties, je n’ai plus qu’à espérer que les démangeaisons passeront rapidement.
J’avertis ceux qui arrivent derrière qui ont le temps de dévier du coup leur trajectoire. Le chemin qui suit remontant les gorges mais en hauteur nous offre des points de vue superbes, mais mieux vaut regarder où l’on pose les pieds car il est très accidenté. Un passage délicat dans une ravine est sécurisée par une main courante qu’une bénévole est venue installée et qu’elle surveille tout en bouquinant et encourageant les coureurs. Je fais la causette d’ailleurs avec l’un deux qui m’a rejoint, un anglais venu pour le week-end spécialement pour la course. Heureusement pour moi il parle très bien le français !
3ème ravitaillement au col d’Iloire. Je m’y revois quelques années en arrière pour une halte salvatrice avec nos filles en cyclo-camping. Je n’aurais jamais imaginé à l’époque repasser un jour par là pour une course à pied de 100 km ! Les bénévoles sont en train de finir d’installer un abri pour le soleil, la chaleur ne va pas tarder à venir nous assommer. Arrêt assez court, le temps de manger et boire un minimum. La descente vers le lac reste technique, mais un peu roulante tout de même. Traversée du pont à l’embouchure des gorges, le spectacle vaut le détour. Nous reprenons rapidement un chemin qui nous ramène vers une route ou le 4ème contrôle ravitaillement nous attend. La chaleur commence vraiment à se faire sentir, je bois pas mal par sécurité tout en grignotant un peu. Et c’est reparti pour un gros dénivelé : 1265 m. Un coureur tout à l’heure nous a averti que la montée avant Moustiers allait faire très mal. J’ai hâte d’y être ! Nous l’attaquons assez vite, mais rien de bien terrible. Peu à peu je remonte des coureurs, en même temps que la pente se durcit un peu plus. Au total entre le 4ème et 5ème ravitaillement, j’en doublerai 15 ! La forme est là, c’est certain. La montée est plus longue que je ne me l’imaginais. En pleine ascension, je loupe un virage et suis un chemin qui très vite devient de l’escalade. Un peu habitué depuis ce matin, j’y vais. Mais très vite je me mets à réfléchir car cela devient dangereux et il n’y a pas de main courante. Un coup d’œil en arrière et je domine le sentier que j’aurai dû prendre, bien balisé. Ca m’apprendra une fois de plus à foncer tête baissée !
Arrivé au sommet par un magnifique sous-bois, des bénévoles nous guident. Vu notre hauteur, il n’y a plus qu’à se laisser glisser jusqu’à Moustiers. Ce sera un peu plus long qu’escompté, et surtout le soleil cogne dur à présent, nous ne sommes plus à l’ombre des forêts. J’en profite pour manger une barre de céréales ressentant une petite baisse d’énergie soudainement. Ma poche à eau est vide 3 km avant le ravitaillement ! Heureusement un bidon d’eau prévu pour me rafraîchir la tête régulièrement est encore « plein ou vide » à moitié. Je commence à avoir du mal à avaler mes barres de céréales maison, un peu trop « étouffantes » par temps chaud.
Surprise soudain, nous traversons un pré envahi par une colonie de gaillardes sauvages : la 1ère fois que je vois ça ! Au ravitaillement de Moustiers, qui signifie aussi déjà 58 km d’accompli, je retrouve mon sac pour me réapprovisionner en boisson et surtout en compotes, inexistantes sur les contrôles. Pas de soupe non plus, ça me manque. J’essaye de grignoter un maximum de tuc, pain d’épices et je bois plusieurs verres d’un mélange de coca et eau gazeuse.
Ca passe bien, preuve qu’une fatigue excessive ne s’est pas encore installée. Certains coureurs arrivent assez mal en point par contre déjà, souffrant de la difficulté du terrain et de la chaleur. Je me rafraichis la tête à une fontaine 100m après le ravitaillement en repartant, puis je retraverse le village pour prendre la direction des crêtes. Les jambes peuvent courir encore, je suis heureux. Un joli chemin, mais caillouteux, nous hisse en zigzag, ce qui nous laisse en permanence un panorama qui n’en finit pas de grandir en beauté au fur et à mesure que l’on s’élève.
Je repère un coureur quelques lacets au-dessus. Mais je ne le rejoindrai qu’après les crêtes sur une partie roulante car il marche. L’envie de vomir le force à calmer le jeu en attendant que la sensation passe. Je lui souhaite bonne chance et continue mon chemin, toujours aussi roulant, et presque à perte de vue. Un peu désolant pour le moral… Alors que je me fais une raison, ne voilà t-il pas que nous braquons subitement à droite pour une petite sente descendante. Quelle bonne idée ! Nous longeons un ruisseau à sec où nous finissons par atterrir dans son lit. Petite photo, je continue dans le lit. Un doute me vient vite à l’esprit à nouveau, plus de rubalises. J’insiste un peu, non rien de rien. Demi-tour illico presto, et je retrouve le balisage, le sentier reprenant sur la gauche. Un peu léger ce changement de direction si nos yeux ne se portent pas dessus, me dis-je. Pas grave, ça regrimpe, je me retrouve dans mon élément. Le temps de rejoindre une crête, et une tour en ruine, et nous redescendons sur le 6ème ravitaillement. Oh joie, ils ont de la soupe !
Et un micro ondes alimenté par un compresseur pour la chauffer. Je bois et je grignote pas mal, mes barres de céréales ne passent plus, la bouche trop pâteuse avec cette chaleur. Un coureur arrivé avant moi se repose sur un lit de camp tout en grignotant petit paquet de chips sur petit paquet de chips. J’espère pour lui qu’il va arriver à les digérer ! Je ne m’y aventure pas, je préfère côté salé continuer avec les tucs et la soupe. L’arrêt cette fois a été un peu plus long, le besoin de me ravitailler était plus important, et sentant aussi une légère baisse de régime. Ce léger repos est du coup le bienvenu. A peine reparti, je traverse un ruisseau. J’en profite pour un rafraîchissement conséquent de la tête et de la casquette. Une montée un peu pentu mais roulante sur un chemin large suit. Un coureur assis à l’ombre se repose, pris d’un petit coup de pompe. Je le retrouverai un peu plus loin quand ce sera mon tour d’accuser le coup.
Au sommet je surprends les bénévoles en train de faire la sieste, tout en surveillant d’un œil discret les coureurs qui arrivent. Alors qu’ils me demandent si tout va bien, j’aperçois un coureur qui arrive par où je dois repartir. Sur le coup je me dis qu’il vient de faire demi-tour, la fatigue se lisant sur son visage. Puis quelques instants après, un autre ! Je pose la question à un bénévole. J’ai tout faux ! Il m’explique que nous passons 2 fois par ici. J’y suis déjà passé vers le 50ème km. Ceux que je vois ont donc 20 km de retard environ sur moi. Quand je vois leur état de fatigue un peu avancé, il va leur falloir un sacré courage pour aller jusqu’au bout ! La suite se passe sur les crêtes à ras les falaises, sublime pour tous les points de vue sur le lac et le Verdon que le paysage nous procure.
Un sol très accidenté où la vigilance est encore de rigueur, et en plein soleil. Mais qu’est ce que c’est beau !!! Petite descente puis traversée d’un plateau où l’on peut enfin courir normalement. A nouveau une belle descente vers le 7ème ravitaillement au km 78. Il est le bienvenu, je n’arrive plus à manger ce que j’ai à part mes compotes, mais mon stock est limité. A nouveau de la soupe mais froide. Elle est la bienvenue et en prend 2 fois. Je commence à avoir du mal à m’alimenter correctement. Je crains le pire. Prochain ravitaillement à 10 km, je ne traîne pas et repars assez vite. Le chemin est à nouveau très technique. Nous commençons par descendre, et j’entends peu à peu le bruit d’un ruisseau qui s’approche. Au moment où je l’atteins un couple de randonneur arrive en sens inverse, et nous avons la même envie : nous rafraîchir ! Très gentiment il me laisse la priorité tout en me félicitant. Je me mouille un maximum la tête, les remercie et fait un brin de causette.
Le chemin continue avec un parcours très sauvage et accidenté, mains courantes, mini escalade, puis finit par redevenir presque normal. Impossible de m’alimenter, ça ne passe plus ce que j’ai. Il me reste juste une compote que je garde pour la suite. Le coup de barre s’installe peu à peu, je passe la vitesse marche alors que c’est plat pour m’économiser jusqu’au prochain ravitaillement. Un couple de sportifs venus certainement à la rencontre d’un coureur m’annonce une bonne 1/2h en marche jusqu’au ravitaillement. Je n’ai pas contrôlé mais j’ai la nette impression que ce fut plutôt une heure qu’il m’a fallu ! Le ravitaillement à La Maline au km 88 devient un véritable oasis à mes yeux.
Je bois un verre puis vite je m’assois sur le bord d’un lit de camp me sentant faible d’un coup. 4 jeunes kinés me proposent un massage que je décline, les jambes allant bien. Un bénévole s’occupe de moi et me ravitaille à la demande. Ayant du mal à refaire surface, je m’allonge carrément.
A suivre…
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