Coco le cyclo...

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L’échappée belle 2015 : Ouf !

L’échappée belle 2015 : Ouf !

 

Après une mini reconnaissance le dimanche précédent du tronçon Gleysin – Col de Moretan, nous voici à nouveau à pied d’œuvre au pied de Belledonne. Premier passage à Vizille pour reconnaître le lieu de départ, pas signalé mais devinable, nous rejoignons Aiguebelle pour retirer notre dossard. Cette fois-ci le balisage est bien là pour savoir où allez. Dossard retiré, nous retrouvons un moment après Laurent comme prévu. Rendez-vous est pris sur la ligne de départ le lendemain. Retour à Vizille en ce qui nous concerne pour être sur place et surtout dormir plus longtemps. Une navette est prévue pour les coureurs le vendredi matin pour les coureurs pour emmener les coureurs à Vizille. A Vizille un rapide tour de parc avant la fermeture pour trouver le lieu précis du départ, pile où nous avions mangé à midi. Nous pouvons rentrer la voiture dans le par cet se garer à côté d’autres concurrents déjà installés. Pas de tente, ce sera plus simple nous dormons dans la voiture. Ayant enlevé les fauteuils de l’arrière avant de partir de la maison, nous avons de quoi nous allongé sans problème vu notre taille. Toilettes, un évier, tout le minimum est à notre disposition. Dernière revue de détail, tout est prêt pour le lendemain. Le sac pour la base de vie, le petit déjeuner, la tenue complète du coureur et le sac à dos avec tout ce qu’il faut. Boisson maison préparée, poche à eau remplie, il n’y aura qu’à s’habiller et déjeuner demain matin. Du coup le départ étant à 06h, je mets le réveil à 05h, c’est suffisant. Nuit tranquille, à part un passage où un coureur est venu tardivement dans la soirée s’installer à côté de nous, moteur, portes qui claquent,… Instinctivement ( ?), je me réveille à 04h58 ! Au loin j’aperçois pas mal de remue-ménage et de frontales dans tous les sens, ça s’active dur. De nombreux coureurs sont déjà là, les premières navettes certainement.

Tout se passe comme prévu (ça ne va pas durer !), juste un peu de queue aux toilettes pour aller faire la grosse commission. Peu après je retrouve Laurent, fin prêt lui aussi. La nuit a été courte, mais il se sent bien. Moi aussi, mais ça ne se passera pas du tout de la même façon pour nous deux. Comme pour tous les grands ultras, les coureurs sont calmes dans l’ensemble, même si le doute de pouvoir allez au bout en tiraille certainement plus d’un. Ce n’est pas la bousculade sur la ligne de départ comme pour l’UTMB. A l’approche du départ, au décompte final, la tension monte et ça s’agglutine sérieusement. Le départ est donné et nous nous retrouvons très vite dans notre bulle : plus qu’un seul mot d’ordre : avancé ! Dans l’habituelle mini bousculade du départ, du moins pour la 1ère moitié du peloton, je perds de suite de vue Laurent tout en cherchant à voir Françoise qui a dû se positionner sur la droite après le départ. Je l’aperçois en effet, et elle au dernier moment. Pas facile de reconnaître les coureurs avec leur frontale qui vous éblouissent. Passé ce dernier petit coucou à ma coach du week-end, je me mets dans la course… et je n’y arrive pas. Impossible de trouver une foulée, j’ai l’impression de ne plus savoir courir. Je dois avoir l’air un peu d’un pantin, je n’arrête pas de me faire doubler sans pouvoir suivre le rythme général. Ma cheville se fait ressentir mais sans plus. J’ai beau me concentrer, essayer de dérouler une foulée souple, je n’y arrive pas. Je ne m’affole pas vu ce qui nous attend et sachant que l’on va beaucoup plus marcher que courir. J’attribue ça au fait que depuis 5 semaines je n’ai pas couru un seul km. Ce n’est pas très malin, le fait d’avoir pédalé et marché, même de façon très sportive, m’a habitué à un autre style de foulée. Je me dis que ce n’est pas grave et qu’au fil des km ça va vite revenir. En attendant je glisse peu à peu vers l’arrière du peloton. Une 1ère côte de + de 1100m nous attend d’emblée. Je me pose vite des questions : pensant attaquer cette grimpée tranquillement en restant au rythme des autres, je suis obligé d’y aller d’un bon train pour ne pas me retrouver reléguer ai fin fond du peloton. Je trouve l’allure un peu forte à mon goût. Est-ce eux qui vont trop vite ou moi qui ne suis pas dans l’allure ? Je ne sais que trop en penser sur le moment. Pas d’inquiétude outre mesure non plus, la difficulté du parcours et la longueur me laisseront largement le temps de juger de mon état. J’arrive à rester dans l’allure sans puiser dans mes ressources, c’est déjà ça. Des premiers passages assez raides nous mettent en jambes rapidement. Le terrain est assez roulant pour l’instant, on peut en profiter pour discuter avec Pierre ou Paul. Je fais la connaissance d’un parisien qui reprend les courses après une blessure en début de saison. Nous discutons pas mal, notamment sur le voyage en vélo en cyclo-camping. Il est assez optimiste pour passer le col de Moretan à la tombée de la nuit. Ce qui me semble difficile en ce qui me concerne pour ma part. Il partira devant un peu plus loin, m’étant arrêté pour faire des photos. Ce qui me vaudra quelques pertes de temps régulièrement, mais le plaisir avant tout. Revivre plus tard la course par mes photos me rappellera plein de souvenirs qui se seront estompés entre-temps, ça vaut bien quelques minutes de perdues. Perdu est-il vraiment le terme ? C’est aussi des mini-récupérations qui peuvent par la suite servir à mieux avancer. Donc, le plaisir avant tout. Je ne sais pas ce qu’il sera devenu, et si sa blessure s’est réveillé car il ne figurera pas dans la liste des finishers. En sa compagnie, je commets ma 1ère erreur de circuit. Tout en discutant nous suivons un V3 qui nous précède (et qui terminera peu après moi) qui n’avait pas vu le changement de direction juste avant le col de Luitel. Ce qui m’a permis de faire une photo du lac que je n’aurai pu faire sinon ! Comme quoi rien de perdu. Heureusement des coureurs qui nous suivaient, plus vigilants, nous ont rappelés à l’ordre, merci à eux. Dans cette première grimpée, j’ai déjà faim. J’engloutis une première barre d’un trait, ce qui est inhabituel. L’arrivée au foyer de ski de fond d’Arselle est la bienvenue. Il y a de quoi se restaurer et j’en profite sans abuser. Je me suis fixé de ne pas trop manger à chaque ravitaillement pour ne pas avoir de problèmes digestifs juste derrière. Je prends mon temps mais sans traîner. Comme la plupart des coureurs, à part 2 ou 3 déjà avachis qui vont certainement avoir beaucoup de mal à rallier l’arrivée. Le beau temps est de la partie comme prévu, c’est un vrai régal. Le soleil éclaire à présent généreusement notre chemin, les frontales retournent dans les sacs à dos.

 

 

Nous enchaînons avec 3 cols après notre 1er joli lac de montagne, le lac Achard. Les muscles vont bien la cheville à présente bien chaude ne me gêne plus, mais tout un tas de petites douleurs se réveillent par intermittence : sur les tibias comme une périostite, un peu les tendons des genoux, et puis surtout une faim inhabituelle. J’ai cette impression presque en permanence, et du coup je puise dans mes réserves plus vite que prévu, ce qui m’inquiète un peu. En même temps, je me sens un peu sans trop de jus, un petit manque d’énergie qui me donne une allure un peu de touriste à mes yeux. Ca avance, sans crampes ni fatigue dans les muscles, c’est l’essentiel pour l’instant, il y a encore plus de 120 km à faire, beaucoup de choses peuvent arriver. La beauté du paysage me ravit, je n’arrête pas de mitrailler avec mon appareil photo. C’est un véritable plaisir des sens, la course passe en arrière plan pour l’instant. Le terrain lui devient magique, pentu, technique, ludique comme j’aime. Ce que j’apprécie moins, ce sont les bâtons. Je n’arrêterai pas tout au long de la course de me méfier de ceux qui me précédent avec des bâtons dans la main. Dans les passages techniques c’est souvent qu’ils partent en arrière à chaque foulée et que je les vois foncer vers moi à hauteur de mes yeux très souvent vu le dénivelé. Du coup j’essaye de garder mes distances. Une seule fois j’ai eu très chaud, ceux-ci m’ayant effleuré le crâne sur une légère perte d’équilibre de son détenteur. S’il est vrai que par la suite j’aurai apprécié de les avoir sur certains passages à cause de l’état de mes genoux, dans l’ensemble je me dis que je suis bien content de ne pas les avoir car j’en ai vu plus d’un s’enquiquiner avec dans les nombreux passages difficiles et se bloquer aussi souvent dans les trous entre rochers. Ayant les cuisses suffisamment musclées pour bien passer les côtes sans, je ne pense pas les reprendre de sitôt. Avec l’âge peut-être aussi que les choses changeront…

Au moment de la bascule au Col des Leyssines, nous surplombons les lacs Robert. Encore un instant magique, dommage que le soleil ne soit pas encore assez haut pour bien éclairer le lieu. Descente raide et technique pour les rejoindre, nous les longeons ensuite. Je mitraille à tout va. Un peu plus loin, j’entends un petit bourdonnement comme celui d’un bourdon mais qui s’amplifie très vite. Je m’arrête, lève les yeux pour essayer de voir d’où ça vient et surprise un drône qui nous survole. En effet peu avant j’ai vu un bénévole avec un PC dans la main, et qui donc doit le piloter. Un petit coucou et c’est reparti. Depuis le départ nous retrouvons régulièrement outre des bénévoles, des accompagnateurs qui sont venus encourager leur poulain, ce qui leur a nécessité une bonne marche souvent. Nous sommes à présent à + de 200m d’altitude et allons y rester pendant au moins 30 km. Le terrain devient aussi plus minéral et plus rocailleux. De nombreux passages techniques, en montée comme en descente, nous interdisent de courir, ce qui me concernant ne m’inquiète pas car même là où l’on peut courir un peu, je n’en ai pas ni l’envie ni la force. Ca ne m’affole pas trop, je me pose toutefois quelques questions sur mon état et la suite ; Moi qui croyais après ces 3 premières semaine d’août sportives, avoir la pêche nécessaire pour cette course, je me suis un peu fourré le doigt dans l’œil j’ai l’impression. Les muscles allant bien dans l’ensemble, ça me rassure un peu pour la suite. J’ai du mal à présent à engager la conversation avec d’autres coureurs, si ce n’est de façon très éphémère. Nous avons tous notre propre allure et la mienne ne s’adapte à aucune des autres. De plus avec tous mes arrêts photos, aucune compatibilité possible ! Il faut dire que ce premier jour j’aurais pris les ¾ des 250 photos prises, ces paysages sous le soleil étant magnifiques en altitude. Régulièrement nous avons une vue sur la vallée qui nous permet de juger de notre « hauteur », des vues parfois un peu impressionnantes car proche des falaises. Nous longeons une multitude de petites mares d’eau proche des principaux lacs comme le lac David à présent. Le refuge de La Pra se dévoile à nos yeux soudain, en contrebas au loin, dominant une petite cuvette. Un décor de rêve encore une fois par beau temps !). La montagne, comme d’autre éléments tel que le désert, a ceci de fascinant : plus le décor se simplifie et plus il prend de la beauté par beau temps, et c’est exactement l’inverse par mauvais temps. Autant c’est le paradis pour randonneur dans de bonnes conditions, autant cela peut devenir l’enfer à l’inverse. Le refuge, 2ème poste de ravitaillement, est le bienvenu car la faim me tiraille toujours. Je prends le temps de bien me ravitailler cette fois, rien ne presse. Je ne suis d’ailleurs pas le seul, peu de coureurs sont empressés de repartir à présent. 28 km au compteur et déjà 2500m de D+, nous ne sommes pas au bout de nos peines (que l’on a bien voulu !). N’ayant pas trop le circuit en tête, je me laisse guider par le terrain. Ca monte, et bien je monte, à allure régulière. Ca descend, j’y vais sans prendre de risques, assurant mes appuis sur les hautes marches ou dans les éboulis. Au fil des ultras, les sommets qui se dressent devant moi ne m’inquiètent plus. Je sais que je les grimperai, quelque soit leur hauteur. Les descentes m’inquiètent un peu plus par contre car je sais qu’elles laissent plus de traces dans mes jambes.

 

 

Nous grimpons à présent vers la croix de Belledonne, je ne m’en rendrai compte qu’un peu plus loin quand je commencerai à croiser d’autres coureurs qui en redescendent. Je me rappelle avoir vu sur le plan cet aller-retour.  Ce sera le point culminant de la course. Nous ne l’apercevrons qu’à proximité ce sommet. Souvent nous avons l’impression que l’ascension va se finir derrière ce monticule qui se dresse juste devant nous, mais qui en cache encore bien d’autres derrière à chaque fois. Peu après être reparti du refuge, nous apercevons une brebis couchée dans l’herbe. A priori blessée même si aucune trace de sang ne se voit, elle bouge juste un peu la tête et lune patte. Que faire ? pas grand-chose malheureusement. Un peu plus loin je rejoins 2 randonneuses qui m’interpellent pour savoir ce que nous faisons. Je leur explique, la 1ère est une grande bavarde. Elle n’arrête pas de parler avec un accent très prononcé, une étrangère à première vue, qui parle très bien le français. Elles grimpent à bonne allure, ce ne sont pas des randonneuses du dimanche à priori. Les lacs du Doménon, encore une perle de la nature sous ce beau soleil. 2 Jeunes ont dû camper au bord, l’un venant de se baigner à priori. L’eau n’est pas aussi fraîche que je le pensais. De là à s’y baigner, c’est certainement une autre paire de manches. Un aller-retour éclair à la limite… Au moment où nous rejoignons ceux qui descendent déjà de la croix de Belledonne, une voix m’appelle. C’est Laurent qui me demande si ça va et qui m’annonce gentiment avoir encore une grosse 1/2h pour faire la boucle. Ce sera plus proche de l’heure à mon avis une fois que je l’aurai faite. Il a l’air d’être en forme, moi aussi mais en étant un peu mou quand même. Autant l’an passé au trail du Verbier St-Bernard, nous étions dans la même allure, autant là je me traîne. Ca ne me démoralise pas, tant que j’avance sans autre complications. Arrivée à la croix qui domine tout le secteur, après avoir traversé un petit névé et pas mal de pierriers, je prends le temps de grimper au pied de la croix pour la vue à 360°. Le sol n’est pas des plus rassurants, que des cailloux pointus et des trous. Avec un peu la fatigue dans les jambes, je ne me sens pas trop à l’aise. Il y aurait de quoi y passer un sacré moment pour reconnaître toutes les montagnes à l’horizon tellement on en voit. Une table d’orientation serait la bienvenue. Ce sera pour une autre fois, il y a du chemin encore : 112 km ! Je repars tranquillement pour la descente à présent, 900m de D-. Le chemin est par contre beaucoup moins caillouteux, et même roulant. C’est le chemin officiel pour rejoindre la croix je pense. La montée a été tracée différemment pour éviter de se gêner certainement, d’où un terrain plus technique. Dans la descente, nous passerons pas loin d’un petit glacier qui aura certainement disparu d’ici quelques années vu ce qu’il en reste. Pour le moment il alimente encore un joli ruisseau que nous devons traverser. Encore un lac bleu vert, le lac blanc je pense, alimenté directement par la fonte du glacier, que nous longeons. La descente est très raide dans son ensemble, mais pas trop dangereuse. Le dénivellé est vite perdu finalement, et nous remontons légèrement par une jolie sente pour rejoindre le refuge jean Collet, 3ème ravitaillement de la course. J’y retrouve comme convenu Françoise qui est monté en rando jusque là, avec mon petit ravitaillement personnalisé. Perché sur son promontoire, ce refuge est assez impressionnant et offre une vue imprenable. La faim me tiraille toujours, et surtout la chaleur commence à s’installer. Mon ravito personnalisé est vraiment le bienvenu : melon, pêche, prunes, tout prêt juste à avaler les morceaux ! Pas très calorique peut-être par rapport à un plat de pâtes, mais oh combien rafraichissant et réhydratant. Ca va toujours relativement bien, mais ce n’est pas un grand jour loin s’en faut. Petit moment de réconfort auprès de Françoise qui m'apprend qu'elle a vu passer Laurent il y a déjà 2h avec un problème à l'estomac à priori, et qu'elle a vu aussi Patrick (une ancienne rencontre sur d'autres courses) un peu après.  Mince, si j'avais su qu'il était là, j'aurai cherché à le voir au moins au départ. Aucune chance de le rattraper à présent sauf miracle de mon côté ou problème de son côté. Je ne traîne pas trop quand même, nous n’en sommes qu’au km 39. Déjà 3500m de D+ quand même. Un refuge qui incite au farniente avec une vue pareille et sous un beau ciel bleu, mais ce sera pour une autre fois.

 

 

C’est reparti pour le col de la Mine de fer, 500m de D+ encore sans un environnement minéral dominant. Ca grimpe, ça grimpe ! Ca commence à chauffer dur aussi ! Mon genou droit commence à faire un peu des siennes. Une petite douleur sur le côté me titille un peu. Passé le col nous rencontrons 2 bénévoles en discussion avec un coureur. Celui-ci fait ½ tour, ça ne va pas fort il préfère abandonner. Je me dis que j’ai de la chance de pouvoir continuer, et j’espère surtout que ça va durer. Nous surplombons à nouveau un lac, celui de Crop. Une vue incroyable à nouveau. Encore un col devant nous, la brèche de roche fendue. Des cailloux des cailloux, de toutes les tailles. Le chemin est vaguement tracé dans les plus gros, c’est un peu au filing et en fonction des balises. La brèche passée, nous apercevons au loin un grand lac et son barrage. Personne pour me renseigner, je suppose que cela doit être vers les lacs des sept Laux. 600m de D- à présent, avec 100m de D+ pour rejoindre le pas de la coche où nous attend le 4ème ravitaillement. Encore une des nombreuses petites descentes raides pour l’atteindre. J’y retrouve pas mal de coureurs un peu fourbus, et j’en fais un peu partie avec mon genou droit qui me rappelle à l’ordre à présent. A vrai dire ce n’est pas le genou mais sur le côté intérieur que la douleur se fait sentir Ce qui est curieux c’est qu’à chaque fois que cela m’était arrivé à cet endroit j’étais bloqué en descente. Aujourd’hui ce sont dans les montées que la douleur apparaît, et dans les descentes uniquement si je pose la pointe du pied en premier. Vu les nombreuses « marches » à franchir, je suis obligé de poser le talon en premier ce qui m’handicape pas mal tout de même. Aucune souplesse, incapable de descendre en courant, même lorsque le terrain s’y prête un peu. Par contre en marchant dans les descentes, quasiment pas de douleurs. Nous avons droit à boire de l’eau et manger une soupe seulement ici. Pour refaire le plein des bidons et poches à eau, il faudra le faire au prochain torrent que nous allons traverser. La soupe est la bienvenue, même qu’elle soit un peu trop poivrée à mon goût. Un tout petit lac est là qui égaye le coin. Je me pose 5’ pour manger cette soupe. Quel contraste avec le 1er ravitaillement ! Plus grand monde de vivace, moi y compris…

 

 

Allez 600m de D+ encore pour atteindre le col de la vache. Un début en terrain plutôt herbeux, ça change un peu. Au bout de 5’ nous trouvons en effet le torrent où nous faisons le plein d’eau. Pour ma part, je n’ai pas encore fini ma poche à eau d’ 1L ½ depuis le départ. J’ai par contre un petit flacon de 25 cl qui me sert de secours au cas où ma poche soit vide. J’ai prévu de faire le plein à la base de vie à la station du Pleynet. Je bois à présent pour économiser ma poche dans ce petit flacon que je remplis au passage. En repartant, je fais la connaissance de Jérémy, un lyonnais. Que mon ami Arclusaz connaît, mais je ne le saurais qu’après. Il discute très facilement, c’est parti, d’autant plus que nous avons à peu près la même allure en ce moment en côte. Plus tard je le lâcherai dans les côtes, mais il se rattrapera amplement dans les descentes. La seconde moitié de l’ascension se fait à nouveau dans les grosses caillasses pour arriver au col. Pas fâche d’y arriver, mon genou m’inquiète pour la suite, je commence à ruminer un abandon possible si cela empire. Pas bon pour le moral. Mais ces idées sont vite évacuées, j’aviserai au fur et à mesure. Mes muscles ayant encore du répondant. La suite me réjouit guère, 1200m de D- pour presque 200m de D+ et 11 km pour rejoindre la base de vie à la station du Pleynet. Moi qui pensais la rejoindre de jour, c’est loupé et en beauté. Le soleil décline déjà pas mal derrière les montagnes, nous nous retrouvons dans l’ombre à présent. Je pars avant Jérémy, mais il me rattrapera vite pour disparaître aussi vite de ma vue. 3 autres coureurs, italiens me semble t’il, sont à peu près dans mon rythme. Depuis un bon moment nous faisons le yoyo, mais rarement à courir ensemble. Nous rejoignons un premier lac, celui du Cos. 2 bénévoles nous pointent au passage, nous indiquant la prochaine source d’eau au prochain poste de secours pas loin. Tout est relatif car il me faudra un bon moment pour y arriver. Entre temps, sur un terrain un peu plus roulant, nous côtoyons tout une série de lacs EDF, ceux des 7 Laux. La lumière commence à se faire juste pour prendre des photos, je ne vais pas tarder d’être obligé de ranger mon appareil pour la nuit. Nous enchaînons les lacs dans un relief légèrement vallonné et descendant. Un chemin à ras de falaise et surplombant un lac a même été cimenté par Edf certainement pour sécuriser le passage. Au col de la vieille (je ne le saurais que c’était ici que plus bas par 2 contrôleurs) nous replongeons par un petit sentier vers la vallée. Nous croiserons plusieurs randonneurs qui montent encore à cette heure-ci. La nuit commence à tomber, la frontale est de sortie. Je le ferai au moment où je rencontre 2 bénévoles qui nous pointent et où le terrain commence à remonter. Il reste à peine 5 km, qu’est-ce qu’ils vont être longs ! Nous entendons déjà le speaker de la course comme si nous étions sur le point d’arriver. Pas de pot nous n’arrêtons pas de suivre les méandres plus ou moins à flanc de montagne du relief, et le bruit s’estompe, puis revient, et ainsi de suite, au gré des creux et avancées du relief. C’est usant moralement. Le terrain se prête à présent pour courir, mais je n’y arrive pas. Les secousses dans mon genou arrêtent vite toute tentative. Patiemment j’avance, en essayant de me poser le moins de questions possible. Surtout pour mon genou. J’arrête, je n’arrête pas ? La question ne se pose plus vraiment. La douleur et la gêne n’empirent pas, je verrai plus loin. Tant pis pour le chrono, le but est à présent de rallier l’arrivée tout en gardant un peu de plaisir à continuer. La nuit n’est pas terrible pour ça, le paysage ne pouvant compenser. Je ferai avec. Je commence à croiser un peu des accompagnateurs venant à la rencontre des coureurs, je me dis que la station ne doit plus être loin. En effet, le son devient de plus en plus audible, et même si je ne vois pas encore de lumières, je la sens toute proche. Une spectatrice avec une grosse cloche de vache qu’elle agite à chaque passage de coureur m’encourage. Je lui réponds par un « Meuhhhhh ». Ca la fait sourire, moi aussi car je me dis que le moral est encore là si j’arrive à réagir encore ainsi. Les lumières sont enfin là, la foule aussi, le speaker débite à tout va. Je retrouve Françoise juste avant le pointage. Ouf, je vais essayer de me refaire une santé pour la nuit.

 

 

à suivre...



07/09/2015
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