Coco le cyclo...

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Grand Raid des Pyrénées (4ème partie et fin)

Grand Raid des Pyrénées (4ème partie et fin)

 

 

 

Contrôle ravitaillement de cauterets. C'est reparti ! Françoise m’accompagne le premier km, le temps d’arriver aux termes. J’ai toujours espoir d’arriver au bout, j’y mettrai le temps qu’il faudra. Le GR en direction du col de Riou attaque de suite. Je rejoins un peu plus haut une route où je croise 2 voitures. Le balisage se fait un peu rare. Dans le doute je continue toujours tout droit. Je retrouve les balises, mais celles-ci sont à présent beaucoup plus espacées, 200 à 300m parfois. Un peu plus haut, alors que la route devient piste, je croise du monde dehors qui s’enquiert de ce que nous faisons. Ils me souhaitent bon courage, préférant être à leur place qu’à la mienne. Je les comprends un peu. Je continue sur cette piste large. Personne devant, pas grand monde derrière à première vue. A un virage à tête d’épingle, chemin en face et pas de balise ! Je scrute bien, rien. Ce chemin n’a pas l’air très praticable par la suite, du coup je continue sur la piste. 200m plus loin toujours rien ! Je refais demi-tour en jetant un œil de partout. Toujours rien. Je reprends la montée de la piste tant pis. Au bout de 200m j’aperçois du monde en contrebas. Je les avertis de bien regarder les balises, n’en trouvant plus ici. Je continue, et ouf 100m plus loin en voici une ! J’avertis les autres en criant dans la nuit. Rassuré je continue, et trouve une balise toute en boule un peu plus loin au bord de la piste à même le sol. Je continue. 150m plus loin, j’entends une voie dans mon dos qui crie « tu t’es trompé ! ». Je les vois à la hauteur de cette balise en boule prendre un sentier qui grimpe. Plus qu’à faire demi-tour. En effet en levant les yeux je vois une balise dans un arbre au début de ce sentier que je n’avais même pas remarqué. D’autres lumières arrivent derrière. Celles de devant m’ayant rappelé sur le bon chemin ont déjà disparues. 3ème fois déjà que je loupe un carrefour. Distrait ? Certainement un peu. Mais je pense qu’une rubalise au sol en travers du chemin m’aurait aidé (et peut être d’autres) à ne pas louper ces carrefours. L’ascension jusqu’au col de Riou se fera dans la solitude car impossible de suivre ceux qui me rattrapent. Par contre je continue à y trouver du plaisir malgré tout, serait-ce peut-être par le côté un peu « irréel » de toutes ces petites lumières qui éclairent la montagne. En effet, loin devant sur ma tête, loin derrière en dessous, on voit une, 2 lumières par-ci par-là égayer tout le flanc de la montagne. Peu me rattraperont finalement dans cette partie montante. Au col, j’y crois toujours. Mais à peine attaquée la descente, je sens que cela va être dur. Heureusement que j’ai des bâtons, ce sont eux qui me soutiennent, car mes cuisses ne réagissent plus lors de petits dérapages pour rétablir l’équilibre. Les marches deviennent de plus en plus acrobatiques. De plus mon coude gauche connaît un début de tendinite, je ne peux plus forcer sur mon bâton. Décidément ! La descente va être longue et fastidieuse. Beaucoup de ceux qui me doublent m’encouragent, je leur réponds que ça ira en prenant mon temps. Mon genou droit à présent ne peut quasiment plus se plier sans douleur. Encore mon nerf qui refait surface ! Vais-je pouvoir résoudre ce problème un jour ? Un nouveau contrôle ravitaillement nous attend dans ce début de descente à Aulians. J’y serai pointé 87ème ! J’ai gagné 5 places, alors que je n’ai doublé personne, mais bien le contraire. Perdus dans la nature ? A dormir quelque part dans un fossé ou un abri ? Ou abandons ? Savoir ma position sur le moment m’aurait certainement encouragé, mais cela ne m’aurait pas fait aller plus vite ce qui est sûr. En bas, la 2ème base vie nous attend. Plus j’avance, et plus je me dis que je vais aller faire un tour au poste kiné-ostéopathe, sait-on jamais.  A nouveau glissades sur des sentiers humides, que je subis, incapable de me rattraper. Un de mes bâtons se tordra mais sans casser heureusement. Sans eux, impossible de continuer en descente. Des portions de route sur la fin me soulagent un peu, car je peux marcher régulièrement sans faux mouvement, et du coup garder une petite cadence, pendant que les autres courent encore un peu. L’arrivée à Esquières, la base vie, est longue à ne plus en finir. Pas bon signe ! Je retrouve Françoise. 3 escaliers à descendre à l’entrée de la salle de contrôle, je fais le tour par une légère descente conçue pour les handicapés. J’en suis devenu un temporairement ! Direction le kiné de suite. C’est une charmante kiné qui prend soin de moi. Je lui explique mes malheurs, et à son tour m’explique que ce n’est pas un nerf qui me coince le genou, mais tout simplement les quadriceps à leur base sur le genou qui sont enflammés. Et elle se met à me masser, partout où ça me fait mal. Je serre les dents par moments, mais je sens en effet que cela dissipe une partie de mes douleurs. Elle me rassure sur mon état, les muscles sont encore très souples et je peux continuer si je le sens. Après la jambe droite la plus douloureuse, elle s’occupe de la gauche. Beaucoup moins de douleurs, mais elle me confirme qu’elle commence à être dans le même état. Certainement dû au fait qu’elle travaillait plus que la droite sur la dernière descente par compensation. Je ne suis que le 4ème client ! Sûrement qu’un peu plus tard cela risquera de faire la queue à la porte. Après ces 20’ de relaxation (enfin presque entre 2 grimaces !), direction les jambes raides le ravitaillement.

 

 

Dans mon sac de rechange, je ne récupère finalement que mes compotes de pomme que j’avale sur place, et ma poudre maison pour la boisson. Je n’ai pas encore bu entièrement ma poche à eau depuis le départ, il m’en reste encore ½ l soit le 1/3. Mais à chaque contrôle, c’était au minimum 2 à 3 verres et une soupe bien souvent. Suffisant en ce qui me concerne, car il a fallu que je m’arrête jusqu’à présent 4 à 5 fois pour me soulager la vessie quand même. Aurai-je dû encore plus boire pour mon problème de cuisse ? Pas certain dans le sens où je n’ai jamais eu la sensation de soif, ni de signes précurseurs de déshydratation (lèvres, tendons,…). Je mange un peu, les mêmes choses que d’habitude, plus des pâtes, mais cette fois j’ai moins le cœur à manger. Pas que cela m’écœure, mais côté moral, je sens que la suite n’est pas gagnée. Prochain contrôle près de Bagnères à Tournaboup, je ne me pose pas trop de questions, je repars. Arrivé 104ème à la base-vie, j’en repars 94ème ! Malgré ma séance massage. Ce qui veut dire qu’il y a eu des abandons en nombre encore ou peut-être certains qui sont partis dormir un peu. De ce côté là, aucune signe de fatigue, pas de bâillements, pas de clignotements de paupière, je me sens encore frais comme un gardon, prêt à tenir des heures. A la sortie, pour éviter la grande route une nouvelle fois, nous passons par les hauteurs. A nouveau ne trouvant plus de balises sur 300m je fais demi-tour jusqu’à la dernière, rien d’autre. Je repars et continue encore plus loin où je finis par en retrouver une. Ca me rassure, mais m’énerve un peu vu mon état. Nous rejoignons la grande route un peu plus loin que nous longeons quelques instants. Je me fais doubler à nouveau par plusieurs concurrents. Nous attaquons une nouvelle grimpette assez raide. Au pied, je replace ma frontale car le jour se lève, nous y voyons assez clair à présent. Et je quitte ma veste, il ne fait pas froid. Joli sentier qui nous fait reprendre un peu de hauteur. Un coureur est assis au bord du chemin, la tête entre les mains. Un gros coup de bambou ! Il n’a besoin de rien, il a tout ce qu’il faut. Il se reprendra en effet car il me rattrapera quelques km plus loin. Je calcule dans ma tête combien de km il reste. Une bonne trentaine ! Ca doit pouvoir faire, je me pense.

 

 

Après cette bosse, le chemin devient plus vallonné et très roulant. Alors que tous les autres coureurs courent, j’éprouve de plus en plus de mal à marcher de mon côté. Mais je sens la fin relativement proche. Au sommet d’une petite bosse, je rattrape un promeneur qui est venu sortir son chien. Il est au courant de la course, et me branche. Nous discutons un peu, et au fil de la conversation m’apprend qu’il reste encore 34 km ! Gros TILT dans ma tête. 10 de plus que prévu ! Je refais mes calculs d’après les souvenirs du road-book, et en effet il a raison. Un autre coureur me rattrape et me fait part de son intention d’arrêter à Tournaboup. Je l’encourage et lui demande de continuer avec moi pour s’encourager mutuellement. Mais son problème n’est pas là, il souffre de crevasses aux pieds à cause de l’humidité. Et pour finir, un autre coureur qui me rattrape m’informe aussi que la descente du col de Barèges est très dure. Re-TILT ! Passe encore la montée, j’arrive toujours à avancer. Mais je calcule en effet qu’il me reste 2000m de dénivelé à descendre. STOP ! Je sais que c’est trop vu mon état. Ca aurait été de la montée, j’y allais. Mais vu ma dernière descente, c’était courir un très grand risque d’accident, ne pouvant plus me contrôler en cas de glissade. Et celles-ci devenaient de plus en plus nombreuses vu mon état. Je n’avais pas encore réalisé cet état de choses avec la fatigue, me voilà remis les pieds sur terre. L’arrivée sur Tournaboup, au pied du col de Barèges, se fera un peu la mort dans l’âme, je me suis résigné à mon tour à stopper là l’aventure du GRP. Mieux vaut un abandon qu’une blessure (et l’abandon en prime forcément).

 

 

Le plaisir que je pouvais encore un peu éprouvé, celui d’aller toujours de l’avant, disparaissait aussi sec. Françoise m’attend un km avant le contrôle, je lui fais part de ma décision. L’arrivée à ce dernier se faisant par la route, j’y arrive en marchant quasiment normalement. Encouragements des bénévoles et spectateurs présents. Merci à eux, mais ma route s’arrête là. Je me fais contrôler et annonce mon abandon. Ce dernier récupère mon dossard du coup. Je me ravitaille un peu, pas une grande faim, mais cela m’aidera à récupérer. Je retrouve Françoise à la voiture sur le grand parking de la station. Nous en repartons direction le col du Tourmalet. Je le redécouvre, ou plutôt le découvre, car je ne l’ai jamais grimpé de mémoire de ce côté. Sauf en voiture avec mes parents quand j’avais 5 ans !

 

 

Photo souvenir du coureur qui trône au sommet, et nous voilà re basculant sur la Mongie. Un peu plus loin, je me décide à quitter mes chaussures, mais pas les chaussettes. J’ai peur de découvrir un peu de carnage côté gauche. En tout cas cela fait du bien déjà. Tout juste si je m’endors un peu sur le chemin du retour. Le sommeil n’est pas là encore. Le beau temps est revenu, tant mieux pour les autres coureurs, ils pourront profiter du paysage. L’arrivée au camping me réserve une mauvaise surprise : impossible de marcher ! Non pas à cause de mes cuisses, mais de mon pied gauche. Quand je le pose au sol, une douleur m’électrocute le pied. Qu’est-ce que c’est que ça ??? Je suis obligé de me tenir à Françoise pour faire le moindre pas. Au bout de quelques pas, j’arrive plus ou moins à me débrouiller seul, mais drôlement handicapant. Du coup c’est en voiture que Françoise m’emmène de la tente aux douches, à moins de 100m !  Un comble ! Et là, heureusement pour moi, un siège incorporé à la douche me permet de m’asseoir. J’enlève délicatement mes chaussettes et manchons de contention. Ce que je craignais pour le pied gauche s’avère exact : Plus de peau sur le côté intérieur sur une surface d’une pièce de 2 euros à l’aise. Le morceau de peau se promène dans la chaussette. Je réalise que mon mal de pied doit venir d’un serrage un peu excessif que j’ai fait à la première base vie lorsque j’ai changé de chaussettes quand j’ai vu l’état de mon pied. Ce mal de pied, je vais le traîner pendant 4 à 5 jours, il disparaîtra tout seul. Problème mineur, que je tâcherai de ne pas reproduire à l’avenir. Aucune gêne pendant la course, mais sitôt au repos ce ne fut pas la même chanson. La douche qui suivie fut un peu acrobatique, l’ampoule à vif ne me facilitant pas la tâche. Une fois terminée, j’ai vite mis un pansement spécial ampoule (effet d’une seconde peau), qui a eu pour effet de me soulager immédiatement car le moindre courant d’air dessus m’excitait les nerfs. Retour en voiture jusqu’à la tente.  Repas, petite sieste mais sans plus, lecture, la journée se terminait tranquillement.

Pas trop de regrets d’avoir abandonné, j’en avais quand même bien profité, même si la suprême récompense n’était pas au bout. Et vu mon état, je me dis que si j’avais continué, Dieu seul sait dans quel état je me serai mis ! Pourquoi mes quadriceps n’ont pas tenu cette fois ? Est-ce dû à trop de vélo avant, pas d’entraînement adéquat sur les 4 dernières semaines ? Un peu des 2 certainement. A voir avec mon prochain ultra pour le festival des templiers si elles tiendront à nouveau. En tout cas, je devrai me retrouver dans une situation beaucoup plus normale et proche de celle de la Montagn’hard si la récupération se passe bien d’ici la fin septembre. A moi d’en tirer ensuite une bonne analyse pour éviter que cela se répète l’an prochain avec l’UTMB !

 

Tout sur le GRP : http://www.grandraidpyrenees.com/

 

Merci à tous les bénévoles, qui n'ont pas eu la tâche facile avec le mauvais temps ! Bonne organisation qui nous a permis d'effectuer ce raid dans de bonnes conditions. Bravo à tous ! Je reviendrai pour le terminer !

 

Diaporama dans un prochain article



09/09/2011
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