La Ronda dels cims 06 2013 - Episode 5 et fin
La Ronda dels cims 06 2013 - Episode 5
Ouf !
A peine ayant quitté la route, les zones marécageuses sont à nouveau présentes. Et pas des moindres. J’essaye de les éviter à tout prix… alors que ceux qui arrivent derrière moi foncent quasiment tout droit ! Ferais-je la chochotte ? A vrai dire, j’ai les pieds au sec grâce à mes chaussettes imperméables et compte bien les garder, contrairement aux autres. Du coup je ne prends pas le risque de passer dans des zones où la profondeur pourrait passer par dessus les chaussettes. Nous rejoignons la route et une côte goudronnée assez raide nous élance à nouveau vers les sommets. Je pratique mes petits pas rapides pour que mes mollets aient le minimum à forcer. Ca fonctionne bien car un coureur m’ayant doublé à l’aise juste avant la côte ne va guère plus vite. Le moral avant Inclès était au plus bas, je me suis fait une raison. Je peux encore marcher sans problème majeur, les barrières horaires sont encore loin derrière moi, j’ai de quoi passer la nuit sans problème… alors en avant ! Je transforme dans mon esprit la course en une balade pédestre nocturne au clair de lune sans autre objectif que de se faire plaisir, et de suite le moral redevient normal. Je gère à présent pour rentrer dans le meilleur état possible, et trouver encore du plaisir à être ici. La nuit nous enveloppe assez vite et mes souvenirs de ce secteur avant le contrôle ravitaillement d’Armania se sont évanouis avec la lumière, faute de photos ! Mais bizarrement ils sont restés bien ancrés pour la suite du parcours. Plus question de courir depuis avant Inclès, je garde l’allure marche la plus performante possible tant que mes mollets m’en laissent encore le loisir. Avec un autre jeune japonais depuis Bordes d’Envalira, nous jouons au yoyo. Alors que nous attaquons la longue montée vers le dernier sommet, le coll d’Arennes, tout en longeant un torrent débordant d’activité lui aussi (moi beaucoup moins), nous nous retrouvons au même rythme. Je le talonne depuis un moment quand il s’arrête pour me laisser passer. Je continue à mon allure et quelques instants après je me retourne pour voir s’il suit. Pas de frontale à l’horizon ! Je surveille en plusieurs fois dans les minutes qui suivent, toujours rien. A mi-hauteur, je m’arrête pour me ravitailler. 2 lampes frontales arrivent et passent. Toujours pas lui. Et rien à l’horizon loin derrière. Aurait-il décidé d’abandonner si proche du but ? La plupart de ceux qui me doublent participent à la Mitic, mais régulièrement d’autres de la Ronda aussi. Le clair de lune nous permet de bien distinguer les crêtes et les formes des montagnes. Les balises fluo, voir quelques balises clignotantes aussi, nous permettent de bien définir notre trajectoire à l’avance. Sans parler des frontales des coureurs qui elles aussi nous situent le passage bien à l’avance. Le torrent devient de plus en plus mince au fil de notre ascension. Alors que finissons une première partie qui a remonté le torrent de tout son long, nous attaquons l’ascension finale en traversant et contournant les premiers névés. Changement de programme, de la rive gauche du torrent, nous passons à la droite pour gravir le dernier morceau de choix qui se dresse droit devant nous. Le franchissement du torrent est une autre histoire. Je flippe quand j’aperçois dans la nuit, 2 troncs ronds en travers pour nous permettre de le franchir. Sachant que le torrent qui coule dessous n’arrête pas d’envoyer des jets d’eau sur les troncs, et qu’en cas de chute, aucun espoir de s’en sortir car cela bouillonne à mort et que le torrent dévale de cascade en cascade de suite après. Au pied des troncs, je respire un peu m’apercevant qu’en réalité ce sont 2 planches bien plates et bien fixées qui nous permettent de traverser les 2 m de largeur. Impressionnant mais pas irréalisable. D’autant plus que je ne suis pas le premier à y passer ! Très prudemment j’avance par tout petits pas pour ne pas prendre le risque de glisser sur ces planches trempées. Une fois de l’autre côté, je desserre les « miches ». Le pourcentage de la pente est en inflation à présent. Les bâtons sont d’une bonne aide. Au sommet un grand névé. J’aperçois une frontale qui le traverse. Voilà donc le fameux passage en photo sur le site pour lequel ils ont creusé un chemin. Mais non ! C’était pour le Mitic seulement et donc pas ici. Car alors que je pensais m’y diriger dessus, changement de direction sur la gauche et j’arrive au col beaucoup plus rapidement que je ne pensais (pour une fois). Contrôle et mini-ravitaillement, j’en profite pour discuter avec les bénévoles. C’est donc un hélicoptère qui a amené le ravitaillement, ce qui m’avait surpris d’en trouver ici, croyant qu’ils l’avaient monté eux mêmes. Le moral est bon depuis que j’ai basculé en mode rando. A présent la grande descente finale ! Je commence à plier mes bâtons pour les ranger quand une bénévole me conseille de les garder pour la descente. Je réfléchis, en effet c’est vrai que je ne suis plus en mesure de courir dans les descentes, ils me serviront donc à me freiner. Mon cerveau s’est mis en vacances dirait-on.
J’attaque donc cette descente, plus de 1300m D- ! J’évite d’y penser pour ne pas me saper le moral. Dans cette 1ère partie, des passages raides me bloquent un peu. Mais par la suite, j’arrive à trottiner un peu. Les mollets crient un peu, mais y a pas de mal. Par contre au fil des km, ce sont mes pieds qui explosent littéralement, alors que ça allait relativement bien jusqu’à présent. Ils me brûlent de plus en plus. Je me demande dans quel état je vais les trouver à l’arrivée. La descente parmi les alpages se passe pas trop mal. Un autre coureur m’ayant doublé comme une fusée est arrêté un peu plus bas. Plus de piles, je lui sers d’éclairage pour effectuer le changement de ses batteries. La forêt refait son apparition. Je sens la fin qui arrive, je respire. Je désenchante assez vite car plus les km défilent et moins je vois arriver le fond de vallée. Mes pieds sont de plus en plus douloureux, je commence à avoir du mal à marcher, ne parlons plus de courir. Les mollets idem. La cheville gauche et le genou droit sont insignifiants à côté. Les autres courent et je fais du sur place. Le moral commence à en prendre un sérieux coup. Sentant la fin proche (du parcours, pas la mienne !), je me résigne à attendre que ça se passe. Cette descente, non seulement interminable, est en plus très raide sur beaucoup de passage. Et dire que c’est un terrain sur lequel je me régale d’habitude ! Vexant au plus haut point de ne pouvoir en profiter. Les derniers kms me mettront les nerfs à rude épreuve, ça m’énerve au plus haut point de me voir dans cet état. La ligne d’arrivée se profile enfin en même temps que les premières lueurs à l’horizon. Françoise m’accompagne sur le dernier km, ça me fait du bien car je n’en vois pas la fin. Ouf ! La ligne est franchie. Pas fâché d’en finir. Content de moi tout de même d’avoir retrouver la force morale pour finir quand ça a basculé physiquement. Mais déçu de finir dans cet état quand je me rappelle la forme que j’avais encore à l’arrivée de la Diagonale. Pourquoi cette différence ?
L’analyse au repos dans les jours qui ont suivi me permet d’en tirer la conclusion suivante. Aucune certitude mais je pense avoir cerné mon principal problème : l’utilisation des bâtons. En effet je ne les utilise plus depuis longtemps ou très peu. Ayant déjà remarqué par le passé que lorsque je les utilisais, ma foulée n’était plus vraiment la même, je pense que la douleur au bas des mollets vient de leur utilisation sur des heures et des heures d’affilée. Mes premiers ressentis d’une gêne se sont fait sentir au bout de 2 à 3 h d’utilisation de ceux-ci. Et n’ont fait qu’empirer par la suite. Et ce qui me conforte dans cette analyse, dimanche dernier lors de notre marche avec un gros sac à dos, j’ai imité le mouvement des bâtons dans la main pendant quelques instants. Et ce fut presque instantané, j’ai ressenti au bas des mollets cette même douleur, en léger. Moi qui avais pris les bâtons pour anticiper la fatigue, cela n’a fait que me mettre « des bâtons dans la roue » pourrais-je dire. Une leçon de plus ! Quand à mes pieds, ils ont mis 4 jours à dégonfler et perdre leur sensibilité au moindre contact. 2ème erreur : j’ai gardé trop longtemps mes chaussettes imperméables. Celles-ci étant plus épaisses que des classiques de trail, quand mes pieds ont commencé à gonfler sur la fin du parcours, ils se sont retrouvés trop compressés. J’avais déjà eu mal aux pieds, mais jamais à ce point là. 2 petites erreurs qui m’auront valu une relative galère. Satisfaction quand même car au niveau musculaire, hormis les mollets, rien à signaler. Pas d'ampoules, ni blessure. Et une 2ème fois, 2 nuits consécutives sans dormir, pas de problème. Mais la 2ème nuit, faut surtout pas que je reste inactif quelques instants, sans quoi la fatigue prend très vite le dessus. Après avoir pris la douche au camping, une fois dans mon duvet, malgré une grosse douleur dans les jambes qui remontait due à la fatigue (acide lactique), cette dernière a été plus forte et je me suis endormi presque illico. Alors qu’après le 100km de Crest, il m’avait fallu 2 à 3h avant de pouvoir m’endormir le temps que l’acide s’atténue. Mais là, je n’avais pas passé 2 nuits dehors !
Vers 10h coup de fil d’Alain, il est arrivé à son tour. Sans problèmes particuliers hormis les pieds lui aussi, si ce n’est une grosse fatigue généralisée comme tout le monde dû au manque de sommeil et 2 jours d’efforts continus. Le temps de prendre sa douche et de se faire masser, nous le retrouvons vers midi à Ordino. Nous commençons par aller manger dans un resto, où nous retrouvons pas mal de coureurs, facile à cerner par leur démarche ! Puis ce fut un peu la galère pour récupérer nos sacs et le lot finisher (1 sac de voyage de bonne qualité pour une 1ère participation) car les permanences étaient fermées jusqu’à 16h ! Après pas mal d’allers et retours dans le village, nous finissons par récupérer le tout pendant la remise des prix. Ayant pas mal de route, nous ne pouvons assister à cette dernière, étant déjà à la bourre.
Le retour se fera tranquillement grâce à notre chauffeur, Françoise, sans quoi nous aurions eu beaucoup de peine à nous véhiculer sans prendre de gros risques.
BRAVO aux organisateurs qui ont su anticiper bien à l’avance tous les problèmes de parcours en sachant dévier quand il le fallait tout en gardant un très bon balisage et une organisation excellente. BRAVO à tous les bénévoles pour leurs encouragements constants et leur efficacité et gentillesse aux ravitaillements. Un superbe cadre de course, dommage pour nous que la neige est perturbé le parcours initial… mais ça aurait pu être pire au vu du nombre de courses qui ont dû être annulées cette année à cause d’un terrain trop enneigé.
Photos prises par Alain :
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