Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

La Ronda dels cims 06 2013 - Episode 4

La Ronda dels cims 06 2013 - Episode 4

 

« Pourtant que la montagne est belle… »

 

Le fait d’avoir rejoint le parcours de la Mitic veut dire que nous allons nous faire doubler souvent. Je vais donc devoir me garer assez souvent pour laisser passer, détestant gêner ceux qui vont plus vite. D’un autre côté cela veut dire aussi un peu plus de distraction. Au fil des km qui suivent, je ne serais pas tant dérangé que ça. Ils arrivent assez espacé. Tête de course, fin de course ? Je pencherai plutôt pour la tête à l’allure de course, mais sans certitude. Nous jouons à présent avec le soleil, tantôt à l’ombre, tantôt illuminé et réchauffé du coup. Nous restons à +2000m toute la journée, ce qui me ravit car la beauté des paysages nous accompagnent. Névés, petits lacs, arêtes rocheuses, c’est un festival d’images qui défilent en permanence sous nos yeux. Tout le charme des ultras de montagne en été. Dans les parties à l’ombre, l’herbe restera gelée encore tardivement. Juste avant le ravitaillement de Claror, j’ai la surprise de retrouver le japonais de cette nuit. Je le pensais plus loin devant, vu ma baisse de régime. La fatigue joue aussi pour les autres, il ne faut pas l’oublier. Après coup j’apprendrai qu’il sera arrivé en 42h… 5h dans la vue pour un petit problème de mollets ! Comme quoi au moindre grain de sable, on perd très vite du temps.

 

 

Dans la descente qui suit ce ravitaillement, je me régale de plaisir avec les yeux, à défaut de me régaler avec la vitesse. Au point le plus bas, nappe de brouillard, et un torrent large à traverser. 3 troncs bien ronds et hyper glissants sur lesquels il faut passer. Le coureur précédent est passé debout à l’allure d’un escargot s’aidant de ses bâtons pour l’équilibre. Je ne prends pas de risque, c’est à 4 pattes que je passe. Pas élégant, mais efficace. De nouveau une belle montée, longeant encore un torrent déversant la fonte des neiges. Bruit sourd de l’eau dévalant de rochers en rochers, jeux de lumière à travers les arbres, couleurs éclatantes sous les rayons de soleil, des parterres recouverts de fleurs, je ne me rends plus compte que j’avance comme un automate, mon esprit étant accaparé par ce spectacle permanent et ivresque en ce qui me concerne.

 

Nouveau contrôle et ravitaillement à Illa, l’appétit commence à diminuer un tantinet, preuve qu’une fatigue s’installe. Melon, pastèque, salade, je ne change pas mon habitude. Pas moyen de s’asseoir, il y a un banc pour 4, mais 3 coureurs se faisant masser monopolisent toute la place. Un bénévole du coup comprenant mon problème me propose de venir m’asseoir de l’autre côté de la table de ravitaillement. Ce que j’apprécie. Quelques instants assis suffisent à vous redonner un peu de tonus, c’est incroyable.

La côte n’est pas finie, cette fois c’est un petit lac encore partiellement gelé que nous longeons. La haute montagne est un émerveillement constant. Mes pensées sont déjà à cet été qui devrait être un festival de paysages merveilleux pendant 3 semaines… Ce sera une autre aventure (modeste toutefois !). La descente qui suit jusqu’au fond de vallée est agréable mais mes mollets les apprécient de moins en moins. Les cuisses vont très bien heureusement, aucun ressenti particulier. La cheville gauche depuis un bon moment me donne des soucis, et à présent c’est le genou droit qui fait des siennes. Nouvelle grimpette, le coll Isards. Pas trop raide dans ses débuts, beaucoup plus sur la fin. Un Mitic me rattrape et vocifère contre le parcours : « Jamais vu ça ! Je n’arrive même pas à tenir un 5 km/h de moyenne ! C’est plus de la course… ». En plus il a laissé sa casquette dans son sac à la prochaine base de vie, et le soleil cogne fort ! A chacun ses petites erreurs… et ses petits malheurs. La fin de la côte va s’avérer dure en ce qui me concerne, le jus commence à manquer sérieusement dans les mollets. Doucement j’avance à mon rythme, sans avoir besoin de faire de pauses, ce qui est déjà bien. Enfin un col avec les contrôleurs, installés bien au frais dans la neige. En repartant je désenchante vite, la côte n’est pas finie ! Toujours plus haut, toujours plus beau, n’est-ce pas ? Cette fois le lac du coin est complètement gelé. Dernière rampe à priori pour rejoindre le col, un névé à traverser, et voici enfin la bascule… temporaire ! Descente technique mais courte, névé à nouveau où les pieds partent dans tous les sens dans une neige qui commence à ramollir, et re petite bosse avec contrôle des dossards. Et c’est la descente. Grands névés à franchir, ce sera finalement en galopant que je les traverserai tous, car plus on va vite, et mieux on tient debout ! Mais vite épuisant. Nous dominons une station de ski, descendant le long des remontes pentes. Je languis d’arrivée, la descente n’en finit plus. 1 km  avant, le Mitic se sépare de notre circuit pour attaquer une nouvelle ascension. Dans la station, le fléchage nous amène dans une salle en contrebas d’un grand bâtiment. Pointage, ravitaillement, pas mal de monde. Je m’isole dans un coin tranquille, près de la sortie. Pas vraiment faim, et pourtant il faut que je mange. Petit coup de téléphone à Françoise ne la voyant pas, elle me demande où je suis. Bonne question, je n’en sais rien !  Je trouve un bénévole parlant français qui me dit que nous sommes au Pas de la Case. Tilt dans mon esprit, c’est la seconde base de vie. Complètement déconnecté le coco ! Ce même bénévole va me chercher mon sac du coup, un grand merci. Tout en mangeant un peu, je récupère juste un jeu de pile, 3 compotes, et c’est tout. Je ne me change pas, je préfère garder mes chaussettes imperméables pour la fin à priori plus humide. Ce qui ne le sera pas finalement. Françoise étant loin car j’ai encore 2 heures d’avance sur mon planning malgré ma baisse de régime, je repars.

 

A peine reparti, je m’aperçois que je n’ai pas pris de photo ! Apercevant le chemin qui remonte, je me dis que j’en prendrai une d’en face. Le point de vue n’étant toujours pas bon, je continue à grimper tout occupé à ma prise de vue. Quand je réalise soudain que je ne vois plus de balises. Demi-tour, je redescends sur 500m avant de les retrouver. Celles-ci prennent la descente le long du torrent. 300m plus loin, je me plante à nouveau, bifurquant sans réfléchir sur ce qui monte !  Car nous avons encore une côte de 700m D+ à avaler. Cette fois je réagis plus vite et récupère vite le balisage. J’ai à nouveau le japonais 100m devant moi au bas de la côte. Nous attaquons un joli fond de vallée grimpant vers des cimes enneigées qui me semblent tellement loin et hautes ! Le chemin n’est pas toujours des mieux tracés, et certains passages sont délicats pour les chevilles. Un peu boueux aussi parfois, mais pas trop de mal. Côté fleurs, c’est fantastique : des parterres à perte de vue d’orchidée, gentiane, crocus, perce-neige et autres, chacune à leur étage. Je peine de plus en plus en côte, mais le japonais aussi. Un arrêt « grosse vidange » marquera par contre notre séparation. Je ne le reverrai plus. La fin de l’ascension sera un peu laborieuse. 2 bénévoles nous pointent sur ce que je croyais à nouveau le sommet. Mais non, encore une petite bosse sur la gauche. Et une fois là, encore une autre sur la gauche. Je finis par déboucher enfin vers ce qui doit être notre descente. Un coureur est assis au bord du chemin, les doigts de pied en éventail. Un anglais, Matthew, que j’ai déjà croisé plusieurs fois. Je m’assois à côté de lui, le temps de grignoter un peu et surtout d’admirer la vue. Avec mon anglais très basique, pas facile de trouver les mots, la fatigue n’arrangeant pas la chose. On se comprend sans parler, les yeux et l’attitude suffisent dans ces cas là, vu que l’on partage les mêmes joies et galères. Nous repartons ensemble, et au lieu de suivre le chemin existant, c’est un tout droit dans la pente qui est balisé. J’apprécie de moins en moins, mais néanmoins j’arrive à courir encore et rester à son contact. Nous doublons un jeune coureur qui boîte et avance péniblement doucement, un problème au genou. Certainement que la course s’arrêtera en bas au contrôle pour lui malheureusement. La descente n’en finit pas pour rejoindre Bordes d’Envalira, mais je retrouve du punch au fil des km pour la finir agréablement. Je retrouve Françoise juste avant le ravitaillement, et nous en profitons pour prendre une photo souvenir avec Matthew. Ce contrôle sert de base de vie à la Mitic. Nous prenons notre temps pour nous ravitailler et refaire le plein de la poche à eau. Et repartons ensemble.

 

Nous longeons à la descente le fond de vallée jusqu’au village suivant. Je suis obligé de forcer un peu mon rythme pour rester au contact de Matthew, qui de son côté ralentit de temps en temps pour que je garde le contact. J’apprécie beaucoup. Dans le village nous attaquons à nouveau une petite bosse (par rapport aux précédentes). L’effort précédent m’est fatal, je coince assez vite. Je lui fais comprendre que je ne peux plus le suivre et qu’il doit continuer à son rythme. Même si nous n’avons pas pu beaucoup partagé par les mots, son comportement est remarquable et je lui en suis fortement reconnaissant. Merci beaucoup Matthews, et j’espère à une prochaine. D’ici là je vais tâcher d’améliorer mon anglais ! La poursuite du parcours jusqu’à Inclés laisse présager une fin de course difficile. Même en descente je ne peux plus courir. La zone redevient assez humide. Le chemin transformé en ruisseau est entrecoupé d’autres ruisseaux qui débordent. Le moral est au plus bas, j’ai peur que la difficulté à avancer s’aggrave et transforme la fin en calvaire. Il reste encore plus de 35 km ! Arrivé au ravitaillement, avec toujours des bénévoles aux petits soins pour les coureurs, je me ravitaille comme d’hab, mais l’appétit n’y est pas. Petit coup de téléphone à Françoise pour savoir où elle est, elle m’attend à la sortie du village le long de la route. La nuit ne va pas tarder, je commence à m’équiper. Manches longues, je remplace la casquette par un buff, et je repars tranquillement. Sans tarder j’aperçois Françoise qui vient à ma rencontre. Petit bout de chemin ensemble jusqu’à ce que je replonge dans les champs et les zones humides… et me voilà à nouveau seul avec moi-même ! Il va falloir trouver des forces morales pour aller jusqu’au bout. D’autant plus quand je vois les autres me doubler en courant.

 

 

A suivre…



10/07/2013
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