Ma "petite balade" de fin d'année : 2ème partie et fin !
suite...
Me voici donc à mi-parcours au village de La Paillette, près de Montjoux, au sud de Dieulefit. Déjà 42 km au compteur et tout va bien hormis le fait que j'ai pris du retard, environ 3/4h sur mes prévisions.
Nouvelle grande difficulté de la journée, un sentier va me permettre à nouveau de franchir une nouvelle barrière montagneuse qui se dresse devant moi. Une première partie de l'ascension m'amènera au col de Marot.
Un chemin quasiment en ligne droite jusqu'au col de Marot
Pourtant simple d'orientation, je trouve le moyen de m'égarer. Une courbe du chemin me fait penser que je ne me dirige plus vers le col. Du coup je fais demi-tour. Mais assez rapidement je me dis que quelque chose ne gaze plus. Je regarde la carte à nouveau et finis par en déduire que si, je suis bien sur le bon chemin. Je reprends l'ascension et en effet après cette fameuse courbe, une autre me ramène dans le bon sens et vers le col que j'aperçois. Je m'étais mal situé dans cette longue ligne (presque) droite où les points de repère ne sont pas faciles. Je commence à ressentir les premiers effets de la fatigue, j'ai de plus en plus de mal à courir en montée. Pas de douleurs musculaires aux cuisses et mollets, plutôt une gêne à la jambe gauche. Au col de Marot, pas de possibilité de se tromper, je prends la direction de Teyssières. Le chemin se transforme parfois en ruisseau.
Du coup je zigzague en permanence pour éviter de me mouiller les pieds, je squatte même les talus, petit exercice d'équilibre… et de dérapages incontrôlés ! En récompense j'avais aperçu juste avant le Ventoux et son sommet enneigé, encore un peu loin, mais preuve que j'avais déjà bien avancé. Alors que profitant d'une petite remontée j'en profite pour appeler Françoise, je tombe sur un carrefour que j'ai du mal à identifier sur ma carte. Tout en discutant, je décide de prendre la descente et retrouve en effet le balisage. La pente devient raide, et je rattrape un peu plus loin le goudron pour 2 à 3 hectomètres. Le sentier reprend par une nouvelle ascension, assez plaisante. S'ensuivra bien sûr une nouvelle descente sur Teyssières, assez raide elle aussi sur un terrain caillouteux. Ma jambe gauche se fait ressentir de plus en plus, devant le tibia. Pour l'instant je peux encore courir. J'arrive à l'entrée de Teyssières par une chapelle, me rappelant une sortie VTT (très lointaine).
Déjà 50 km au compteur, mais 1h de retard sur mes prévisions. Le sentier qui m'amène à Miélandre, au pied du col de Valouse (route), est beau, mais très vite j'en ai plein les godasses… de boue ! Chaque chaussure doit peser plus d'un kilo, et pas moyen de racler ses chaussures, rien de dur, et puis trois pas plus loin re belote dans tous les cas. Heureusement que le paysage compense !
Distillerie de lavande au pied du col de Valouse à Miélandre
La dernière descente pour rejoindre la route se fait dans un pré jouxtant le chemin pour tenter d'essuyer mes semelles, le goudron finissant le gros du nettoyage. Mais 100m après, nouveau chemin (balisé), et d'un autre style. Il me faut d'abord franchir une barrière, le système d'attache un tas de fil de fer tout rouillé et emmêlé me rebutant, je cherche comment l'escalader sans rien dégradé. Je trouve 1 point d'appui solide, qui me permet de me hisser sur un poteau et de sauter de l'autre côté. Réception correcte, ouf ! A présent, je dois escalader le pré pour rejoindre un chemin qui passe plus haut. Je sens la fatigue dans les jambes. La pente est raide, le terrain tout en mottes. Pas d'erreur, me voici sur le chemin qui m'amène sur le col de Fonturière, suivi du col de Bessonne.
La même distillerie vue du dessus, et l'arrivée du chemin de Teyssières
Le chemin est de nouveau agréable, mais entravé à nouveau par une barrière en ficelle, celle-ci hyper légère. Je me demande bien à quoi elle peut servir car sa solidité n'arrêterait même pas une poule. J'aperçois le Ventoux de plus en plus souvent à présent, mais le temps se couvre malheureusement.
Le Ventoux en fond avec son manteau neigeux
Le soleil commence à disparaître derrière une couche nuageuse qui s'épaissit au fil des heures. A la sortie d'un virage, une vue plongeante sur un fond de vallée m'indique que Condorcet est en vue.
Un chemin large m'y conduit dans un premier temps, puis une fois arrivée au fond de la vallée, je retrouve le goudron jusqu'à Condorcet. Pas fâché d'y arriver, la descente m'a accentué ma douleur sur le tibia gauche. Je profite de la fontaine au km 60 pour refaire le plein de mes 2 gourdes, et me ravitailler un petit peu : une banane séchée ! Je repars en marchant et je vais pour appeler à nouveau Françoise qui doit être en route à présent vers le gîte, quand je m'aperçois que j'ai reçu un SMS : c'est Phil et l'équipe du jogging club portois qui sont en ce moment sur la course du facteur Cheval, qui m'encourage ! Mes petits soucis m'ont fait oublier en effet leur dernière course de l'année, mais eux ne m'ont pas oublié. Je leur réponds : « il en bave ! », mais cela me redonne un petit coup de fouet et d'énergie. Mais pas de pot en replaçant mon téléphone un peu plus loin après avoir téléphoné à Françoise, je m'aperçois que j'ai perdu ma carte du secteur, elle est tombée de ma poche. J'avais imprimé sur 9 feuilles A4 mon circuit sur des cartes au 1/25.000ème. Demi-tour car sinon je n'aie plus qu'à continuer par la route, je la retrouve assez vite heureusement. Soupir de soulagement. Surtout que je devais bifurquer justement à la sortie du village sur des petites routes et chemins pour rejoindre un peu plus loin la grande route de Nyons. Je continue à courir, mais de plus en plus souvent j'effectue des petits tronçons en marche pour soulager ma jambe gauche. Seules les montées me conviennent encore. 2,5 km de grande route à effectuer, car franchir l'Eygues à gué n'est pas envisageable vu son niveau ! Pas trop de trafic, une petite bande sur le côté me permet d'esquiver les voitures quand elles arrivent face à moi, finalement ce passage que je redoutais un peu se fera paisiblement. Les champs d'olivier symbolisent bien la région... et la fin de ma balade.
Le pont de Curnier signe le retour aux chemins tranquilles. De suite après ce dernier, je rejoins très vite un grand chemin qui va me permettre de grimper en direction de la forêt domaniale du coucou. Plus question de courir en montée sitôt que le pourcentage dépasse les 5%. C'est donc en marchant d'une bonne allure que j'effectue ce qui doit être ma dernière grande ascension de la journée.
Bien pratique finalement ce biberon à portée de bouche...
De magnifiques oliviers, peut-être centenaires !
J'arrive relativement en forme au col des évêques, où ce que je crois l'être. Car le carrefour ne correspond pas vraiment à ma carte. Je choisis le chemin de droite qui continue à grimper, celui allant tout droit ne m'inspirant pas car il reste trop près de l'Eygues, alors que je dois peu à peu reprendre la direction du sud. Je continue donc jusqu'à un grand virage où le chemin replonge vers l'Eygues au nord. Aucun autre chemin, je n'ai pas le choix. Je m'y engage, mais au bout de 400m, je m'aperçois que cela n'est pas du tout bon. Je pousse un grand cri pour me soulager ! Je regrimpe jusqu'au virage et reprends la lecture approfondie de ma carte. Pas le choix, je surplombe un col géographique, je dois rejoindre un chemin large que j'aperçois sur la montagne d'en face.
A gauche le Nord et l'Eygues, devant moi le col géographique en contrebas et en face un peu plus haut le chemin que je dois rejoindre dans la forêt de pins.
Plus qu'à faire du tout droit. Je m'approche du talus et le longe. Je découvre une petite sente qui va me permettre de descendre en petits escaliers jusqu'au col géographique en évitant le passage forcé au milieu des buissons et broussailles. Soupir de soulagement ! Je retrouve le sourire et mon élan. Je continue sur le versant opposé mon chemin, mais sans trop savoir où je vais car plusieurs petits chemins se croisent dans tous les sens régulièrement, certainement dû aux chasseurs. Je prends celui qui va dans ma direction systématiquement. Il est agréable et roulant, et je reprends de l'altitude peu à peu. Soudain un gros tas de cailloux devant moi et des ronces. Plus de chemin ! Je scrute les alentours, rien de sympathique. En levant les yeux, j'aperçois plus loin un terrain dégagé. Quelques mètres de buisson et ronces à franchir et me voilà au pied de ce terrain, un verger. Seul hic, une barrière de barbelés à franchir ! Impossible de passer par-dessus, aucun point d'appui stable. La clôture est bien tendue mais les pieds un peu instables. Je la longe un peu au milieu des ronces pour tenter de trouver une issue. Je finis par trouver un passage à lapin ou renard sous la clôture qui va jusqu'à ras le sol. En soulevant un peu celle-ci, je dois pouvoir passer. Je glisse mon sac à dos de l'autre côté, et me couche au sol. Je passe la tête mais ça coince au niveau des épaules. Changement de tactique, je passe d'abord une épaule, puis la tête et ensuite l'autre épaule. Tout passe ! Reste à trouver à présent une sortie. J'entame un tour du champ, et arrivé à l'opposé je finis par trouver un chemin large.
Enfin une porte de sortie...
Le chemin d'où je viens en traçant plus ou moins tout droit
Je l'emprunte et sors du champ sans autre formalité, la barrière étant grande ouverte. Ne reste plus qu'à retrouver mon chemin. Nouveau carrefour avec un autre grand chemin. Je ne sais pas pourquoi, mais il m'inspire. Je regarde ma carte, et décide de le prendre dans la direction du sud. Quelques hectomètres plus loin, je suis complètement rassuré. Je suis sur mon chemin prévu initialement. Je viens de me resituer grâce à quelques points de repère. Finalement, je m'en suis bien sorti. A présent, il n'y a plus qu'à dérouler jusqu'à la fin. Le chemin est large et relativement roulant, en descente, je coure tranquillement, toujours entrecoupé de mini périodes de marche. Un chien vient à ma rencontre, tout content de trouver quelqu'un. Il m'accompagne sur quelques hectomètres, j'en profite pour lui parler, n'ayant pas vu un chat depuis un bon moment.
et toujours de beaux paysages dont je me délecte
mon compagnon de quelques instants
J'arrive à une intersection ou un petit raccourci (balisé normalement) m'évite 1,5 km de route. Aucun panneau, aucune balise, pourtant je suis sûr de moi. Je m'y engage, et peu après j'entends un chien japper et je l'aperçois venir à ma rencontre. Je m'arrête le temps de juger son agressivité. Pas méchant à priori, il vient d'une maison en bois un peu plus loin. Ses jappements font sortir sa propriétaire. J'en profite pour lui demander si je suis bien sur le bon chemin en lui montrant ma carte. Elle me confirme qu'oui, mais le chemin est à présent interdit. Un propriétaire à tout clôturer. Il est déjà plus de 17h, les jambes se font lourdes, je prends le risque d'y passer tout de même, n'ayant pas envie de me rajouter encore 2 km la nuit arrivant. D'autant plus que je n'arrive plus à joindre Françoise sur son téléphone pour l'avertir que je suis en retard de plus d'1h sur mes prévisions. Je trouve tant bien que mal la sente, et rejoins la route un peu plus loin sans soucis. La fatigue aidant je prends la route dans le mauvais sens, mais je n'irai pas très loin sans m'en rendre compte. Demi-tour et je reprends la grimpée jusqu'à la Charbonnière. Un chemin doit m'amener à présent jusqu'à Poët Sigillat d'où je n'aurais plus qu'à me laisser glisser jusqu'à St-Sauveur Gouvernet en contrebas.
La nuit commence à s'installer, je n'arrive plus à lire ma carte. Je ressors ma lampe du fond du sac, l'ayant placé ce matin en espérant ne plus avoir en m'en servir. Ben non, c'est loupé ! Un chemin large qui grimpe continue, je l'emprunte. Mais à nouveau je me rends compte que je ne vais plus dans la bonne direction. Relecture de carte, je dois trouver un chemin plus étroit qui part sur ma gauche en redescendant. Armé de ma lampe, je le trouve sans problème. Et c'est reparti. Je suis rassuré, les courbes du chemin dessinées sur ma carte sont bien présentes, je suis rassuré. Je continue sans problème. Re belote avec des zones marécageuses dues à des petites sources, il me faut faire de l'équilibre sur des cailloux et talus. Le chemin se dessine relativement bien, jusqu'à un endroit où je me retrouve en cul de sac ! J'ai beau cherché dans tous les sens, aucun chemin ne continue. Je relis ma carte, et je m'aperçois en effet que j'ai loupé un carrefour. J'aurais dû redescendre vers la vallée alors que je me suis payé de la montée et je me situe 100m plus haut que prévu. Nouveau demi-tour, nouveau franchissement des zones boueuses. J'ai beau scruté avec ma lampe le chemin, je ne trouve pas d'autres chemins. J'essaye de rappeler Françoise, son téléphone ne passe pas. Par hasard j'appelle Mathilde notre fille qui est avec elle, et miracle elle répond. Du coup je lui demande de venir me récupérer sur la route d'Arpavon à la Charbonnière, je redescends à sa rencontre. Vu l'heure, 18h15, et le fait que j'aie de plus en plus de mal à courir à cause de mon tibia gauche, on va arrêter là. L'essentiel est fait, j'ai vu ce que ça donnait. Je reprends la descente direction Arpavon, en marchant. A mi-chemin je vois des phares de voiture trouer l'obscurité et me venir à ma rencontre.
Françoise à l'horizon dans le brouillard ? que non, c'est notre amie la Lune !
Je reconnais peu après le bruit du moteur. On se croise juste dans une tête d'épingle, ce qui fait caler Françoise en me voyant au milieu de la route. C'est bien tombé, il y a juste de quoi manœuvrer pour un demi-tour. Dommage d'échouer si près du but, mais comme il n'y avait pas d'enjeu si ce n'était de découvrir les sensations sur une distance de 80 km, je n'ai pas de regret particulier. J'aurais au bout du compte effectué 79 km et 3200m de dénivelé positif. Pas de fatigue excessive, un bon point ! Les jours qui suivent me verront en famille et avec des amis crapahuter un peu chaque jour sans souci particulier. Pas de problèmes pour monter ou descendre des escaliers. Le lundi, je ne pouvais toutefois pas vraiment forcer sur mes jambes, la fatigue remontait vite à la surface. Seule la douleur à mon tibia gauche m'inquiète un peu. Est-ce dû au fait que je n'avais plus couru quasiment depuis la SaintéLyon ? Est-ce une alerte de fatigue excessive ? Le fait de courir sur du goudron plus qu'à l'ordinaire ? Une périostite ? à voir…
Côté alimentation, aucun problème. Ayant relativement bien déjeuné le matin, sans faire toutefois d'excès cette fois, je n'ai pas mangé grand chose en chemin. Hormis le croque-monsieur et la part de far breton à Dieulefit, je n'ai mangé que 4 bananes séchées et une petite poignée de fruits secs mélangés en route. Non pas que je n'arrivais pas à manger, mais je n'ai pas ressenti la faim. Le soir au gîte, j'ai par contre apprécié le repas. Côté allure, le fait d'être seul a été un plus pour m'économiser, je ne me suis jamais emballé. Si bien que la fatigue à l'arrivée était une bonne fatigue, mais pas excessive. Par contre, il est vrai que je dois prévoir dans ces cas là un peu plus de marge dans mes horaires. Bilan très satisfaisant.
Ce qui me laisse entrevoir peut-être la solution pour mon programme de mars et avril ! Mais arriverais-je à courir sans m'emballer dans l'ambiance de course ? A essayer avec comme but de prendre mon temps pour faire des photos et arriver le plus frais possible pour remettre ça le week-end suivant.
Chemin à la sortie de Tarendol et surplombant St sauveur Gouvernet, par lequel j'aurais dû terminer ma "petite balade"...
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