Coco le cyclo...

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La Ronda dels cims 06 2013 - Episode 3

La Ronda dels cims 06 2013 - Episode 3

 

Une première nuit au clair de lune

 

Changement de programme à cause des orages prévus, nous ne passerons pas au Bony de la Pica. Du coup, nous effectuons en repartant de la station de ski, 2 à 3 kms sur le goudron, en descente ce qui me va bien au final. Même si je m’en serai bien passé. A l’attaque d’une nouvelle côte, un panneau qui nous indique ce qui nous attend ! Pas triste à priori. C’est sur la « Pyramide » qu’ils appellent ici que nous allons nous échiner. Nous atteignons un premier col où Alain me devance légèrement. Contrôle des dossards, nous repartons par un léger plat vallonné, puis un mur dans la forêt. N’ayant pas encore sorti mes bâtons du sac, j’en profite pour m’aider de mes mains parfois. Une fois sorti de cette forêt, nous respirons quelques instants avant de voir un pic suivi d’un autre noyé dans le brouillard sur lesquels nous nous dirigeons tout droit !

 

Le son d’une cornemuse que l’on imagine tout là-haut nous attire comme une sirène. Un gros rayon de soleil dans ce brouillard qui nous enveloppe peu à peu. Ils n’ont pas fait dans la dentelle, une ligne droite quasi parfaite pour atteindre ce sommet, cette fameuse « pyramide », à presque 2600m d’altitude. Fidèle à mon principe, je pratique mes petits pas et je monte en zigzag pour m’économiser. Alain et un autre compagnon du moment sont là, mais sur la fin ils commencent à coincer un peu. Et il y a de quoi vu le dénivelé pris en très peu de distance. Le joueur de cornemuse est bien là, bravo à lui pour cette forme d’encouragement qui redonne un petit coup de fouet au moral dans ce passage fort difficile. Les autres bénévoles présents là-haut nous encouragent de la voix pour finir cette ascension qui marquera plus d’un esprit. Et qui me rappelle étrangement l’ascension du Piolit ! A part qu’aujourd’hui c’est quasiment 2 Piolit qu’il a fallu escalader en enfilade.

 

 

Me refroidissant assez vite, je décide de repartir un peu avant Alain, sachant qu’en bon descendeur, il me rattrapera assez vite certainement. Arrivé au col Botella, je retrouve Françoise qui vient juste d’arriver. Un ravitaillement contrôle nous attend un poil plus loin, je m’y dirige. Encouragés par plusieurs spectateurs et bénévoles, je descends les marches d’escaliers 2 à 2 en courant sous les applaudissements ! « Quel con ! » je me pense de moi-même, « casse-toi la gueule, malin ! ». Concentré pire que la tomate dans son tube, je les déroule sans anicroches, ouf ! Au ravitaillement, Alain me rejoins rapidement. Toujours ma petite salade favorite, et c’est reparti pour une longue descente jusqu’à Margineda, 1ère base de vie. Nous courrons ensemble cette fois avec Alain, l’un attendant l’autre et vice-versa. Sur un grand chemin, Alain me montre le Bony de la Pica où nous aurions dû passer, en face de nous. Finalement nous échappons aux orages, seule une petite pluie nous accompagne. La descente que nous aurions dû faire est impressionnant vue d’ici. Un tout droit dans la pente, au milieu des éboulis et autres. Pas spécialement fâché d’y réchapper, et je ne suis pas le seul. Nous repartons, je m’arrête aussitôt pour soulager ma vessie. Pendant ce temps Alain continue tranquillement. Comme je repars 2 autres coureurs arrivent, et me hèlent très rapidement, j’ai loupé la bifurcation ! A ce moment là, je vois Alain un peu plus bas qui s’est arrêté ne voyant plus de balises. Je lui fais signe de revenir, et en effet la bifurcation était quelques mètres après où l’on s’était arrêté pour regarder le Bony de la Pica. Une fois de plus la distraction nous joue des tours. Les bons réflexes reviennent vite pour compenser. La suite de la descente, est tantôt roulante, tantôt technique, un peu boueuse, et c’est ensemble que nous arrivons dans la vallée. Nous passons sous un grand viaduc (voie rapide) débouchant d’un tunnel. Ouvrage impressionnant, mais ce qui suit est un pur plaisir dans ce fond de vallée bétonné à mort. Un chemin en encorbellement surplombe la rivière que nous longeons pendant un bon moment. Le chemin devient quasi plat, mais son cadre est assez pittoresque, j’y prends du plaisir. A nouveau un contrôle des dossards au bout de 4 km.

 

Et nous repartons sous les indications d’un bénévole sur un autre chemin en encorbellement lui aussi longeant cette fois un petit canal, surplombant la vallée et les constructions et routes. Pavé (de bonnes intentions ?), plat, sympa de par son côté isolement de l’intense activité d’en dessous, il n’en reste pas moins dur. J’essaye de tenir une petite foulée, pendant qu’Alain de son côté coure un peu plus rapidement, puis marche et ainsi de suite. Comme ça jusqu’à la Margineda, pas de souci, mais voilà que ce chemin butte subitement sur un amas de rochers. La fin du coup devient technique, cassant une fois de plus. Nous rejoignons assez vite heureusement la ville, passons dans des endroits « industrieux » pour éviter la route, et finissons au gymnase, 1ère base de vie de cette Ronda dels cims. Françoise nous attend juste avant la salle. Je refais le plein de boisson maison pour ma poche à eau, et je rejoins Alain dans la salle. Un bénévole se charge de nous donner nos sacs. Je commence par me ravitailler un maximum, sans exagérer pour ne pas avoir de problèmes de digestion pour la suite qui s’annonce pas triste encore : 1000m D+, suivi d’une bonne descente et on enchaîne encore avec 1800m D+ ! Je change de chaussettes, de chaussures, de tee-shirt, du polo manches longues, sort la frontale car la nuit ne va pas tarder. Ce qui me fait réaliser que j’ai 2 bonnes heures d’avance sur mon programme, ayant prévu le passage ici à 23h et qu’il est à peine 21h. Tout va bien, je décide donc de repartir après cette petite 1/2h d’arrêt. Alain décide de rester encore un peu, et dormira un peu au prochain contrôle à Coma Bella.

 

Je repars donc seul. Françoise me donne rendez-vous dans le prochain fond de vallée avant d’attaquer les 1800m D+. Dernière petite photo en attaquant la côte tant que la lumière est encore suffisante, puis l’appareil photo est placé jusqu’au prochain lever du jour. Décidé dès le départ à ne me servir de mes bâtons que quand je sentirai que cela commence à coincer, je change d’avis en les prenant dès à présent pour jouer l’économie. Sage décision ? Me voilà dans l’obscurité, seul, à scruter les balises pour ne pas me perdre, et à épier si du monde n’est pas loin devant. De temps en temps j’entends des voix plus haut, ce qui me motive à tenir la cadence. Peu à peu un halo de lumière se rapproche devant moi. Je rattrape un coureur qui à l’air de passer un coup de mou. Je le branche en arrivant à sa hauteur, et finalement nous ferons chemin ensemble jusqu’au col de la Gallina. Mathieu, français d’origine habite Andorre et plus précisément Llorts où nous campons. Connaissant bien cette ascension il me la décrit à l’avance. Ma frontale pendant ce temps est en train de lâcher. Ayant oublié mon chargeur sur la prise électrique à la maison, je n’ai pu recharger mes piles. J’ai une paire de rechange dans le sac, en espérant que j’arriverai avec à passer la nuit complète. Ce qui m’angoisse un peu vu une mauvaise expérience déjà par le passé. Du coup, Mathieu ayant une bonne lumière et m’expliquant sa technique pour ne pas être en panne, j’en profite tant que ça monte et je changerai mes piles qu’une fois que la nécessité s’en fera sentir pour garder un maximum d’autonomie. Le fait de l’avoir rejoint et de discuter lui a redonné du tonus, nous continuons ensemble à bonne allure. Victime d’une entorse 48h avant la course (ce que nous redoutons tous !), il se ménage dès que le relief descend. Au col, nous nous séparerons, non sans avoir changé mes piles sous l’éclairage de Mathieu. Je ne le reverrai pas. Vu sa blessure, il abandonnera un peu plus loin. Courageux d’être arrivé déjà jusque là ! J’espère pour lui que cela ne l’empêchera pas de vite récupérer de cette blessure. Sans cette descente de + de 1000m D-, je doublerai 3 participants, 1 japonais et 2 féminines dont celle qui nous avait doublé à tout prix dans la 1ère côte de la journée. Arrivé dans le fond de vallée, je perds mon chemin. Je finis par retrouver une balise au pied d’une descente d’escalier. Et un pointage du dossard juste après. A peine reparti, je retrouve Françoise près du MacDo qui me fournit par sécurité un jeu de piles supplémentaires. Me voilà rassuré pour la nuit. Le japonais me redouble pendant ce temps. Un dernier bisou à ma supportrice de tous les moments et c’est parti pour le gros morceau : 1800m D+ ! Un ravitaillement nous attend 3 à 4 km plus loin à Coma Bella.

La pente ne s’avèrera pas exceptionnelle cette fois. Longue par contre ! Je rattrape le japonais, et celui-ci prend du coup mon rythme, restant un peu derrière. Je l’entends ahaner régulièrement, je me dis qu’il risque de ne pas tenir longtemps. Je me trompe grossièrement, car au final il terminera loin devant moi. Nous doublons 2 autres concurrents dans la foulée, et nous continuons ainsi jusqu’au ravitaillement. Un passage un peu plus raide, il est toujours là. Arrivé au contrôle en extérieur, il me fait un signe amical pour me remercier d’avoir mener la cadence. Toujours ma petite salade, quelques fruits frais, et je pense in extremis à remplir ma poche à eau. Alain qui a prévu de dormir ici, j’espère pour lui (et les autres) qu’ils ont un abri dans la maison qui jouxte car sinon bonjour la fraîcheur. Il me confirmera après coup que non en effet, et qu’il s’est gelé sur un lit de camp sans pouvoir vraiment dormir. Il en repartira plus vite que prévu, moins d’1h après. La fraîcheur me gagnant aussi à l’arrêt, je décide de repartir. Le japonais n’est pas tout à fait prêt, si bien que je repars seul. La côte a repris un peu de % à présent, et c’est là que je bascule dans le dur. Enfin peu à peu, pas d’un coup. Au bout d’une 1/2h le japonais n’est plus loin derrière. Arrivé sur une grande piste, je loupe une bifurcation. Au bout de 300m j’ai beau cherché de partout, je ne vois plus de balises. Je lui fais comprendre que ce n’est pas bon car il m’a suivi. Demi-tour, pendant ce temps, les 2 autres coureurs doublés avant le ravitaillement nous repassent devant. Nous trouvons peu après un poste de contrôle du dossard. Avec l’altitude, l’air se rafraîchit et j’enfile ma veste. Je repars du coup le dernier et me retrouve seul. L’ascension jusqu’au Pic Negre est à présent un large chemin qui permet de voir loin devant, la forêt ayant disparu. Je distingue donc pas très loin les 3 autres coureurs. Un petit arrêt pipi supplémentaire me fait perdre le contact définitivement, et je ressens à présent une fatigue dans les mollets qui m’empêche d’avancer à mon rythme. N’ayant jamais connu cette fatigue sur le bas des mollets, je me dis que ce ne doit être que passager. Mais plus j’avance, et plus elle se fait sentir et me ralentit. Pas de douleurs, de la fatigue seulement. C’est demi-mal. Quasiment au sommet, des contrôleurs montés en 4*4 nous attendent et nous encouragent. Vu la chaleur ambiante, je ne traîne pas. La crête est enfin là, et le jour ne va pas tarder. Des premières lueurs commencent à pointer leur nez à l’horizon. La fatigue, l’énervement de ces mollets qui me tirent anormalement, par 2 fois je loupe encore des bifurcations. Toujours pareil, je m’en aperçois assez rapidement par le manque de balises. Le chemin est assez voyant avec les rubalises fluo dans la nuit, en faux plat descendant, mais plaques de neige, boue, rendent la progression un poil technique. Puis c’est une bonne descente qui nous amène à un col, carrefour de notre circuit avec le Mitic. 2 bénévoles nous pointent et nous encouragent, surveillant à la fois les arrivées des 2 côtés. Ce qui les réchauffent un peu car à mon avis ils se gèlent bien que bien habillés des pieds à la tête. Nous sommes encore presque à 2200m tout de même. Le jour entre temps s’est levé, le soleil ne va tarder à venir nous réchauffer, tant mieux.

 

à suivre...



04/07/2013
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