Coco le cyclo...

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La petite trotte à Léon 2016 (9) et fin !

 

La petite trotte à Léon 2016 (9) et fin !

 

En passant près du cagibi je reçois un SMS de Françoise nous indiquant qu’ils annoncent de l’orage. En effet ça risque de pas tarder qu’il nous tombe dessus. Le roadbook nous indique de suivre les cairns pour atteindre le sommet avant de s’engager dans une partie escarpée avec lignes de vie. Des cairns il y en a un peu partout ! Je regarde la trace sur mon GPS, je finis avec un gros zoom de mieux voir lesquels il faut suivre. Pendant ce temps là, une personne en tenue de ville avec un petit sac à dos, baskets aux pieds et un petit sac à la main arrive au col, fait le tour du cagibi de l’UTMB, puis vient nous voir et nous demande la clé pour rentrer dans le cagibi. Nous lui expliquons qu’il n’est pas à nous et que nous repartons. Il retourne vers le cagibi. Alors que nous partions en suivant la trace GPS, de grosses gouttes tombent. Cette fois c’est parti pour se mouiller. Le marcheur revient vers nous à ce moment là et nous indique de venir se mettre à l’abri dans le cagibi, il a ouvert la porte ! On se regarde avec Olivier, et nous n’hésitons pas longtemps pour le rejoindre. Vu les consignes du roabook, mieux vaut laisser passer l’orage qui éclate, par sécurité. Vu la taille du cagibi et tout le matériel entreposé dedans, nous avons juste la place de rentrer. A 3 là-dedans, ça devient un peu sardines en boîtes. Tant bien que mal, en déplaçant le matériel nous arrivons à nous asseoir, et discutons. Nous avons à faire à un clandestin d’un pays de l’Est qui cherche à rejoindre Paris pour y travailler. Il parle relativement bien le français. Il sort de quoi manger de son sac, et il insiste à plusieurs fois pour partager avec nous son repas, fait de tartines de St-Moret. Nous finissons par accepter d’en manger une de peur de le froisser, mais cela nous met mal à l’aise tout de même. Je lui propose mon mélange de fruits secs qu’il goûte et trouve très bon et nous demande où nous l’avons acheté. Je lui explique que c’est un mélange fait maison. Il se sert, mais juste un peu. La pluie tombant toujours dru, avec Olivier nous décidons de tenter de dormir un peu. Comprenant notre désir, il se met à tout chambouler dans le cagibi pour que nous puissions tous les 3 essayer de nous allonger un peu. Ce qui au bout de 10’ est réalisé avec les moyens du bord. Alors que nous essayons dans des positions pas très orthodoxes de dormir, le clandestin en profite pour soigner une ampoule au pied. Quand nous le voyons faire, nous prenons peur pour lui ! Avec son couteau, il taille carrément la chair pour enlever l’ampoule. Je lui propose dès que je comprends son problème des pansements pour ampoules, il n’en veut pas et continue en serrant les dents à se tailler le doigt de pied. J’ai mal pour lui. Je ferme les yeux et tente de dormir. Le réveil est programmé pour dans une heure. Ce qui sera pris ne sera plus à prendre. Nous avions prévu d’aller jusqu’au prochain refuge Robert Blanc pour dormir un peu initialement, du coup ce sera déjà fait. Le sommeil n’est pas d’une grande qualité tellement nous sommes tordus dans tous les sens, mais ça nous permet de récupérer tout de même un peu. Pendant notre somme, nous entendons un hélicoptère qui passe juste en dessus de nous. Le clandestin s’affole subitement, se rhabille rapidement. L’hélicoptère poursuit son chemin, il se calme et se recouche finalement au bout de 5’.  Au réveil la pluie s’est arrêtée. Il se prépare avec nous pour repartir, voulant profiter de notre présence je pense pour rejoindre la vallée. Nous essayons de remettre de l’ordre dans le cagibi. Bien habillé car il ne fait pas chaud dehors, nous sortons. Le clandestin fait quelques pas, des grimaces se dessinent sur son visage. Il n’arrive pas à marcher sans avoir mal. Vu comme il s’est taillé le doigt de pied, rien de surprenant. Il décide du coup de rester là encore jusqu’au lever du jour. Nous essayons de joindre le PC de course pour savoir si nous pouvons continuer par le sentier prévu ou si nous prenons le parcours de repli de prévu à partir de ce col. Impossible de les joindre, pas de réseau. Pourtant en arrivant, nous avons reçu le SMS de Françoise. Donc il doit bien y avoir un coin où le réseau passe. A force de chercher, je finis par trouver la connexion. Le champ d’ondes est très limité, 20 à 30 cm de large seulement. Le PC course nous indique impérativement de prendre l’option de secours en effet, l’équipe devant nous étant en train de se faire secourir par un hélicoptère car ils sont coincés par un torrent en cru suite à l’orage, un peu avant le refuge. Comme quoi nous avons bien fait de rester ici. A ce moment là, 2 frontales arrivent vers nous. Une autre équipe encore ! Nous pensions être les derniers, mais non. Ils avaient reçu de leur côté un SMS du PC course leur indiquant justement de prendre au col de la Seigne le parcours de secours. C’est donc à quatre que nous continuons notre périple dans la nuit. Cette variante est certes plus roulante mais plus longue aussi et avec un peu plus de dénivelé. Mais l’un dans l’autre, nous ne devons pas perdre grand-chose au change. Nous discutons bien avec l’un d'eux, un allemand parlant bien le français, après lui avoir expliqué la raison de notre « compagnon » d’orage. Nous lui  proposons de finir le parcours ensemble, ce qu’il apprécie. Mais au bout d’un moment, son collègue a dû mal à suivre notre allure. Du coup il nous demande de continuer sans eux, car ils vont certainement s’arrêter pour dormir un peu. Dommage, nous discutions bien. Nous sommes à présent sur le chemin du tout du Mont-Blanc. Pas de difficultés particulières, le chemin est bien praticable. Nous descendons jusqu’au chalet refuge des Mottets. En pleine nuit, des chiens se mettent à aboyer. Nous continuons mais je m’aperçois que nous perdons la trace GPS. En plus du parcours officiel, nous avons en effet pu charger sur nos GPS tous les itinéraires de repli en cas de mauvais temps ce qui nous évite de se perdre car le roadbook fourni est bien mais pas assez lisible dans le détail au niveau des cartes. ½ tour rapide et nous retrouvons le bon chemin de suite. Un large chemin nous emmène jusqu’à la ville des glaciers. Pas un chat, nous sommes en pleine nuit faut dire. Histoire de se réchauffer le col des Fours nous attend. Ce ne sera pas la fournaise et de loin en pleine nuit, nous en aurons plutôt plein les pieds. Le terrain est très marécageux, surtout après l’orage du début de nuit, et piétiné certainement par des troupeaux à voir son état. La gadoue est reine. Et nous ne sommes pas les rois, mais les bouseux les pieds dans la m… ! Ce chemin est une variante du tour du Mont Blanc que nous allons retrouvé au col de la croix du Bonhomme. En attendant son ascension est assez dure, de par l’état du terrain et de sa pente sur tout le dernier 1/3 . Notre balise GPS fournie par l’organisation pour nous suivre est hors service, plus de batteries. Comme celles de toutes les équipes encore en course d’ailleurs. Le PC nous appelle de temps en temps pour prendre notre position. Enfin le col, à + de 2600m. Un immense névé recouvre tout le passage, nous pouvons toutefois arrivé à passer sans problème sur le bord. Et c’est en descente, rocailleuse, que nous rejoignons le col de la croix du Bonhomme. Nous finissons par atteindre celui-ci au lever du jour. Nous n’avons plus qu’à présent à remonter plein nord pour rejoindre Chamonix. Et pour commencer une longue descente jusqu’au pont romain juste en dessus de Notre-Dame de la Gorge. 1/4h après avoir attaqué la descente, coup de fil du PC course qui vu notre position et l’heure nous demande de rejoindre directement Notre-Dame de la Gorge où un véhicule viendra nous chercher, car nous n’avons malheureusement plus le temps de rejoindre Chamonix avant 16h. Olivier est dépité. Moi, à peine si ça me fait quelque chose. Voilà 6 jours que nous gambadons à travers la montagne, j’en ai tellement profité que mon plaisir est au comble. Finir l’épreuve aurait été la cerise sur le gâteau, mais s’arrêter à quelques encablures ne me gâche pas pour autant mon plaisir. Pour moi ce n’était plus une course comme les autres, mais une grande balade très sportive en montagne comme je les adore. Et en regardant de plus près le kilométrage qui nous restait à faire dans l’heure impartie, je me rendais compte en effet que c’était mission impossible, à moins de retrouver des jambes toutes neuves et d’éliminer toute la fatigue. Du coup je leur dit au téléphone de ne pas se déranger, mon épouse va venir nous récupérer. Nous reprenons la descente sur un chemin large. Au hameau de la Balme et son refuge, nous croisons un peu du monde, des randonneurs qui partent vers les sommets. La 1ère fois (et j’espère la dernière !) qu’une barrière horaire m’arrête ! C’est le jeu, et par ailleurs je n’avais pas envie de finir ce soir à minuit pour terminer la boucle sachant que le lendemain je devais reprendre le travail après 4 semaines de vacances. Dans quel état j’aurais été ! 10h de sommeil en 6 jours, j’ai battu mon record ! Plus nous approchons de Notre-Dame de la Gorge et plus nous croisons du monde. Ca crapahute dur dans le coin. Au pont romain, adieu le circuit de la PTL, nous rejoignons le hameau. Le soleil a entre-temps suffisamment grimpé pour rejoindre certaines parties de ce fond de vallée. En attendant que Françoise arrive, nous nous posons sur le bord d’un trottoir au soleil et mangeons un peu. J’en profite pour faire le tour un peu plus loin d’une exposition de photos sur les gens et la montagne. Et voilà que notre taxi arrive, mais pas seul ! Mélanie et Benjamin qui étaient dans le secteur nous ont rejoints ce matin pour nous voir arriver… mais pas à Chamonix comme prévu. Nous nous éloignons un peu en voiture pour trouver un coin plus chaud et ensoleillé afin de tous déjeuner. Nous trouvons une place, des toilettes et des bancs, juste ce qu’il nous fallait. Et nous racontons notre aventure, car nous pouvons dire que cela en fut une. Nous avons eu la chance énorme d’avoir du beau temps tout le long, à part cet orage la nuit dernière, ce qui nous a permis d’en profiter au maximum à tout point de vue. En cas de mauvais temps, cela aurait été une autre paire de manches.
Nous rejoignons ensuite Chamonix pour rendre notre balise et prendre une bonne douche. A la sortie nous croisons l’équipe des 2 allemands qui arrivent, rapatriés eux aussi depuis Notre-Dame de la Gorge. Nous échangeons joyeusement quelques mots avant de repartir chacun vers notre quotidien.

Si à l’arrivée, comme après la plupart des grands ultras, l’envie d’y revenir n’y est pas à cause de la fatigue et pour une fois de la technicité du parcours, avec le recul, une fois de plus, y retourner si l’occasion se présente je n’hésiterai pas trop. Car au final, nous y vivons vraiment autre chose que dans une course traditionnelle. Mille mercis aux organisateurs et bénévoles qui arrivent à nous proposer une telle épreuve, certes très difficile, mais avec une âme qui lui fait tout son charme et sa beauté. Et avec le beau temps tout le long, c’est le nirvana !

 

 

 

Merci d'avoir eu la patience de suivre ce récit à épisodes qui a un peu traîner... et pour ceux qui en voudraient encore, une autre aventure d'un tout autre genre vous attend très prochainement !



15/10/2016
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