Challenge Charles et Alice les 11 et 12 mai 2013 - 1ère partie
Challenge Charles et Alice les 11 et 12 mai 2013
Les jours qui ont précédé le départ, un peu de doute est venu s’insinuer dans mon esprit. Etais-je vraiment prêt pour ce challenge ? Tout de même 150 bornes à se coltiner, c’est pas une paille. Mais après avoir réalisé la diagonale des fous, je me dis que la longueur ne doit pas être un problème. C’est plus musculairement que je craignais un peu cette course car je ne pouvais pas me retrouver mieux que pour le Verdon et la Diagonale l’an passé. Donc ce ne pouvait qu’être plus défavorable. Surtout avec une seule course dans les jambes cette année, même si elle faisait 60 km.
Vendredi soir, retrait de mon dossard. Pas de liste des engagés, un peu déçu de ne pas savoir s’il y avait des connaissances. Tant pis je verrai au départ demain matin. Je rentre à la maison avec mon traditionnel tee-shirt et mes compotes Charles et Alice, sans oublier un échantillon pour la course et pour la récup de produits Ergysport.
Tout est prêt, il ne me restera plus qu’au réveil à concocter mes smoothies. J’ai décidé de ne tourner qu’avec ça tout le long. Je suis content de moi, j’ai trouvé je pense la bonne organisation de mon sac à dos. A voir sur le terrain si cela s’avèrera aussi efficace que je le pense.
Samedi matin 1h30 : debout pour le départ à Crest à 3h30. Petit déjeuner à base de fruits uniquement, et préparation de mes smoothies pour toute la journée que Françoise me ravitaillera à différents contrôles. Un aux bananes pate de dattes, un à l’ananas orange persil, et un 3ème à la mangue pomme persil. En bidon d’1 litre chaque parfum, je prends avec moi pour le départ 3 recharges de 250 ml chacune. Françoise m’emmène au départ. 1ère opération : faire contrôler mon sac et passer au pointage. Tout est en ordre, il n’y a plus qu’à. Pas grand monde que je connaisse, un local tout de même, Denis du club d'Allex, que je croise de temps en temps à Crest et sur quelques courses mais sans jamais avoir eu l’occasion de courir ensemble, bien que du même niveau quasiment.
En petites foulées, nous suivons Jack l’organisateur jusqu’au pied de la tour, où cette année un vrai départ est donné. L’air est un peu frais, je supporte mon maillot manches longues sur mon tee-shirt sans problème. Certains en tee-shirt ou « marcel » me donnent presque des frissons. Frédéric Desplanches, le favori de l’épreuve et coureur très sympathique, doit battre les records de légèreté de son sac à dos. Le mien doit peser 5 fois le sien au moins ! Il n’a que le strict minimum avec lui. Il faut dire qu’il a une équipe qui l’attend à chaque ravitaillement aussi. J’ai de quoi progresser sur ce plan là je pense. Je suis un peu comme en vélo, il me faut tout avec moi pour me sentir en sécurité. Ce qui se paye en poids aussi !
Le départ est donné, un petit coucou à Françoise qui nous regarde partir, et nous voilà dans la nuit sur les crêtes qui dominent la tour de Crest. Je m’étais positionné dans les premiers rangs au départ, je ne le regrette pas. Départ normal, pas trop rapide, l’allure me convient bien. D’autant plus que sur cette partie accidentée, je ne suis pas freiné par des bouchons et j’arrive à courir doucement vu la technicité tout en me faisant plaisir. Pas d’effort particulier, je me trouve de suite dans mon rythme pour un 100 km. La partie qui suit pour atteindre Vaunaveys se passe bien, et j’ai l’impression d’être déjà au milieu des coureurs de mon niveau, nos allures étant quasiment identiques. La partie vallonnée qui suit jusqu’à Barcelonne se serait bien passée… sans cette boue ! Certains passages ne sont plus qu’un gros tas de boue inévitable. Et comme un bleu, pour éviter bien sûr de m’en mettre plein les chaussures, j’essaye les bordures. Mais quand celles-ci sont en dévers, mieux vaut faire « flic floc » qu’un grand « splash ». C’est donc tout crotteux, et avec en prime bien sûr les chaussures n’étant qu’un amas de boue quand même, que j’en ressors. Sur une partie de ce parcours, Denis me rattrape et nous en profitons pour discuter un peu. Au global, nous avons la même allure, mais jamais tout à fait au même rythme. Il va un tout petit peu plus vite que moi, mais perd plus de temps aux ravitaillements, si bien que nous nous retrouvons assez souvent. Ce qui permet de continuer la conversation ! Une erreur d’aiguillage juste au lever du jour nous fait faire un petit rabiot, le contraire m’aurait étonné si cela ne m’était pas arrivé. Et je n’étais pas le seul cette fois !
Au pied de la tour de Barcelonne, nous voici dans le vif du sujet. Pas pour me déplaire car cette première partie est assez roulante dans son ensemble, et ce n’est pas trop ma tasse de thé. La grimpée jusqu’au relais nous attend, par paliers successifs. Je grimperais tout seul, mais devant moi à 100m 2 coureurs qui garderont cette avance, et derrière moi plusieurs autres qui resteront aussi à distance égale. Pas le moindre yoyo dans cette grimpée ! Assez rare pour que je le remarque. Le vent refroidit, j’arrive toutefois à rester en tee-shirt depuis Barcelonne. La vue des crêtes sur la vallée est toujours aussi belle, le chemin passant à ras la falaise à plusieurs reprises est « prenant ». Un chemin où courir est mission impossible quasiment nous ramène vers la croix de Besot. Je cours à nouveau avec Denis, et nous nous découvrons des connaissances professionnelles communes. Un mayennais nous rejoint, après avoir loupé lui aussi une bifurcation. Dur dur pour lui de s’entraîner pour une course pareille, avec des dénivelés de 20 à 30m maxi chez lui ! Nous retrouvons enfin une partie plus roulante. Technique dans son début, je me sens relativement à l’aise, ce qui me rassure. Beaucoup plus roulant la dernière partie avant Cobonne, Denis me lâche un peu.
Arrivé au village, un contrôle ravitaillement nous attend, Françoise aussi. J’échange mes pots vides de smoothies contre des pleins, je mange un petit peu, refais le plein de ma poche à eau, 1/2 l de bu seulement depuis le départ, soit 41 km de course (ce n’est pas bien du tout je sais, mais je n’ai pas soif!) et c’est reparti. Je tiens l’allure depuis le départ, mais mes sensations ne sont pas au top. Pas de douleurs musculaires, mais pas de « punch » non plus, je me sens un peu mou dans la tête. Les jambes s’alourdissent au fil des km, je me mettrais facilement à marcher sur des parties faciles si je me laissais faire. La motivation de la course garde le dessus heureusement. Des petites douleurs au ventre, comme une barre horizontale, ne font qu’ajouter à mon sentiment de « mou ».
Au croisement des Berthalais, je retrouve notre ami Gérard venu en vélo nous encourager. On discute quelques instants, un petit plus pas négligeable pour le moral. Je le retrouve un peu plus loin, puis à Mirabel et Blacons au ravitaillement. Un participant a fait un léger malaise, les secours arrivent en même temps que moi. Denis est là, avec sa famille autour de lui aussi pour l’encourager et l’assister. Il va trop vite pour moi à présent, je n’arrive plus à le suivre. La crête de Peypit qui suit me voit m’enliser dans cette sensation de mollesse. Je me fais doubler à présent par tous ceux qui m’accompagnaient depuis le début : Denis, le mayennais, un couple, et 2 ou 3 autres inconnus. Un de ceux-là, lui aussi connaissant un passage moins bien à cause d’un point qui ne veut pas passer, se retrouve avec moi sur les crêtes avant de plonger sur les arrières de Saillans. Il me surprend en m’appelant par coco le cyclo, et engage la conversation. C’est un second Denis, de la région montilienne, qui me connaît par mon blog et pour m’avoir repéré dans différentes courses où nous étions tous les 2. Son nom fait tilt de suite dans mon esprit. De mon côté je l’avais repéré aussi, mais sans pouvoir mettre un visage dessus. Voilà qui est chose faite. Merci à toi de t’être fait connaître. Une bonne descente nous attend, je serai dans l’impossibilité de le suivre. Je sens que la course va être longue et dure. Les jambes ne vont pas trop mal, pourquoi ce manque d’entrain ? Parce que je connais ces chemins déjà ? Que j’ai déjà fait cette course et que je n’ai rien à découvrir ? Pas assez motivé dans ma tête du coup ? Tout un tas de questions que je commence à broger dans mon cerveau lorsque j’atteins le pied de la fameuse côte « dré dans le pentu » avant Saillans. Je m’attends au pire…
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