Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

l'UltraChampsaur, 04 juillet 2010 - 1ère partie

L'ultraChampsaur

 

A l'occasion d'une journée de ski à Ancelle durant l'hiver dernier, je tombais sur un dépliant pour la promotion d'un trail : 37 et 67 km ! Avec toutes ces montagnes aux alentours, cela ne pouvait qu'être sympathique. Je me le notais dans ma mémoire et je verrais le moment venu si notre emploi du temps le permet.

Jean-Luc entre temps était intéressé aussi dans le cadre de sa préparation pour la TDS fin août. De notre côté, nous étions libres, tout était OK pour participer à cet ultra trail.

Parcours que nous allons découvrir pour la première fois, n'ayant pas eu l'occasion encore d'y courir, ni d'y randonner. La motivation est là, reste à appréhender la difficulté du circuit pour bien doser son effort afin que cette journée soit une journée de plaisir. Le site informatique donnait déjà un bon aperçu, mais tant que nous n'aurons pas effectué le circuit, il est difficile d'évaluer les difficultés.

Françoise nous accompagne, l'envie de prendre l'air en montagne étant plus forte que le reste, surtout avec la chaleur écrasante chez nous en ce samedi. Elle randonnera sur les 20 derniers km du circuit pour nous voir passer.

17h40 nous voilà arrivés à Ancelle, petit village de montagne que nous connaissons relativement bien à présent. Nous retirons nos dossards, et allons de suite à une séance vidéo qui vient de commencer sur les montagnes des alentours. Film amateur mais de bonne qualité retraçant la traversée par les crêtes du Champsaur. Un sacré défi physique, où il faut avoir le pied montagnard avant tout.

Après cette mise rapide dans le bain, direction le camping pour s'installer.

 

 

Accueil charmant, prix spécial pour ceux qui participent au trail, emplacement agréable sur une belle herbe verte, tout pour plaire. Après quoi, petit tour en ville, où nous rencontrons un autre participant au 100 km de Crest avec qui j'avais couru sur la dernière descente avant Saillans. Nous faisons mieux connaissance avec Fabrice, d'autant plus qu'il est de St Fortunat sur Eyrieux, pas loin de chez nous.

Retour au camping où Fabrice héberge aussi. Quelques autres coureurs sont installés aussi, en tente, en camping car. Nous enchaînons avec le repas, désireux de ne pas nous coucher tard. Potage, œufs, charcuterie, pâtes, melon et fruits, de quoi faire un bon repas sans exagération. Mais pas de pot pour Jean-Luc, nous n'avons pas de sel ! Il a toujours avec lui dans sa voiture ce qu'il faut, mais vu qu'il est venu avec nous, ce sera le régime sans sel !

Debout à 04h, la navette doit nous prendre à 04h45 pour se rendre au point de départ à la station d'Orcières Merlette. Jean-Luc n'a pas réussi à dormir, aucun problème en ce qui me concerne. Le temps de déjeuner et de s'équiper, massage des pieds au « Nok », nous voilà partis au village au petit trop. A peine arrivés sur le lieu de départ où nous retrouvons Fabrice, je pose à Jean-Luc la question qui tue : Tu as pris ta puce électronique ? « M…., qu'est ce que j'en ai fait ? ». Retour au pas de course au camping (à 400m) pour la prendre, il est de retour avant que la navette soit arrivée. Ouf ! Et moi je me rends compte en même temps que j'ai oublié de laisser ma frontale au camping. Je vais donc me la promener toute la journée. Tant pis pour moi.

 

 

Nous nous retrouvons au fond du car avec Jean-Luc. J'espère qu'avec les virages, je n'aurais pas le mal de mer, ayant tendance à le craindre un peu. A côté de nous, toute une équipe joyeuse de trailers de Poitiers. Ils sont là pour préparer la réunion pour une dizaine d'entre eux. Nous arrivons ¼ h avant l'heure de départ (06h00), le parcours s'est bien passé finalement. Au débarquement, c'est la course aux toilettes qui commencent pour une grande partie. Vu le temps qui nous reste, c'est un peu l'angoisse pour des derniers de la queue ! Mais finalement nous aurons tout le temps d'y passer, l'heure de départ ayant été un peu reculé. La plupart sont en tee-shirt à cette heure-ci à 1850m. Cela m'inquiète un peu pour la suite, la chaleur risquant de devenir la principale difficulté du parcours.

 

 

Dernières consignes de l'organisateur, et le départ est donné. Je cherche Jean-Luc l'ayant perdu de vue le temps de faire 2, 3 photos. Je me laisse glisser à la fin du peloton, où il aime bien être. Pas de Jean-Luc ! Je remonte un peu le peloton doucement à sa recherche. Je finis par le trouver à l'attaque de la première côte qui n'a pas tardée à venir, après quelques hectomètres, le temps de sortir de la station. Je remonte les 2/3 du peloton environ quand nous attaquons réellement la première difficulté : l'ascension jusqu'au Drouvet, qui se fera par paliers. J'ai le souffle assez court, est-ce dû à l'altitude ? D'habitude, je ne ressens pas vraiment ce phénomène. Les jambes sont aussi un peu molles. J'espère que cela fera comme à Crest, où il avait fallu attendre 25 bornes avant de commencer à être bien et d'enrouler sans se poser de questions. Ces premiers 800m d'ascension se feront tranquillement, ne voulant surtout pas me mettre dans le rouge. J'arriverai toutefois à doubler quelques participants, mais sans grand écart. Après avoir quitté le paysage pas très beau à mes yeux qu'offre toute station de ski avec ses grands immeubles, nous voilà dans les pâturages et prés d'altitude.

 

 

Des ruisseaux de partout, des névés à traverser, un premier petit lac, puis un autre sur un palier plus haut qui est encore gelé le lac des Estaris, et un grand névé à traverser. Ca glisse un peu, on s'enfonce parfois à mi-mollet, et les pieds se rafraîchissent. Au sommet d'un nouveau palier, nous obliquons à 90° à gauche et nous nous retrouvons face au Drouvet et l'arrivée du téléphérique. Un chemin bien vallonné et pas très roulant nous y amène pour un premier ravitaillement. Le soleil est là, pas un brin de froid, sans toutefois ressentir encore  la chaleur. Nous sommes à 2650 m d'altitude. Un vrai plaisir.

 

 

La vue sur les montagnes au nord est magnifique, dommage que les filets de protection fasse écran. Petite pause pipi, c'est bon signe ! Depuis le départ, je m'efforce à penser de boire un petit peu régulièrement. Et ce sera mon objectif toute la journée : me déshydrater le minimum et manger un peu régulièrement. L'abondance des points de ravitaillement (tous les 10 km maxi) devrait nous éviter bien des problèmes. Pour ma part, je me suis chargé d'un ravitaillement conséquent pour éviter à la limite d'avoir à m'arrêter à certains ravitaillements. Ceci dans l'hypothèse de jouer un peu le chrono. Mais cette hypothèse est rapidement tombée à l'eau face aux sensations ressenties. Du coup je me rabats sur un objectif secondaire, faire un maximum de photos pour un petit diaporama, sans toutefois tombé dans le tourisme, car ce trail doit me servir aussi d'entraînement pour l'ultra 6000D (110 km) dans 3 semaines. La beauté des paysages est en plus fortement incitative à photographier à tout va. Je ne prends toutefois pas le temps de faire de la photo artistique, n'étant pas spécialement doué non plus pour ça, car cela demanderait trop de temps. Petit arrêt furtif, voir parfois sans s'arrêter de courir mais au risque de la gamelle. Un coup de coca, un petit bout de gruyère, et c'est reparti.

 

 

Beaucoup de mono-sente, sur lesquelles nous avons besoin de rester très vigilant pour ne pas se tordre les chevilles, voir éviter la chute dangereuse à certains endroits. Une fois donc au Drouvet, 15 km de descente nous attendent, entrecoupés de légères remontées dans la première partie. Je cherche à descendre à bon rythme mais sans effort particulier. Les sensations ne sont pas vraiment bonnes là aussi, mais je tiens le rythme de ceux qui me précèdent. Nous rejoignons assez rapidement la forêt, absente des sommets. Chemins toujours sympathiques, où la vigilance est toujours de mise. Au ¾ , je ressens une petite aiguille sous mon talon droit. Mince un gravillon ! Mais assez vite il disparaît. Je sens que je ne vais pas tarder de le retrouver sous mes doigts de pied. Au lieu de cela, je comprends vite que c'est tout autre chose. Mon talon devient de plus en plus « électrique » à chaque pose de pied ! L'ampoule est là ! Que faire ? Rien. J'ai bien des pansements, mais je me rappelle avoir déjà eu il n'y a pas très longtemps une ampoule à cet endroit, et vu sa taille (toute la superficie du talon), c'est un méga pansement qu'il me faut. J'ai, mais cela ne m'enlèvera pas la douleur à priori. Plus qu'une chose à faire : continuer et ne pas y penser.

 

 

Au bas de la descente, nouveau ravitaillement. Pas question de le squizzer, j'en profite pour boire un verre de coca à nouveau et grignoter un peu, le soleil commençant à être généreux, et la chaleur présente en ce fond de vallée. Nous longeons plus ou moins la rivière tout en restant à l'abri sous les arbres la plupart du temps. Traversée de la route, et nous voilà dans une nouvelle ascension. Pas très grande, mais agréable, en forêt très souvent, torrents à traverser qui donne un bon coup de fraîcheur à l'air ambiant, quelques petites zones de gadoue, et un joli sentier, toujours un peu technique. J'en profite pour redoubler ceux qui m'avaient dépassé sur la fin de la descente et sur le plat du fond de vallée. Je fais la connaissance d'Alain, un membre du groupe de Poitiers (ils sont trente à avoir fait le déplacement). Nous n'arrêterons pas de nous voir tout au long de la journée, le rattrapant dans les côtes (parfois difficilement), et lui me larguant à l'aise dans les descentes. Belle performance pour quelqu'un venant de la plaine ! Il me lâchera à nouveau sans problème dans la descente qui nous amène à Pont du Fossé, départ du Mini-Champsaur. Point de ravitaillement et contrôle électronique aussi, l'accueil y est charmant.

 

 

Les bénévoles sont au petit soin pour les participants. Ambiance musicale de surcroît, c'est un peu la fête. Remplissage de mon premier bidon vidé au ¾ ! Ce qui n'est pas si mal que ça en ce qui me concerne en 30 bornes. Certains ont déjà bu pas loin de 2 litres ! Ils ont raison, mais je doute de pouvoir y arriver un jour. A présent, le 2ème gros morceau de la journée : l'ascension du Cuchon ! Nous avons le privilège de le voir tout là-haut en penchant bien la tête en arrière, surplombant toute la vallée et paraissant loin, loin… Ca promet de perdre quelques litres d'eau pour y arriver ! Démarrage un peu raide, nous prenons vite de l'altitude. Je rattrape assez rapidement un premier participant, puis plus personne en vue. Les chemins parcourus sont assez plaisant, très souvent à l'ombre, sur la face nord de la montagne. Du coup la chaleur ressentie en plaine se dissipe assez vite. Si ce n'est que l'effort prodigué, même bien contrôlé, nous met vite en sueur. Je rattrape 2 autres participants, et en croise un 3ème qui malheureusement retourne à Pont du Fossé car des problèmes gastriques l'empêchent de continuer. 

 

 

Un peu plus haut dans un pré, une ruine avec un genre de tour qui se dresse au dessus ! Juste en dessus, une autre maison en ruine, et un randonneur ou bénévole ( ?) D'un certain âge (V3 ou V4), téléphone portable à l'oreille, me décrit en m'encourageant la suite proche à venir. Petite et courte rencontre sympathique. Pont du Fossé devient de plus en plus rabougri au fil des km d'ascension, mais le sommet, invisible, est encore loin. Profitant d'un joli passage en sous-bois, je trouve le moyen de me gameller. Rien de grave, j'ai amorti au maximum. Je repars aussi sec, mais les muscles des jambes ont frisé les crampes sous l'effort réflexe pour éviter la chute. Une petite partie moins sympathique car le chemin est large nous permet toutefois de se reposer un peu quelques instants. Nouvelle bifurcation, une mono sente un peu raide réactive tous nos muscles.

 

 

Venant juste de rattraper un Gapençais, nous discutons un peu, avant de continuer à mon rythme. Nouveau secteur en sous-bois tout fleuri magnifique, je trouve le moyen à nouveau de me ramasser une belle gamelle. Un de mes bâtons s'est accroché à je ne sais quoi et n'a rien trouvé de mieux que de venir se planter juste devant mon pied. J'essaye d'amortir au maximum à nouveau par un roulé boulé. Je me relève, tout va bien, si ce n'est que les crampes arrivent à peine je bouge  la jambe gauche. Etirement, je repars tout doucement en marchant. La douleur passe peu à peu, ouf ! Du coup je me fais rattraper par 4 autres que j'avais doublé un peu plus bas. J'arrive à relancer la mécanique avant qu'ils repassent devant, et au rythme, j'arrive à les re distancer. Le chemin qui suit est de plus en plus raide, mais toujours aussi beau.

 

 

Surprise, je retrouve notre collègue de Poitiers, assis sur le talus, le coup de pompe est arrivé. Et un poil plus loin, c'est au tour de Fabrice, qui vient de faire une hypoglycémie. Il lui faudra un bon moment avant de pouvoir repartir, mais finira par récupérer et terminera même à bonne allure ce trail. Pendant ce temps, la première féminine (et qui le restera) nous rattrape. Je lui emboîte le pas, nous allons à la même allure. Nous arrivons ensemble au sommet qui n'était plus très loin. Point de vue splendide à nouveau. S'ensuit un passage pas mal escarpé. Le temps de faire quelques photos, je la perds de vue… et ne la reverrai plus que sur le podium à l'arrivée !

 

 

Une main courante est là pour aider les randonneurs, elle est la bienvenue. Car avec la fatigue, un faux pas est vite arrivée, et la chute peut faire très mal. Après ce passage typique, un chemin plus roulant s'offre à nous. Un petit tiraillement se fait sentir, je sors une barre de céréales sans attendre. Le temps de mordre un morceau, je passe un virage et qu'aperçois-je ? Un ravitaillement ! J'en profite pour la finir tranquillement sans m'étouffer, un bon verre de coca par-dessus et plaisanter un peu avec les bénévoles, toujours bien sympathiques.

 

 

Un autre participant a le même problème : une ampoule aussi sous le talon… et nous avons les mêmes chaussettes ! Ce n'est pourtant pas la première fois que je les porte loin s'en faut. A surveiller. Nous allons du coup continuer quasiment à la même allure, il me rattrapera juste avant le dernier km de l'arrivée, et s'envolera littéralement comparé  à moi qui serai scotché à la route. A présent, c'est à nouveau de la descente, jusqu'au lieu dit « La masse » où Françoise, partie à pied d'Ancelle doit venir rejoindre le circuit pour les 20 derniers km. Les descentes deviennent de plus en plus galère, j'avance de moins en moins. Pas de grosses douleurs au niveau du talon, mais une grosse gène qui doit me faire compenser instinctivement car la jambe gauche commence à me faire mal. Le nerf sciatique devient douloureux, m'obligeant même parfois à m'arrêter quelques instants puis marcher pour faire passer la douleur qui me bloque la jambe. Du coup j'essaye de garder une allure réduite pour éviter ses arrêts et ne pas perdre trop de temps. Ceux qui me doublent disparaissent en moins d'une minute de ma vue souvent, j'ai vraiment l'impression de me traîner. Ca me gâche un peu le plaisir. Je languis la fin de chaque descente, mais la beauté du paysage compense en partie car je me régale de ces paysages.

 

 

Nous n'arrêtons pas de voir des trous de marmottes, parfois en plein sur le chemin. Un pied dedans et la gamelle est assurée ! Je n'en verrai pas, contrairement à Françoise qui a eu le plaisir de voir une toute jeune à 1 m devant elle la regarder depuis l'entrée de son terrier alors que la mère s'était terrée immédiatement. J'en entendrais à plusieurs reprises toutefois. « La Masse » est enfin là, un couple de bénévoles surveille le carrefour.

 

 

à suivre...



06/07/2010
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