Coco le cyclo...

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L'échappée belle 215 : ouf ! 3ème épisode et fin.

L'échappée belle 215 : ouf ! 3ème épisode et fin.

 

Un petit bisou à qui de droit, rendez-vous au prochain contrôle à Val Pelouse, et me voilà reparti pour le sommet du télésiège des Plagnes, 400m plus haut. Chemin large, en plein soleil, le télésiège qui nous passe sur la tête comme pour nous narguer, j’avance. Mon genou est toujours un peu douloureux, je m’y suis fait depuis longtemps, du coup il ne me tracasse pas vraiment tant qu’il reste ainsi. Je me fais doubler dans la côte à 3 reprises par des coureurs nettement plus rapides. Je n’ai vraiment pas l’impression pourtant de me traîner, je n’y comprends rien. Déjà avant la station cela avait été le cas à plusieurs reprises. A force d’y penser, les méninges étant pas mal au repos après une nuit blanche, je réalise que ce sont certainement des coureurs du 85 km qui nous rattrapent. Ce qui me remet du baume au cœur… et à l’ouvrage. En effet, je surveille du coup les prochains qui me doublent et leur dossard est différent. Je me sens du coup un peu moins nul, et mes doutes s’envolent définitivement. Après avoir dépassé le sommet du télésiège, nous continuons un peu sur les crêtes par un chemin bien agréable. Un peu plus bas au col de Claran, virage à 90°, nous prenons la pente pour rejoindre le fond de rivière que nous voyons en fond de vallée 600m D-. Au passage un petit pointage près du refuge de Claran, traversée de ruisseau où j’en profite pour me rafraîchir et mouiller la casquette, petite remontée au passage, et dans cette dernière portion de descente, je me fais rattraper par une jeune participante et un de mon âge certainement. Arrivé au fond, une jolie passerelle nous attend pour franchir le torrent, qui aurait été dur à franchir sinon sans se mouiller. A la sortie, une belle zone de boue dont je fais profiter un max mes pieds, ce qui me laisse jeter un juron d’énervement. Nous nous retrouvons à 3 dans la montée, la jeune étant la plus à l’aise. Petite discussion pour apprendre qu’elle est alsacienne (son accent est là pour le prouver) et qu’elle débute presque en ultra trail. Je la laisse partir, ayant un rythme très légèrement supérieur au mien. L’autre coureur est par contre un peu moins rapide, nous n’aurons pas l’occasion de discuter finalement. Nous longeons à mi-hauteur une belle cascade, que nous ne pouvons pas observer sous son meilleur angle, dommage. 460m D+ pour arriver au refuge des Férices où un nouveau contrôle nous attend. J’y arrive un peu sur les rotules, j’ai besoin de manger. La jeune repart comme j’arrive. Je bois un bon coup et mange un peu, mais je n’arrive pas à manger beaucoup. Et je repars assez rapidement pour le col d’Arpingeon. Une belle montée encore bien raide à travers un décor plus herbeux à présent. A mi-hauteur, j’entends une voix en dessous de moi qui m’appelle, c’est Jérémy. Je le croyais devant. A Super Collet, il a dormi 2h finalement et a retrouvé la pêche du coup. Il me rattrape peu avant le col. Content de sa montée, il s’arrête au col pour discuter avec 2 bénévoles et un autre coureur, assis dans l’herbe. Il prend son plaisir au maximum, le chrono n’étant pas son souci à priori. Ce qui ne l’empêchera pas de bien terminer dans le classement. Pour ma part, mon plaisir est en partie de m’arrêter le moins possible pour rester un maximum dans l’effort. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien, mais j’aime ça. Comme ne pas dormir 2 nuits d’affilée quand ça se présente. Après le col, petit passage technique en descente, j’y vais mollo mon genou grimaçant toujours un peu. Un joli sentier nous amène peu à peu vers le contrôle ravitaillement de Val Pelouse. Peu avant le refuge de Perrière, une personne que je croise qui vient encourager un membre de sa famille m’avertis que mon épouse m’attend au refuge. Il ne s’est pas trompé en effet, la voilà qui m’attends patiemment (et oui je ne suis plus du tout dans les délais que je lui avais annoncé, et prends toujours un peu plus de retard entre 2 contrôles) assise dans l’herbe. Pendant qu’elle redescend au refuge juste en dessous pour refaire le plein d’eau, moi n’en ayant pas besoin, je commence à y aller sachant qu’elle me rattrapera sans problème. Nous finissons ensemble jusqu’à val pelouse que nous rejoignons par une petite descente à travers pré pour rejoindre le contrôle. Je m’assois pour me ravitailler, fruit fruit fruit. Le soleil commence à baisser sérieusement à l’horizon. Je ne réchapperai pas à une 2ème nuit contrairement à mes prévisions. Françoise m’accompagne jusqu’au sommet des crêtes 340m D+ plus haut. La montée du coup se fera sans que je m’en aperçoive, laissant au passage derrière un fourré une grosse commission qui me soulage bien. Même si je ne mange pas beaucoup faut bien évacué le résidu un moment ou l’autre. Chose faite je repars plus léger, mais je n’irai pas plus vite pour autant ! SMS de Laurent qui me demande où j’en suis et qui m’annonce qu’il a terminé 3ème V1 en 35h1/2. Trop long à lui répondre par sms tout en marchant, je l’appelle pour le féliciter, sacré belle performance surtout après avoir pas débuté des mieux, et lui dire que je suis un peu à la dérive mais que je devrais finir… tard, ou plutôt tôt demain matin ! J’avais prévu 36h de mon côté, je suis vraiment à la ramasse… mais l’envie d’aller au bout est toujours là, et du plaisir j’en ai encore même s’il est moindre avec mes petits ennuis.

 

 

Au sommet Françoise me quitte pour retourner sur Val pelouse et moi je bifurque pour descendre vers la source du Gargotton. Dont je n’ai plus souvenir ! (Eh oui ça m’arrive !). Le trou complet jusqu’au col de la Perche. Seul, la nuit qui tombe, la fatigue, mes rêveries très certainement, je suis dans ma bulle et je n’enregistre plus le décor. Au col de la Perche, à nouveau un contrôle et les bénévoles qui nous décrivent la suite du parcours. Nous empruntons à présent un sentier à flanc de montagne et assez roulant dans son ensemble. Sympa mais la lumière ambiante me réveille de ma torpeur depuis que j’ai quitté Françoise. Un ciel clair, la lune toute ronde et bien grosse éclaire les montagnes et nous laisse entrevoir le relief et le sommet du Grand Chat. Mais le plus beau est une fois arrivé en bordure du lac des grenouilles. Point de croassement, mais une image superbe. Une tente est plantée en bordure, éclairée de l’intérieur. Du coup on a l’impression de voir un gros lumignon orange clair, et la lune juste par-dessus nous offre un spectacle de premier choix. J’en oublie de prendre une photo tellement ce moment magique me prend au cœur. Quand je réalise, il faudrait que je fasse demi-tour, tant pis. Un peu égoïstement, je me dis que cette image sera mon petit jardin secret de cette course. De temps en temps je me fais doubler, mais de moins en moins rapidement par d’autres coureurs du 85 km et peut-être aussi par ceux du 144 km. Peu importe, cela fait un peu de présence et m’évite ainsi que je me laisse aller à une allure de promeneur comme il m’arrive souvent quand je me retrouve seul. La montée au sommet du Grand Chat est plus longue que je pensais… tout devient long quand on traîne la patte ! La crête est atteinte sans trop de peine toutefois, les muscles ont encore du répondant, ce qui est logique vu mon allure ralentie. La descente sur le col du Champet est agréable, pas trop technique. A présent que nous avons quitté les hauteurs, le terrain est redevenu plus praticable, personne ne va s’en plaindre je pense, pas moi en tout cas. Arrivé au col, contrôle et petit ravitaillement. Un groupe du 144 km arrive peu après moi. Un verre d’eau, une compote, une bouchée de ma barre, et je repars en marchant. Chemin large à présent, encore 900m D- à perdre. Cela se fera de différentes manières : chemin large, voir goudronné, sente étroite et tortueuse à travers la forêt mis peu pentue, quelques passages techniques et de temps en temps boueux, je continue à mon allure et me fait rattraper assez vite par le groupe. J’essaye de suivre, mais j’ai beaucoup de mal. Mon genou parfois se fait oublier, du coup j’en profite un peu pour courir légèrement mais sans forcer de peur que la douleur revienne aussitôt. L’arrivée au dernier contrôle ravitaillement à le Pontet – les Granges me paraît à nouveau interminable. C’est drôle comme en fin de course les km s’allongent comme le nez à Pinocchio ! Bref c’est avec soulagement que j’en finis avec ce grand chemin large et plat quasiment qui nous amène au contrôle à travers un pré. Je retrouve Françoise qui m’attend. Nous rentrons au chaud, bien qu’il ne fasse pas froid dans l’action, je retrouve quelques coureurs du 144 km. Re fruits frais à nouveau, c’est ce qui me fait le plus envie. Besoin de rien d’autre, j’ai de quoi manger encore pour faire 50 km à l’allure où je mange, et il ne nous en reste plus que 13 ! Je ne regrette pas d’avoir insisté, je sais qu’à présent sauf accident j’irai au bout. Et mieux encore mon genou a fini par rendre les armes j’ai l’impression, la douleur est moins vive à présent, pour ne devenir qu’une gêne bien souvent. Et comme j’ai hâte d’en finir et que j’ai fini de me ravitailler, je repars illico presto pour le dernier tronçon. Françoise m’accompagne le long de l’allée jusqu’à la route et je reprends ma course. 450m D+ à prendre jusqu’au Fort de Mongilbert, et nous en aurons fini avec les grimpées. A chaque grande course, cela m’épate chaque fois : la capacité de notre corps à enchaîner les efforts. J’ai l’impression qu’une fois arrivé à une certaine expérience et avec un entraînement suffisant, il n’y a plus d’obstacle musculairement. Nous allons de moins en moins vite au fil des km avec l fatigue, mais nous avançons toujours sans grosses difficultés. Cette dernière côte, je l’avale à bonne allure, et je fais même la course avec ceux du 85. Ils finiront par m’avoir mais avec peu d’écart. Même s’ils ont 60 km de moins dans les jambes, les km leur pèsent à eux aussi. Ca me réconforte un peu, me disant que j’ai toujours une bonne pêche en côte. Aucun du 144 km ne m’a rattrapé non plus. Il n’en ait plus de même une fois sur le sommet quand le chemin devient plat ou descendant. Un dernier contrôle sur le sommet et nous basculons sur les 1000m de D- en 9 km. Les bénévoles sont toujours aussi sympas, leur présence est aussi un petit moment de plaisir qui rompt la monotonie de la nuit quand on est seul. 2ème nuit sans dormir, le sommeil ne me pose pas encore de soucis tant que je reste dans l’action. A la maison je serai incapable de passer 2 nuits sans dormir (même 1 déjà !), en course en pleine nature, aucun souci. Comme quoi les conditions jouent énormément pour le supporter ou non. Incapable de suivre les autres à présent, je prends mon rythme de croisière et je laisse défiler les hectomètres. Chemin large, puis goudronné, à nouveau un beau sentier single en forêt. Je me surprend à trottiner de plus en plus souvent, mon genou m’offrant des petites périodes de répit, et j’en profite. Après 2 à 3 km, je me fais rattraper par 2 autres coureurs. A ce moment là, je me sens bien, je tente le coup et je me lâche en essayant de les suivre. Peu après un s’arrête, je continue pour suivre l’autre, un jeune. Tant bien que mal, à la limite de lâcher, j’arrive à rester à ses côtés et à discuter un peu quand nous retrouvons un chemin large voir du goudron. Ce qui ne m’empêche pas de trouver à nouveau interminable ces 9 derniers km. Nous rattrapons même d’autres coureurs qui marchent. Le fond de vallée se rapproche peu à peu, mais trop doucement à mon goût. Peu après le Planay, je laisse partir mon compagnon du moment, reprenant la marche pour soulager un peu mon genou qui commence à grimacer à nouveau. Me rendant compte que mon genou tient bien le choc à présent après avoir marché 2 à 3 hectomètres, je reprends un petit trot en descente. J’ai toujours l’impression que l’arrivée va se dévoiler derrière le prochain virage, que nenni. J’ai vraiment l’impression qu’ils se sont trompés dans le kilométrage, les 9 km on les a déjà faits ce n’est pas possible ! Ca y est le panneau d’entrée d’Aiguebelle en vue, ouf ! M… c’est celui de Mongilbert. Encore 2,5 km ! Françoise m’avait envoyé un SMS pour me dire qu’elle s’était installée à l’entrée de la ville le long de notre parcours. J’ai la main sur le téléphone depuis un bon moment croyant toujours que j’arrivais pour l’avertir, qu’elle puisse se réveiller et se préparer pour me retrouver à l’arrivée. Ce panneau tant convoité est enfin là ! « Allo ? J’arrive… ». Surprise, j’ai eu à peine le temps de ranger mon téléphone que j’aperçois déjà la voiture. A sa hauteur, j’aperçois Françoise en train de s’activer. Un petit coucou et je continue car il me reste un petit km j’ai l’impression. Je cours doucement, mais sans difficultés à présent. L’effet de l’arrivée efface beaucoup de nos douleurs et problèmes souvent. Mais ça n’empêchera pas un autre coureur de me doubler facilement 200m avant la ligne. La voilà cette ligne d’arrivée, je savoure ce moment en me disant que mon mental a encore une fois gagné, comme quoi la tête dans les ultras est très souvent la clé de la réussite. Une grosse cloche à vaches est juste derrière la ligne, chaque arrivant la secoue symboliquement pour marquer sa victoire. Terminer un ultra est toujours une victoire pour soi-même, une fierté de se dire que l’on est capable de réussir un tel challenge. Et le bonheur qui va avec de pouvoir vivre un tel évènement. Françoise me retrouve derrière la ligne, je vais m’asseoir sous la tente ravitaillement. Je bois un coup, grignote quelques fruits secs. Et je prends illico presto le chemin de la douche. J’ai l’impression de coller de partout. Françoise m’apporte le nécessaire et m’accompagne jusqu’au gymnase où des coureurs dorment. La douche est chaude mais sans plus, juste la bonne température à mon goût. Mon cuissard est littéralement collé à ma peau côté gauche à cause de la compote qui a éclaté. Tout juste si pour le décoller je ne vais pas avec sous la douche. Petite inspection des pieds, rien à signaler. Pas d’ampoules, pas de peau morte, ils sont nickels. La plante est toutefois sensible, à force d’écraser le sol. Je me sens revivre en enlevant toute la crasse accumulée pendant plus de 42h. Je retrouve Françoise à la sortie du gymnase et nous retournons à la tente d’arrivée pour récupérer notre cadeau finisher, un beau sac de sport imperméable Helly hansen que l’on peut porter comme un sac à dos, et me ravitailler un peu. Une fois assis, mes yeux se porte sur mon genou droit, et je constate une belle inflammation côté intérieur. Ca m’inquiète un peu mais sans plus car je n’ai pas de douleur particulière et après avoir supporté cette tendinite sur 100 km, cela n’a rien d’étonnant. J’espère juste qu’elle va vite se résorber et disparaître.

Nous finissons la nuit dans la voiture, et après 2h de sommeil bien récupératrice en ce qui me concerne nous reprenons la route pour un dîner au resto en famille près de Lyon. Heureusement qu’il y a la semaine au bureau pour se reposer !

Bravo à l’échappée belle, une course magnifique, bien organisée, bien encadrée, pour coureurs bien entraînés cela va de soi ! Merci de m’avoir fait découvrir ce beau massif, j’y reviendrai c’est sûr. Il se mérite par contre que nous soyons randonneurs ou coureurs. Ce qui le rend encore plus beau à mes yeux.



20/09/2015
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