Coco le cyclo...

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DIAGONALE DES FOUS 2012 : Episode 5 les cirques de Mafate et Salazie

DIAGONALE DES FOUS 2012 : Episode 5 les cirques de Mafate et Salazie

 

Je comptais finir de me ravitailler au contrôle, celui ci étant à l’intérieur des vestiaires, je le loupe. Je trouve juste une petite table installée dehors à la sortie du stade avec 2, 3 fruits secs dont je me satisfait. Le redémarrage est un peu laborieux sur les premiers mètres, les muscles s’étant refroidis. J’arrive assez vite à reprendre une petite foulée qui m’amène en sortie de ville sur le début du sentier de la cascade de bras-rouge.

 

Un des très nombreux oratoires de l'île, très souvent dédié à Saint-Expédit

 

Chemin que je connais pour l’avoir fait avec Françoise il y a une semaine pile. Moins technique, j’arrive à garder le pas de course la plupart du temps. Il me semblait beaucoup plus court dans mon esprit, serait-ce le début d’une saturation ?

 

 

Ce qui est sûr, c’est que j’atteins là le point bas, et qu’à présent m’attend le col du Taïbit que je ne connais pas, et qui est un morceau de choix : 1160m de dénivelé à prendre d’un coup ! J’en rattrape encore quelques uns, mais me fait aussi rattraper par d’autres. Une 1ère étape dans mon esprit : celle où nous croisons la route d’Ilet à cordes. Ce ne sont pas des cordes qui tombent encore, mais la pluie revient après s'être calmée quelques instants. J’ai toujours au pied une paire de chaussettes imperméables (celles de Françoise !) ce qui me rassure pour l’état de mes pieds sur la suite des événements.

 

 

Nous entendons peu à peu le contrôle ravitaillement au niveau de la route se rapprocher de par l’ambiance qui y règne, malgré le mauvais temps. Je trouve cette première partie assez longue, plus que je ne pensais une nouvelle fois. Mais les jambes répondent toujours, aucune douleur, juste la fatigue qui s’accumule peu à peu et la plante des pieds qui se fait un peu sentir. Le frottement dans l’entrejambes par contre se fait de plus en plus sensible et commence à me gêner un peu. Petit tour à l’infirmerie, je me re pommade. Le moral reste au beau fixe, je plaisante à nouveau avec les bénévoles et tente de faire quelques photos une nouvelle fois sous la pluie.

 

 

Certains qui sont repartis donnent de gros signes de fatigue, j’ai peur que pour eux l’aventure s’achève ici. Le gros morceau du col nous attend à présent. Je reprends mon rythme de croisière et avale tranquillement le dénivelé, pas après pas. A nouveau, je n’en vois pas la fin, c’est beaucoup plus long que je ne pensais. Bizarre cette sensation alors que physiquement tout va bien ! Certains coureurs commencent à donner des signes de détresse par contre, il va leur falloir un sacré courage pour arriver au bout. Arrivé au col, même pas un sentiment de soulagement.

 

 

Je me dis : « une étape de plus !». Et c’est parti pour la descente, 500m de dénivelé à perdre en 2 km. Curieusement, je ne suis pas trop coincé. Un peu au début, puis j’arrive rapidement à me libérer. Ce qui n’empêche pas quelques gazelles de me faire des courants d’air. A mi-descente je rattrape une féminine qui marche. Elle reprend sa course juste avant que je ne la double, et du coup je reste derrière elle, n’allant pas plus vite. Une allure qui me convient à merveille, ça me rassure un peu pour la suite. L’arrivée sur Marla se fait encore de jour.

 

 

Les bénévoles s’occupent de nous, nous amène directement à table ce que nous voulons, remplisse notre poche à eau. La fatigue commence à se faire sentir à voir les visages de uns et des autres. Je ne dois pas échapper à la règle, même si la forme est toujours là. Je me ravitaille tant que je peux, mais je n’arrive pas à manger beaucoup, je suis vite saturé. Je mange de tout encore, c’est bon signe. Un bénévole m’indique le coin toilette, situé à la sortie du ravitaillement. Je ne m’arrête pas trop, ayant fait ce que j’avais à faire : manger !

 

 

Avant de repartir, nouveau petit tour à l’infirmerie pour une nouvelle séance de pommade. Encouragements à l’arrivée, au départ, c’est toujours bon pour le moral. Petit passage dans les toilettes chimiques pour la grosse commission… J’appuie sur la manette pour évacuer : rien ne se passe ! Plus d’eau déjà. D’ici quelques heures, je plein les derniers qui vont s’y rendre. Mieux vaudra faire dans la nature ! Le redémarrage est à nouveau un peu dur les premiers pas, puis vite tout rentre dans l’ordre. A présent je connais le terrain pour l’avoir reconnu avec Françoise en rando.

 

 

 

 




J’arrive au gîte de la Maison Laclos où nous avions hébergé, il fait encore jour. Les souvenirs me remontent en mémoire au fil des km, je me régale à redécouvrir ces sentiers. Mais la nuit me prend dans l’ascension du col des fourches après avoir traversé la forêt des tamarins à la tombée de la nuit. Pour éviter tout erreur, 2 bénévoles sont là pour nous aiguiller sur le col… des fois que certains filent tout droit sur le col des bœufs. Il me semblait qu’il restait seulement 300m à faire en gros pour arriver au col, mais raide, mon souvenir était foireux ! Je grimpe sans problème, une petite pluie de temps en temps, une nouvelle fois je n’en vois pas la fin ! Bizarre ce sentiment de toujours vouloir avaler rapidement la moindre bosse, que je n’avais pas jusqu’à aujourd’hui.

 

 


Vue sur Marla depuis le col des fourches


Arrivé au col dans la nuit, je me ravitaille, j’ai déjà faim, mais je ne traîne pas. La descente, parfois assez raide, me surprend un peu, je n’en avais plus souvenir. Assez vite, la pente redevient normal, le chemin roulant dans son ensemble. A nouveau je retrouve un bon rythme, et rattrape encore quelques coureurs. La nuit s’est installée, ayant 3 jeu de piles pour la nuit, je ne lésine plus sur l’éclairage, mettant la puissance maxi (3h) à chaque descente, et à moyenne intensité (6h) pour les côtes, pour être sur de terminer la nuit sans problème. Je prévois de les changer toutes les 3 à 4h lors d’un ravitaillement. Ayant bifurqué avec Françoise par la route pour rejoindre le sentier scout, je ne connais pas cette partie de sentier. J’ai l’impression dans la nuit de perdre beaucoup plus de dénivelé. Il n’en sera presque rien au final. Le ravitaillement est installé en bordure de route, nous avons basculé depuis le col dans le cirque de Salazie.



Ce sera le dernier point possible d’abandon avant le Maïdo, aucune route n’accédant dans le cirque de Mafate que nous allons retrouver avec le sentier scout. Ma principale préoccupation à présent : le poste infirmerie. Une gêne qui ne s’aggrave pas trop heureusement, encore supportable. La pommade a bien enrayé le phénomène sans toutefois le faire disparaître. C’est demi-mal car sans rien, cela se serait très vite transformé en douleur de plus en plus intenable avec un risque d’abandon à la clé, et surtout perdre tout plaisir à continuer la course. Sous une pluie fine, je me ravitaille, ayant toujours de l’appétit. Je reste en tee-shirt pour la suite tant que la fraîcheur ne s’accentue pas.

C’est reparti pour la plus belle partie de la course, les profondeurs et hauteurs de Mafate, soit + de 2600m de grimpette à se taper. Après les avoir découvert de jour en rando avec Françoise, voilà que je vais les redécouvrir de nuit à présent. De nouvelles sensations m’attendent à ne pas en douter.



01/11/2012
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