Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

L'Ardéchois 30/04/2011 : heureux qui comme Ulysse...

Le trail l’Ardéchois, 30/04/2011 : Heureux qui comme Ulysse…

Enfin c’est ma reprise en trail. Rien à faire, ça me manquait ces beaux chemins de montagne, et pour une reprise, j’ai été bien servi, très bien servi même. Les conditions n’étaient pas au top dans ma préparation, mais qu’importe. Le plaisir passe avant le résultat. Mais encore faut-il être « sérieux » pour que ces épreuves d’ultra restent du plaisir et ne transforment pas en galère !

Après mon abandon aux 24h de St-Fons, il me restait 3 semaines pour récupérer et me remettre en jambes pour la montagne. Un peu trop juste je l’avoue. Côté récupération, ça a pu faire, mais côté entraînement en grimpée, pas eu le temps de me remettre dans le bain. Et puis rien de tel qu’un bon repas la veille (17 personnes à la maison), légèrement arrosé (!), et 4h de sommeil avant de rallier le départ de la course, pour finir de se mettre dans de « bonnes conditions ».  La tête était prête ce qui était certain, les jambes allaient-elles suivre ?

Samedi 06h du matin. Nous voilà prêts, Céline et moi-même. Le jour se lève à peine, la fraîcheur matinale finit de nous réveiller. Pas un chat sur la route, nous roulons agréablement. Nous empruntons le col de Serre de Mure, un col qui ne laisse pas indifférent tout cycliste vu son pourcentage avoisinant souvent les 12 à 15%, pour rejoindre Vernoux, puis Lamastre et enfin Desaignes. Au fur et à mesure que l’on s’approchait de cette dernière, le trafic commençait à être un peu plus dense. 1er parking plein, on nous oriente sur un second en contrebas du village, au bord de la rivière.

Un sentier très bien balisé nous amène au centre du village par une jolie petite grimpette. 6° seulement, mais avec un superbe soleil qui se lève et qui nous réchauffe déjà, nous ne sentirons pas la fraîcheur (ou presque !). Vu le ciel bleu, et les premiers km tout en montée, pas la peine de s’habiller : directement en tee-shirt !

Retrait de notre dossard, un tee-shirt technique Salomon d’offert, nous voici de retour à la voiture pour finir de se préparer. Dernière « vidange » aux toilettes aménagées sur le parking provisoire, nous regrimpons au centre du village pour le départ qui approche. Un groupe de musique chauffe l’ambiance. 2 parcours au menu : 34 et 57 km, avec la possibilité de choisir au 27ème km. Sympa cette formule, mais oh combien tentant de raccourcir pour ceux qui avaient choisi initialement le 57 de se rabattre sur le plus court si ça ne va pas des mieux.

Et du balcon de la mairie, Louis Chantre, l’organisateur en chef, le rappelle dans ses dernières consignes avant le départ. Chaque année un nombre assez important du 57 bifurque sur le 34, il rappelle donc de ne pas s’emballer dans les premiers km si nous voulons aller au bout des 57 km. Céline part sur le 34, c’est la première fois qu’elle dépasse les 30 km. Pour ma part, je m’étais inscrit sur le 57. Le jour de mon abandon à St-Fons, je me suis dit que se serait plus sage de faire le 34. Mais le lendemain, je re lorgnais déjà sur le 57 !Et depuis c’est le 57 sûr dans ma tête. Donc c’est parti pour 57 km. Petit tour de village avant le vrai départ, et nous partons immédiatement par une côte. Pas d’échauffement avant vu le kilométrage, nous sommes presque en queue de peloton avec céline.

Ca bouchonne un peu inévitablement, mais pas de problèmes, ça permet de démarrer tranquillement. Que de monde devant nous ! Plus de 1000 au départ, partant en fin de peloton quasiment, ça va faire du monde à doubler ! Et je ne peux pas y résister. Nous arrivons à courir car le chemin est un peu large, mais l’allure ne me convient pas, j’ai l’impression de piétiner. Du coup, chaque fois que les bordures me le permettent, je commence à doubler ceux qui me précèdent par petits groupes. Pas toujours facile, mais il n’y a pas trop de mal. Entre 2 passages, je me repose, si bien que mes petites accélérations (légères) ne me fatigue pas trop. Du monde à perte de vue devant, impossible de courir seul ! C’est une bonne chose. Et j’en profite pour « brancher » un légionnaire (originaire de Haute-Saône) ! Oui, heureusement pour lui pas de gaulois en vue… Cela fait plusieurs fois que je le vois dans des courses, toujours avec sa tenue de romain, mais aujourd’hui sans le drapeau. Vu le terrain celui-ci aurait été de trop, il devait bien s’en douter.

La dernière fois que je l’ai vu, c’était au 100 km de Millau, il faisait le marathon. Et avec le drapeau. Impossible de ne pas le repérer dans la foule. Et de plus nous courrons quasiment à la même allure à chaque fois, à part que moi en léger. A Millau, il en avait bavé avec le vent, le drapeau devenait lourd, très lourd au fil des km. La grimpée continue pour mon grand plaisir, les jambes répondent bien, aucune douleur. Je double, encore et encore, toujours par petits à coup à cause du terrain. Sur les parties plates, voir descendantes, de courtes durées à chaque fois, je tiens la moyenne générale. Certains bons descendeurs déboulent à toute vitesse, je ne comprends toujours pas comment ils font ! Vers le 8ème km (au jugé car aucun instrument de mesure ni de temps sur moi !), nous entendons un groupe musical qui donne le rythme. Une participante à ma hauteur monte avec les mains sur les hanches. Prenant la même position, je lui propose de danser une bourrée. Elle me répond gentiment qu’il va falloir attendre ce soir, que pour elle ce n’est pas le moment ! Pour moi non plus d’ailleurs, d’autant plus que je ne sais pas la danser !!!

 Et dire que ce soir, l’organisation propose un bal ! Combien de coureurs seront-ils en état d’y répondre ??? n’ayant pas étudié le parcours à l’avance, je sais seulement qu’il y a 3 grandes montées vu le profil que j’ai pu voir sur internet, je ne suis pas en état de situer où nous nous trouvons à chaque traversée de route. Donc un peu de mal à me remémorer l’enchaînement des lieux. Ce qui est sûr, c’est que la seconde grande grimpée… je ne l’ai pas vu ! Et pourtant j’étais bien sur le circuit, vu le monde autour de moi. J’ai bien failli à 3 reprises quitter le circuit car je discutais et ne prêtais plus attention aux balises, heureusement il y avait toujours un bon samaritain pour nous avertir. Autant la 1ère et la 3ème grimpée ont été flagrantes sur le terrain, autant la seconde, j’ai eu l’impression que ce n’était qu’une suite de petites montées, plats et descentes. Une fois la 1ère grimpée terminée, je m’étais bien défoulé finalement. Peut-être un peu trop car un début de crampe aux mollets commence à se faire sentir. Mais le plus curieux, c’est uniquement sur le plat et en descente que j’en souffre, nullement en montée. Du coup je me vois obligé de lever le pied sur ces parties roulantes. Pas trop de mal sur les parties plates, par contre en descente, obligé de prendre l’allure escargot. Et je m’interroge à mon tour sur le bien-fondé de faire uniquement le 34 ! Au fil des km, le doute s’allonge lorsque j’y pense.

La descente sur les ruines du château de Rochebonne se fait au ralenti. Après une visite du propriétaire dans le château (pas vu le guide !), nous poursuivons par un chemin très technique et accidenté. Une participante devant moi (Magali si j’en crois les supporters qui l’ont encouragé au passage du château) donne le rythme. Un poil lent, mais je n’ose pas lui demander le passage, non pas par timidité rassurez-vous, ni par galanterie non plus (eh oui tout se perd !) mais je n’ai qu’une peur : me retrouver clouer subitement par une crampe car elles sont à fleur de peau. Je prends patience pendant 1 à 2 km de chemins tortueux, et j’ose enfin me lancer à la faveur d’une montée plus marquée. Miracle, en grimpée je ne les ressens presque plus. A présent, j’arrive à prendre mon rythme sans être gêné dans les côtes. Je suis heureux : je n’ai pas l’impression d’avoir perdu de ma puissance en côte. Et aucune douleur quasiment hormis celles des crampes qui restent en sourdine tout de même.

Une remontée nous amène sur le 1er point de ravitaillement au 22ème km. Il est le bienvenu, car fait rare, j’ai déjà avalé 2 barres de céréales, ce qui n’est guère dans mes habitudes, et je ressens encore la faim. Je refais le plein de mon bidon aux ¾ vide : je ne bois pas autant d’habitude ! Pas bien normal tout ça, me dis-je… Je me ravitaille en sucre surtout, bois 2 verres de coca et je repars. Montées, descentes, nous voici peu à peu à proximité d’un champ d’éoliennes. Plus on avance, et plus je réfléchis à terminer sur le 34 vu les crampes qui n’arrêtent pas de me « taquiner ». Et curieusement lorsque la bifurcation arrive des 2 parcours, j’ai viré sur le 57 sans me poser aucune question ! Le choix s’est fait naturellement. Une fois passée la bifurcation, le grand calme… Plus personne quasiment ! Nous continuons par une descente, et du coup 2 autres coureurs me rattrapent. Légère remontée, je reste sur leurs talons, puis une nouvelle descente. Et là une crampe me raidit la jambe droite à l’intérieur de la cuisse. Un coureur me propose une pastille de sel. Je l’accepte volontiers, sachant que cela ne pourra pas me faire de mal en tout cas. Merci à lui. J’arrive assez rapidement à reprendre une petite foulée. D’autres me rattrapent pendant ce temps, je me sens un peu moins seul du coup. Mais je n’arrive pas à rester dans leur rythme. Je me demande si j’ai bien fait de rester sur le 57 ! Heureusement à chaque nouvelle montée, le sourire me revient, je rattrape ceux qui viennent de me doubler. Si bien que je vais commencer à voir et revoir les mêmes têtes dans l’ensemble. A part le passage du château et les 2, 3 km qui ont suivi, les chemins sont à nouveau roulants, suffisamment larges pour pouvoir se doubler sans se gêner.

Très souvent à l’ombre des forêts de résineux ou châtaigniers principalement, nous sommes comme des coqs en pâte. Un temps idéal pour la course à pied, des chemins plaisants, variés, un soleil magnifique le matin pour nous réchauffer de la fraîcheur matinale, puis quelques nuages ensuite quand la température a voulu commencer à grimper elle aussi pour nous abriter… un vrai régal ! Le second ravitaillement est lui aussi le bienvenu. Il a fallu que je mange ma 3ème barre de céréales pour éviter le coup de pompe. Je prends le temps de bien me ravitailler, remplir à nouveau ma gourde, et boire 2 verres d’eau gazeuse. A nouveau, alternances de montées et descentes, mais ces dernières sont plus nombreuses, et j’ai de plus en plus de mal à tenir un rythme. Mes mollets résistent je pense grâce aux manchons de contention, sinon je crois qu’il y a belle lurette que je me serai trouvé au bord du chemin les jambes raides et douloureuses.

Le dernier ravitaillement au pied du village de Labatie-d’Andaure est lui aussi le bienvenu, j’ai quasiment épuisé mon ravitaillement. Il me reste ½ barre de céréales au cas ou ! Je grignote mais sans plus, la faim commence à moins se faire sentir. Remplissage de la gourde à moitié vide, et c’est reparti. Un peu plus loin, traversée d’une rivière assez large. Je réalise vu sa taille que ce ne peut être que le doux. Difficile de traverser sans se mouiller, du coup je n’hésite pas, je vais tout droit. Bain de pied que j’ai failli regretter par la suite car nous ne sommes pas en plein été, et ils auront mis pas mal de temps à sécher par la suite au point de commencer à sentir des échauffements. A présent, nous attaquons la 3ème et dernière grande côte, celle qui va faire mal à certains ! Pour ma part, je suis aux anges. Je largue mes compagnons de route assez vite, au rythme. Et j’en rattrape d’autres. Certains passages sont assez raides. Au milieu de genêts, mon pied glisse et me rattrape avec ma main droite. Je me coupe légèrement le doigt sur la pliure de la phalange. Pas de chance le sang n’arrête pas de couler, et je n’ai pas pris aujourd’hui ma boîte à pansements bien sûr. Avec mon pouce je fais pression sur la coupure, et le problème est résolu 5’ plus tard. J’avale la côte avec plaisir, mes mollets me laissant relativement tranquille. Les ruines du château de Rochebloine sont en vue, ce qui veut dire aussi la fin de la montée. Ai-je un peu trop sur-estimé mes capacités, dans cette dernière partie, j’ai failli rester raide à plusieurs reprises au milieu des genêts. Il faut dire que le pas de course devient acrobatique dans ce décor, et du coup nous oblige à faire des efforts plus conséquents pour passer ces petits obstacles.

Et là, mes jambes disent stop ! Tant bien que mal, j’arrive à continuer en essayant d’épargner à mes jambes tout effort important, quitte à piétiner pour avancer. Un groupe de spectateurs perché au sommet nous encourage dans nos derniers efforts de cette ascension. La vue derrière nous sur le paysage est magnifique. Rien de grandiose comme dans les Alpes, mais un paysage aux formes arrondies, qui nous amènent calme et sérénité. Au sommet, j’ai droit à une mini interview de la part d’un caméraman, rencontré un peu plus bas dans l’ascension, juste avant ma coupure. Ne m’y attendant pas, cela me perturbe et j’en oublie du coup de faire des photos ! Je continue dans ma foulée, mais à peine quelques centaines de mètres plus loin, après avoir doublé un autre coureur que les crampes ont bloqué, c’est à mon tour. Idem, à l’intérieur de la cuisse ! J’attends sagement qu’elle veuille bien partir, et je repars tout doucement en marchant. Plus que 8 km, mais que de descentes pratiquement.

Nous traverserons le village de Nozières, indiqué par une sympathique « banderole » d’ail, un peu entamé toutefois par l'appétit de son propriétaire certainement. Un peu de goudron et mes jambes n’apprécient guère. Tant pis pour moi, je descends au ralenti, histoire d’éviter toute nouvelle venue de crampes. Mes mollets me titillent toujours, mais curieusement aucune crampe ne se formera vraiment (merci les manchons !). Je me fais rattraper par quelques-uns uns, certains guère mieux en forme que moi, mais je suis heureux ! Aucune douleur de mon nerf sciatique, très bonnes sensations en côte, un temps et un paysage merveilleux, de quoi être le plus heureux ou presque. Et surtout à présent faire un trail de 60 km devient « normal » dans ma tête, ce n’est plus un challenge en soi, même si l’on est jamais certain de pouvoir le finir. Cela devient une grande balade, avec tout le plaisir que l’on ressent de faire tout ce chemin à pied.

La descente sur Desaignes est sympathique, avec une belle vue sur le village. La traversée du Doux à l’entrée du village se fait par un pont cette fois !

 

Les spectateurs sont de plus en plus nombreux à l’approche de la ligne d’arrivée et ils n’arrêtent pas d’encourager les coureurs. Merci à eux tous, un petit plus qui nous fait encore plus apprécier cette belle épreuve. La ligne franchie, je retrouve Céline qui m’attendait. Elle a elle aussi fini sa course, et en pleine forme. Pour une première, elle a su se gérer à merveille. Je retrouve aussi une connaissance, David, arrivé déjà depuis 40’, et sirotant une bière. Et il m’apprend que je connais sa mère ! En effet j’ai fait du vélo avec elle lors de randonnées de club, et parfois l’on se voyait aussi dans certaines réunions. Que le monde est petit ! Céline ayant une soirée chargée, nous allons nous restaurer de suite. Le bœuf en broche nous attend !

Il faudra patienter un peu car la file d’attente est un peu longue. Un repas copieux si l’on mange tout, ce qui est toujours mon cas ( !), que j’apprécie. Je mange d’ailleurs la ration de lentilles de mon voisin qui me la propose ; Aurait-il pris pitié de moi me voyant dévorer mon assiette ? La sortie de table se fait au super ralenti en ce qui me concerne. Les muscles refroidis ont du mal à se remettre en état de marche. Mais quelques pas, et je reprends une marche presque normale. Retour au parking en bas du village, la descente se fait mieux que je ne pensais. Petits doigts de pied à l’air, ça fait du bien… Retour à la maison tranquillement, la tête encore pleine de bons souvenirs de cette journée.

Félicitations à tous les organisateurs et bénévoles, une bien belle épreuve que je ne peux que recommander. L’ardéchois en trail, l’ardéchoise en vélo, 2 organisations aux mêmes tonalités : ambiance, accueil chaleureux, organisation réussie, et paysages magnifiques. Que de plaisir vous diffusez ainsi autour de vous ! MERCI !

 

Résultat : 7h02 pour 57 km, 109ème sur 367 arrivants.

Tous les résultats ici :57 km – 34 km

Diaporama à venir très prochainement, plus de 200 photos sur les 350 prises



05/05/2011
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