Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

Grand raid occitan 2014 : du chaud et du froid ! (1ère partie)

Grand raid occitan 2014 : du chaud et du froid ! (1ère partie)

 

« Allo les pompiers ? Je participe au grand raid occitan, et j’ai la forte impression de m’être perdu. Mon téléphone ne passe pas, je n’ai que les numéros d’urgence de disponible. Est-ce que quelqu’un pourrait me renseigner  où je suis, ayant un point de repère ? »

« Ne quittez pas, je vous mets en relation avec le PC de la course »

Et voilà comment j’apprends qu’en réalité je ne suis pas du tout perdu, mais bien sur le circuit et proche de l’arrivée. Comment en suis-je arrivé là ? Plusieurs paramètres en cause pour  l’expliquer.

D’abord la fatigue qui m’a donné l’impression d’avoir parcouru déjà 25 km depuis le dernier ravitaillement alors qu’en réalité j’en étais à 16 environ sur les 20 à effectuer. Une fin de circuit interminable et aucun point de repère, surtout pour moi ne connaissant pas du tout le secteur. Une vue sur des villes au loin dans la vallée qui me laissait la sensation forte de me diriger à l’opposé de là où je devais aller. Et surtout le fait de m’être déjà trompé plusieurs fois dans le circuit au point d’avoir fait 5km en +. Tout en ayant la personne au bout du fil, je réalisais mon erreur de jugement. Il était 00h10 sur mon téléphone, et d’après les calculs que j’avais faits au dernier ravitaillement, je ne pouvais pas arriver avant 01h00 du matin. J’étais donc bien dans les temps. Autre paramètre, et peut-être le plus important, un état nerveux comme je n’ai jamais eu en course. Dû à quoi ? Certains l’auront deviné en ayant lu mes précédents articles, mes nerfs qui ne m’auront pas épargné les douleurs au niveau des jambes. Je n’ai jamais autant crié des gros mots que cette fois ! Et tout le long du parcours. Une course pas très sereine, pensez-vous ! Oui, mais voilà il y a eu aussi des bons côtés qui ont fait pencher la balance positivement.

Reprenons un peu tous ces faits marquant de la journée, de la course plus exactement car elle a duré quand même plus de 41h ! Le gros point noir que je redoutais tant s’est vite manifesté. Au 25ème km, je croise Françoise au Pic Coquillade qui est venue à notre rencontre depuis la vallée. J’ai le plaisir de lui annoncer que tout va bien. Prudent dans mon rythme, je suis parti au ralenti pour justement tenter de repousser au maximum le moment crucial qui risquait de me clouer au sol. Etant sur un sommet, il nous faut à présent descendre sur Lamalou les bains. Descente un peu technique parfois, la pose du pied vrillant légèrement ma jambe sur les obstacles, la douleur commence à se faire sentir, mais légère. 1ère gamelle, je me relève de suite sans dommage, si ce n’est quelques égratignures.  La descente se finit par contre par quelques km de goudron pour rejoindre le poste de contrôle. Et là stop ! Je suis obligé de m’arrêter à plusieurs reprises, ne pouvant plus courir sans douleur. J’entame donc la vitesse marche rapide qui elle me convient bien et soulage mes jambes. 30 km de fait ! Il ne m’en reste que 135, une bagatelle… Je commence à m’énerver sérieusement, ne voyant pas comment je vais pouvoir m’en sortir pour aller au bout. Séance massage au ravitaillement. Le kiné arrive peu après moi, je lui « saute dessus ». Pendant ce temps-là une sophrologue (réunionnaise !) est disponible pour nous distiller du bien-être dans notre « malheur ». Je profite de sa disponibilité pour « travailler » avec elle pendant le massage et parler bien sûr de la Diagonale des fous. A t-elle était le petit plus qui m’a permis de basculer du bon côté ? Je ne saurais vraiment dire, mais elle a y contribué c’est sûr. Le massage terminé je repars un peu plus confiant.

 


 

A nouveau une grande côte que j’avale à un bon rythme, non sans m’être trompé en cours de route par inattention. Le torrent était beau, je n’avais des yeux que pour lui. Un chemin sur la gauche qui m’échappe, ce seront des pique-niqueurs qui me ré-aiguilleront 300m plus loin. Mais voilà à la 1ère descente, les douleurs reviennent. Mais fait curieux, alors que jusqu’à présent, ce n’était que la jambe gauche qui en souffrait, aujourd’hui c’est l’inverse. La gauche a eu un début, puis a disparu presque complètement au fil des km. Par contre la droite a pris le relais. Le blocage que m’a décoincé le chiropracteur a ouvert les vannes ! Et au fil des km, je me rends vite à l’évidence que si je veux terminer ce sera à la marche. Je fais de rapides calculs dans ma tête pour voir si je peux y arriver. Mes calculs me surprennent, je les recommence. Je me rends à l’évidence, je peux terminer sans problème en – de 40h si la forme et le mental tienne le choc. Ca me ravigote drôlement ! Je tiens sans trop de problème un 5 km/h à la marche. Seules les descentes pentues et techniques sont éprouvantes pour mes nerfs. Et malheureusement pour moi nous avons quelques échantillons pas piqué des vers. Ce qui me fait d’autant plus râler que c’est un terrain que je pratique à l’entraînement, le même style, où du coup je m’y sens bien. Et là je suis à la ramasse. Heureusement qu’il y a les montées où je me refais une santé et rattrapent assez souvent ceux qui me doublent sur les parties roulantes et descentes. Au fil des km, l’état n’empire pas vraiment.

 

 

Un nouveau massage sur le contrôle suivant, pratiqué cette fois par 2 jeunes qui me « torturent » pendant que je mange des fraises que m’a apporté Françoise (hum le délice !). Il me faut serrer les dents à plusieurs reprises tellement ils travaillent sur les fibres des cuisses qui donnent en général le symptôme de « l’essuie-glace ». Mais ça fait du bien et je repars un peu plus confiant. Dès que la douleur ressort, j’applique la technique de la sophrologue… et ça marche ! Je n’écoute plus mon corps et travaille la pensée. Mais je reste prudent en gardant la marche tranquille dans les descentes et rapide sur les autres terrains. Sauf qu’au bout du 120ème km, la fatigue est là. Elle ne me surprend pas vraiment au vu de mon entraînement. Cet hiver, je cherchais dans mon programme à faire au moins un 80 ou 100 km un bon mois avant le GRO. Pas de pot, rien au calendrier qui correspondait à ce que je cherchais, à moins d’aller à perpète les oies. Du coup je me suis retrouvé avec seulement une course de 60 km dans les jambes qui s’était bien déroulé. Le 65 km de Crest aurait bien fait l’affaire si j’avais pu aller au bout en courant, mais comme mes douleurs sont réapparues, le finir en marchant ne m’apportait pas grand-chose, et j’avais préféré abandonné dans l’espoir de ménager mes jambes. En vain. Je me retrouve donc à court de jus. La marche rapide se transforme en marche tout court sur les parties roulantes et à me traîner dans les parties montantes dures et descentes pour les 45 derniers km. La moyenne générale commence à  retomber. Mais tout est jouable encore pour les 40h ! Avant que survienne le coup de grâce, le Montahut.

 

 

Nous devions passer 2 fois à cet endroit. En réalité la 1ère fois nous sommes passés juste à côté. Et la seconde fois j’arrive tout heureux sur la crête. Je cherche Françoise qui était montée à notre rencontre. Au téléphone elle me dit être au pied des rochers, mais personne. Mon téléphone ne passe plus, je fais demi-tour pour revenir à l’endroit où je l’avais eu. Le réseau est là à priori mais je n’ai droit qu’aux numéros d’urgence. Et m…. Bref je reprends le balisage de la course et je dois me rendre à l’évidence très rapidement, ce qu’ils appellent le Montahut c’est le gros tas de rochers devant moi et que nous devons l’escalader ! Le moral en prend un sacré coup. Plus question de faire du 5 km/h, ca va être du 1 à 2 km/h maxi car il va y avoir la descente je présume du même acabit. N’ayant pas le choix j’avance, ou plutôt je grimpe. Entre les petites dalles à escalader, les passages étroits, les buissons et arbres, et passer son temps à chercher le balisage, il m’en faut du temps et je m’énerve de plus en plus. Un peu avant le sommet, je croise Françoise qui repartait depuis le temps qu’elle m’attendait, presque 1h depuis mon coup de téléphone. Elle m’explique la suite des agapes en ce qui me concerne vu qu’elle est arrivée en sens inverse, et moi de même car elle va redescendre par où je suis monté. Cette montée du Montahut aura eu raison en partie de mon moral, et de mon énergie. La suite du parcours va se faire un peu plus au ralenti. Dernier ravitaillement à Vieussan, la suite va vite devenir une dernière source d’énervement. J’ai encore du jus pour avancer dans les côtes, mais avec la nuit tombée, je finis par ne plus savoir où j’en suis et où je vais. Ca monte, ça descend, ça remonte dur, du plat assez long, on change de versant de montagne, je scrute en permanence à droite et à gauche pour découvrir une balise, le temps passe 2 fois moins vite que j’ai l’impression. Mon énervement ne fait que croître au point d’en appeler les pompiers. Mon téléphone ne fonctionne plus depuis le Montahut. Je n’ai compris que le lendemain matin qu’il m’aurait fallu juste le redémarrer pour retrouver son fonctionnement normal.

 

 

Et là il faut que j’explique en quoi le balisage du circuit et les erreurs m’ont incité à appeler les secours. D’un avis général, le balisage était trop léger et pas assez uniforme. Des parties relativement bien balisées et d’autres pas assez rigoureuses. Déjà la rubalise du sponsor à ses couleurs (fond jaune, écriture noir) se confondait dans la nature très facilement. Aux carrefours il manquait une fois sur 2 en moyenne une croix au sol car il n’y avait jamais de rubalise en travers des chemins pour indiquer un changement de direction. D’où un nombre de fois important à faire des allers retours à la recherche des rubalises. Des rubalises parfois aussi mal positionnées à des carrefours pour les voir correctement. C’était un peu le jeu du chat et de la souris, nous courrions en permanence après ces rubalises. Leur espacement parfois était tel que nous avions l’impression d’avoir loupé encore un carrefour, d’où encore des allées et venues. Et ma plus grosse erreur, je dois l’attribuer toutefois à mon manque de lucidité je pense et à mon énervement une fois de plus. Cela ne m’était encore jamais arrivé, mais j’ai repris le circuit à l’envers ! Comment est-ce possible me direz-vous… Ca l’est, la preuve ! Faut pas être pas bien malin je l’avoue. A la sortie de Plaisance, une belle côte bien corsée encore. Je rattrape un guadeloupéen à la dérive. S’étant trompé de 5 km déjà, il continue en promenade, un peu désabusé. Arrivé au sommet, rebelote je cherche les balises et tourne un peu en rond. Ayant perdu dans la nuit complètement le sens de l’orientation et ayant l’esprit trop occupé par mes nerfs qui me titillent la jambe, je ne me rends pas compte quand je redécouvre une balise que je reprends  en sens inverse le chemin par lequel je suis arrivé. Un peu après je recroise du coup le guadeloupéen qui me demande ce que je fais. Je lui dis que je suis les balises, et lui me dis pareil et qu’il faut continuer à grimper. Mais qu’est ce qu’il me raconte ! Je le laisse continuer et moi je continue dans ce qui est mon erreur. Ce qui contribue à accentuer mon énervement. A tel point que j’en perds le balisage. Je réalise qu’au bout de 500m de descente. ½ tour je remonte et retrouve le balisage. Et je continue dans mon erreur, j’attaque cette fois une descente raide. 1km plus loin je vois une frontale qui arrive en sens inverse à nouveau. Le gars m’explique que les lumières que je vois là en bas, c’est Plaisance et j’y redescends si je continue. J’en ai marre, je lui dis que je redescends et j’arrête. Mais sans le penser vraiment. Il me remotive à continuer avec lui. Ce que je fais assez vite car je ne suis pas cuit au point de m’arrêter maintenant, sachant que je le regretterais fortement après coup. Tant pis pour tout ce temps de perdu, ces km en trop, mais je dois continuer et passer outre mon énervement. Jamais été aussi énervé dans une course ! Et ce n’était pas fini. Tout ça pour expliquer en partie ma décision d’appeler les secours à défaut de pouvoir appeler les organisateurs si près de l’arrivée. Je me disais que je recommençais une bévue du même genre, mais pas en sens inverse cette fois car de temps en temps je voyais une flèche au sol qui me disait que j’étais dans le bon sens. Je pensais plutôt être sur un autre circuit que le mien croyant que j’aurais déjà dû être arrivé.

Et voilà, une leçon de plus à retenir : ne jamais s’énerver, garder son calme pour analyser clairement la situation.

à suivre...



05/06/2014
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 26 autres membres