Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

Grand Raid des Pyrénées (3ème partie)

Grand Raid des Pyrénées : 3ème partie

 

Repartir de la base vie de Villelongue a été un peu laborieux. Il a fallu que je marche un moment avant de pouvoir recommencer à trottiner. A la sortie de la ville, je me fais doubler par 3 autres concurrents. Et qui vois-je ? Jean-Michel, connu à la Montagn’hard. Lui aussi souffre des cuisses. Il est toujours sans bâtons, chapeau. Petit arrêt pipi en ce qui le concerne, que j’imite 50m plus loin. En repartant j’aperçois au bord de la route un peu plus loin un bénévole avec son gilet fluo. Il me prend en photo ! Mince, c’est Françoise ! Vu mon état, je prends le temps de discuter et de lui faire part de mes mauvaises sensations. J’arrive à repartir en courant, ça me rassure un peu.

 

 

 

Rejoindre Soulom se fait par des chemins afin d’éviter la route, mais ce n’est pas plat ! Pas de problèmes en montée, mais la descente commence à me faire très mal aux cuisses. La traversée du village se fait encore en trottinant. Puis un gros morceau en côte nous attend à nouveau : l’ascension du Mont Cabaliros, 1860m de dénivelé à prendre. 1ère partie jusqu’au Turon de Bene ou un ravitaillement nous attend. Pas loin derrière moi, un autre participant qui va quasiment à la même allure. En prenant quelques photos, cela lui laisse le temps de me rejoindre, et nous continuons ensemble.

 

 

Pas de pot, c’est un Espagnol qui ne parle pas le français et moi un Français qui ne parle pas l’espagnol (même après 3 semaines en Andalousie !). C’est dans un silence religieux que nous continuons l’ascension ensemble. Au bout de 3 à 4 km, le temps de prendre encore 2, 3 photos, il prend un peu les devants. Je serai incapable de le rejoindre, et même de tenir à présent la cadence. Je le vois peu à peu prendre de la distance. Et non seulement je ne rattrape plus personne, mais c’est moi qui me fais rattraper par d’autres concurrents. Pas très nombreux encore, mais cela en dit beaucoup sur ma forme du moment : pas brillante ! Quant à Jean-Michel, il a l’air loin devant, ne le voyant plus. Une bonne chose toutefois : le temps vire au sec, la pluie ne s’invite plus. Ciel toujours gris, mais quelques rayons de soleil de temps en temps sur les montagnes. Je poursuis à mon rythme l’Ascension, peinant un peu plus à chaque kilomètre. Alors que nous approchons d’un col, la nuit commence à nous rattraper, je me fais doubler par un groupe de 3 coureurs dont une féminine, tous les 3 à l’aise, discutant sans temps mort. Cela commence à me faire râler de me voir dans cet état. Mais j’avance encore c’est l’essentiel.

 

 

Arrivé au col, c’est le contrôle ravitaillement du Turon de Bene. Un grand abri sous tente, un feu de bois pas loin pour réchauffer les bénévoles, d’autres personnes par derrière qui s’installent pour la nuit avec leurs petites tentes. Et des vaches qui se promènent au milieu de tout ça. Je me ravitaille, l’appétit est toujours là, c’est bon signe. Pas de fatigue, mais les quadriceps qui tirent de plus en plus. Pas une surprise en soi, je m’y attendais un peu avec mes 3 semaines de vélo sans course à pied, qui ont précédé. Au pointage connu après course, je suis 91ème. Je m’équipe pour la nuit et le froid qui tombe. Nous sommes à 1549m et devons encore grimper jusqu’à 2334m au pic de Cabaliros. Gants en soie, tour de cou, frontale et veste… et me voilà parti ! Un devant moi, un autre pas loin derrière, nous aurons vite fait de nous regrouper car à peine 300m plus loin, nous sommes tous les 3 à chercher la balise. Rien de visible dans la lumière de nos frontales ! Heureusement la lumière d’autres coureurs assez loin devant nous guide dans la direction à prendre. Nous trouverons le piquet balise couché au sol, certainement par une vache qui sont nombreuses sur ce secteur et que nous venons de croiser juste avant. Et ce ne sera pas le seul dans ce coin. Assez vite un de nous prendra les devants et je n’arriverai pas à le suivre. Le second reste dans ma trace, mon allure lui convient. Mais à mi-hauteur, il filera devant, mon allure faiblissant au fil de l’ascension. Les cuisses tirent de plus en plus. Un peu avant le sommet, je me fais rattraper par un autre groupe. Qui vois-je dans le lot ? La féminine asiatique, toujours avec son allure et aussi fraîche quasiment qu’au col de Sencours. Elle prend les devants, mais quelques centaines de mètres plus loin, elle accuse le coup et je reviens sur ses talons. Nous arrivons au sommet à 4, 2 autres coureurs qui nous précédaient sont à chercher la balise pour continuer. Un qui connaissait nous guide dans la direction, où nous trouverons en effet à nouveau une balise qui rassure tout le monde. A présent, c’est la descente, 1400m à perdre, et j’appréhende beaucoup. La nuit bien noire nous enveloppe, pas trop de brouillard heureusement. Et très vite, je perds mes compagnons de route que je ne peux suivre. Incapable de courir, à peine j’arrive à trottiner sur les parties faciles. Du coup je me concentre sur le chemin à suivre en essayant de repérer les balises d’une sur l’autre, ce qui n’est pas évident du tout. Tant bien que mal j’y arrive, et continue mon bonhomme de chemin à mon allure. Incapable de décrire le paysage que nous traversons, les yeux rivés au sol à chercher les balises et voir où je pose mes pieds m’occupent à 100%. Certainement après le col de Contente, nous apercevons en contrebas et tout petit la ville de Cauterets qu’il nous faut rejoindre. Que se passe t’il ? Est-ce la vue plongeante sur la ville, est-ce de voir pas mal de lumières devant moi et certaines pas loin sur ce sentier en zigzag qui plonge vers la vallée, je retrouve soudain de la vivacité dans les jambes et j’arrive à courir sans trop de douleurs dans les cuisses. J’en rattrape et double quelques-uns uns dont la féminine. Mais cela est de courte durée. Le plaisir fut de courte durée, je me retrouvais à nouveau scotché au chemin, incapable de courir, et même de franchir le moindre escalier sans une savante gymnastique. Et je me fais doubler, doubler… J’en prends mon parti et continue en marchant. La joie de la nuit se traduit aussi par de beaux « splash » dans les zones marécageuses que l’on a du mal à discerner dans nos frontales, et parfois inévitables aussi vu le relief. L’état des chaussures est calamiteux. Mes cuisses aussi ! Nous rejoignons une route que nous gardons. Un autre concurrent m’accompagne dans ma marche. Nous bavardons pas mal au point de louper le balisage. Nous remontons et récupérons d’autres concurrents juste à l’endroit du branchement. Pas évident à voir ! Dans le chemin, je serai incapable de les suivre, et je me retrouve à nouveau seul. Encore une superbe glissade à mettre à mon actif, la 5ème de la journée. L’arrivée dans Cauterets se fait par la route sur les derniers kilomètres. Toujours incapable de courir. A 1 km du ravitaillement, Françoise m’attend et m’accompagne jusqu’au contrôle ravitaillement. Je mange toujours sans problème, mais le cœur n’y est plus vraiment à cause de mes cuisses. Je sens que cela va être dur d’aller au bout, mais j’ai envie d’y aller c’est sûr. Pointage connu après course : 92ème ! Pas mal d'abandons à priori vu le nombre de coureurs qui m'ont doublé depuis le Turon de Bene.

 

 

à suivre !



07/09/2011
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