Grand Raid des Pyrénées (2ème partie)
Grand Raid des Pyrénées (2ème partie)
Artigues, 29 km sur les 150 ! Le chemin est encore long. Heureusement, nous aurons ainsi peut-être le temps de voir réapparaître le soleil. Car pour l’instant c’est une pluie assez forte qui nous accompagne quand je quitte le contrôle ravitaillement. Pris dans la course, ne pouvant faire autrement, notre esprit s’en accommode sans trop de problèmes. Vu de l’extérieur, cela semble fou ou courageux suivant l’état d’esprit de chacun, vu de l’intérieur, pas d’état d’âme particulier, c’est moins agréable que le beau temps certes, mais au moins on ne pestera pas contre la chaleur. On ne se rend même plus compte qu’il pleut au fil du temps.
A présent c’est une longue montée qui nous attend pour atteindre le col de Sencours : 7 km et 1200m de dénivelé d’une traite. Je décide de prendre mes bâtons que je sors de mon sac à dos tout en marchant. Il n’y a pas à dire, mais ça soulage les cuisses. Je n’avance peut-être pas plus vite, ou de trois fois rien, mais je pense que cela économise pour la suite. Ca bouchonne encore sur ce sentier sur les parties en mono-sente. Pas de quoi s’affoler vu le kilométrage restant !!! Le brouillard et une pluie de moins en moins dense au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude nous accompagnent. Ca ne discute guère dans l’effort. Je lance 2, 3 vannes, pas de réactions. J’insiste pas mieux, et je suis le groupe. Nous arriverons au col sans que je m’en rende vraiment compte, ne sachant vraiment pas me situer dans ce brouillard. Le col de Sencours (2378m) se traduit en effet par un changement de vallée, mais aussi des ruines qui servent d’abri pour le ravitaillement. Ca coince un peu dedans vu l’étroitesse des lieux, mais j’arrive quand même à me faufiler pour me ravitailler un minimum. Le pansement du bras a bien tenu, le sang n’a pas traversé toutes les épaisseurs, je n’irai pas voir la jolie secouriste, un autre l’ayant déjà accaparé !!!
Dans la montée, je rattrape une féminine, asiatique à son physique. Je la sens à la peine, une démarche un peu démantibulée. A la voir ainsi, j’ai l’impression qu’elle aura beaucoup de mal à aller au bout. Elle est pour l’instant la seconde féminine, une anglaise étant devant. Je repars de cet abri de fortune tranquillement en finissant de manger et boire. Le chemin est à présent agréable, en mono-sente toujours, détrempée, mais roulant. Par contre le temps ne s’arrange pas. Heureusement nous n’avons pas la neige comme annoncé à Artigues, ni les rafales de vent à 100 km/h. A la place c’est un peu de grésil qui va nous accompagner régulièrement pendant une petite heure, mais rien de gênant, si ce n’est que la température n’est pas élevée ! Ayant les bâtons en main, le fait de s’en servir nous fait travailler les mains si bien que celles-ci ne se frigorifient pas du coup. Bien pratique. Je garde ainsi la mobilité de mes doigts malgré une température quasi nulle certainement, sans avoir recours aux gants. Paysages sympathiques que je découvre un peu entre deux vagues de brouillard intense.
Nous surplombons des lacs sans que je chasse lesquels. Puis c’est au tour d’un secteur magnifique après avoir franchi un nouveau petit col, celui d’Aoube. L’arrivée sur le lac vert, puis le lac bleu est superbe, le brouillard nous laissant voir un peu de paysage. Je me régale et me rattrape côté photos, je mitraille un maximum pour essayer d’en avoir quelques unes de bonnes j’espère. De nombreux troupeaux de vaches sont présents tout le long du circuit, qui parfois prennent possession du sentier. Nous ne les dérangeons guère à priori, habituées aux randonneurs depuis longtemps je pense.
Le passage le long du lac bleu est sportif et un peu technique, mais quel beauté malgré le temps maussade. J’y aurai bien fait une pause dans d’autres conditions. Après ce lac, un col à nouveau et raide. Je suis à présent bien dans la course. De bonnes sensations sont là, je recommence à grignoter d’autres coureurs dans les ascensions, à voir dans les descentes par contre car ma chute a un peu refroidi mes ardeurs en la matière. Celle qui suit sur le lac d’Ourrec se passe pas trop mal, je suis dans l’allure général. Un peu rassuré de ce côté là. La remontée assez facile sur la Hourquette d’Ouscouaou se passe au milieu de la bruyère en fleurs. Encore une fois dommage que le soleil ne soit pas de la partie. Un gros morceau arrive à présent : 1450m de dénivelé à perdre ! C’est là que je vais voir si tout va bien comme à la Montagn’hard. Pour l’instant le moral est au beau fixe. Nous attaquons par une descente le long des pistes de ski sur la station d’Hautacam. Toujours un peu méfiant, je ne prends pas de risques.
Arrivé à la station, un contrôle ravitaillement nous attend. Je retrouve Françoise. Tout va bien, je me ravitaille comme il le faut, refais le plein de barres de céréales à portée de main car je consomme 1 à 2 barres entre chaque ravitaillement. Outre le cake aux fruits, je me fidélise aussi à la soupe à chaque ravitaillement. Avant de repartir je fais face à la descente de luge. Vraiment dommage que nous n’en ayons pas eu une là haut à notre disposition ! Messieurs les organisateurs pensez-y pour les prochaines éditions ! Il faut maintenant rejoindre le fond de la vallée à moins de 500m d’altitude.
Petit sentier à nouveau au milieu des fougères. Je me sens bien, le terrain est moins glissant, je me lâche un peu, et double 2, 3 autres coureurs. Ce joli sentier un peu plus bas fais place à des zones de gadoue, inévitable à franchir, notamment juste avant de rejoindre la route. Certains spectateurs s’amusent d’ailleurs de la situation. La portion qui suit commence par du goudron sur la route, puis un large chemin va prendre le relais jusqu’à Villelongue, base vie où nous allons retrouver un sac d’affaires de rechange et autres déposé la veille auprès de l’organisation. Les premiers km sur ce terrain dur se passent pas trop mal, mais très vite, je ressens les cuisses qui ont du mal à encaisser. Le moral est toujours là, mais je réalise que la suite ne va pas être facile. J’arrive encore à courir, un peu au ralenti, mais jusqu’à quand ? Je commence dès lors à me refaire doubler. Rien de trop alarmant pour l’instant dans mon esprit. Je garde l’espoir que ce ne soit qu’un mauvais passage comme il nous arrive. La fin de la descente est un peu plus ludique avec un passage rocheux et une belle vue sur Villelongue. J’arrive à la base vie en trottinant, bien comptant d’être là. 64 km de réalisé, n’en reste plus 87 ! Je récupère mon sac, change mes chaussettes imperméables. Elles ont bien joué leur rôle, mon pied étant juste un peu humide. Par contre à mon pied gauche, sur le côté intérieur, là ou ma semelle orthopédique est renforcée, ma peau fait des plis et est prête à s’arracher. Du coup en renfilant ma seconde paire de chaussettes imperméables, je serre un peu plus mes lacets pour éviter que mon pied bouge. Je garde mon tee-shirt, celui n’étant pas trop trempé, la pluie ayant cessé depuis la Hourquette d’Ouscouaou à peu près. Je me ravitaille, en rajoutant une petite assiette de pâtes à mes habitudes du jour, rend mon sac, et repars.
Contrôle à l’arrivée mais aussi au départ. Après la course, je saurai que j’étais 107ème à l’arrivée et 81ème en repartant. Et pour cause, pas mal d’abandons déjà à cause du temps. Mais le plus dur reste à venir comme à chaque fois !
A suivre…
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