Endurance trail des templiers : 2ème partie
Endurance trail des templiers : le plus dur reste à faire !
Direction Les Vignes à présent, tout au fond de la vallée pour retraverser le Tarn. La descente se fait un peu par la route, mais surtout par un sentier qui coupe les virages. Je suis freiné par la file qui me précède, dommage. Que du monde à redoubler en peu de temps ! La fraîcheur du matin est encore bien supportable, mes vêtements ont en effet rapidement séchés. Je suis même beaucoup plus à l’aise ainsi.
Un pont pour traverser et c’est reparti pour une 3ème grimpée sympa. Quelques virages puis un tout droit vers le sommet quasiment. De quoi y laisser quelques forces ! Je double régulièrement, mais je ne sens pas vraiment de puissance dans les jambes. Peu à peu je remonte vers ceux de mon niveau du jour, mais celui-ci n’est pas au top. Qu’importe, la fatigue s’installe tout doucement, mais pas de douleurs. Mes nouvelles chaussures me vont bien, juste une petite sensation de léger flottement de l’arrière du pied. J’essaye de resserrer un poil le lacet, toujours la même sensation. Je ferai avec. Nous rejoignons sur le sommet une petite route. Cadre agréable, nous retrouvons en même temps le soleil. Nous rejoignons un petit hameau, la Bourgarie aux vieilles maisons bien retapées. Puis nous longeons la falaise dominant le Tarn. Sente super sympa, mais technique.
Attention de ne pas se gameller, ça pourrait faire mal ! Nous sommes de nouveau dans l’ombre, du coup j’ai du mal à faire des photos pas trop vilaines, trop de contraste entre le paysage au loin sous le soleil et nous dans l’ombre. Dommage car je me régale les yeux. M’arrêtant de temps en temps pour en faire une, je n’insiste pas trop car à chaque fois je me fais redoubler et redoublent un peu plus loin les mêmes. Ils doivent commencer à me trouver pénible ! Sur un passage de rêve, où le paysage a créé une gigantesque arche naturelle sur la falaise, 2 bénévoles assurent la sécurité, des cordes sont là pour nous retenir au cas où.
Juste le temps d’échanger 2, 3 mots et ils me confirment qu’ils se « pèlent » ! Si l’on a du mérite côté physique ( ??? on l’a bien voulu !), les bénévoles en ont tout autant à faire preuve de patience d’une part, et de lutter contre des conditions météo pas toujours bien favorables (chaleur comme fraicheur glaciale). Merci à vous tous ! Ce sentier que j’ai adoré finit par s’élargir alors que nous longeons à présent la vallée de la Jonte et nous retrouvons le soleil par la même occasion. Une nouvelle bifurcation nous fait reprendre un peu d’altitude rapidement par une sente et passer sous une arche naturelle avec un paysage de toute splendeur.
Et ceci peu avant d’arriver au village de la Viale pour le ravitaillement uniquement en boissons. Toujours sur mon petit nuage même si les jambes sont un peu lourdes et ont du mal à me faire avancer aussi vite que d’habitude. Petit coup de fil à Françoise ne la voyant pas, elle m’attend au fond de la vallée à Les Douze prochain point de passage pour traverser la Jonte. Je décide de me mettre en petite tenue, je quitte mon maillot manches longues pour rester en tee-shirt. Et c’est reparti par chemin bien agréable encore qui va nous ramener vers une route mais que nous abandonnerons rapidement pour prendre un chemin descendant vers la Jonte presque en ligne droite. Les genoux grimacent un peu, mais j’y trouve du plaisir, arrivant à me décontracter un maximum. Personne ne me double, et j’en rattrape un qui a du mal par contre à descendre. L’arrivée sur le village est technique, un peu d’ambiance monte du village à l’approche. Des spectateurs applaudissent les coureurs, toujours un petit moment sympathique pour nous. Je retrouve à la sortie du hameau Françoise qui m’attend. 2, 3 minutes à discuter et je repars. Nous descendons longer la rivière, pour la remonter un peu et traverser sur une passerelle.
4ème grosse ascension devant nous, je me régale à nouveau, mais toujours les jambes un peu molles. Une superbe vue sur la vallée à nouveau, ce parcours va être un ravissement pour les yeux du début à la fin. Au sommet, nous rejoignons la route. Alors que je débouche sur la route, une voiture me passe sous le nez. Ma voiture ! Coucou Françoise ! J’ai failli arriver au contrôle ravitaillement de Veyreau avant elle. Il faut dire qu’elle a serré les fesses tout le long de la montée, tellement la route est étroite. Un peu de plat avant d’arriver lui permet toutefois de me distancer. Arrivé au village, je vois Françoise m’attendre la figure déconfite ! Aïe aïe aïe, qu’est ce qui se passe ? Elle vient de s’apercevoir qu’elle a perdu l’appareil photo ! Elle me rassure aussitôt, elle l’a oublié certainement dans un endroit où personne ne passera (petit endroit discret !) et qu’elle va y retourner le chercher, mais en passant par une autre route car elle ne se voit pas redescendre par où elle est montée ! Au ravitaillement Françoise me remplit ma poche à eau que je viens de finir peu avant ! Un évènement, il y a bien longtemps que je n’avais jamais fini ma poche. Il faut dire que depuis le début, je me suis appliqué à boire un peu régulièrement et à manger de même. Le peu de ravitaillements dans l’ensemble est aussi un facteur non négligeable qui m’a amené à boire sur ma poche à eau plus souvent que d’habitude. L’appétit est toujours là, tout passe, mais je ne mange pas trop histoire de laisser mes intestins tranquilles. Je repars tranquillement en me faisant contrôler, le bénévole m’annonce en même temps ma position : 105ème. Mon objectif de terminer dans les 60 premiers est à l’eau, c’est une évidence. Pas grave je me fais plaisir comme j’aime, c’est l’essentiel. Je repars tranquillement, j’ai besoin d’un peu de temps de chauffe pour remettre les jambes en bon fonctionnement. Nous traversons un plateau par des sentiers bien roulants. Mon allure est faible, j’ai du mal à relancer un bon rythme. Du coup on me rattrape à nouveau, et je suis incapable de suivre leur cadence. Ca me chagrine un peu, mais je suis bien physiquement et moralement, toujours sur mon petit nuage. Le pied ! Et d’autant plus que sitôt que le terrain remonte un peu, je suis le seul à continuer à courir de ceux qui sont avec moi. Sur ces parties montantes, je suis aux anges, beaucoup mieux que sur le plat ou les parties légèrement descendantes.
A l’entrée de St-André de Vézines, je me permets ainsi d’en redoubler 3… Si ça pouvait monter jusqu’à l’arrivée ! Faut pas rêver… Ce qui est sûr, la partie qui suit est à nouveau un délice. De magnifiques rochers égayent le paysage pour mon plus grand plaisir. Arche naturelle où nous passerons dessous, rochers de toutes les formes laissant vagabonder notre imagination… je suis tellement en extase, appareil photo à la main que j’en perds le sentier.
Il me faut remonter pour reprendre les balises que j’aperçois sur la crête en-dessus. Au détour d’un virage, j’aperçois le fond de vallée et la Dourbie qui coule tranquillement. Un peu plus loin c’est le village de La Roque Ste-Marguerite que j’aperçois et que nous allons rejoindre par une belle descente, assez roulante. Je me fais encore doubler mais sans gros écart.
Arrivé au village, j’aperçois Françoise qui m’attend à côté d’autres personnes dans la même situation. Elle me félicite sur ma ponctualité. 16h10 de prévu, il est 16h10 ! Elle oublie de me préciser que c’est sur la plus petite moyenne, ce que je devine toutefois sans effort vu mes sensations. Je sais d’ores et déjà que je finirais de nuit. Moi qui espérais finir à la tombée de nuit c’est loupé ! Elle m’accompagne jusqu’au pied du pont qui va nous permettre de franchir la rivière. Un point d’eau nous attend. Certains coureurs sont assis avec la tête des mauvais jours. Ca ne gaze pas pour eux. J’en profite pour manger un peu et boire un coup. Elle me rassure par la même occasion eu m'annonçant qu'elle a retrouvé l'appreil à photo... dans son sac à dos !!! Mais dans une poche inhabituelle... Je repars tranquillement en marchant, pas mal de spectateurs sur ce pont attendent. Encore une petite photo et je reprends un petit trot. A la sortie du pont, 4 coureurs se préparent pour ce qui suit : la 5ème grosse montée de la journée et avant-dernière. Je leur passe devant et ils m’emboîtent le pas dans les secondes qui suivent. Une belle montée que je franchis avec toujours autant de plaisir à défaut de facilité. Je leur prends un peu d’avance tout au long de la montée. Mais au milieu de celle-ci, je me fais doubler soudain par une fusée ! J’ai du mal à comprendre comment il peut grimper aussi vite alors que nous sommes tous au ralenti. Avec une telle capacité, il devrait être très loin devant… Mais est-ce seulement un coureur de l’ultra ? A le voir de dos oui, mais sans certitude. Il disparaît de ma vue aussi vite qu’il est apparu, c'est-à-dire en quelques instants, à peine le temps de réaliser en ce qui me concerne. Inutile de dire que je ne le reverrai pas et que je ne saurai pas le fin mot de l’histoire. L’arrivée sur Pierrefiche, 4ème contrôle ravitaillement est rapidement là.
Les bénévoles nous attendent de pied ferme, alignés derrière les tables surchargées de victuailles me faisant penser à un festin. Quelques coureurs dans la salle, mais peu d’activité encore. Le gros de la troupe va suivre. Tout en plaisantant avec les bénévoles, je me ravitaille mais sans plus une nouvelle fois. La fin approche, si rien n’empire cela devrait bien se passer. Direction La Monna, dernier franchissement de rivière. Le sentier est toujours aussi beau, technique, physique. J’ai toutefois un peu de mal à suivre l’allure de certains.
Je trouve un coureur assis au bord du chemin. Il se ressource dans tous les sens du terme. En face de lui, une vue magnifique sur la vallée qu’il contemple avec plaisir, cela se voit sur son visage. Je pense de tête que La Monna n’est pas très loin. Mais le chemin n’en finit pas de descendre, puis de longer la rivière. Une personne que nous croisons nous indique le village à 20’. Cela me recadre un peu, mais ce sera je pense plus d’une ½ heure qu’il me faudra en réalité. Je me fais redoubler à nouveau, incapable de garder une bonne allure. J’avais prévu de me ravitailler au village, mais je suis obligé de manger une barre de céréales peu avant, la fringale m’ayant rattrapé avant. La traversée de la rivière me rappelle immédiatement celle des gorges de l’Ardèche : une rangée de canoës attachés les uns aux autres avec des planches dessus. Joli en couleurs !
Très stable, aucun tangage. Bravo ! Je retrouve Françoise de l’autre côté de la rivière. Je marche à ses côtés jusqu’au village quelques hectomètres plus loin. J’en profite pour me rééquiper pour la nuit car celle-ci ne va pas tarder à tomber à présent. Un bisou d’encouragement avant de se quitter et c’est reparti pour la dernière grosse ascension de la journée. Je ne suis pas seul, mais chacun va à son allure et du coup toujours un peu d’espace nous sépare en plus ou en moins suivant les passages. Ce qui nous donne quand même l’occasion de discuter un peu. Les dernières lueurs s’éteignent sur les sommets qui nous entourent, la nuit s’installe peu à peu. La grimpée n’est pas trop raide, juste quelques petits passages très courts. Pas très loin du sommet, nous arrivons à la hauteur d’une barre rocheuse. A force de regarder au sol pour voir où je mets mes pieds, je loupe un virage à tête d’épingle pour suivre un sentier qui part droit au pied d’une grande falaise. Le sentier devient hyper étroit et fort dangereux. Mes neurones, bien fatigués, réagissent tout de même pour m’avertir qu’il y a un problème. Je me dis que ce n’est pas possible qu’il nous fasse passer par là, d’autant qu’il n’y à rien pour se sécuriser un minimum. Demi-tour, la dernière balise n’était pas loin du tout. A celle-ci, j’aperçois en effet les autres en dessus sur le sentier qui tournait et que je n’avais pas vu faute d’avoir pas lever les yeux. La frontale est de mise à présent. Pour rejoindre le dernier contrôle ravitaillement à la ferme du Cade, un sentier en sous bois assez roulant nous y amène. Je rattrape un coureur qui ne peut plus courir, tendinite au genou, et qui continue à la marche, à une allure que je serai bien incapable de suivre si je devais marcher. Nous arrivons en même temps au ravitaillement.
En discutant avec les bénévoles, je ferai la connaissance d’une maman d’une Grânoise que je connais. Plus que 8 km avant l’arrivée, mais de la descente principalement. Le moral est au beau fixe, les jambes lourdes mais sans douleurs particulières hormis un peu les genoux dans les descentes. C’est reparti, confiant dans l’issue de ce trail. Attention à la blessure toutefois. Un peu roulant au début, le chemin large va faire place à une sente technique et physique plus loin. Entre temps, j’aperçois au loin les piles du viaduc de Millau toutes illuminées. Ca sent bon l’écurie ! Remontée assez raide pour rejoindre une barre rocheuse à son pied et la fameuse grotte à traverser que j’avais oubliée. Ayant redoublé 2 autres coureurs entre temps, je me dis que je vais essayer de bien descendre. Mais celle-ci est hyper raide et glissante. Je m’accroche à toutes les branches possibles, me servant des troncs en appui pour me ralentir. Sur un passage sans soutien possible, je pars les 2 pieds devant. Je glisse sur le derrière, mais dans ma chute ma frontale s’éjecte de ma tête et tombe au sol en s’éteignant. A tâtons je la cherche mais sans succès. Au bout de 2 à 3 minutes, mes yeux s’habituent à l’obscurité, et je finis par apercevoir une forme bizarre. C’est bien elle. Je commençais à me dire que j’allais attendre le prochain coureur pour la retrouver, je n’en ai pas besoin tant mieux. 2 solutions pour l’avenir : une frontale de secours ou l’attacher d’une manière ou d’une autre. La première solution sera certainement la plus sécurisante, surtout si je dois passer une nuit entière et que je me retrouve un peu esseulé. Panne, changement de piles dans la nuit, une de secours peut devenir indispensable. Je reprends la descente, mais cela m’a coupé un peu mon élan, et mes genoux commencent à dire « doucement ». Aucune raison de faire le forcing pour finir, du coup j’y vais calmement. Les rumeurs de la ligne d’arrivée commencent à arriver à mes oreilles, je domine la ville à présent. Le chemin devient large et roulant, mais incapable de relancer l’allure, mes genoux sont sensibles. Je prends mon mal en patience et j’attends que ça se passe. Un coureur revenu de l’arrière ma rattrape et me propose de terminer ensemble. Nous sommes à 1 km de l’arrivée. Je le remercie, mais lui dis de continuer car je ménage mes genoux, ceux-ci étant douloureux. Il arrivera presque 3 minutes avant moi ! Dernière petite descente un peu raide, je la passe au ralenti. Je prends presque plaisir à profiter de ces derniers moments, pas pressé de rentrer finalement. Pas mal de spectateurs qui encouragent sur les derniers 100m, cela fait plaisir il n’y a pas à dire.
Photo de la ligne d’arrivée avant de la franchir, j’aperçois Françoise qui m’attend derrière. Je vais la retrouver et récupérer mon cadeau de finisher, un maillot technique Adidas manches longues. Génial, je n’en avais pas encore. Direction le chapiteau ou un repas nous attend. A table, je n’ai pas très faim, la fatigue prend rapidement le dessus finalement. Je mange de tout, mais sans finir le plat principal qui est bon. Je bois par contre 2 petits verres de vin, qui à défaut de me faire du bien me procure un plaisir incroyable, allez savoir pourquoi !
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Se lever de table est un peu dur, mais il n’y a pas trop de mal. 1ère fois que je suis autant en forme après un 100 km. Les jambes sont raides mais je peux marcher « presque » normalement.
Constat final : pas de bobo, même pas une ampoule et pourtant des chaussures neuves qui avait moins de 20 km ! Pourquoi un rythme plus bas que d’habitude ? Fatigue, les portions plates que j’ai eu du mal à digérer, méforme passagère, le fait d’avoir laissé mes bâtons dans mon sac (je ne les ai jamais utilisés, n’en éprouvant pas vraiment le besoin), même avec du recul j’ai du mal à analyser le pourquoi de la chose. 58% de temps de plus que le 1er alors que d’habitude je tourne à 30%, pas l’impression d’avoir traîné pourtant. Le plaisir lui était bien au rendez-vous, c’était bien le plus important.
Un beau parcours, bien dosé pour tous les goûts, une belle organisation dans son ensemble avec des courses pour tout le monde, des bénévoles en nombre et très sympa, le soleil en prime, que vouloir de mieux ! J’en ferai bien tous les week-ends des courses pareilles… si je pouvais !
Résultat ici : 89ème sur 750 inscrits, 407 à l'arrivée. Des barrières horaires assez sévères qui en ont éliminé un grand nombre... Un grand saut dans le classement à Peyreau, mais que je n'ai pu guère mieux concrétiser sur la fin de course, dommage.
Diaporama à venir dans un prochain article...
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