Coco le cyclo...

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04/03/2017 : Ultra trail au bout du cirque… ou l’ail au pays de l’oignon doux !

04/03/2017 : Ultra trail au bout du cirque… ou l’ail au pays de l’oignon doux !

 

Pas si doux que ça l’ultra, lui. Encore un qui nous laissera quelques souvenirs marquants.
Premier ultra de la saison, un peu tôt dans la saison j’avoue, je voulais faire un test. 100 km au programme, il n’en fera que 82 finalement, car au lieu de partir à 04h00 du matin, nous ne sommes partis qu’à 08h. La cause : la tempête qui sévissait. Merci Mr météo pour ses prévisions, cela nous a permis en contrepartie de dormir 4h de plus, ce qui est appréciable.
Mon entraînement en vie de cet ultra a été quelque peu perturbé suite à ma bronchite-sinusite de fin janvier, alors que la forme commençait à bien venir. Une sortie longue 6 jours avant de 30 km me laissait quelques doutes sur ma forme du moment.
Vendredi soir, nous voilà au Vigan avec Françoise qui va me suivre sur la course. Retrait des dossards, petit tour des stands installés dans la halle des sports, nous rejoignons le gîte où nous avions réservé « La résidence Viganaise ». A quelques encablures du départ, il est idéalement situé. Le propriétaire nous informe qu’il y a un autre concurrent au rez-de-chaussée aussi. Nous ne le rencontrerons que dimanche matin au moment où nous partons. Accompagné lui aussi de son épouse qui a couru le 11 km, il s’est avéré que c’était le 2ème V3 de la course. Nous n’étions que 2 V3, les 2 plus âgés de la course. Ce qui n’est pas une référence très réjouissante, mais à laquelle il va falloir m’habituer dorénavant. Bien que je ne me sente pas du tout « vieux » dans ma tête, ni dans mes jambes, ce qui est l’essentiel.
Après une bonne nuit quasiment entière, nous voilà dans la halle des sports pour le départ. Françoise me fait remarquer un coureur, il a des chaussures minimalistes, des five fingers. Je n’y crois pas ! Je ne peux m’empêcher d’aller le brancher, ça me démange trop. Moi qui depuis plusieurs mois me tâte d’expérimenter cette pratique qui a de nombreux avantages, mais aussi quelques inconvénients, j’ai là devant mes yeux pour la première fois un concurrent, Stephan, qui le pratique en réel sur un ultra. Nous discutons 5 bonnes minutes avant que le départ soit donné. C’est la 1ère fois qu’il se lance sur un grand ultra. Il pratique la course avant pied que depuis un an, après lu le livre « Born to run », que j’ai lu aussi. Et il en est content. Aucune blessure musculaire ou tendinite, jamais de douleurs articulaires, le seul bémol les descentes techniques où il est obligé de ralentir par rapport aux autres. Si ce n’est que ça, je suis preneur !!!

 


Le départ est donné, une légère pluie nous accompagne. Rien à voir avec ce qui tombait à 04h du matin avec un vent pas possible. La décision des organisateurs a été plus que judicieuse. La preuve, il n’y aura que 16 abandons sur un peu plus de 100 participants au départ. Si nous avions dû partir sous le déluge, les dégâts auraient été beaucoup plus conséquent.
Equipé d’un tee-shirt à manches longues et de ma grosse veste de montagne imperméable, d’une paire de gants, et de plusieurs vêtements de rechange dans mon sac à dos ainsi qu’un litre et demi de ma boisson maison, sans oublier mes chaussettes imperméables, je suis le mouvement. Mon ressenti dès le départ n’est pas terrible. Musculairement ça va, mais je sens les jambes lourdes. Ne m’étant pas échauffé du tout, je me dis que ça devrait vite passé une fois chaud. Je ne me fais pas de soucis. Le rythme n’est pas trop élevé, je me situe à peu près au milieu du peloton. Ce n’est qu’une vague estimation. 1ère côte, une jeune féminine devant moi fait légèrement bouchon. Je la surnomme d’emblée « Barbie » car elle a grandes chaussettes roses et un short rose. Je la sens forcer pour essayer de tenir la cadence, je me dis qu’elle va exploser si elle continue ainsi. Non seulement elle n’explosera pas, mais à mi-course, elle me doublera et je ne la reverrais qu’à 4 km de l’arrivée, victime d’une entorse à la cheville.  Elle rentrera tant bien que mal à la marche en claudiquant. Bravo, un sacré mental. Dans cette côte, Stephan me rattrape et passe devant. J’en profite pour prendre son sillage et l’observer. Je resterai derrière lui pendant une grande partie de la descente qui va suivre, avec quelques passages techniques. Comme il m’avait indiqué, dans ces parties-là, il ralentit mais ce n’est pas méchant. Et sitôt que le terrain redevient un tant soit peu roulant, j’ai dû mal à le suivre. Pourtant les cailloux ne manquent pas. Il m’épate. Sur une partie légèrement descendante et roulante, je ne peux plus le suivre. J’ai vu ce que voulais voir, en pleine action dans une descente technique, et j’en reste le souffle coupé ! Je n’aurais jamais cru qu’il puisse descendre aussi vite avec ce type de chaussures. Et surtout qu’il n’a pas beaucoup d’expérience en la matière. La pluie pendant ce temps va et vient, de quelques gouttes à une pluie un peu soutenue. Si juste après le départ le long de la rivière de l’Arre, je me demandais si j’avais bien fait de prendre ma grosse veste de montagne car je commençais à avoir chaud, je ne l’ai jamais regretté par la suite. Au 1er ravitaillement, je quitte mes gants avec grande difficultés tellement ils sont trempés. Les doigts un peu engourdis par le fois, je n’arrive pas à les glisser hors des gants. Et je n’arriverais pas encore moins à les remettre. Je continue donc sans gants. La pluie a duré jusqu’à midi environ, laissant même la place à la neige pendant ¾ h lorsque nous étions sur les crêtes. Toutes celles-ci dans le paysage blanchissaient en même temps. Et le pire, ce fut le vent. Sur les crêtes, des rafales de 60 à 100km en permanence. Plusieurs fois le vent me déportait dans les genêts, et parfois j’avais du mal à respirer. Par 2 fois j’ai cru que j’allais tomber à la renverse, bloqué net dans ma tentative d’avancer. Nous n’avions tous qu’une hâte, se retrouver vite à l’abri dans la forêt en dessous. En effet si nous entendions encore le vent siffler, nous retrouvions enfin un certain calme. Les gants trempés par la pluie depuis le départ (j’avais oublié mes moufles imperméables à la maison !), j’avais les doigts comme la plupart congelés. Incapable de tenir quoique ce soit dans mes doigts, plus de sensibilité, ni de force dans les doigts. Défaire une fermeture éclair devenait mission impossible. Il valait mieux pas qu’il m’arrive un problème, je ne pouvais même pas défaire les attaches de mon sac à dos. En redescendant sur le 2ème ravitaillement à Arre, où en même temps nous retrouvions un sac laissé aux organisateurs, les mains se sont réchauffées peu à peu, sans douleurs car ce fut très progressif. Ouf ! Je retrouve Françoise qui m’attendait. Je me ravitaille en solide, bois un peu de potage et c’est tout. Fidèle à mes habitudes, au bout de 35 km environ, je n’ai bu en tout et pour tout qu’une trentaine de cl ! Pas soif, aucune envie de boire. Je change mes gants qui au passage ne sont pas normaux. En effet ayant 2 paires de gants identiques en polaire, je suis parti ce matin avec 2 gauches. Et maintenant ce sont les 2 droites ! Une 3ème paire que je stocke dans ma poche de la veste au cas où, et me voilà reparti en marche avec Françoise. Nous empruntons la piste cyclable comme on nous l’indique. Un viaduc suivi d’un tunnel. Un peu devant un coureur semble hésiter à s’engager dans le tunnel. Je regarde le balisage autour de moi, 2 balises à ma droite, je jette un coup d’œil sur le chemin qui descend à contre sens, je ne vois rien. Je continue dans sa direction, et lui me voyant venir vers lui, s’enfile dans le tunnel. A la sortie de celui-ci nous le retrouvons, cherchant des balises sans en trouver. Il téléphone à l’organisation, et on lui indique de faire ½ tour. D’autres nous ont suivis qui avaient déjà repris le chemin du retour. Et à la sortie du viaduc, en effet le chemin que j’avais zieuté était bien le bon. Nous apercevons une balise assez loin flottant dans le vent.  5 à 10’ de perdus, pas bien grave, cela fait partie du jeu. Nous voici à nouveau à l’attaque d’une belle grimpée. Mes jambes sont toujours aussi lourdes. Je ne me fais plus trop d’illusions, je vais les garder jusqu’au bout à présent. Je garde mon rythme pris depuis le départ, et celui-ci n’est pas au top, je le sens très vite dans les grimpées. Je n’ai pas mon tonus habituel. Aucune douleur musculaire par contre, juste la fatigue normale qui s’installe au fil des kms, j’apprécie pleinement.  
Comme d’habitude je retrouve toujours à peu près les mêmes têtes au fil des km. A l’entrée du cirque de Navacelles, nouveau ravitaillement. Je ne m’attarde pas trop, n’ayant pas envie de me refroidir car le temps ne s’améliore guère, si ce n’est qu’il peut plus ou presque. Sur les parties roulantes, j’arrive toujours à courir, trottiner devrais-je dire. Pas de fatigue particulière, cela devrait faire jusqu’au bout à présent. Depuis un moment je me fais doubler par les premiers du 62 km, leur allure n’a rien de comparable à la nôtre. J’ai l’impression d’être stocké au sol. Du coup je regarde assez fréquemment derrière moi pour voir s’il n’en arrive pas afin de leur laisser le passage. Nous finissons après un long chemin à flanc de montagne quasiment plat, à descendre au fond pour rejoindre la résurgence de la Vis qui sort au pied d’un ancien moulin en ruines. Ayant quitté les gants et n’ayant pas les doigts pas engourdis, je sors enfin l’appareil photo. Bien que connaissant le lieu, pour y être venu déjà à plusieurs reprises, il n’en reste pas moins toujours aussi beau à mes yeux. Nous continuons en longeant la Vis, qui avec les pluies de ces dernières heures brasse beaucoup. Le chemin est envahi de flaques, difficilement évitables. Au final, à part ceux qui avaient des chaussettes imperméables, tous les autres auront pataugé dans leur chaussure en permanence quasiment. Le cirque de Navacelles est toujours aussi beau. La montée qui suit pour en ressortir par le GR est belle et roulante dans sa 1ère partie. Sur la seconde, arqué les mains sur les cuisses j’essaye d’avancer. La pente est très abrupte, et même si j’arrive à avancer régulièrement, je sens que je n’ai pas de tonus. Une fois sur le plateau, je retrouve à un point de vue Françoise qui nous observait d’ici. Et le coup de bol, une lunette est à disposition du public. En la pointant sur le village au fond du cirque, elle tombe sur moi du 1er coup ! Nous marchons un peu ensemble, en direction de Blandas, nouveau point de ravitaillement. Peu après Stephan nous rattrape ! Où l’ai-je doublé ? Je ne m’en suis pas aperçu. En discutant il m’apprend qu’ils se sont trompés à plusieurs sur les crêtes. Un mauvais balisage (volontaire ou un reste d’un ancien balisage) les a aiguillés vers le fond d’un ravin quasiment impénétrable. Cet aller-retour leur a coûté une 1/2h. Voilà l’explication. N’étant pas trop en jambes sur ce plateau, il file devant. Au ravitaillement, un peu de potage à nouveau, des fruits secs et un peu de banane comme aux précédents, et je repars avant de me refroidir. L’arrivée n’est plus très loin, mais il y a encore une belle côte à se taper. Au pied, je retrouve Françoise au dernier ravitaillement. J’installe la lampe frontale car la nuit est bientôt là. Et c’est reparti, Françoise m’accompagnant. N’ayant pu se défouler à sa guise à cause de la pluie, elle va se faire une bonne partie de la grimpée avant de faire ½ tour. La nuit est arrivée rapidement, du coup le paysage se meuble de gros vers luisants à lumière blanche. La montée est un peu longue, mais pas trop dure heureusement. Sur les crêtes, changement de circuit. Nous franchissons une petite échelle sur un grillage pour changer de versant. Et c’est une longue descente jusqu’à Avène qui nous attend. Longue car avec la fatigue, la vitesse ne s’améliore pas. Et de nuit, ça n’arrange pas la moyenne non plus. Je m’évertue à éviter la chute, étant épargné encore contrairement à plusieurs coureurs ayant chuté sur un terrain devenu glissant et boueux. Et c’est juste avant que je rattrape « Barbie ». Je vois de suite que ça ne tourne pas rond. Une entorse à la cheville la fait souffrir à chaque pas. Courageusement elle ira jusqu’au bout en marchant. Dommage pour elle, en espérant qu’elle se remette rapidement. La fin n’est pas si longue que ça, car nous longeons la rivière à nouveau , sans voir vraiment la ville. Et lorsque nous la quittons, nous nous retrouvons de suite en centre ville, la halle aux sports toute proche ! Cela finit par une petite côte, je décide de marcher. A 200m de l’arrivée, un coureur me rattape. Sans le voir, je lui dis que cela sent « la soupe à l’oignon » déjà ! Et surprise, je retrouve Stephan à mes côtés ! Quel hasard ! Il s’est arrêté plus longtemps que moi au dernier ravitaillement où je ne l’ai pas vu. Du coup nous finissons ensemble. IL est heureux de cette 1ère expérience sur du long, tout s’est bien passé. Sous la pluie, dans les flaques d’eau et de boue, aucun souci. Pas froid aux pieds grâce à ses chaussettes en laine Mérinos, tout s’est bien déroulé pour lui, hormis cette erreur d’aiguillage que plusieurs ont connu. Françoise qui m’attendait près de l’arrivée ne m’a pas vu passer. Elle arrive peu après lui ayant passé un coup de fil. Nous prenons de suite le repas d’arrivée. Je laisse Françoise s’occuper de faire la queue et de m’amener mon plateau, car j’ai dû mal à tenir debout. Une hypoglycémie me guette. Il faut dire que je n’ai pas mangé sur les derniers km alors que je ressentais un petit creux venir. Du coup je le paye à présent. Le cuistot m’ayant vu m’apporte un petit sachet de sucre. Que j’avale illico presto ! Et quelques instants après, je retrouve mon état normal. Il y a longtemps que cela ne m’était pas arrivé. Comme quoi même avec l’âge, on refait toujours les mêmes erreurs. Tout en mangeant, nous discutons avec un autre coureur venu s’installer à nos côtés. Il a abandonné au pied de la dernière bosse, le mental ne suivait plus alors que physiquement tout allait bien. Les remises de récompenses vont bon train depuis que je suis arrivé, quand j’entends mon nom. Pas vraiment une surprise, vu qu’il n’y a que 2 V3. Je gagne un carton rempli de produits locaux. Beau cadeau que nous allons savourer avec plaisir. Entre autres un confit d’oignon doux… Et oui car nous sommes au pays de l’oignon doux, moi qui vient du pays de l’ail de semence.

Un trail que tout le monde a bien apprécié, de par sa variété de chemins, de technicité, de difficultés, et une belle organisation avec des bénévoles très sympas. Eux qui se sont gelés encore plus que nous. L’annulation de la course a été évitée de peu. Au final, les jambes presque moins lourdes en fin de circuit qu’au début, pas de douleurs musculaires. Un résultat en deçà de mes espérances, qui reflète bien mon ressenti. 35’ de plus que prévu, il n’y a pas de mal toutefois. Et entre les ravitaillements et ma poche à eau, j'ai à peine bu un litre !  Je vais bientôt battre les chameaux... Il faut dire que nous n'avons pas beaucoup transpiré, et que nous avons pompé l'eau par le haut comme par le bas toute la journée.

 

Tous les résultats ici

 

 



12/03/2017
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