Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

UTMB… ce sera pour une autre fois ! (1ère partie)

UTMB… ce sera pour une autre fois !

 

Ce devait être la grande fête autour du Mont-Blanc, ce fut la petite fête.

J-2 : SMS de l’organisation nous informant de la dégradation des conditions météo.

J-1 : SMS à nouveau nous indiquant que 4 couches étaient obligatoires au lieu de 3 comme indiqué dans le règlement.

J : Ce que nous redoutions tous est arrivé, un parcours de remplacement est finalement prévu.

 

Il faut se faire une raison. Et au cours de la course, quand nous nous sommes retrouvés sous la pluie avec le froid, et la neige sur quelques km, j’ai apprécié de ne pas avoir à monter 600m plus haut en altitude, même si j’étais bien. Sage décision qui nous a permis ainsi de « faire » quand même une belle course et de l’apprécier physiquement, au lieu de nous envoyer dans une galère pas possible pour une grande majorité. C’est un loisir, et cela doit rester du plaisir. Lutter contre la fatigue est une chose que nous aimons tous faire, lutter contre la nature quand elle se déchaîne, quel intérêt, surtout au péril de notre vie. L’épisode dramatique du trail du Mercantour est là pour nous le rappeler si besoin.

 

La pointe du glacier des Bossons, vu du camping... avec le brouillard au dessus

 

La veille du départ, était programmée une séance de tests à nouveau pour l’étude sur la fatigue. Pendant que mon staff d’assistance, Françoise, Céline et Benoît font le tour de Chamonix et des stands du salon de l’UTMB sous la pluie, je m’en vais retrouver l’équipe de recherche, nichée juste derrière le salon. Rendez-vous à 15h30, m’y voilà à l’heure (presque un exploit !). Nous enchaînons les tests, mais alors que cela avait duré une heure à Saint-Etienne lors de la 1ère visite, ici il faut compter plus de 3h ! Pas trop grave si ce n’est que du coup je loupe la conférence de 17h30. J’avais déjà loupé celle du matin faute d’avoir pu venir plus tôt sur la nutrition lors d’un ultra. A priori je dois pouvoir les regarder plus tard sur la WEB TV de l’organisation, je me rattraperai. De nouveaux tests, surtout au niveau respiratoire, sont au programme, ainsi que l’analyse de notre foulée. Il nous faudra attendre les résultats pour en retirer quelque chose, mais en attendant, j’y participe avec plaisir à découvrir tout ceci.

 

Vu sur le glacier des Bossons depuis le salon de l'UTMB


Petite visite ensuite sur le salon, surtout en vue d’y acheter des gels. Malgré le mauvais temps, pas mal de monde circulent dans les allées. Retour au camping à pied en sortie de ville le long de la rivière où nous voyons passer de temps en temps des rafts ou canoës. Une légère brume recouvre la rivière, ce qui donne une atmosphère un peu spéciale, mais pas forcément rassurante.

 

Vendredi matin. Occupation du matin : retirer mon dossard. Pendant que Céline et Benoît font les magasins à la recherche de duvets pour leur voyage d’un an et demi en vélo qui va bientôt débuter, nous allons à pied jusqu’au gymnase de l’autre côté de la ville pour retirer mon dossard. Arrivé sur place, nous apprenons la nouvelle : un parcours de 100 km de remplacement est mis en place. La déception se lit sur tous les visages. Qu’importe on est là, on y va.

 

 

 




Pas de queue contrairement à hier après-midi, l’affaire est vite réglée, l’organisation étant bien rôdée. Un tee-shirt nous est donné en souvenir. Courses pour midi et retour au camping. Surprise, je reçois un cadeau d’anniversaire (avec 2 jours d’avance !). Un maillot en laine Mérinos d’Icebreaker. Idéal pour la course ! Il a pour avantage et d’1 de garder la chaleur même mouillé, et 2 de ne pas sentir mauvais après y avoir transpiré dedans. Du coup je l’enfile de suite pour tester et voir surtout si je le supporte. Pasta party maison, et c’est l’heure de la sieste. Pas de corvée de vaisselle aujourd’hui, on me « libère » ! Une bonne heure de sieste, et je prépare mes affaires. Mon maillot Icebreaker me convenant bien, je décide d’aller voir au magasin de Chamonix s’il n’aurait pas une seconde couche. Non seulement cela me sera utile aujourd’hui, mais aussi par la suite pour le vélo. Effectivement je trouve affaire… dans un modèle femme ! Le modèle homme étant trop ample. Suis-je si maigrelet que ça ??? Soudain je m’aperçois que l’heure a tourné. 17h30 déjà, le départ est prévu à 19h00. Je rentre au petit trot au camping pour me changer et finir de me préparer. A peine arrivé, je réalise que ma poche à eau et les éléments pour réaliser ma boisson sont dans la voiture et que je n’ai pas la clé ! Coup de téléphone à Françoise, elle ne répond pas. Céline idem ! Benoît idem ! Et m…. J’essaye à nouveau, ouf Céline décroche. Ils sont dans les rues de Chamonix où c’est la fête, un barracuda animant le secteur. Du coup vu le bruit ils n’avaient pas entendu sonner leur téléphone, c’est le vibreur de Céline qui m’aura sauvé. Elle revient en courant m’apporter la clé. Lorsqu’elle arrive, je suis fin prêt, me reste à concocter ma boisson et mes recharges.

Une fois opérationnelle, il reste 20’ avant le départ. Moi qui prévoyais d’y être 1h avant pour éviter de me retrouver au fond, c’est RATE ! Céline me rapproche en voiture du coup.




Je termine les 500 derniers m à pied à contresens du départ, entre 2 haies de spectateurs retenus par les barrières. J’arrive sur le lieu de départ 5’ avant l’heure ! Je me glisse dans la foule des participants, vers la moitié environ.

 



Une 1ère moitié très dense, compacte comme les sardines dans une boîte derrière la ligne de départ, une seconde plus aérée. Un grand écran filme le départ et est visible de la part de tous les participants. Le départ est légèrement retardé car le 1er de la CCC est annoncé. En effet celui-ci, un espagnol, arrive. L’écran nous permet de le voir franchir la ligne, sous les acclamations de tout le public et des participants de l’UTMB.

 

 

 

Une montre nous a été prêtée pour les tests sur la fatigue afin d’enregistrer notre fréquence cardiaque. Je la mets en route, ainsi que le dictaphone pour indiquer tout ce que nous buvons et mangeons au cours de la course. La fréquence cardiaque reste à zéro ! Le départ est donné, pas d’affolement nous marchons sur quelques hectomètres, le temps que le flot de participants devant s’écoule. Pendant ce temps, j’appelle un responsable des tests pour l’avertir. Ils m’attendent au bout d’un petit km à la sortie de la ville.

 

 


La foule pour le départ (photos Benoît)


Mon staff !
Les premiers... en grande foulée !

Pendant ce temps, je passe devant mon staff d’assistance, rejoint encore par 1 couple d’amis, Sylvain et Florence. Je les trouve comme indiqué sous un drapeau japonais. Le spécialiste essaye de régler, et je repars. Je l’accroche à une sangle car autour du bras, cela m’énerve plus qu’autre chose. Il ne pleut pas, c’est déjà une bonne chose. Mais cette dernière ne va pas tarder à s’inviter. Je cours avec donc mes 2 couches d’Icebreaker. Je suis obligé de dégrafer au ¾ la 2ème couche car je commence vite à avoir chaud. J’en vois pas mal qui dès le départ sont partis avec le sur-pantalon et la veste de pluie ! J’ai chaud pour eux.

 

 




Difficile de doubler dans les premiers km avec cette masse de coureurs. Je prends patience, essayant toutefois d’en profiter à chaque occasion qui se présente, en évitant si possible au maximum les accélérations pour ce faire. Assez descendant tout en étant un peu vallonné, à l’approche de St-Gervais nous traversons l’autoroute et attaquons une 1ère grimpette qui bouchonne bien entendu.

 

 

 




La tombée de la nuit arrive peu à peu avec la pluie, qui ne nous quittera pas de la nuit quasiment. Celle-ci n’est pas très forte, parfois même ce sera juste un petit crachin breton. Mais vu la pluie déjà tombée, et le piétinement par des centaines, des milliers de chaussures, l’état du chemin est parfois une gadoue monstrueuse. Le pire étant dans les descentes pentues. Les pieds partent dans tous les sens, difficile de maitriser vraiment sa trajectoire. Ca tombe un peu comme des mouches, en glissade souvent sans conséquences autre que de se salir et de se tremper les jambes et les fesses. Cela me rappelle la neige un peu épaisse déjà bien foulée : les pieds à chaque pose partent tantôt à droite tantôt à gauche, l’art étant de rester debout. Ma 1ère gamelle ne tardera pas à venir, sur un léger dévers. Malgré la pluie, je n’enfile toujours pas ma veste, ne ressentant pas le froid encore. Je me dis que mouillé pour mouillé, la veste me servira si le froid me saisit par la température qui chutera ou si le vent se lève. Finalement je ne tarderai pas à la mettre car ma frontale va vite tombée en panne. Des piles pourtant bien chargées, mais empruntées à ma fille sans savoir qu’elle ne valent plus rien. Du coup changement de piles, j’enfile ma veste et mes gants car les doigts commencent à se raidir, et j’attaque une belle descente gadouilleuse à souhait. Nous sommes encore très serrés, tout juste si nous arrivons à éviter ceux qui tombent devant nous. Cela ne me dérange pas trop finalement, car la vitesse du groupe me va relativement bien.

Incapable de décrire le circuit qui suit, hormis quelques passages marquants. Une montée assez raide me surprend : moi qui pensais en doubler un max, je me retrouve à la même allure que les autres. Me connaissant relativement bien à présent, je pense que beaucoup sont déjà en surrégime par rapport à leur capacité. Je ne m’affole pas, il y a de quoi se défouler encore. Mais dans l’ensemble, quelque soit le terrain à part les montées raides, je remonte régulièrement. Beaucoup me font peine avec leur frontale, leur halo lumineux étant faible. Je me demande s’ils voient où ils mettent les pieds. La mienne éclaire relativement bien, mais il a fallu que j’y mette le prix aussi. Sur certains passages, et la vue baissant avec l’âge, j’ai du mal à appréhender le sol malgré tout : entre le brouillard, la vapeur sortant de ma bouche, c’est tout flou dans mon champ de vision. C’est ce qui sera le plus pénible durant cette nuit. Mes gants en laine deviennent vite lourds en pompant la pluie, mais mes doigts sont bien au chaud. De temps en temps je les essore !

 




Au premier passage aux Contamines, je retrouve Françoise d’abord à la sortie du ravitaillement. Je la rassure, tout va bien, les jambes tournent rond, pas de douleurs, je n’ai pas froid, sauf lorsque je m’arrête, la chaleur du corps se dissipant vite, et mes pieds sont toujours au sec grâce à mes chaussettes imperméables. Je lui donne rendez-vous au retour. Je repars assez rapidement lorsque j’entends quelqu’un qui courre derrière moi en tapant méchamment des pieds. Cette personne me rattrape et me demande si je vais loin ! Je tourne la tête et qui vois-je : Benoît accompagné de Sylvain qui m’accompagnent sur quelques hectomètres, le temps de faire 2, 3 photos.

 

Photo de Benoît

 

 

Au fil des km, les sensations restent bonnes, et du coup je prends le temps de plaisanter un peu avec les bénévoles aux différents points de ravitaillement ou contrôles. Car discuter avec les autres participants n’est pas facile. A chaque fois que j’essaye, je tombe sur des étrangers qui ne parlent pas français. Et quand je tombe sur un Français, soit il n’est pas causant, soit il a la musique dans les oreilles. Du coup je m’abstiens. Je trimbale mon appareil photo pour rien, c’est la 1ère fois que je n’ai pas envie d’en faire. Alors que je m’imaginais depuis des mois faire de superbes photos de montagne, j’ai remisé depuis le départ cette idée au fond du placard. Après le passage à La Balme, nous continuons de grimper pour atteindre « Le signal », point culminant à priori de la course vers 1900m. Nous y passerons d’ailleurs sans que je m’en rende compte !!! Dans cette grimpée sous la pluie toujours, nous ne tardons pas à trouver la neige sur le chemin, d’abord sur les côtés, puis au milieu, puis de partout finalement. Comme tout le monde, je suis celui qui me précède. Que s’est-il passé là-haut ? Toujours est-il que nous nous retrouvons subitement toute une troupe dispersée de partout sur le flanc de la montagne. Plus de balises ! Ca cherche tout azimut jusqu’au moment où nous entendons le cri salvateur : « Par ici ! ». Il nous faut pour beaucoup remonter un pré légèrement marécageux. Au point où nous en sommes ! Nous retrouvons en effet un chemin large, bien dégagé, où nous reprenons notre rythme de croisière, guidés par les balises.  Le balisage, qu’il a fallu refaire au dernier moment pour une grande partie du circuit, est très bien fait et ne prêtera pas à d’autres égarements, celui-ci étant dû certainement à une erreur d’un concurrent que nous avons suivi comme d’hab sans contrôler. Nous quitterons la partie enneigée assez rapidement, mais je serais curieux de savoir la couche qu’il y a au col du Bonhomme où nous devions passer à 2400m. Le terrain parfois redevient assez dur, ce qui nous permet de courir normalement. Mais la plupart des descentes sont des parties d’acrobaties. J’y réussirai d’ailleurs un exploit que je ne renouvellerai certainement jamais…
(à suivre)



12/09/2012
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