Trail des Cerces, 12 juillet 2009
12 août 2009 : Trail des Cerces… Du beau et du dur !
3h45, le réveil sonne. Mais j'étais déjà réveillé depuis 7 minutes ! Jean-Luc dort à poings fermés, j'ai beau l'appeler de ma tente, il ne réagit pas. Je finis par me décider à sortir quand enfin j'entends un léger murmure venir de sa tente. J'insiste une dernière fois, ça y est il prend conscience que c'est l'heure de se lever. Ayant réservé son petit déjeuner, il ne traînera pas au camping. De mon côté, je m'installe dans la voiture pour m'isoler un peu de la fraîcheur extérieure afin de prendre mon petit déjeuner habituel : fruits (pomme, kiwi, pêches, abricots), pain et chocolat, confitures, yaourt. Quelque soit l'heure à laquelle je me lève, j'ai l'avantage de toujours bien déjeuner, rien ne m'arrête. La digestion se fera sur la première ascension, peu importe, là aussi je n'ai jamais eu de soucis particuliers. Côté vêtements, j'opte pour la tenue légère et le goretex au départ. Et bien sûr, mes manchons de contentions que je vais tester en réel pour la première fois. Si ca ne va pas, j'aurai vite fait de les enlever.
Pour ne pas changer, l'heure tourne et je sens à nouveau que je vais me retrouver à la bourre. Ce qui ne va pas manquer, car je dois aller au départ à pied. Avec un clair de lune assez agréable, je laisse ma frontale au camping, je n'ai pas envie de la trimbaler toute la journée pour si peu. Sur le chemin qui nous amène au point de départ (
L'ascension vers le Lautaret se poursuit tranquillement, au tour des
Je repars mais en courant, à petite allure pour ne pas puiser dans mes réserves. Je ne vais guère plus vite que la plupart, mais tout de même, au fil des km, j'en double pas mal régulièrement. La montée est régulière, si bien que je pourrais garder mon rythme jusqu'au ravitaillement à la stèle d'Henri Desgranges. Le temps de boire deux verres, et de grignoter quelques fruits secs, me revoilà parti. Et comme annoncé, les choses sérieuses commencent en effet. Un tout droit sur une crête pour passer le col nous calme d'emblée.
Mais arrivé en haut, les premiers rayons de soleil viennent nous réchauffer, et éclairent les montagnes. Nous dominons en même temps les lacets du col côté nord. La vue est magnifique. Et le sentier pour attaquer la longue descente n'est pas triste. La pente, la poussière sur le sentier, les escaliers, rendent cette descente technique et un peu acrobatique. Certains comme Jean-Luc se fouleront les chevilles. Ce sentier n'en reste pas moins superbe dans un vallon dénué de toute habitation, mais pas de bénévoles qui parfois se pèlent (en attendant que le soleil viennent les réchauffer) disséminés tout au long du parcours. Peu à peu la pente s'adoucit, et nous rejoignons la vallée de Valloire à Plan Lachat. Nous remontons en direction de ce dernier en longeant la rivière. La 2ème difficulté nous attend, l'ascension du col des Rochilles. Courir en montée devient déjà dur, voir impossible pour la plupart d'entre nous, moi y compris. J'alterne un peu de course et de marche. Je me retrouve avec une autre participante, originaire de Manosque. J'en profite pour discuter un peu, nous avons à peu près le même rythme. Elle n'est pas venue seule, au passage de Plan Lachat ses supporters étaient là pour l'encourager, ainsi que d'autres participants de son club à priori. Suivant les passages, nous ne serons jamais très loin l'un de l'autre jusqu'au 2ème ravitaillement.
Mais après ! Je ne la verrais plus, elle arrivera avec 35 minutes d'avance sur moi. Bravo !
Les positions commencent à se figer, je repère les mêmes têtes au fil des km. L'arrêt au 2ème ravitaillement permettra d'en voir de nouvelles pour la suite car je m'arrête un certain temps : ôter un gravillon qui a osé rentrer dans ma chaussure, remplir ma poche à eau que je croyais avoir bien vidé et que je n'avais allégé que d'un ½ litre ( !!!), et bien me ravitailler en buvant surtout de l'eau gazeuse. Fruits frais, fruits secs, gruyère, charcuterie… il y en avait pour tous les goûts ! Enfin pour ceux qui pouvaient encore avaler quelque chose car j'en entendais quelques uns se plaindre de ne plus pouvoir avaler quoique ce soit. Dur dur dans ces cas là, surtout qu'il restait encore
C'est là que les bâtons ont toutes leurs utilités. S'aidant au maximum de ceux-ci j'attaque cette nouvelle grimpette, la fleur au fusil. Doucement, mais surement, je rattrape et double d'autres participants, sans oublier des promeneurs assez nombreux se rendant au lac des Béraudes. On commence par apercevoir ce que je prends pour le col vu d'en bas. Je ne réalise plus (la fatigue !) qu'il fallait grimper jusqu'à 2900 quasiment, et que j'en suis loin encore. Ma montre GPS « bippe ». Sa batterie devient faible. Cela fait déjà plus de 6h que nous sommes partis. Je l'arrête afin de ne pas perdre les données déjà enregistrées, car si je la laisse se vider complètement, je n'arrive plus rien à récupérer sur l'ordi ensuite. Il faut dire que quand je l'ai acheté à Noël dernier, je ne m'imaginais pas dépasser les 6h de course un jour. Dans une montée toujours très raide, nous arrivons enfin à ce fameux passage pour découvrir un superbe lac. Ce dernier est par contre au creux de montagnes très minérales qui l'entourent complètement. Et qu'il va falloir franchir !
Un vent assez fort nous ne nous incite pas trop à rester au pied du lac, mais plutôt à enchaîner avec cette deuxième partie du col. Les positions se stabilisent quasiment, doubler devenant de plus en plus difficiles vu le terrain et le dénivelé. Pentes raides, névés à traverser ainsi que des éboulis, et sur la fin du col il faut même s'aider des mains. Mais depuis le lac, des airs d'accordéons nous accompagnent. Impossible à déterminer d'où ils viennent au départ, mais ils nous encouragent en nous distrayant. Finalement, nous découvrons un bénévole, armé de son accordéon, et y mettant toute sa passion, jouant quasiment sans interruption de son merveilleux instrument pour notre plaisir (et le sien certainement aussi !). Le vent venant de l'autre côté du col, celui-ci eut l'avantage de porter les mélodies jusqu'au lac sans problème. Merci à lui qui du premier au dernier participant y a mis toute sa fougue… et son endurance aussi !
Point le plus haut du parcours (28.. m), il nous faut à présent rallier le col du Chardonnet, lieu emblématique des mines de graphite il y a un siècle. Et ce n'est là aussi pas la partie la plus facile. Il faut commencer par passer une petite barre rocheuse en s'aidant de cordes, sous l'œil vigilant de bénévoles. Puis ensuite, ce sont névés à traverser, éboulis, sous la tête de la Cassile. Le sentier parfois redevenait plus roulant, mais jamais pour longtemps. Des restes d'exploitation minière nous rappellent les gisements qui étaient exploités il y a déjà longtemps. Et dire que ces ouvriers à l'époque devaient se rendre à pied tous les jours de la vallée aux mines !
Peu à peu je me fais rattraper par 2 autres participants dont une féminine… qui me sape le moral ! Elle n'arrête pas de parler à son compagnon de route, et j'entends le son de sa voix approcher à chaque pas. Je finis par m'arrêter juste avant qu'ils me rattrapent pour les laisser passer. D'une petite tape amicale sur l'épaule elle m'encourage. Merci, mais j'aurai préféré qu'elle attache le wagon, plutôt que de le laisser à la gare ! Ils rejoignent assez rapidement un petit groupe devant que j'avais en point de mire, mais que je rattrapais difficilement. Une bénévole campe dans un petit renforcement et après avoir encouragé le groupe qui me précède sort son sandwich et l'entame quand j'arrive. Je lui souhaite bon appétit, et elle me répond qu'elle n'ose pas manger sous nos yeux. Jusqu'où va la conscience du bénévole ! A moins qu'elle n'est eu peur qu'un participant affamé se jette dessus…
L'arrivée au col est relativement facile, mais comme chaque col très venté. Le paysage de l'autre côté change radicalement. D'un monde quasiment purement minéral, nous côtoyons à présent des prairies bien vertes sur un chemin relativement roulant en monotrace. Au bout d'un certain temps, j'arrive à me lâcher un peu. J'effectue même un passage un peu technique à cause de la pente à bon allure. Pour une fois plus personne me double, c'est moi au contraire qui en dépasse quelques uns. Mais la descente sur Fontcouverte, dernier point de ravitaillement, est encore longue et je ne tiens pas l'allure. Pour la dernière partie de la descente, la pente s'accentue encore un peu. J'y vais prudemment, la fatigue dans les jambes se faisant sentir. Deux autres participants me rattrapent et me doublent. Le second m'ayant à peine doublé butte un pied sur un caillou et pique tête première sans pouvoir se rattraper. Il amortit autant qu'il peut sa chute. Il reste quelques secondes immobiles puis se relève doucement. Pas de dégâts à première vue, juste quelques égratignures sur l'épaule gauche car il avait un débardeur. On repart ensemble doucement en marchant le temps qu'il reprenne complètement ses esprits. Ce qui ne tarde pas, et le voilà à nouveau à gambader devant moi comme si de rien n'était. Ce qui me rappelle que depuis ce matin, j'ai déjà failli avoir la même mésaventure au moins 6 fois, mais j'ai toujours pu me rattraper in extrémis. Pourvu que ça dure !!! Et ça durera heureusement car par 2 fois je vais récidiver.
L'arrivée sur Fontcouverte est la bienvenue, cette descente n'en finissait plus à mon goût. Des spectateurs nous encouragent, ce qui est toujours agréable. Vu ce que j'ai bu, je pense inutile de remplir ma poche à eau, n'ayant plus qu'un col à franchir. Je bois au moins 3 verres d'eau gazeuse et coca mélangé tout en grignotant un peu de charcuterie et fruits secs. Tout passe encore, c'est bon signe ! Les bénévoles nous encouragent à manger et à boire en permanence. Il est vrai qu'avec la fatigue, ce n'est parfois pas inutile ! Nos neurones fonctionnent au ralenti.
Je repars au bout de 10 minutes d'un repos bien apprécié en trottinant tout doucement. Trois jeunes enfants me tendent la main au bord du chemin. Je leur tape amicalement avec la mienne dessus. Ils sont tout contents… et moi aussi ! En regardant autour de moi le joli décor, je réalise soudain que je n'ai pas pris de photos. Je sors vite l'appareil et rattrape mon oubli. Quand je vous disais que les neurones fatiguaient eux aussi ! J'avais tout le temps pendant mon arrêt d'en faire, mais non ! Messieurs, mesdames les bénévoles, n'oubliez pas de rajouter la prochaine fois : « N'oubliez pas la photo ! », ça me servira à coup sûr.
Un chemin longeant la Clarée serpente à travers les prairies et la forêt. Très bucolique, facile, sympathique.
Comme ça jusqu'à l'arrivée, cela aurait été aussi fort sympathique. Mais voilà, il a fallu bientôt tourner à droite et prendre à nouveau un joli raidard. A nouveau, j'en profite pour en doubler (voir re-redoubler) quelques uns, mais pas très nombreux. Nous sommes de moins en moins groupés et de plus en plus espacés dans l'ensemble au fil des km. Cette ascension raide mais pas encore trop longue, nous amène sur un plateau. Et que m'aperçois-je ? Le col est à perpette devant et encore haut. Dans ma tête j'avais enregistré 400m de dénivelé. En réalité c'était encore 600m qui nous attendait. La remontée vers le col est belle, mais longue. Des parties sont propices pour courir, mais je n'en ai plus vraiment la force, les autres non plus d'ailleurs, ça me rassure. Un peu avant le col, j'ai comme une vague impression de faim. Mais comme ça monte, je n'ai pas envie de manger maintenant. Je le ferai après le col. A quelques dizaines de mètres du col, un autre participant regarde son altimètre qui indique
Ca y est, il ne reste plus qu'à se laisser glisser. Enfin presque car si en vélo les descentes sont synonymes de vitesse et de récupération, en course à pied, ce n'est pas pareil. Très rapidement on domine la vallée et nous voyons Serre-Chevalier presque 1000m plus bas. Je me surprends à pouvoir courir encore en descente, ce à quoi je n'y étais pas arrivé au
Le petit bip de l'enregistreur est sympa au possible à entendre ! Un bénévole me propose de m'asseoir le temps de m'enlever la puce attachée à la chaussure. Je préfère poser le pied sur le bord de la chaise, et je vais retrouver Françoise qui m'attend. Phil arrive à son tour avec son amie Chrystelle, et me félicite. Phil a participé au 28 km de son côté et a réalisé un superbe temps. Pour ma part, j'avais prévu entre 10 et 11h, j'aurai mis 11:12:35 finalement. Un petit peu déçu, mais vu le parcours, rien de plus normal je me dis. Mais tout en discutant, je sens soudain le tournis qui commence à me prendre. Je m'accroche à un poteau d'un stand le temps que Françoise m'amène une chaise. Elle est la bienvenue, car sinon, je n'avais plus qu'à m'asseoir rapidement parterre avant de m'affaler. Il me faudra quelques minutes pour reprendre mes esprits. Un petit tour aux toilettes pour soulager ma vessie car depuis le départ j'ai ressenti une légère envie d'uriner, mais sans l'assouvir. Preuve que je n'ai pas dû trop me déshydrater cette fois ci.
Nous allons prendre notre repas sous le grand chapiteau avec Françoise qui me raconte à son tour sa journée. Ayant fait le
Côté jambes, elles sont un peu raides ! mais les manchons de contention ont l'air d'une redoutable efficacité : je n'ai jamais eu les mollets durs comme cela m'était déjà arrivé. A confirmer, mais conquis pour l'instant !
Françoise nous rejoint et nous emportons nos plateaux jusqu'à la voiture. Retour à la case « urinoir », les bières font leur effet ! Devant le bâtiment les résultats sont affichés. Au retour je vais y jeter un coup d'œil pour voir mon classement. Surprise agréable : 264ème ! Moi qui comptait terminer au mieux vers la 366ème place (n° de mon dossard), je suis surpris, et content. Finalement, sur 830 inscrits (combien de partants exactement ?), il n'y aura que 601 classés. Pas mal d'abandons finalement et d'éliminés par les barrières horaires.
Sur le podium, défile les gagnants et différentes équipes et partenaires. Je ferais ainsi connaissance de visu avec l'équipe de France de trail qui a participé à la course.
Aussi frais après
Nous attendions tranquillement Jean-Luc sur la ligne d'arrivée, quand malheureusement nous le voyons descendre d'un minicar qui ramenait les éliminés du dernier contrôle à Fontcouverte. Sa cheville l'aura trop handicapé pour rester dans les temps. Dommage car il était parti sur un bon rythme jusqu'au Galibier. Il aurait pu passer les barrières horaires sans problèmes.
Nous l'accompagnons au chapiteau pour le repas, mais lui aussi finalement n'a pas le goût à manger, dépité par son élimination. Mais nous en profitons pour boire une bière ensemble. La 4ème en ce qui me concerne, la première fois que j'en bois autant à la fin d'une course, et avec quel plaisir !
En analysant le lendemain ma défaillance des 5 derniers km, je me suis rendu à l'évidence : c'était tout simplement un manque de sucre ! La petite faim ressentie avant le dernier col que je n'ai jamais satisfait une fois arrivé en haut, je l'ai payé sur le bas de la descente après avoir épuisé mes dernières réserves. La boisson de ma poche à eau, bien qu'un peu sucré, n'a pas suffit à combler le manque. Une fois encore, j'ai fait la gourde qu'il ne fallait pas faire. Cela me servira t'il de leçon ? Je l'espère…
Bravo aux organisateurs et à tous les bénévoles qui nous ont permis de passer une superbe journée… ainsi qu'à monsieur météo qui nous a gratifié d'une belle journée ensoleillée juste ce qu'il faut, sans grosse chaleur. Une organisation bien huilée sur un parcours magnifique et technique !
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