Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

Les 20heures Vélocio de Dédé et Coco

20h Vélocio de Dédé et Coco en direction de Pavezin 2003

 

Hé, Claude, ça te dirait de participer aux 20 heures Vélocio, en direction de la Concentration Nationale du Col de Pavezin ?
- Ah, et c'est quand ça ?
- Le 28 septembre.
- C'est un peu tard dans la saison, non, les nuits sont déjà longues ...

Pourtant, le 27 septembre, nous nous retrouvons à Chabeuil, place de la Poste, à 13 heures. Nous prenons le départ de cette fameuse randonnée ! Programme : 351 kilomètres avec 4000 mètres de dénivelée.

 

Le départ : gonflage de la machine de Coco

 

Le départ : le vrai !

 

Nous roulons jusqu'à Crest par de toutes petites routes, rallongeant ainsi le parcours sans que cela soit pris en compte dans la distance officielle. Le règlement prévoie que l'on effectue au moins 300 kilomètres en 20 h, la distance étant calculée au plus direct entre les contrôles. Nous avons vent de face. Inquiétant, ce vent du Sud, il pourrait bien nous apporter de la pluie, les prévisions météo sont d'ailleurs pessimistes ! L'allure est assez soutenue. Les 7 minutes de retard du départ sont vite récupérées. Saou, Bourdeaux, Crupies, les villages défilent à toute vitesse. Il est décidé une pause à Bouvières. La sombre masse nuageuse qui masque la montagne inquiète Claude. Moi, ça ne me semble pas dramatique, mais je m'interroge plutôt à propos de notre folle vitesse de croisière, nous dépassons le 22 de moyenne ! Vais-je tenir encore 18 heures ?

A peine le temps d'apprécier le paysage, magnifique, dans la descente du col de Pré-Guittard. A la Motte-Chalancon : premier contrôle. Nous y postons une carte à l'adresse de Patrick Plaine, l'organisateur. Le ciel est de plus en plus sinistre. La descente du Col de Prémol est amusante : du billard et des épingles. On se régale : à fond les manettes, comme si l'étape se terminait à Luc en Diois. Attention ! Il faut prendre une petite route à droite. Un grain nous tombe dessus, par l'Est. Cela ne dure pas. A Chatillon deuxième carte-contrôle à poster. Le repas du soir est prévu dans cette ville. Mais comme il fait encore jour, nous décidons de pousser jusqu'à Die. Cela nous évitera de rouler entre chien et loup, sur la grande route. C'est le mauvais moment pour la sécurité du cycliste. Entre Pont de Quart et Die, le grand plateau est souvent d'actualité !

Le règlement des 20h prévoit aussi que les participants accomplissent la randonnée dans la plus stricte autonomie (souligné). Aussi, sur la table de pique-nique, Claude allume le réchaud.
Quand nous repartons, il fait nuit noire. Surprise, une de mes torches ne fonctionne pas. Heureusement, prévoyant le coup, j'en ai trois.
Nous attaquons la montée du Rousset à bonne allure. Claude est toujours fringuant. Je ne me sens pas dans mon assiette, et pour tout dire, celle du repas me reste sur l'estomac. J'appréhende l'avenir.
Après Chamaloc, cela monte moins. On aperçoit déjà la lumière du tunnel. Elle semble à portée de roues. Pourtant je sais qu'il faut une heure pour l'atteindre.
J'entends tomber des cailloux, du haut du talus. Claude, devant, entend des bruits de sabot sur la route. Chamois, dahu, nous ne le saurons jamais ?

Il y a de la brume maintenant. Les phares des voitures créent des faisceaux lumineux dans le brouillard. Spectacle mouvant et assez fantasmagorique. La circulation est assez faible à cette heure. Nous roulons le plus souvent torche éteinte. Il suffit de suivre la ligne blanche. Tiens ! Quelques gouttes de pluie. Depuis le départ, il fait très chaud. Nous roulons toujours en tenue d'été. Situation inversée dans le tunnel. Ce soir, c'est ici qu'il fait le plus clair. Côté Vercors, nous changeons de saison. Les vêtements chauds prennent le pouvoir.

Première grande descente nocturne. Heureusement, la ligne blanche est toujours là. De puissants éclairs illuminent la nuit. Que va-t-il nous tomber sur la tête ? Toujours les mêmes angoisses : Claude craint la pluie, moi sa cadence effrénée. A St Julien, nous postons la troisième carte-contrôle. Descente sur le Pont de la Goule Noire. Le feu rouge de Claude disparaît rapidement dans la nuit. Aux Jarrans, pause imprévue. L'équipe est un peu groggy. Claude a faim et moi j'ai toujours le repas de Die sur l'estomac. Il est minuit passé. La circulation est plus dense. Les noctambules sortent des boîtes de nuit. Prudence. Après Villard de Lans, j'ai de drôles d'images dans la tête. Je revois le reportage d'un contre la montre. Je suis dans la roue de Charly Mottet. C'est peut-être les pointillés de la bande blanche, défilant à toute allure, qui me font penser à cela. A Lans nous faisons un arrêt pour changer les  piles. Charly Mottet en profite pour me larguer définitivement.

Après St Nizier, nous plongeons sur Grenoble, fabuleuse ville lumière, depuis cette altitude. Il faudra traverser cet arbre de Noël géant avec nos petits vélos. La nuit masque la crasse. Profitons du paysage. Un oeil sur la route, un oeil sur le paysage, j'assure. Claude profite des phares des voitures pour rouler à 50 - 60 km/h. Ensuite navigation à l'instinct. Nous traversons le Drac et voilà le panneau d'entrée de Grenoble. Une boîte à lettres décide le moment de la pause. Quand on est au ras du bitume, la ville perd de son charme. On a un peu l'impression d'avoir atterri dans le Bronx. Nous roulons sur les contre-allées, direction présumée, La Bastille. Pas très sûrs, tout de même. Le pont sur l'Isère nous confirme la bonne direction. Claude est surpris de me voir partir à droite alors que nous devons suivre l'Isère vers l'aval. Pas de problème Claude, c'est juste pour rejoindre la piste cyclable de 25 kilomètres qui nous conduira direct à Tullins. Les premiers kilomètres cachent la misère du monde. De nombreux SDF dorment entre l'Isère et l'autoroute, sous des tentes d'infortune. Malaise. Le mur de soutènement est tagué sur plusieurs kilomètres. Nous quittons la ville. Vitesse moyenne : 25 - 30 km/h. Cette piste, sous les arbres, est très sombre et il n'y a pas le fil d'Ariane de la bande blanche. Les piles commencent à fatiguer. J'ai l'impression de rouler à 100 à l'heure dans le brouillard ! Une montagne apparaît sur la gauche. Le calcaire de la falaise est lumineux dans la nuit. Une forte odeur de méthane, due à une décharge, vient confirmer que nous venons de passer le Bec de l'Echaillon. Si c'est pas rouler au pif, ça ! Nous sommes déjà au bout de la piste.

A Tullins les compteurs annoncent 260 kilomètres. Dans la nuit, il faut trouver la petite route qui conduit à Izeau. Après lecture de la carte, nous concluons que nous nous trouvons précisément dans la bonne direction. Quelle maîtrise de l'itinéraire ! Mais un peu plus haut un panneau vient balayer nos certitudes : ce n'est pas le bon numéro de route. Un peu au hasard nous suivons la prochaine route à droite. Direction indiquée : Beaucroissant. Forcément nous couperons une route pour Izeau. Cela se met à monter. Cela monte même terriblement fort : 15 % par endroit. Pas de croisement, pas de panneau de voie sans issue. On va bien arriver quelque part, non !? Enfin voilà des maisons, puis des lampadaires. Nous arrivons enfin dans un village. On va savoir où l'on est. Des maisons, des maisons, mais toujours pas de panneau d'entrée. Voilà une plaque : Rue Principale. Bonne nouvelle ! Cap à l'Est? Finalement nous sortons de ce village. Et un panneau nous indique que nous venons de quitter Beausemblant ? Pas vraiment notre route. Deux kilomètres plus loin nous arrivons à Izeau. Claude mène toujours un train que je trouve d'enfer. Je commence à avoir sommeil. Et j'ai toutes les peines du monde à ne pas m'endormir sur le vélo.

Pause déjeuner et contrôle à Viriville devant une banque. Une persienne s'entreouvre, sans doute pour vérifier si l'on ne vide pas le coffre.
Il est 6 heures quand nous repartons. La navigation devient approximative. Il est clair que nous tirons quelques bords inutiles. Quand nous faisons route vers l'Est, la luminosité du ciel indique l'iminence du lever du jour. Tiens, quelques gouttes de pluie, puis beaucoup plus. A Cours et Buis, il pleut franchement. 315 kilomètres "officiels", beaucoup plus au compteur. Je me sens beaucoup mieux. Le sommeil a disparu. Je peux prendre des relais. On roule à toute allure "sur la plaque". Final endiablé pour ces 20h. Il pleut très fort, la route est inondée. L'équipier de tête arrose copieusement le second. L'eau s'infiltre dans les vêtements de pluie, pourtant en matériau miracle. Ca roule toujours très fort.

Quand nous rejoignons la vallée du Rhône, Claude prend sur la gauche alors qu'il me semblait qu'il fallait plutôt aller à droite. Je ne dis rien, pensant que Claude connait une petite route sympa. Nous allons toujours vers le Sud et la petite route tarde à venir. Deux demi-tour pour réfléchir. Il est trop tard pour faire marche arrière.
Condrieu : dernière carte postale et fin des 20h. Nous avons parcouru 340 kilomètres "officiels". Le compteur en affiche 360.

Il reste 11 kilomètres pour rejoindre le Col de Pavezin. Encore une erreur de navigation : Une rude côte nous faite grimper sur "la côte". Claude, un peu fatigué, s'aperçoit qu'il monte "sur la plaque". Nous roulons à 9 - 10 km/h. On en oublie presque les 360 kilomètres d'échauffement. A Chuyer, il reste 2,7 kilomètres pour atteindre le but. Un cycliste nous double. Il y aura certainement assez peu de monde à la concentration avec ce temps. 500 mètres. On voit le sommet. Et il y a de la couleur sur le parking : les impers des cyclos. 200 mètres. Une haie d'honneur se forme. Des drapeaux avec écrit dessus : Dédé & Coco Fan club sortent de dessous les ponchos. Il fait soleil tout à coup.

                                                                                                    Dédé

L'arrivée au col de Pavezin, lieu de concentration annuelle et traditionnelle



12/02/2009
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