Coco le cyclo...

Coco le cyclo...

L'échappée belle 2015 : ouf ! (épisode 2)

L'échappée belle 2015 : ouf ! (épisode 2)

 

A peine franchie la ligne, on me propose une douche chaude. Je remercie mais en moi-même je sais que je n’en prendrai pas une. Je vais rester dans mon « jus », juste changer mes chaussures. Je récupère mon sac auprès des bénévoles et je vais m’installer dans une pièce prévue à cet effet. Pendant que Françoise s’occupe de refaire le plein de mon sac à dos, je change mes chaussures et mange à nouveau melon et pêches coupés en petit morceau, plus qu’à déguster. Ca passe comme une lettre à la poste, un petit plaisir très réhydratant. Une fois prêt, je vais rendre mon sac et je me dirige avec Françoise au restaurant où un plat chaud attend les coureurs. Nous avons droit à un plat de pâtes avec la sauce au choix (basilic pour moi) et un fromage. J’ai besoin de manger mais ça a du mal à glisser. Je n’en mangerai que la moitié, ayant peur si je me force que tout ressorte rapidement. Je déteste laisser une assiette non vide, mais là je joue la prudence. Je repars avec dans la main un petit sac de prunes reine-claude que je mangerai un peu plus loin, histoire de finir de combler un peu mon estomac et de me réhydrater encore dans la côte qui va suivre. Le speaker encourage un arrivant alors que je pars, et m’apercevant sur le départ demande des encouragements qui suivent et me donne rendez-vous sans faute à Aiguebelle, ce à quoi je lui réponds « J’y compte bien, j’y serai ! ». Dans ma tête je suis parti pour aller au bout malgré mon genou s’il reste dans cet état. Nous attaquons par une descente pour rejoindre le fond de vallée à Font de France, puis un peu de goudron et nous attaquons à nouveau une côte de + de 1000m D+. La nuit est déjà bien engagée. Seul à présent, mais toujours une lumière un peu devant ou pas très loin derrière. Ma cadence n’est pas trop mauvaise en côte, le terrain est un peu moins accidenté, mais toujours de bons raidards. Le 1er chalet de la Grande Valloire se devine à la lumière du feu de camp qui illumine la nuit d’une lumière orangée. Dans la montée je rattrape un coureur dont sa frontale n’éclaire plus rien. Il me suit pour profiter de ma lumière pour y voir quelque chose. Sa frontale est restée toute la journée allumée dans son sac et du coup elle est en mode survie. Je lui demande s’il veut que je l’éclaire pour changer ses piles, il me répond qu’il les changera au prochain contrôle. Je continue donc à lui tracer la route, mis très vite je sens qu’il décroche. Je baisse un peu l’allure pour qu’il garde le contact, mais 1/4h après je le sens qu’il décroche à nouveau. Cette fois je reprends mon allure et je pars devant sachant qu’il a des piles de rechange, d’autres lumières étant toutes proches derrière par ailleurs. Le refuge se rapproche, mon genou ne m’handicape pas trop sauf sur les marches. Au refuge, une boisson chaude nous attend en extérieur, que je prends volontiers. Je repars au bout de 5’, direction le lac du Léat. Je passerai les 2 autres chalets sans trop m’en rendre compte dans la nuit, pour atteindre le lac dans un état un peu vaporeux. Pas sommeil, mais la monotonie de la nuit (peu de repères et de choses à voir malgré la pleine lune), personne avec qui discuter, je sombre dans mes rêveries. Quand je réalise que je suis au lac, un groupe de bénévoles pointant notre numéro près du chalet, je me dis qu’il n’y a plus qu’à descendre jusqu’à Gleyzin. Je sais ce qui m’attend, une descente raide, et j’appréhende un peu la connaissant. Je commence par un sentier chaotique, pas très roulant. J’ai hâte finalement de rejoindre la partie que je connais car le terrain sera plus roulant. En effet, le carrefour n’étant pas très loin, je retrouve un chemin large. Je trottine un peu par moments. D’autres coureurs, plus à l’aise, me doublent. Bien incapable d’en suivre un. Ca me fait un peu râler car mes cuisses vont bien, les mollets aussi, je sais que je pourrais descendre plus vite sans problèmes s’il n’y avait pas mon genou. Je prends mon mal en patience, je préfère jouer la sécurité, prendre mon temps, mais aller au bout. Cette descente de presque 900m D- se fera plus vite que je pensais finalement. Elle m’a semblé plus courte que lorsque nous l’avons faite en rando avec Françoise. Ce qui me remonte le moral car la douleur se fait un peu plus pressante arrivé à Gleyzin. 2 solutions, tu t’arrêtes là ou tu continue pour voir, quitte à faire ½ tour si ça ne va pas mieux. Je juge que mon genou n’est pas encore assez handicapant pour m’arrêter. Je me restaure donc au max sans faire d’excès et je repars… pour voir ! Je croise ceux qui arrivent au contrôle sur les 500 premiers mètres, puis je me retrouve à nouveau seul dans la nuit. Personne devant, personne derrière. Je sais ce qui m’attend, un gros morceau ! 1400m de D+ d’une traite pour atteindre le col de Moretan. Si je le passe, je dois pouvoir aller au bout car ça voudra dire que mon genou a tenu le choc. Je prends mon rythme en fonction de ce dernier, et peu à peu je sens que la douleur s’estompe un peu, ce qui me ravit. L’arrivée au refuge de l’Oule est longue, je me remémore notre rando et je la revis : belles vues sur le fond de vallée, traversée de ruisseaux, rencontre du troupeau de moutons et des patous, et notre discussion avec le berger… Le refuge enfin se dévoile à mes yeux. Contrôle des dossards à nouveau. Jérémy est sur le point de partir quand j’arrive. Je me restaure un peu, une pomme et quelques fruits secs. Pas de boisson chaude que l’on me propose, je n’en ai pas envie. Je m’assois quelques instants, je suis un peu vanné sur le coup. Je suis toujours en tee-shirt à 1800m d’altitude à 05h du matin. Nous avons un temps idéal, que du bonheur sur ce plan là. Assez rare en montagne pour le souligner. Je repars pour la 2ème partie de l’ascension, avec un gros passage dans des blocs de rochers. L’ascension est toujours aussi raide, voir encore plus. J’atteins un minuscule plateau, qui sert en temps normal de pâture et dortoir pour les moutons. La lune nous laisse à présent clairement entrevoir le col que nous devons franchir, dans un dédale de rochers. Le parcours balisé nous trace le chemin un peu en zig-zag pour nous faciliter la chose. J’arriverai au sommet plus vite que je pensais à nouveau, l’effet de connaître déjà les lieux doit y jouer. Le jour commence timidement à pointer son nez. A ma grande surprise je n’ai toujours pas froid et je resterai en tee-shirt. Moi qui avait emmené ma grosse veste de montagne au cas où, je l’aurai transporté pour rien. Aucun regret car la montagne peut s’avérer très vite changeante et dans ces cas là, on ne regrette pas d’avoir ce qu’il faut. Au col, 2 bénévoles nous pointent à nouveau. L’un est infirmier et me propose du Doliprane pour calmer ma douleur au genou qui s’est réveillé brutalement sur le sommet. Il me donne double dose en me disant que d’ici 1h, cela devrait aller. Pas trop chaud pour masquer artificiellement des douleurs, je me laisse toutefois tenter. 1h, 2h, 3h après… la douleur était toujours là !Merci quand même, c'était sympa.

 

Photos de jour prises lors de notre rando le dimanche précédent

 

 

 

Il ne fait toutefois pas des restes chaud et j’attaque la descente. Heureusement pour moi, ayant les mains libres, je me sers de la corde qui a été installée pour passer les passages les plus pentus. Du coup la descente se fait rapidement pour mon grand plaisir, n’ayant pas besoin de faire trop travailler mes jambes, les bras prenant le relais pour une fois. Plus bas des gros blocs de rochers encore à franchir. Une seconde d’inattention et vlan le genou gauche qui butte sur un angle de rocher. Je continue à avancer un peu pour voir si la douleur passe, mais celle-ci s’accentue. Rassurez-vous le rocher n’a rien eu ! Mon genou lui est légèrement entaillé, mais la douleur est assez violente. Je me masse le genou tout en serrant un peu les dents et je commence à maudire ce rocher qui a traversé ma route ! Au repos et avec le massage, la douleur s’atténue assez vite finalement. Je me décrispe un peu car je me voyais mal continuer ainsi. Jérémy à l’aise dans les descentes me rejoint et prend de mes nouvelles, ainsi qu’un autre coureur peu après. Je les rassure chacun, et je repars tout doucement en boitant un peu. La douleur se transforme assez vite en une petite gène seulement. Petit soupir de soulagement. Un névé est à descendre à présent. Sans bâtons, ça va être du sport. Merci les organisateurs, ils ont prévu une corde à nouveau. Enfin plusieurs cordes vu la longueur. A nouveau, mes mains prennent le relais de mes jambes, celles-ci servant juste à garder l’équilibre. 1, 2, 3ème corde… j’arrive au bout de la dernière corde et quasiment du névé quand je me mets à valser dans tous les sens. La corde n’est pas fixée en bout et du coup part dans tous les sens, moi avec. Et la gamelle vient sans tarder… sur les fesses. Mon sac à dos amortit le choc, du coup je ne sens rien. Bien content, je me redresse et essaye de finir le névé sans une nouvelle gamelle. J’y arrive et une fois les 2 pieds sur du stable, je me tâte pour voir si tout est en ordre. Mer.. j’en ai plein la main ! Qu’est ce que c’est ??? Purée de… pomme ! Une compote de pommes en sachet a explosé dans ma poche arrière gauche de maillot, et j’en ai de partout, sur le maillot dans la poche, sur les fesses, et à présent dans la main… et ça colle ! Bravo le coco, t’es chouette à présent. Vidage de poche, nettoyage grosso modo du surplus de compote qui dégouline, et je repars la fesse gauche bien humide et collante. Le cuissard d’ailleurs à l’arrivée ne fera qu’un avec ma fesse. J’ai cru qu’il fallait que j’aille sous la douche avec pour le décoller. En repartant, histoire de garder le moral qui vient d’en prendre un petit coup à 2 reprises, je pense à la chanson des frères Jacques « La confiture, ça dégouline… ». La descente continue (1200m D- au total), avec des passages équipés de corde à nouveau, mais sans névé sous les pieds. Je me laisse aller comme je sais si bien faire à tel point que je me brûle très légèrement la paume des mains en laissant glisser la corde dans mes mains. Jamais 2 sans 3, j’espère que cette fois le compte est bon ! Je profite que nous longions un torrent pour aller finir de m’y nettoyer. La suite de la descente me vaudra 2 gamelles sans conséquences encore, juste les mains toutes noires… La descente n’en finit pas à mes yeux, mon genou est toujours douloureux mais supportable. La fin de la descente se fait sur un sentier large qui me permet de retrouver un semblant de vitesse. J’ai hâte de retrouver la montée à présent, un peu ras le bol de ces descentes trop techniques à mon goût aujourd’hui. L’avantage que j’ai par contre c’est que ne pouvant courir, cela me ménage mes jambes et du coup je n’ai pas de douleurs dans les cuisses et mollets. De la fatigue c’est tout, rien de plus normal. J’accueille la montée avec plaisir, 500m D+ pour atteindre le refuge de Pierre du Carre. Mon genou me freine un peu mais il n’y a pas de mal, je retrouve un peu de plaisir avec le soleil qui nous réchauffe et qui illumine tout le paysage. Notre 2ème base de vie, Super Collet, est enfin à portée. Perchée elle aussi sur un promontoire, nous la voyons de loin. Il faut faire le tour de la montagne, ce sera plus rapide que je ne pensais. Une dernière petite grimpée, je commence à croiser du monde sur le chemin, c’est bon signe. Un petit col et nous dominons la station de Super Collet. Plus qu’à se laisser glisser. Un peu de mal à reprendre la descente sur ce chemin large, je m’arrête pour un petit besoin urgent, prends une photo de la station, et repars derrière 2 autres coureurs qui courent. Pour une fois qu’on peut courir ! Et miracle je me mets à courir aussi, plus de douleurs subitement à mon genou ! Est-ce psychique avec la base de vie juste devant nous ? Je n’en sais rien, mais j’en profite, trop heureux enfin de pouvoir avancer normalement. Pas mal de spectateurs qui nous encouragent à l’abord de la station, c’est presque un peu gênant. Pas de Françoise ! Tant pis, je me renseigne de suite pour savoir s’il y a un kiné ou toubib. Un bénévole me dirige immédiatement là ou il faut et un docteur arrive peu après. Je lui explique mon problème de genou et regarde. Il me masse là ou il faut… pour me faire grimacer. Il me rassure, c’est une tendinite tout simplement. Il me masse tant que la douleur est présente. Elle diminue en intensité mais ne disparaît pas complètement. Au bout de 10’ je feins qu’elle ait disparue pour qu’il s’arrête, j’en ai mon taf. Pendant ce temps là, je retrouve Françoise que j’avais appelé sur son portable. Elle n’était dans les parages, mais ne m’a pas vu arrivé. Je me retrouve dehors avec mon sac de base de vie, et Je refais le plein. Pas grand-chose à rajouter faut dire, je n’ai presque rien mangé depuis la Station du Pleynet. Autant j’avais faim en permanence au début, autant à présent je ne ressens plus de faim ; Je me ravitaille à nouveau avec les fruits coupés que m’a préparé Françoise. Ma poche à eau est encore presque pleine, je n’y touche pas, je devrais aller au bout avec sans problème. La question de savoir si je vais finir ou pas ne se pose plus à présent dans ma tête, je continue. 48 km encore à avaler, ce n’est pas la mer à boire. Même en marchant j’ai encore largement le temps de finir dans les délais.

 

 

Suite et fin à l'épisode 3 !



17/09/2015
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