DIAGONALE DES FOUS 2012 : Episode 4 le Piton des Neiges
DIAGONALE DES FOUS 2012 : Episode 4 le Piton des Neiges
Piton textor ! Bien qu’ayant pique-niqué avec Françoise ici même, j’ai dû mal à me resituer. Toujours le même problème, ma vision est focalisée sur le sol plus que sur le paysage émergeant de la nuit et des brumes matinales. Les bénévoles du poste de ravitaillement réchauffent l’atmosphère avec leur entrain et nous encouragent pour la suite.
Je prends le temps de manger, la faim me taraudant régulièrement l’estomac. A croire que je n’ai rien mangé dans les jours qui ont précédé ! Pourtant nous avons fait honneur au cari chaque jour avec Françoise, et avec beaucoup de plaisir, n’hésitant pas à nous resservir. La descente qui suit sur les chalets des pâtres m’enivre un peu. Terrain agréable, petite mono sente à travers des prés, et surtout le soleil qui pointe son nez. Rapidement je tombe même la veste pour rester en tee-shirt.
Ce qui toutefois m’amène à penser que je risque de souffrir de la chaleur dans la journée. Mais ce n’est qu’illusion car l’arrivée sur la plaine des cafres nous ramène sous la pluie. Une nouvelle fois, n’ayant pas trop le circuit en tête, je pense arriver sur le contrôle de Mare à boue assez rapidement. Nous effectuons pour cela une partie sur route et chemins roulants qui n’en finit pas. Mais ces km sont agrémentés de nombreux spectateurs qui bravant la fraîcheur et la pluie nous applaudissent en permanence. Alors que dans toutes mes courses jusqu’à présent, les parties roulantes étaient ma hantise, aujourd’hui je m’y régale et en profite pour remonter dans le classement. Je savoure ce plaisir, mais je n’y comprends rien. Qu’est-ce que ça cache ? Juste avant le ravitaillement, Françoise et Denis sont là, sous la pluie, à m’attendre. Je les rassure sur mon état de forme ne pouvant pas être plus au top, sachant que je suis en retard sur mon planning de 40h. Bien que trempé jusqu’aux os, je suis bien, n’ayant pas froid dans l’action. Eux par contre ont l’air trempés, et immobile dans une forte fraîcheur, ils doivent se cailler. J’en profite pour leur demander de me changer mes piles de la frontale. N’ayant fait que de la montée de nuit quasiment, je n’ai eu besoin que d’un jeu de piles ayant utilisé le niveau économique sur ma lampe. Je refais le plein en même temps de compotes, gâteau chocolat et confiture (gourmandise !) puis je repars jusqu’au ravitaillement à 100m de là..
C’est l’armée qui nous accueille à Mare à boue. A l’abri sous leurs grandes tentes, je me restaure bien, le choix étant assez varié : sandwich jambon, pâté… Je fais honneur à tout. Tout passe pour le moment, j’en profite pour varier au maximum mon alimentation, sucré et salé, tout y passe. C’est un plaisir. Je remplis à nouveau ma poche à eau, je n’ai jamais autant bu, un exploit pour moi. Ce qui doit avoir aussi son importance dans mon état de forme, sans aucune douleur musculaire. L'ambiance est assurée par un orchestre avec une chanteuse, peu de candidats malheureusement pour en profiter sous cette pluie !
A peine reparti en marchant avec un sandwich pâté dans la main, je retrouve Françoise. Le petit bisou de réconfort et me voilà dans un chemin très marécageux. J’évite au maximum les flaques pour éviter que l’eau rentre dans mes chaussettes imperméables. Ce qui me vaut aussi de perdre un peu de temps à chaque flaque, la plupart des concurrents, ayant les pieds trempés, filent tout droit dans les flaques. C’est à présent la longue remontée vers le refuge de la caverne Dufour par le coteau Maigre, puis Kerveguen. Chemin assez souvent technique dans les cailloux, qui ici aussi ne glissent pas heureusement, mais surprise, avec la pluie des jours précédents et actuelle, il s’est transformé en torrent.
Inutile de dire que je m’amuse pour éviter les passages les plus hards pendant que les autres filent droit. Passages assez glissant sur les bords, mais pas de chute. Et ça dure, ça dure. Et certains passages assez raides, où l’eau moitié gadoue dégouline de partout. Je n’en vois pas la fin, bien que la forme soit toujours là, j’ai hâte toutefois de changer de terrain. Je grignote toutefois quelques places encore, les jambes ayant toujours du répondant alors que certains commencent à faire des pauses, la fatigue devenant de plus en plus présente. Sur certaines parties plates, nous avons carrément des zones marécageuses. A deux fois, je verrais mon pied gauche s’enfoncer dedans plus haut que ma chaussette qui du coup perd de son efficacité en partie. Mais j’insiste pour préserver le plus possible mes pieds.
Enfin le gîte en vue. Petite descente où l’on croise ceux qui repartent après avoir pointé au gîte. Ce terrain très technique ne me convient guère. Je suis moins à l’aise que la majorité de ceux que je côtoie pour l’instant. Arrêt assez rapide, je repars sachant qu’à présent c’est une longue descente, celle « du bloc » qui m’attend jusqu’à Cilaos, là où la course va vraiment commencer ! Et c’est la cata ! Les genoux grincent, n’apprécient pas du tout cette multitude de marches à descendre, toutes inégales. Non seulement je ne me sens pas à l’aise, mais je me bloque mentalement. Impossible de courir, j’ai perdu toute souplesse. J’ai l’impression d’être scotché sur place quand je vois certaines « gazelles » passer en trombe. Curieusement le moral reste bon, j’attends que cela passe. Lorsque certaines parties redeviennent roulantes, je me lâche sans problème. Mais ces dernières sont courtes et peu nombreuses. 1100m de dénivelé à perdre, je n’en vois pas la fin. J’en double toutefois quelques uns, la plupart connaissant des problèmes : tendinites, entorses, genoux douloureux… Il y a plus mal loti que moi ! Tout ayant une fin, voici « le bloc » (je penses !) qui symbolise la fin de cette interminable descente. A présent c’est la route surplombant Cilaos que nous devons dévaler jusqu’au ravitaillement sur le stade. 120m de dénivelé à perdre, de la bagatelle après celle du bloc, et comme à présent c’est roulant, je retrouve mes ailes, et double encore quelques participants. La pluie s’est arrêtée en basculant sur le cirque de Cilaos, ce qui est appréciable. Les nuages encombrent pas mal le ciel, ce qui nous épargne un coup de chaud, tant mieux.
De nombreux spectateurs au bord de la route sur les 2 derniers km, toujours la même ambiance. Arrivé au bord du petit lac, un coureur devant va tout droit, un autre part à droite ! Je stoppe net pour tenter de comprendre, et demande ma route aux spectateurs. En même temps celui de droite me fait signe d’aller tout droit. Je comprends ! Il fait parti de ces « marrons » qui n’ont pas été tirés au sort et qui font quand même la diagonale en évitant les contrôles ravitaillement. Ce qui demande une autonomie complète ou une assistance à part. L’arrivée à Cilaos (Km 72) est un verdict pour beaucoup : je continue ou j’arrête ? Après c’est l’engagement dans le cirque de Mafate, avec un seul échappatoire possible au début du sentier scout (Km 94), sinon il faut passer le Maïdo (Km 121) obligatoirement. Et c’est loin d’être plat ! Je retrouve Françoise et Denis sur le stade, un casse-croûte m’attend, je n’ai qu’à choisir ce qui me fait envie. J’apprécie de pouvoir changer un peu de nourriture, celle des ravitaillements étant varié mais toujours la même. Françoise m’indique que Jacky est juste à côté ! Agréable surprise, je vais le saluer de suite. D’autant plus qu’en avance sur moi, il s’apprête à repartir avec son collègue. Tout à l’air de bien se passer pour lui aussi. Il m’annonce qu’il va lever un peu le pied, en réalité son avance ne va faire que croître. Où c’est moi qui ai ralenti, ou ce sont eux qui ont continué sur un excellent rythme. En tout cas bravo pour cette grande première en ce qui le concerne. En même temps la pluie arrive sur Cilaos, la pelouse se déserte vite fait pour remplir les tribunes abritées. Sous la pluie je finis de manger un peu et surtout de me changer : tee-shirt, chaussettes, chaussures. Mon pied gauche est plus fripé que celui de droite, ce qui est compréhensible. Les chaussettes imperméables ont bien joué leur rôle, je ne regrette pas ma gymnastique pour éviter les flaques. Aucune ampoule pour l’instant. Seul petit point noir, mais qui m’inquiète pour la suite : je ressens un début de brûlure dans l’entrejambes par le frottement du tissu. La pluie n’y est pas étrangère. J’avais anticipé en me pommadant, mais cela n’a pas suffi. Discrètement je me re pommade, mais mon tube arrive sur la fin ! Je refais le plein de smoothies préparé par Denis (un délice) et de ma poche à eau. Tous les voyants sont au vert, c’est donc reparti de plus belle.
Je quitte Françoise et Denis, trempés eux aussi, en sachant que je ne les reverrai que demain matin… Si tout se passe bien car un sacré morceau nous attend d’ici là !
à suivre...
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