Coco le cyclo...

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05 avril 2015 : une sortie qui aurait pu mal tourné !

La porte de Font d'Urle, dimanche 05 avril 2015

 

Cela faisait longtemps que je lorgnais ce passage depuis la vallée de Quint.
C'était enfin le jour ! Françoise étant finalement libre, nous décidons d'y aller ensemble, en mode rando un peu course.

Beau temps toute la journée au programme d'après Météo France, c'est parti.

Dans la vallée de la Drôme, en voiture, on aperçoit subitement le Vercors encore bien enneigé. ??? On se pose un peu des questions, mais on continue. Arrivé en fond de vallée après Marignac, petit aire de parking de prévu au pied du sentier qui doit nous amener sur la porte de Font d'Urle, en dessus de notre tête. Et la neige est bien là, là-haut sur le sommet.

Je me dis que la couche ne doit pas être épaisse, ça devrait passer. On avisera sur place dans tous les cas. Le soleil brille, la journée s'annonce en effet exceptionnelle. Pas très chaud, mais nous attaquons par la montée avec environ 800m de D+, d'un bloc. La porte se dessine bien, on ne peut pas la louper. Le décor est beau, avec toutes ses falaises qui laissent deviner le plateau (enfin presque). Jusqu'à présent, nous n'avons toujours abordé la porte de Font d'Urle par le plateau, celle-ci se situant à quelques encablures de la station de Font d'Urle. Nous ne l'avons jamais franchi pour redescendre dans la vallée. Je sais que la fin est un peu abrupte pour y avoir jeter un oeil, mais c'est tout.

L'ascension en forêt se passe bien, le soleil nous réchauffe de ses rayons. Pas un chat à l'horizon, le coin est désertique. Aux 2/3 de la grimpée, les premières petites plaques de neige dans les zones ombrées. Mais très vite, la neige commence par recouvrir le chemin en une fine pellicule. Ayant rejoint un chemin large carrossable en 4*4, la neige est à présente bien présente. A la sortie d'un lacet, 1ère congère. Ca passe sans aucun problème.

 

 

Au dernier lacet, il nous reste une grande ligne droite (presque droite !) qui nous amène au 100 derniers mètres raides pour franchir la porte. Au fur et à mesure que l'on avance, nous prenons aussi de l'altitude. Et la couche de neige commence vite à devenir épaisse. Le sentier large, commence à se rétrécir entre les congères et les éboulis de rochers, pour ne finir par plus qu'une sente. Et les problèmes commencent à survenir. Une grande pente à traverser sur une neige un peu dure, avec 100m de glissade si on se loupe. Plus loin j'aperçois la forêt que l'on va rattraper. Je me dis que cela sera plus facile et moins risqué une fois que l'on y sera. Je trace la voie en plantant bien mon pied à chaque pas. Je plante aussi les doigts pour m'agripper. La pente en dessus de nous n'est pas grande, le risque d'avalanche est minime, mais pas inexistant. Nous serrons un peu les fesses, et nous passons sans encombre. Voilà qu'à présent, le sentier se perd avec toute cette neige. Aucune balise sur les arbres à l'horizon. La direction à suivre n'est pas compliquée, mais trouver le bon axe n'est pas simple. Dans certains congères, je m'enfonce jusqu'à la taille, les 2 jambes. En sortir est une bonne gymnastique. Une fois la forêt atteinte, après quelques sueurs froides à traverser d'autres pentes, c'est loin d'être aussi évident que je ne le pensais. Nous nous agrippons aux branches, les pieds glissent parfois, nous nous enfonçons dans les congères, bref ce n'est pas de tout repos et en toute tranquillité que nous abordons le final. Au fur et à mesure que l'on se rapproche, à allure d'escargot, du passage final, je me dis que cela va être périlleux si c'est gelé, avec le vent qui s'engouffre dans la brèche. Françoise est inquiète, pas rassurée du tout. Mais elle me fait confiance, même si elle regrette de ne pas m'avoir demandé de faire 1/2 tour avant. Il faut dire que retraverser les pentes ne l'emballaient guère, moi non plus. Je me dois de trouver la solution la moins risquée, car je n'ai pas envie de venir fleurir la rubrique des faits d'hiver d'accidents de montagne. A force d'analyser le relief, il me semble que la meilleure solution serait de couper quasiment tout droit dans la pente vers le sommet où un grand pylône domine. Une partie caillouteuse à franchir, puis ensuite environ 100m de pente dégagée assez raide pour y arriver. Avec la neige que nous avons, cela doit être faisable sans trop de risques.  La partie caillouteuse qui vu du dessous me semblait assez facile à franchir l'est beaucoup moins sur place. Les cailloux sont gelés et donc glissants, la pente un peu raide, ce n'est pas le moment de glisser. Depuis le début dans toutes les pentes, nous voyons des petites boules de neige dégringoler les pentes. Pas très rassurant, mais elles sont vraiment minimes en taille. Soudain je reçois un choc en pleine poitrine au milieu des cailloux. Le temps de réagir, c'est une boule de neige un peu grosse qui vient de me percuter, d'autres dégringolent. Cela s'arrête assez vite, ouf. Tout doucement, en zig-zag quand on peut, nous arrivons à la franchir. A présent, 2 solutions, filer droit vers la porte de font d'Urle et traverser encore une bonne pente et derrière l'arête retrouver les rochers, ou comme je pensais grimper en ligne droite à 4 pattes la pente de neige jusqu'au pylône. Françoise reste en bas et je m'y attaque. Je plante soigneusement chaque pied, les mains aussi, la neige s'y prête idéalement. Assez dure pour ne pas se briser sur mon poids ou sur ma traction des mains. Je monte surement mais sans traîner non plus. Finalement, le passage se passe à merveille, un pur moment de plaisir. Pas d'avalanche ni de glissade qui auraient fait tourner la sortie peut-être en drame. Je respire un grand coup. Une fois en haut, plus de soucis, nous dominons le village qui à l'air désert. Je fais un léger 1/2 tour pour tenter de voir Françoise en contrebas et lui faire signe de venir. Je ne reste pas en dessus par sécurité, pour éviter de provoquer un départ d'avalanche. Un grand vent me fouette, je vais m'abriter à quelques dizaines de mètres derrière un petit local en béton pour m'habiller plus chaudement. Alors que je retourne au grand pylône pour aller prendre Françoise en photo, elle est déjà arrivée au sommet, un grand sourire de soulagement aux lèvres. Moi aussi !

 

 

Elle s'équipe à spn tour, puis au petit trot nous descendons jusqu'au village. Nous croiserons 2 marcheurs emmitouflés comme en plein hiver. Il faut dire qu'il gèle malgré le soleil, et avec le vent, ça finit de refroidir. Une chose est certain, nous devons être les premiers de la saison à franchir le pas depuis la vallée. Aucune trace sur la neige, si ce n'est celle d'un chamois vers la fin. Vu la hauteur de neige (une chute a eu lieu dans la nuit précédente, nous apprendrons après coup), j'abandonne mon idée initiale de rejoindre le mémorial de Vassieux par le GR. Les balises étant invisibles et ne connaissant pas assez le secteur, nous n'allons surtout pas prendre le risque de nous y aventurer. Nous gardons donc la route au petit pas de course pour rejoindre le mémorial. Le paysage est superbe, quasiment celui d'une carte postale, avec la neige qui recouvre les arbres. Un grand soleil, pas un chat, nous sommes hyper tranquilles sur la route.

Au mémorial qui est fermé, nous prenons le sentier qui rejoint directement Vassieux. Nous analysons que nous avons eu quand même de la chance de passer sans encombres. Et je me dis que Françoise s'est drôlement endurcie fasse à la difficulté car il y a quelques années, elle n'aurait jamais traversée prise par la peur. Cela a tout de même du bon de surmonter parfois sa peur. Cela nous aide à mieux nous connaître, à essayer de maîtriser la situation. Non sans risques, certes, mais une vie sans risques est une vie fade. Enfin, à chacun sa philosophie. Certains poussent le risque à des niveaux incroyables, bien souvent en y laissant leur vie, mais pour eux cette notion de risques est fondamentale pour leur plaisir de vivre.

La plaine de Vassieux que nous dominons est belle sous le soleil, toutes les montagnes bien enneigées. Plus de neige à présent, nous en profitons pour manger un peu à l'entrée du village en bordure d'un pré. Plus qu'un col à franchir et une descente un peu raide derrière pour rejoindre la voiture. La journée va se terminer tranquillement...

 

 

Mon oeil ! La montée au col en ligne droite nous voit retrouver la neige, mais sans aucun risque cette-fois d'avalanches, de glissade dans une pente ou de perdre le chemin. Au col, encore une bonne couche de neige. Et c'est là que les choses vont commencer à se corser. Nous trouvons juste après, le départ du sentier. La neige recouvre bien tout le sol. Arrivée à la source, une cabane est là que je ne vois même pas indiquée sur ma carte, pourtant récente. Un autre chemin part peu-après droit dans la pente en faisant plein de petits lacets. Encore faut-il le trouver ! Ne pas le trouver équivaut à garder un grand chemin et de rallonger pas mal. Nous insistons donc et nous nous lançons au pif dans la pente à sa recherche. La neige disparaît assez vite, mais pour laisser place à des tas de feuilles mortes, branches, et cailloux. Nous arrivons sur une barre rocheuse ! Pas de panique, je me situe sur la carte et nous sommes bien sur le chemin à priori, qui est invisible par contre. Cela promet ! Nous prenons sur la gauche pour trouver le passage entre les 2 barres rocheuses. Entre la pente raide, les buissons, un sol qui glisse en permanence, les branches basses dont une me laissera un bon souvenir sur le front, nous réussissons à avancer, mètre par mètre. Cela devient très laborieux et notre pantalon change de couleur. Un peu plus bas, une autre barre rocheuse. En zigzagant de droite à gauche, nous finissons par trouver des passages à moindre risque. Nous rejoignons un petit éboulis un moment pour sortir d'un passage trop encombré. J'entends crier Françoise soudain. Je lève les yeux et je vois débouler des gros cailloux qui rebondissent et certains de la taille d'un ballon de foot. J'essaye d'analyser leur trajectoire, mais à chaque bond elle change, et les cailloux sont un peu nombreux. Certains s'arrêtent d'eux-mêmes avant d'arriver à ma hauteur, ce qui me permet de justesse d'éviter 2 ou 3 qui me frôlent. Et je m'abrite le plus vite possible à l'abri des arbres. Françoise heureusement était encore en bordure de forêt quand la mini avalanche a commencé. Nous avons dû faire peur à une bête sauvage en dessus de nous, qui en détalant a dû provoquer cette chute.  Ce n'était vraiment pas le lieu pour se retrouver blessé car pour que les secours nous retrouvent là et évacuer une personne, cela aurait été une sacrée expédition. Le petit moment de frayeur passé,  nous continuons notre descente au hasard, car nous n'avons pas le choix. Faire 1/2 tour n'était plus une solution, sauf si le terrain devenait infranchissable. Jusqu'à présent, nous avons toujours trouvé un passage pas trop acrobatique, je garde espoir que cela reste ainsi jusqu'en bas. 700m de dénivelé à perdre ainsi, c'est long ! Mais tant qu'on avance, le moral est là. Nous retrouvons enfin un chemin pour les 100 derniers m de dénivelé à perdre. Nous respirons à nouveau. Journée à émotions ! Nous finissons notre balade tranquillement comme prévu. Le chemin par lequel nous aurions dû arriver était plus sur notre gauche, mais je doute qu'il soit bien tracé. A refaire pour le savoir en sens inverse, car nous trouvons en effet le départ juste à côté du hameau. Un coup d'oeil en arrière nous permet de voir la pente que nous venons de franchir et ses barres rocheuses. Le sentier dessiné sur la carte est invisible, sauf sur les  200 premiers mètres. Ma curiosité me poussera certainement un jour à le tenter dans l'autre sens.

 

 

Le soleil est toujours là pour nous accompagner, nous rejoignons la voiture avec le sourire, et le sentiment d'avoir vécu une sortie un peu exceptionnelle. Je ne m'attendais vraiment pas à trouver autant de neige là-haut. J'y pensais un peu, mais juste à des plaques dans les zones d'ombre. La prochaine fois, j'essayerai de mieux analyser le terrain avant de nous y aventurer... du moins c'est ce que l'on dit à chaque fois que l'on se fait surprendre !

Le soir devant la glace de la salle de bain, nous avons le visage tout rouge. La réverbération de la neige a laissé des traces pour quelques jours.



20/04/2015
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