Coco le cyclo...

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Trail du Ventoux, 25/03/12 : Comment rater une course… et l’apprécier !

Trail du Ventoux, 25 mars 2012 : Comment rater une course… et l’apprécier !

 

 

Barrière fermée ! Personne à l’horizon… Une personne sort de la voiture arrivée juste derrière nous et cherche de son côté. Nous nous rendons à l’évidence : impossible de rentrer dans le camping municipal de Bédoin. Pas grave, nous avons l’habitude depuis le temps que nous fréquentons les campings, nous laissons la voiture sur le parking extérieur et nous nous rendons à pied jusqu’au domaine des Florans, lieu de départ de la course demain matin, pour retirer nos dossards. Le chemin est balisé car le parking officiel pour la course se situe dans un champ à proximité du camping. Un joli petit bout de sentier nous y amène, trafiqué en permanence par les coureurs dans les 2 sens, ceux qui reviennent ayant tous un sac vert du Vieux Campeur à la main. Françoise sera de la partie, elle commence à prendre goût à cette pratique, sans être une mordue toutefois. De mon côté, je préfère la voir participer que faire la spectatrice même si elle en profite pour randonner, c’est toujours plus plaisant ainsi.

Tee-shirt de couleur verte que je préfère entre toutes, rose pour Madame, une bouteille de vin chacun, nous voilà de retour au camping avec notre sac vert !

Et là surprise ! Le gérant du camping (en vacances normalement comme il nous l’expliquera) est en train d’ouvrir la barrière pour la voiture arrivée derrière nous. Nous en profitons pour nous inscrire et rentrer à notre tour. Camping désert à 98%, pas une âme qui vive à part les 2 coureurs qui nous ont précédés en voiture. Nous n’avons que l’embarras du choix.

 

 

Camping en étages, très ombragé (heureusement pour l’été), mais sans herbe, que du caillou ! Nous n’avons d’ailleurs pas fini d’en « manger »…

Pasta party maison à même le sol car j’ai oublié la table de pique-nique, douche, et voilà notre première nuit de camping de l’année. Un vrai plaisir de retrouver ces sensations. Surtout que le beau temps est là, et bien installé pour les jours à venir. Douceur, ciel étoilé, pas un bruit, nous ne mettrons pas longtemps à nous endormir.

Question piège : changement d’heure cette nuit ! Comment faire ? Pas de réveil, juste nos téléphones portables. Se mettent-ils à l’heure automatiquement ou pas ? On mise sur le fait que non, vu nos appareils basics. Si jamais c’était le cas, nous n’aurions qu’une heure d’avance au départ… et sûr d’occuper la première ligne ainsi ! Nous avançons donc d’une heure. Notre sommeil du juste est troublé à plusieurs reprises par une meute de chien qui aboie à plus en finir, et quand ce n’est pas eux, c’est un âne qui braie plus fort que la meute encore ! Je ne connais pas les propriétaires, mais je doute qu’ils n’aient pas des ennuis avec les voisins.

Je me réveille finalement 10’ avant le téléphone, croyant en plus que nos téléphones n’avaient pas fonctionné. Je pensais l’avoir réglé pour 6h, en réalité nous avions prévu 6h30. Il fait nuit, c’est déjà bon signe, nous ne sommes pas à la bourre. Petit déjeuner dans les sanitaires pour se protéger d’une petite fraîcheur matinale, nous y croisons nos amis coureurs, les seules âmes vivantes du camping à priori et forcément à cette heure matinale. Remplissage de ma poche à eau, le débit étant fort, celle-ci est remplie un peu plus que la limite maxi. Pas grave cela m’évitera de refaire le plein en route. Le temps passant, nous prenons la direction du départ un peu à la bourre. Nous avons le temps d’y aller sans s’affoler, mais il ne faut plus traîner. Nous arrivons par la ligne de départ, en effet ça se presse sous la banderole.

 

 

1200 participants environ, cela commence à faire du monde. Petit bisou échangé avec Françoise, je la laisse se glisser en queue de peloton, et de mon côté j’essaye de remonter un peu la foule. Je me retrouve à peu près à la moitié du peloton quand le top départ est donné. Pas facile de doubler, le peloton prend toute la largeur du chemin. Petite sensation bizarre dans le dos au bout de 300m de course. 100m plus loin, le doute n’est plus permis : ma poche à eau fuit ! Il est vrai qu’elle en a fait déjà des km, elle se serait percée que cela ne m’étonnerait pas. Je m’arrête au bord du chemin à l’écart pour éviter de gêner, j’ausculte ma poche sans la sortir du sac, rien de suspect. Elle est bien fermée, pas de bulles, ni de fuite apparente. Tant pis, je referme mon sac, le remets sur le dos et continue. Entre temps, je me retrouve quasiment en queue de peloton. La sensation d’humidité ne fait que s’amplifier, du coup je décide de boire un maximum avant qu’il n’y est plus rien. Tant pis pour le maillot et le cuissard qui commencent à être sérieusement trempés… et collants ! Au bout d’un km de course, nous apercevons déjà les premiers en pleine ascension au moins 800m devant ! Pas grave, j’aurai le temps de revenir sur ceux de mon niveau. Que je pense ! Mais voilà, après un passage sur de gros rochers où nous sommes fortement ralentis par ceux qui pas à l’aise descendent à quatre pattes, nous attaquons la grimpée à notre tour et raide.

 

 

Assez large au départ le chemin se rétrécit au bout de quelques hectomètres et la valse des bouchons commencent. Sur la première moitié de la montée qui doit nous amener jusqu’au Mont Ventoux, j’aurai l’impression de faire une rando de marche. Quasi impossible de courir la plupart du temps. La journée est belle, le parcours est pour l’instant magnifique, il y a de quoi encore se défouler, je prends mon mal en patience.

 

 

Un premier gros bouchon se forme lors d’un passage étroit sur une corniche qui surplombe le vide. Superbe le coin, mais on piétine sur place 2 à 3 minutes quasiment. Un peu plus loin, alors que nous connaissons à nouveau un gros bouchon avec un petit passage proche de l’escalade, tout le monde attend patiemment, bien que certains peu nombreux essayent de passer systématiquement devant les autres. Je me retrouve à côté de Louis Chantre, l’organisateur de l’Ardéchois. Il a déjà quasiment fait le plein des inscriptions, notamment sur le 20 et le 98 km. Un beau succès à nouveau. En espérant qu’il fasse aussi beau ce jour là. Petit regret de ne pouvoir faire le 98, mais il faut faire un choix, ne pouvant courir malheureusement un ultra tous les week-ends. Le parcours est toujours aussi beau, physique et technique.

 

 

Je me régale malgré que je n’arrive pas à courir à mon allure. Je me dis que cela me permet de garder des réserves pour la fin, mais je pense que je perds aussi encore plus d’énergie en cherchant à doubler, ce que je fais chaque fois que l’occasion se présente. Jusqu’au sommet du Ventoux je n’arrêterai pas de doubler du monde, mais cela ne suffira pas à revenir. Au premier ravitaillement, je demande aux bénévoles s’ils n’auraient pas une petite bouteille d’eau pour remplacer ma poche à eau et ne pas me retrouver à sec entre 2 ravitaillements. Pas de pot, ils n’ont qu’une grosse bouteille à me proposer. A ce moment là, un autre coureur qui m’a entendu, me propose de prendre son bidon car il a une poche à eau aussi. J’apprécie fortement son geste, mais décline son offre, préférant assumer mon erreur avec une bouteille que de le priver de son « secours », et de ne pas être sûr de pouvoir le retrouver à l’arrivée pour le lui rendre surtout. Geste qui fait chaud au cœur, merci pour cet esprit d’entraide. Alors que je vais pour placer la bouteille d’eau dans mon sac à dos, je m’aperçois qu’il me reste environ presqu’un demi-litre de boisson au fond de ma poche. Du coup, je laisse la bouteille. Par contre ma veste et tout le reste sont imbibés de ma boisson, du nettoyage en perspective.

 

 

Je repars du ravitaillement tranquillement. Rapidement un sentier large enfin où je commence à mettre les gaz. Arrive presque de suite la bifurcation avec le petit parcours, j’espère ainsi que cela va se dégager devant. La montée à nouveau en mono sente et raide reforme des petits groupes, qu’il est difficile de doubler. J’y laisse encore un bon bout d’énergie dans des petites accélérations pour profiter des passages un poil plus large. Un autre coureur m’a emboîté le pas dès le début, mais assez rapidement il perdra le contact à cause de cette difficulté à doubler. La forêt laisse peu à peu la place au lapiaz.

 

 

Je retrouve un peu mes sensations de gamins quand je courais d’un galet à l’autre sur les bords de la rivière. Je fais pareil ici, avec toutefois une concentration au maxi pour ne pas glisser un pied dans un trou qui pourrait être fatal. Je me fais plaisir, double et double encore. Des petites plaques de glace nous surprennent, attention de les éviter pour éviter la gamelle. Soudain, j’aperçois devant moi l’antenne du sommet du Ventoux ! Déception, je pensais qu’il y avait encore 500m de dénivelé au moins à prendre. Il en reste toutefois un peu, mais plus suffisamment pour finir de m’éclater.

 

 

A la vue du sommet, je ne peux m’empêcher de penser à Emile, un ami trop tôt disparu et dont ses cendres ont été dispersés ici au sommet. Tant que l’on peut, il faut savoir se faire plaisir car on ne sait pas ce que nous réserve le lendemain, et je me dis qu’aujourd’hui, c’est encore une superbe journée qui se déroule. Malgré mes petits désagréments, je suis aux anges, une bonne condition physique, un temps superbe, à peine frais au sommet du Ventoux, un paysage magnifique, un parcours tel que je l’aime, physique et technique. A présent, presque plus que de la descente. Le gérant du camping nous avait averti que celle-ci était très technique… ce que j’espérais au fond de moi. Pas de pot, nous commençons par un chemin très large, roulant mais assez caillouteux, pas vraiment ce que j’apprécie.

 

 

Il en sera ainsi avec des passages plus ou moins pentus jusqu’au second ravitaillement près du chalet Reynard. Je prends le temps de bien boire, de manger. L’approvisionnement est copieux et varié. Je jette mon dévolu sur du jambon blanc avec un peu de pain, du chocolat, et des fruits secs. Des militaires sont présents en plus des bénévoles, nous sommes d’ailleurs abrités sous une de leur tente. Quelques familles venus soutenir leurs proches profitent du beau temps pour pique-niquer tout autour dans un décor bien sympathique, avec le Mont-Ventoux pour toile de fond, et ses pentes arides et caillouteuses.

 

 

Le chemin qui suit traverse une forêt. A mon avis le chemin a été ouvert pour la course. Pas de difficultés spéciales, mais attention à tous les bouts de branches coupés des troncs que nous rasons en permanence. Je m’égratignerai par 2 fois car nous frôlons les arbres en permanence. Un moindre écart et nous pouvons nous embrocher facilement sur un faux pas. Agréable sinon. Nous quittons rapidement cette partie forestière pour retrouver les cailloux, et les bosses. A nouveau un terrain un peu plus technique et physique. Les descentes sont moins techniques que je pensais, le revêtement est plus roulant qu’à la montée même si parfois assez caillouteux. A chaque bosse, je double encore du monde. Dans les descentes, je double très peu, mais ne me fait pas doubler non plus dans l’ensemble.

 

 

Les jambes vont bien, la fatigue commence à se faire un peu ressentir, mais toujours pas celle qui nous rend impuissant à la moindre bosse. J’ai encore de la ressource et j’en profite pour de nouvelles accélérations pour doubler des petits groupes de 2 à 4,5 coureurs. Les militaires à présent sont « légions » et dans un geste très carré, presque comme des automates, dans leur tenue militaire tirée aux 4 épingles, nous indique le chemin à suivre. Ca ne rigole pas. On s’exécute sans broncher ! Le décor naturel est parfois splendide.

 

 

La dernière grosse côte aura raison finalement de mes jambes. Pas de fatigue musculaire pourtant qui me bloque, mais une crampe sur les adducteurs droits me stoppe instantanément. Etirement à 2 reprises, la première tentative n’étant pas suffisante, et je repars sans trop de soucis. Mais elle me guette à chaque faux pas à présent, sitôt que le mouvement de ma jambe demande un effort plus violent. La gauche suit très rapidement, si bien que je lève un peu le pied pour éviter tout nouveau blocage. Du coup je reste avec mes compagnons du moment. Petite erreur au passage, un léger ressenti au niveau de l’estomac m’alerte en même temps que mes crampes apparaissent. Sachant l’arrivée plus très loin, je me dis une nouvelle fois que je devrais pouvoir tenir. Erreur fatale, à 3 km de l’arrivée, les jambes deviennent molles. Je ralentis et mange une barre de céréales. A nouveau un coureur avec qui j’étais me propose instantanément un gel pour passer le cap. Je le remercie mais décline à nouveau son offre, assumant mon erreur et ayant de quoi y remédier, même si une barre sera moins efficace qu’un gel.

 

 

La solidarité est bien réelle entre coureurs, c’est ce qui rend cette discipline aussi très agréable. Mais elle a aussi toutefois des limites à ne pas dépasser, et pour exemple la mésaventure d’un ami. Alors qu’il participait à un ultra de 80 km très renommé et avec beaucoup de participants, survient un coup de moins bien à mi-parcours. Il s’arrête 5’ le temps de récupérer de son hypoglycémie. Un autre coureur le voyant mal lui propose d’appeler les pompiers. Il lui dit que ce n’est pas la peine, que dans 5’, il sera reparti. Il insiste et les appelle quand même. Ceux-ci arrivent 1/2h après, et trouve le « malade » en pleine forme, qui n’avait pas osé repartir du coup. Ils prennent sa tension, tout est normal, et le laisse repartir. Mais pas de pot, il a perdu du coup plus de 40’, et avec les barrières horaires assez serrées sur cette course se retrouve éliminé à 20km de l’arrivée pour 5’. Il était furax ! D’autant plus qu’entre temps il avait doublé son « ange gardien ». Attitude qui pourrait se comprendre dans un milieu « hostile » et désertique, mais là c’était loin le cas.

Ma barre de céréales a un peu de mal à passer, je la sens me rester sur l’estomac. L’ai-je mangé trop vite sans suffisamment mâcher ? Du coup je laisse filer peu à peu mes compagnons, n’ayant plus les ressources pour garder le rythme. Je gère à présent au mieux mon effort pour ne pas arriver vidé, surtout que tout allait bien jusqu’à présent. Un coureur ayant pas mal de supporters à priori dans le secteur, me talonne sur le dernier km. Il a du mal à revenir. N’ayant aucune envie de me faire mal, je m’étais dis que je laisserai filer, et même j’avais tendance encore à lever un peu le pied. Mais constatant qu’il avait du mal à revenir, mon orgueil prend le dessus et je décide de garder mon allure. Malgré tous les encouragements, il n’a plus assez de ressources pour revenir sur moi, et terminera à 3" derrière. Françoise est dans le dernier virage à m’attendre, je suppose qu’elle commençait sérieusement à se faire du souci car je devais avoir dépassé mes prévisions à l’aise, dans le mauvais sens.

 

 

La ligne franchie, les féminines récompensées du 46 km sont en train de descendre du podium. Je m’affale dans l’herbe, une hypoglycémie légère est en train de m’achever à mon tour. Françoise me rejoint, et me confirme qu’elle commençait à se poser des questions. Elle m’annonce approximativement l’heure, en effet, une heure de plus que prévu ! Déçu, un peu sur le résultat mais pas du tout sur la course, car les sensations physiques ont été très bonnes dans l’ensemble, le temps idéal, le parcours comme j’aime. Par contre, je doute un peu toutefois d’avoir perdu presqu’une heure sur mes prévisions uniquement sur le fait des bouchons et des ralentissements permanents sur les ¾ de la montée. 66% de temps de plus que le 1er, pour 44% de prévu, cela fait un gros écart. A voir lors de la prochaine course, le trail de la Sainte Victoire dans 3 semaines.

Françoise de son côté est ravie de sa course. Le plaisir étant son unique objectif, malgré son entraînement quasi nul (2 sorties dans les 15 derniers jours en tout et pour tout), elle est arrivée au bout des 27 km sans épuisement, et avec encore pas mal de monde derrière elle. Comme quoi une pratique régulière du vélo amène une bonne endurance naturellement pour la course à pied.

Une surprise m’attend au camping : une fois mes sandales au pied, j’inspecte mes chaussures de trail. 300 km au compteur et les crampons et bords de chaussures ont dégustés ! Crampons à moitié arrachés ou usés, éraflures de partout, les lapiazs ont laissés de sales traces. L’organisateur aurait-il des actions chez les fabricants de chaussures ??? Si c’est le même topo à la Ste Victoire, elles ne vont pas y résister…

Inspection aussi de ma poche à eau : aucune fuite !

 

Bilan :

- Avoir toujours avec soi un gel coup de fouet pour les derniers km

- Ne jamais remplir sa poche à eau en dessus du maxi indiqué

- Se positionner correctement au départ pour éviter les bouchons

- Pratiquer plus régulièrement les étirements pour éviter les crampes, (chose que je ne fais qu'au cours de gym!)

Que des évidences, mais pas si facile que ça à gérer finalement ! Un peu plus de rigueur dans la préparation ne fera pas de mal...

 

Bravo aux organisateurs pour le parcours (hormis les bouchons !) et l'organisation en général, un dimanche de pur plaisir sous un soleil radieux... que du bonheur !

 

Résultats complets ICI : 244ème sur 612 arrivants, 20ème V2 sur 87

Site de l'organisation : http://trailduventoux.com/default.aspx

 

Diaporama à venir



29/03/2012
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